samedi 26 mai 2012

souvenirs verts


Le vert tendre des souvenir, pas celui, dur et cassant de la frigidité. Le vert de l'Eau de Campagne (Sisley) et sa ballade au potager. Le vert de l'Eau de Lierre (Diptyque) et sa maison de famille aux murs de pierre humides couverts de végétations. Et l'Eau de Camille d'Annick Goutal, peut-être pour moi le plus intime, le plus madeleine de Proust, le plus personnel, donc le plus émouvant…

Je me moque de savoir qu'il fut créé pour une jeune Camille de huit ans qui voulais retrouver les senteurs du jardin, l'Eau de Camille me parle à moi, de moi, de mes souvenirs de citadin qui sentait aux beau jours l'odeurs des jardins, pelouses fraîchement tondues, seringas capiteux, tout un monde caché par des haies., invisible et présent qui me parle comme les aubépines parlaient à Marcel Proust. Je ne savais pas ce que ces haies, ces jardins me disaient, l'Eau de Camille me le révèle en me les rendant : ils me parlaient de moi, me disaient de revenir, de rester. L'Eau de Camille me rend mon innocence perdue, l'époque où tout était facile, où les été duraient longtemps… Pourtant, il y a des complexités, la promesse des voluptés et des douleurs à venir dans ce parfum que l'on aurait tort de qualifier de facile et de puéril. La douleur des déchirements futurs, l'angoisse de savoir que tout cela ne peut durer, la pensée des adieux, la peur de se retourner et de découvrir les zones d'ombres, la part sombre qui reviendra nous hanter longtemps encore.

Ce qu'une odeur si simple de gazon, de tilleul, de seringa,  delierre, peut faire !

L'Eau de Camille, Annick Goutal, 1983.

vendredi 25 mai 2012

Vous reprendrez bien un peu d’eau ? Pas sûr…


Toujours le même accord d'eau fraîche à la fois reconnaissable et terriblement anonyme. Propre, certainement, plaisant, bien foutu ,aussi ; mais surtout terriblement ennuyeux. À son lancement, ce parfum avait le charme de la nouveauté et de la facilité, trop de succès, trop d'imitations l'ont définitivement rendu importable. Un peu plus d'intensité ne change rien à l'affaire.

Acqua di Gio Essenza, Alberto Morillas pour Giorgio Armani, 2012

mercredi 23 mai 2012

impeccable


Errol Flynn
Duel.     
Sans flamboyance romantique.
Retenue, mesure, précisons, concision. Nous ne sommes pas dans un film de capes et d'épées, mais dans le noble art de l'escrime. Isabelle Doyen et Camille Goutal ont créé un parfum sobre, parce que le vrai pouvoir est et ne se manifeste pas.

Le départ maté tient longtemps sur moi, évoquant un thé légèrement parfumé de citron, tandis que s'élève en douceur le fond cuiré très doux, touché d'iris. Duel me donne une incroyable sensation de confort opulent mais pas ostentatoire, comparable à celle d'un pull tout simple, qui semble en vulgaire laine de mouton, mais se révèle être un cachemire 8 fils, incroyablement doux et chaud. Le genre de parfum remarquable qui ne se fait pas remarquer. 

Duel est mon parfum de jeune homme élégant, de gendre idéal, qui rassure la belle-famille avec sa discrétion élégante et assurée, qui passe très bien au bureau. L'Heure fougueuse de Cartier est assez proche dans le départ maté et dans la sensation. Avec son effet crin de cheval, elle est à la fois plus rustique et plus audacieuse. Peut-être peut-on envisager Duel en semaine et La IVème heure pour les weekends à la campagne ?

Duel, Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Annick Goutal, 2003

mardi 22 mai 2012

La tubéreuse m’a tuer


Il y a des jours ou ça n'ira pas, on le sait dès le départ, un problème de karma ou Dieu sait quoi. Hier était une journée comme celle-là ou avant même de sortir de mon lit, je savais que rien n'allait se passer comme je pouvais l'espérer. Et je l'avoue, j'ai accumulé les gaffes ! À commencer par le choix de mon parfum.

Pour m'habiller, j'ai fait ce qu'il ne faudrait jamais faire et surtout pas ces jours-là, j'ai choisi la mauvaise chemise, la pire, celle qui ne me va pas, celle que je n'ai pas acheté moi-même. En soi, cette chemise est plutôt jolie, mais elle est beige et le beige ne me va pas du tout : il m'efface. En beige, j'ai l'air de la photocopie d'une photocopie d'une photocopie. Et bien sûr, je n'ai à peu près rien qui aille avec cette chemise puisque je ne m'achète pas de vêtement qui ne me vont pas. Je savais que je faisais une bêtise mais je l'ai faite. Masochisme ? Tentative de suicide stylistique. Mais j'ai quand même tenté de sauver le coup en portant mon foulard préféré, qui est rouge.


Tubéreuse par Redouté
Et comme je n'avais pas d'inspiration pour le parfum, je me suis fié à l'odeur qui traînait sur mon écharpe et j'ai opté pour une  tubéreuse. La plus sage que je possède, Ophelia, certes, mais une tubéreuse quand même qui malgré sa transparence ne se fait pas oublier et tient jusqu'au soir. J'ai donc passé une journée de malaise dans une ambiance de tubéreuse, une ambiance que j'aurais aimé sentir sur quelqu'un d'autre mais qui sur moi n'allait pas du tout avec mon sentiment d'insécurité, de malaise nauséeux.

Ce n'est pas le parfum qui m'a gâché la journée, mais il ne m'a pas aidé. Le parfum ne m'a pas transporté, ni porté comme c'est parfois le cas, comme ce l'eut été avec un vert qui me faisait plus envie en fait, mais c'est moi qui ai porté le parfum, porté comme on porte un fardeau ou sa croix. Curieusement, les mauvais souvenirs étant plus forts, il a ancré en moi cette association entre la tubéreuse et le mal-être, m'en dégoutant un peu, m'en détournant pour un bout de temps. Je sens bien qu'il me faut mettre de côté ces flacons pour les retrouver plus tard avec un imaginaire vierge, une capacité à les accueillir, à les vivre en positif. En attendant, un petit régime tubéreuse-free s'impose.

lundi 21 mai 2012

prises de tête


Le parfum est un marqueur social. C'est terriblement vrai et terriblement laid à dire. Il est évanescent, impermanent, transcendant, tout ce qu'on voudra, mais il a vite fait de vous ranger dans l'une ou l'autre catégorie allant du sportif à la vieille bourgeoise en fourrure. Cela ne devrait pas, mais cela est. Le parfum nous enferme dans les clichés comme le fait n'importe quel autre vêtement.  C'est ainsi, protester, râler, geindre, n'y fera rien. Le matin, c'est parfois compliqué de jongler avec toutes ces images. Car je veux pouvoir me les réapproprier, jouer avec, les transgresser, les pervertir, puisque je ne peux y échapper. Pourtant, parfois, j'aimerais bien être hors mode, hors système, dans un espace de complète individualité, de complète liberté. Mais croire que je pourrais échapper à ce système de signes, de signifiant, de signifiés est absolument utopiste. D'où le besoin de me réinventer, de transcender.

Deux options possibles : l'Ironie Arty qui consiste à surjouer pour manifester un certain détachement et le Décalage du type « j'assortis mon bleu de travail avec mon collier de perles et mon N°5.» Dans le fond, tout ça est assez fatiguant et je me demande si les nudistes n'ont pas tout juste ! Sauf que je ne pourrais jamais être nudiste, je vivrais les yeux baisser, ou au ciel, enfin, ailleurs… Et je ne me berce pas de l'illusion, fort naïve, que le corps soit innocent, purement matériel, dénué de sens. Peut-être vivre seul sur une ile déserte ? Je me prendrais sans doute moins la tête le matin, mais qu'est-ce que je m'emmerderais…

samedi 19 mai 2012

Tubéreuse bitchy


Une tubéreuse au départ vert, antipathique, cinglant. Une tubéreuse qui ne hausse pas le ton mais fait comprendre que la gifle vous guette. Une tubéreuse sous contrôle, qui ne sombre pas dans l'hystérie. Une tubéreuse qui s'épanouit sur un fond doux, ambré, un peu caramel.

Madonna a osé. Osé un parfum mainstream de qualité, non consensuel, loin du fruité-sucré, du propre, de la rose-patchouli. Elle sort un parfum identifiable, une tubéreuse effectivement modernisée qui oublie les effets cocottes et fourrures, maitrisée, portable, présente, tenace, mais pas envahissant. On savait que Madonna aimait Fracas, on va forcément penser à lui puisqu'il s'agit de tubéreuse, mais l'effet est radicalement différent, on n'est pas dans un parfum de vamp rétro, l'effet est moderne et fait plutôt penser à des tubéreuses comme la Criminelle de Lutens, mais en beaucoup moins extrême, le camphre de celle-là étant presqu'importable. Des références de niches, pointues. L'interprétation est certes plus facile à vivre, on peut emmener Truth or Dare au bureau pour en imposer dans les réunions, le laisser dans son sac, l'arborer du matin au soir, en ce sens il est facile. Mais il faut assumer, prendre le risque de déplaire car Truth or Dare est un parfum de bitch, choquant, anguleux.

On m'aurait dit qu'un parfum de célébrité me plairait autant, je ne l'aurais pas cru et pourtant, je trouve que c'est la vraie bonne nouvelle que j'attendais, le parfum qui ne se fiche pas du monde, un vrai parti pris, un parfum osé, un parfum pour adulte, qui ne se contente pas de brosser le consommateur dans le sens du poil en jouant la carte qui consiste à sortir quelque chose de déjà-vu mais avec une bonne campagne de pub. Madonna est-elle la nouvelle meilleure amie de la perfumista ?

Truth or Dare, Stephen Nilsen pour Madonna, 2012

mardi 15 mai 2012

les vacances


Il y a des endroits qu'on montre du doigt en disant « maison » comme cet idiot d'ET, des endroits où on se sent bien, ou on se reconnaît, ou on se sent chez soi. La boutique Annick Goutal me fait cet effet. Pour comprendre, revoyez Breakfast at Tiffany et imaginez-moi en Audrey Hepburn/Holly Golightly. Donc, si la question de l'objectivité se pose, non, je ne suis probablement pas totalement lucide, mais je m'en rends compte. (Et je ne me soigne pas) 

Goutal m'a toujours fait penser à l'une de ces familles imaginaires et idéales comme on en voudrait tous, qui n'existent que dans les romans de la comtesse de Ségur. Elle vit en province et n'a aucun souci, les enfants sont bien élevés, tout le monde déborde de charme, est toujours impeccable… On aimerait les détester, mais c'est impossible, ils sont trop gentil et trop charmant pour ça. On les as suivi plusieurs fois en vacances : dans les îles, avec Songes, en Italie avec l'Eau d'Hadrien, et chez les cousins du nord pour les fêtes de fin d'année avec Encens Flamboyant qui nous emmenait à la messe de minuit en traversant une forêt de pins sous la neige. 


Cette année, ils vont chez ces mêmes cousins pour les vacances d'été. Cette année, il fera chaud et la nuit sera étoilée. Dans le jardin, le chat se rafraichit dans le plant de menthe, l'agitant, le faisant bruire,  lui faisant exhaler ses parfums. Au loin, après le jardin, la forêt de pin est sombre, ombrée, fraîche, ils iront s'y promener au plus chaud du jour, respirant à plein nez cette odeur de bonbon La Vosgienne qui les ramènent en enfance. 


Nuit Étoilée n'est pas le plus original des parfums Goutal, il est ce que la marque sait faire avec talent : de la fraîcheur pour un parfum qu'on porte pour se faire du bien. Certains diront que c'est déjà vu, les même qui trouvaient que Mon Parfum Chéri trahissait les codes maison. Certes, il ne manquait pas à la gamme, n'apporte rien d'autre que le plaisir qu'il procure aux fidèles, mais faire plaisir sans se moquer, en ce monde qui voit de la confiture à le cerise en flacon vendue au prix d'un vrai parfum, c'est déjà beaucoup! Un peu masculin, il sera parfait sur les jolies femmes, comme ces montres un peu lourdes qui font ressortir la délicatesse du poignet.


Nuit Étoilée, Camille Goutal et Isabelle Doyen pour Annick Goutal, 2012

samedi 12 mai 2012

luxueux absolument


Certains, comme Kilian, pratiquent le luxe en mettant dans des flacons lamés or de très jolies matières premières. Certes cela donne un très beau jasmin (ou pire un oud !) mais rien de plus qu'un beau jasmin (ou pire : oud), parce qu'une matière première reste une matière première s'il n'y a pas un peu de poésie ou d'art. Acqua di Parma fait exactement le contraire en faisant une modeste cologne. Fausse modeste puisqu'à l'usage, elle se révèle un véritable parfum et ne reprend que partiellement la formule. Des hespérides au départ et assez vite un bouquet épicé sur fond d'ambre et de bois, le tout dans une ambiance de barbier rétro. C'est assez sage et très complexe, d'une richesse assez éloignée de la limpidité traditionnelle des colognes. Sur moi, l'ylang prend parfois le dessus, donnant cette impression solaire, rayonnante, un peu grasse qu'il confère discrètement à certains classiques. (Par exemple au N°5.)

Le parfum va et vient au fil de la journée, se rappelant à moi quand je bouge, confortable et évident. Il faut vraiment le porter pour réaliser à quel point il est réussi avec sa nonchalance sans effort qui lui donne un cachet chic sans effort, totalement hors du temps et finalement assez moderne. Quantités de parfums semblent soudainement bien tapageurs et, oserais-je dire, vulgaires à ses côtés.

Colonia Assoluta, Jean-Claude Ellena et Bertrand Duchaufour pour Acqua di Parme, 2003

lundi 7 mai 2012

somptueux naturel


la Vierge au lys
William-Adolphe Bouguereau
1899
Lys Méditerranée, ce sont des brassées de lys jetés sous les pieds des processionnaires qui rendent hommage à la Vierge Marie. Cela se passe dans le sud, sur une falaise, avec la mer en contrebas. Le parfum possède le mysticisme baroque de la statue de Marie portant une riche robe de brocard et la naïveté émerveillée des enfants qui regardent passer la procession.

Jouant sur le somptueux et le naturel, Lys Méditerranée est facile à porter mais m'a toujours donné le sentiment d'être légèrement en retrait du monde, de le contempler de haut. L'exécution parfaite lui confère peut-être une certaine froideur ?


Lys Méditerranée, Edouard Fléchier pour les Éditions de Parfums Frédéric Malle, 2003

dimanche 6 mai 2012

Et je mets quoi pour faire du sport ?


La réponse qui vient immédiatement à l'esprit de beaucoup est « le flanker sport de mon parfum préféré » et c'est une mauvaise réponse. Un flanker sport n'est généralement qu'un assemblage de notes citronnées et marines qui sentent le frais, le propre. Et pour sentir et se sentir propre, je rappelle que le seul moyen un peu efficace est de prendre une douche. Le sport, c'est de la chaleur et de la sueur, pas de la fraîcheur. Un parfum capiteux, travaillé avec des matières animales, difficiles, se marie logiquement assez bien avec la sueur, joue avec au lieu d'essayer de cacher en misant sur l'effet opposé.

Randolph Scott & Cary Grant
Le sport est assez pénible en soi, assez peu élégant pour qu'on puisse se faire un peu plaisir avec un parfum qui donne bien. Shalimar se révèle absolument magnifique dans l'effort ; chauffé par la peau, il est capiteux, diffuse à merveille, crée sa petite (ou grande) aura de confort et de bien-être voluptueux. Essayez et vous verrez qu'il a son petit succès en salle de sport, que les gens autour de vous vont l'apprécier.

Autre parfum idéal pour se remuer : la IVème heure, la fougueuse, de Cartier. Celle qui sent le cheval, la sueur et le crin de la bête. Elle se répand tout en finesse, stylisant l'effort, la peau luisante, magnifiant la sueur, faisant de celui qui la porte un étalon au poil lustré. Après tout, un parfum qui évoque la course d'un cheval, c'est quand même logique que ce soit parfait pour le jogging ! Alors que le parfum qui sent le linge propre, c'est juste parfait pour repasser.

Fougère rembourrée


Duchaufour revisite le masculin type : la fougère. Certes celle-ci a perdu de sa superbe depuis les efficaces mais peu distingués Brut de Fabergé et Azzaro pour homme. Il rembourre et orientalise. Déjà vu ? Certes, On pense entra autres au Mâle de JPG et plus encore à l'odeur de barbier chic du Prada pour homme. D'autant que la fougère vraiment élégante existe déjà depuis bien longtemps chez Penhaligon's : si on se veut d'un chic anglais irréprochable, on se tournera naturellement vers Blenheim Bouquet, tout en sobriété et retenue, bien plus impressionnant dans sa réserve.

Un peu bâtard, Sartorial, bien que joli, n'est peut-être qu'une posture à la mode, une de ces évocations classiques qui se démodent et s'oublient assez facilement. Agréable, mais pas indispensable.

Sartorial, B. Duchaufour pour Penhaligon's, 2010.

vendredi 4 mai 2012

Attaque de feng shui (la suite)


Rien à faire, je dis que je veux moins, mais je recommence à accumuler et à remplir mes armoires de flacons divers tous plus dispensables les uns que les autres. La faute à eBay et aux vintages, à l'IFRA et à ses saletés de reformulations qui obligent à faire des stocks, la faute à moi, aussi, surtout, en définitive. Le drame, c'est qu'il y a des flacons que je n'ai même pas envie de terminer. J'aurais presque honte. (Si ! Si !) D'ailleurs, j'ai honte quand je pense que cette armoire peut en faire rêver certain(e)s alors qu'elle m'ennuie, m'encombre et m'embarrasse. D'autant que j'ai des envies nouvelles, bien sûr. Vous n'espériez quand même pas que… ?

Je dis ça, mais dans le même temps, j'ai une fenêtre ouverte sur eBay ou je guette le vintage et une autre fenêtre ouverte sur la boutique Goutal ou je prépare mon prochain passage à la boutique ou je prévois des craquages. (Je n'essaye même pas de prétendre qu'un seul flacon pourrait faire l'affaire)Pire, j'ai en réserve deux parfums encore jamais portés, deux flacons intouchés, pour lesquels j'attends la bonne occasion, le bon moment. J'avoue que je me demande quoi faire… De vrai soucis d'enfant gâté, mais heureusement, je m'en rends compte. 

Passer en mode "no buy" n'est même pas envisageable, ça va me stresser, si! si!, et quand je stresse, je compense en faisant du shopping. Compenser le manque de shopping par une séance de shopping, je sais, on aura tout vu. Le seul truc qui me détende vraiment, c'est trier, classer, jeter. Oui, un psy pourrait en dire bien des choses... Du coup, j'ai une garde-robe organisée selon mes obsession du moment avec la zone "rouge", la zone "marin", etc. Et une armoire à parfum rangée par famille. Le rangement par marques étant la chose la plus imbécile du monde. Par créateurs, cela pouvait fonctionner aussi. Mais le matin, je fonctionne par "aujourd'hui, j'ai envie de: Aldéhydes, vert, chypre, fleurs blanches..." Et ça aide à voir ou je pourrais jeter. Par exemple, en ce moment, je me dis que la tubéreuse, dans le fond, je pourrais m'en passer. (Sauf que c'est bien utile quand on veut emmerder le monde.)

Dans le fond, je suis persuadé que je serais beaucoup plus heureux avec beaucoup moins à condition que la sélection soit parfaite. C'est peut-être ça le truc : arriver à une sélection parfaite. En fait, je sais plus ou moins ce que je pourrais y mettre qui soit beau, portable et adapté à toutes les circonstances, j'ai juste peur de m'ennuyer, de me retrouver figé dans un rôle. En fait « à condition que la collection soit parfaite », c'est la pire des excuses que je pouvais trouver. Basiquement, je pourrais aussi ne pas me parfumer. Certes. Il y a aussi moyen de ne pas lire, ne plus acheter de vêtement, boire de l'eau et puis c'est tout, et puis quoi encore ? Celui qui a osé penser ça, ça va pas bien dans sa tête !

mardi 1 mai 2012

Quel parfum pour aller à un concert de hard-rock ?


Par Nez-Lik, votre conseillère Bon goût & Art de vivre. 





Pour l'amateur de parfums, il est toujours délicat de choisir LA fragrance qui vous accompagnera sans fausse note tout au long de la journée, voire de la soirée si vous n'avez pas l'occasion de vous reparfumer avant de sortir.  

D'ailleurs, dans l'absolu, comment choisit-on ?
Laissez-moi vous dire qu'il s'agit d'une mini-tragédie qui se joue tous les matins !

Pour ma part, la décision est très complexe, car influencée par une multitude de critères possibles : l'humeur du jour, la météo, les événements à venir, la tenue, une envie particulière... ou une subtile alchimie de tout cela.
Heureusement, Internet a pensé à vous. Pour le monde du travail, des réponses se trouvent sur cet excellent blog : Dr Jicky & Mr Phoebus



J'ai décidé d'explorer des situations qui sortent un peu plus de l'ordinaire. Ainsi, je dois me rendre dans quelques jours à un concert de hard-rock / métal, et la question s'est naturellement posée : que porter dans cette circonstance particulière ? Déjà, pour poser le décor, je vais me retrouver dans une salle surchauffée avec du gros son bien saturé et, sur scène, une performance capillaire à assommer une vache.




(Bon, pour cette fois-ci, les effets spéciaux vertexo-pilleux semblent être compromis. Mais admettons). 

Déjà : premier degré ou décalage ?

Le premier degré consistant à mettre... Rien.
Par rien, on peut entendre « musc personnel millésime 12 heures ». Là, on colle au thème, c'est le choix de l'option camouflage. Et de loin la solution la plus économique. Par contre, pour l'esthétique, on repassera.
Une bonne alternative peut être un parfum cuiré un peu violent, rappelant le mélange de blousons noirs et de transpiration du groupe qui se produit sur scène... Tiens, Rien de chez Etat Libre d'Orange, par exemple. Ou alors le Cuir de Mona Di Orio, délicieusement animalisé par un fond de castoréum.

Mais si on veut vraiment s'amuser, rien ne vaut un parfum décalé. Attention, vu l'environnement, il faut du sillage puissant, sinon tout l'intérêt de la démarche se réduit à néant. 

Dites-le avec des fleurs !

Fleurs + sillage puissant, ce serait antinomique ? Que nenni !

Si comme moi, vous adorez les roses, surtout celles qui se parent de teintes rouge sang avec des épines comme des pieux, je ne saurais que trop vous conseiller Une Rose, des Editions de Parfum Frédéric Malle. Sa tenue hors du commun (concentration extrait !), son fond de vinasse (délectable) et son accord truffe en font LA rose à même de résister à des décharges de plus de 80 db. 

Si vous préférez les fleurs carnivores, pas de souci, Robert Piguet a pensé à vous avec Fracas. Sa tubéreuse surdopée vous arrachera le nez en même temps que les guitares vous défonceront les tympans. Surtout si, comme un ami qui se reconnaîtra, vous vous en appliquez une bonne overdose (moins de 8 vaporisations, c'est pas assez) et que vous l'associez à Poison de Dior ET à Truth or Dare, le parfum de Madonna. 

Granny attitude

Une autre option possible : le parfum de vieille qui n'a pas vu la lumière du jour depuis des mois.

Pour cette catégorie, le champion sans conteste est Onda, de Vero Kern, en extrait bien sûr. Son vétiver fumé et sa puissante note miel, qui a des relents de vieille pisse de bon aloi pendant les premières minutes, sont tout à fait indiqués pour ce genre de concert. Je crois même y déceler un fond de bière brune. Avec une tenue à faire peur – cette satanée fragrance s'accrochera à vos vêtements même s'ils ne sont pas en contact direct avec le parfum, garanti sur facture – vous occuperez l'espace olfactif autour de vous aussi bien que la musique envahira la salle. En tout cas, c'est un de mes grands kiffs.

Fleur de bourgeoise


Quoi de plus élégant qu'un sillage délicatement aldéhydé ? Surtout au milieu de grands costauds chevelus ?

Pas de demi-mesure dans ce cas, foncez directement sur le mythique Chanel n°5 en eau de toilette. Une bonne quinzaine de pschitt devraient faire l'affaire, à renouveler en plein milieu du concert pour un effet encore plus glamour. Avec son envolée aldéhydée, sa rose et son jasmin délicats, vous vous sentirez à votre aise dans votre collier de perles virtuel, à apprendre la politesse aux personnes les plus dissipées autour de vous. Néanmoins, cette option est à éviter si vous êtes une fille qui s'habille de manière classique et élégante. Trop panoplie.





Alors, vers quoi va votre préférence ? Jouez-vous avec votre apparence olfactive ou accordez-vous votre parfum aux circonstances ? Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas, soyez spontané, faites-en des tonnes, amusez-vous !

les Indes en low cost


Penhaligon's nous fait le coup du voyage organisé, direction Malabah. L'Inde sous forme de parfum : un peu de thé parfumé à la bergamote, des épices et une base ambrée douce. C'est extrêmement lissé et pas très innovant, si ce n'est une petite note de cardamone en cœur qui est bien sympathique. L'ensemble est assez facile à porter et franchement ennuyeux. L'idée de base fait penser à Shalimar, on espérait une nostalgie de l'empire de la part de la vénérable maison anglaise, on se retrouve avec un mainstream banal ; le voyage organisé des voisins version séance diapositives supra ennuyeuse. Pourquoi s'infliger ça ?

Sont-ce bien eux qui ont lancé il y a bien longtemps Hammam Bouquet ?
Malabaa, Penhaligon's, 2003