On ne porte plus aujourd’hui comme jadis le grand deuil et le
demi-deuil suivant une codification précise et mesurée dans le temps. C’est
fort regrettable, cela permettait à la fois de vivre son chagrin et de ne pas
commettre d’impair. La délicatesse et l’élégance nous impose malgré tout
retenue, mesure et manifestation extérieure. Pour un parent ou allié au premier
degré, l’affection, ou la simple décence, nous oblige à ne porter aucun parfum
entre l’annonce du décès et les funérailles : le temps du deuil est celui
du chagrin et non de la coquetterie.
Les funérailles passée, on veillera à revenir à la vie
normale en respectant une certaine gradation. Pour les premiers parfumages, je
conseille l’austérité de la Gentiane Blanche d’Hermès, ou des soliflores
modestes et point trop joyeux (et encore moins sensuels !) : Bluebell,
la jacinthe de Penhaligon’s ou l’Infusion d’Iris de Prada qui joue si bien les
présentes en toute discrétion.
En ce qui concerne les veuves, il serait bon de ne pas
donner l’impression d’être à la chasse au mari en arborant des parfums de vamps
ou de vouloir jouer les ingénues en portant des fruités girly. De même que les
divorcées, il faut assumer son passé, qu’il soit ou non agréable. Je trouve personnellement
que l’élégance d’un chypre classique peut convenir mais que l’austérité altière
d’un boisé sera d’un plus bel effet. Féminité du Bois ou sa variante Bois et
Violettes (Serge Lutens) me semblent des choix très sûrs, affirmés, faussement
sévères tout en étant extrêmement séduisants et élégant. (Vous êtes veuves, pas
nonnes !)
Illustration: portrait de Diane de Poitier qui incarna, veuve, l'élégance et la séduction à la cour de France.