dimanche 31 octobre 2010

Minuit à Paris

A force de lire du bien de Midnight in Paris, j'ai fini par me précipiter sur l'échantillon, malgré mon refus des nouveauté senties au moment même ou elle sortent. J'ai bien compris l'engouement : quelque chose de sombre et doux qui équilibre bien ses notes de baumes, vanille et poudre par un départ tout en douceur qui marie bergamote et une note thé avec un coté floral discret mais intéressant. Muguet noir? Oui, moi je veux bien, même si ça n'existe pas, c'est la senteur qu'on lui imagine. Muguet timide puisqu'on est chez les hommes mais bien présent. Enfin, chez les hommes sur papier... C'est léger et subtil avec une discrétion de bon aloi: plus d'intensité aurait été plaisant mais un peu tape à l'oeil; là, c'est juste parfait d'autant que le parfum est fondu et lissé pour donner une impression de stabilité alors qu'il évolue tout en douceur. 

Pour beaucoup, c'est un souvenir de Bulgari Black, moi, il évoquait quelque choses de connu, mais pas Bulgari que j'ai assez peu connu et ce n'est qu'après avoir cherché beaucoup que j'ai fini par trouvé: Tea for Two de l'Artisan Parfumeur: la même sensation de thé fumé et de douceurs.  Mais ici, nous sommes au régime: gâteaux secs sans l'aspect confit. C'est moelleux et confortable, je devrais l'aimer, pourtant rien à faire, je le trouve assez banal et ne peux m'empêcher de penser qu'il trouve de bons échos parce que les autres sorties du moment sont affligeantes. La vérité, c'est qu'il m'ennuie.


Au même moment sort le Woody Allen du même titre, celui avec la Crala, et je ne peux que me dire dans les deux cas: pas pour moi, j'aime mieux redécouvrir une vieillerie! Les autres feront ce qu'ils veulent à minuit, moi, j'irai dormir. 


Midnight in Paris,Domitille Bertier &; Olivier Polges pour Van Cleef & Arpels, 2010

Anti Fatigue Absolu

Une crème qui fait tout bien en cas de peau épuisée... Bonne idée, mais comment sait-on que sa peau est fatiguée ou stressée? Ce genre d'argument, c'est vendeur a priori, surtout à moi qui suis insomniaque, mais qui en 2010 ne se sent pas fatigué, surtout en hiver? Mais pour la peau, ça veut dire quoi au juste? On s'en rend compte comment? Encore un concept marketing dont on ne voit pas bien quelle réalité il recouvre. Mais bon...
L'idée d'apporter tout bien à sa peau pour qu'elle se sente en forme et se comporte comme si elle avait 20 ans, ça ne séduirait pas qui?

Dans la pratique: une crème fluide qui s'étale facilement, n'a quasi pas d'odeur et laisse le teint frais. Résultat fermeté visible dès le départ: le matin, même en cas de gros dodo (oui, avec une petite pilule rose, un gros dodo, ça m'arrive aussi) le visage est net, sans l'aspect un peu bouffi qu'on a parfois . L'idéal selon le Dr Brandt, c'est de dormir sur le dos avec deux oreillers, mais perso, j'avoue que je finis TOUJOURS par me retrouver sur le ventre. Essayer de dormir sur le dos peut carrément foutre ma nuit en l'air, autant pour la bonne tête le matin, donc, même si le truc est efficace... Au fil des utilisation, il y a vraiment une sensation d’ovale plus ferme. Texture légère; sans brillance, confortable mais un peut légère en journée sans sérum en dessous pour affronter la clim, le vent etc, ce serait idéal pour les beaux jours s'il n'y avait pas ce foutu air conditionné qui me gâche la peau!  Donc, je m'en suis servi plutôt comme soin de nuit et là, c'était juste parfait, en alternance avec un soin jour plus hydratant. En solo, c'est bien si on a une peau sans problème, mais je suis moins certain du coté antiride...

On peut dire que je ne suis pas emballé à 100% et que je ne recommanderais peut-être pas l'achat, sauf que des soin anti-tête bouffie, il n'y en a pas tellement et que cette crème là, est vraiment drainante et vraiment efficace. La seule autre crème qui était aussi bien, était signée Hélèna Rubinstein: Night Sculptor, mais la gamme a été supprimée et remplacée et je n'ai pas encore testé la nouvelle version. Pour une cinquantaine d'euros en moins, ça vaudra la peine d'essayer Collagenist V-lift. Parce que oui, Orlane tape largement au-delà des 100 Euros et que ça me semble quand même un peu exagéré. 


Anti Fatigue Absolu, Formule polyactive, Orlane

vendredi 29 octobre 2010

Dior not so Addict

Dior et moi, ça aurait pu être une grande histoire d’amour, mais tout ça a fini par tourner à l’indifférence un peu méprisante. Du coté des parfums: première rencontre avec la formidable Eau Sauvage, suivie du boum Poison qui a tout ravagé sur son passage. Coté make up, Tyen était déjà aux commandes. Au rayon soin, la ligne Capture naissait et innovait avec ses liposomes que tout le monde voulait avoir.

Aujourd’hui, ce n’est plus ça. Je teste régulièrement des produits grâce à des échantillon et c’est à chaque fois plus ou moins pareil: un effet épatant dans le miroir, moi en mieux tout simplement, mais ça ne passe pas le test de l’ascenseur. J’explique: pour rentrer chez moi après une journée de boulot, je refuse de prendre l’escalier et dois donc affronter le miroir particulièrement vachard de l’ascenseur avec son copain l’éclairage au néon pas flatteur, ça peut être déprimant, mais c’est assez pratique pour les tests cosmétiques: il y a ceux qui réussissent à vous maintenir une tête correcte et ceux qui vous lâchent. Dior est quasi systématiquement dans la deuxième catégorie: ridules de déshydratation, traits creusés et compagnie.

Coté parfums, ce n’est pas mieux: de la  déclinaison de nom et de flacons à la pelle, des ratages évidents et des réussite qui ne parviennent pas à m’intéresser. Reste les vieillerie, le fond du catalogue que les vendeuses ignorent systématiquement, vous regardant comme un Alien quand vous réclamez Dioressence, ou " Miss Dior, non, pas la version Chérie ou l’eau de ou Dieu sait quelles autres abominations, l’original. "

Coté maquillage: les images des défilés finissent par imposer une Drag Queen excessive et amusante mais loin de l’élégance qui auraient désolé Monsieur Dior qui écrivait: " le meilleur maquillage sera le plus naturel et sauf pour le rouge à lèvres, il doit rester invisible… Vous n’avez pas à subir la lumière des projecteur comme une actrice en tournage, il est donc inutile de vous maquiller comme telle…. "
A méditer!

Restent les « égéries » (Dieu que je hais cette expression, les très belle Monica et Sharon, tellement photoshopée qu’on les reconnais grâce à leur nom qui est mentionné au bas de chaque affiche. J'evite donc Dior. Systématiquement. (D'autant que je fais automatiquement une allergie à leurs filtres solaires)

Retour en grâce

Après m'être vautré dan le cambouis avec un mécanicien (Marcel et son chauffeur?), il est temps de retourner voir les grandes dames dans leurs beaux salons et de me faire pardonner mes péchés. S'il en est une parmi toutes qui est susceptible de m'absoudre, c'est bien la bienveillante et très gracieuse princesse Arpège qui  tient peut-être de l'amour dévorant de Jeanne pour Marie-Blanche cette immense bonté qu'elle déverse sur la plèbe, c'est à dire quasiment tout le monde puisque face à ses quartiers de noblesse, peu ne font pas bassement figure de roture ignoblement parvenue. 

Sa grandeur altière est aujourd'hui bien oubliée du grand public qui préfère suivre dans d'infâmes revues people les exploits des starlettes arrogantes, et parce qu'Arpège est un aldéhydé fleuri, on le range dans la famille des sous-N°5, d'une façon absolument injuste.

Il y a ici un bouquet classique (rose, jasmin, beaucoup de jasmin, Ylang) soutenu par les aldéhyde. l'effet est dont radicalement diffèrent, beaucoup plus discret. il y a une envolée mais pas ce sentiment d’agressivité que peuvent donner les surdose de Chanel. de l'iris pour le poudré très légèrement, un fond doux ambré et musqué (autrefois beaucoup plus musc, le parfum a été assez diminué, nous sommes passé de la fourrure au cachemire) un peu boisé, très crèmeux  qui traîne longtemps sur la peau. même diminué Arpège reste un monument d'élégance soyeuse, impeccablement coupée, très nuancé. 

C'est une misère que Lanvin ne le soutienne pas, la dernière campagne remonte probablement à 20 ans. résultat, Le magnifique flacon boule noire (en principe, je me fiche des flacon et n'aime que l'ivresse, mais là, je craque devant ce monument Art Déco) est donc maintenant dissimulé dans les rayonnages du bas, à l'ombre pourtant bien pâlichonne de Jeanne ou de Marry Me. Il faut redécouvrir d'urgence sa leçon de raffinement bien éduqué. Je conseille personnellement d'en mettre toujours un peu sur une écharpe ou un foulard afin de pouvoir se souvenir dans ce monde impitoyable que le bon goût, la politesse, le raffinement sont des choses qui existent. Je l'aime tout particulièrement en automne, la rentrée étant propice aux déploiement d'élégance.

Arpège,André Fraysse pour Lanvin, 1927
Flacon original dessiné par Armand Rateau orné du logo Lanvin dessiné par Paul Iribe. 

jeudi 28 octobre 2010

Preston & Child

J'avoue craquer honteusement pour les policiers. Preston & Child, avec leur inspecteur Pendergast, ont l'art de me faire frissonner avec des thriller palpitant qui m'empêchent littéralement d'aller dormir, parce que, rien à faire, je veux savoir, c'est plus fort que moi. Un stress maximum. Attention dans les transports en commun, les récits d'autopsie peuvent donner la nausée. Ici, les meurtres sont toujours horribles et mêlés d'éléments fantastiques qui restent souvent dans les limites du crédible.
(Plusieurs titres disponible en poche aux ed. J'ai lu)

Ce n'est qu'un pause car je sens de nouveau une très forte envie de me replonger dans Proust. Reste à savoir à quel partie de la Recherche, je vais m'attaquer...

mercredi 27 octobre 2010

Get Dirty!

Comme des Garçons ose. Le premier parfum pouvait passer pour classique, les anti-parfums Odeur 53 et Odeur 71 étaient partis dans des directions nouvelles : les odeurs du quotidien, l’inorganique, créant la surprise, mais finalement sans trop choquer : l’effet était intriguant, déroutant mais assez séduisant. Ces deux parfums, surtout le premier, sont relativement inconnu mais à l’usage assez populaire auprès de l’entourage qui globalement trouve que « ça sent bon ! »

La marque de Rei Kawakubo a depuis dépassé les limites du parfum, ou de l’odeur à porter pour s’aventurer vers l’expérimental franchement difficile à assumer. La série Synthetic6 présente quelques œuvres passionnantes à sentir dont on se dit cependant qu’elles sont plus dignes du musée destinées à orner les décolletés.

Garage évoque le gasoil, l’huile de moteur, une crasse noire et grasse, avec des accents qui vont du poussiéreux au caoutchouc brûlé en passant par du métal chauffé. C’est un peu passer, après l’accent animal des parfums fourrures à l’accent minéral du parfum doudoune, dans une vision futuriste plus proche de Mad Max ou Blade Runner que de 2001 Odyssée de l’espace. Curieux et dérangeant dans son réalisme, l’effet est radical : vous haïrez ou vous adorerez cette odeur, de même que certains aiment l’odeur de l’essence ou la détestent. Garage m’a donné l’impression d’être malmené à la façon d’une Blanche Dubois violentée par un Stanley Kowalsky rentrant de l’usine dans a Streetcar named Desir. En portant Garage, on se sent sale, souillé. C’est assez troublant parce que j’ai aimé et détesté l’odeur sans parvenir à savoir si ce qui me dégoûtait, c’était cet aspect sale ou que je puisse aimer me sentir sale. Pourtant, l’odeur, débarrassée de toutes connotation et référence pourrait être jugée comme ronde et chaleureuse

La portabilité de la chose est quasiment nulle : Qui a vraiment envie de sentir comme un garagiste après une journée de travail ? Même pas les garagistes, je pense. Mais c’est à essayer, voir à posséder.

Garage, Series6 : Synthetic, Comme des Garçons, 2004

jeudi 21 octobre 2010

frustration parfumée

Je suis en pleine frustration. Ce qui est paradoxal puisqu’aujourd’hui, les rayons de la parfumerie débordent et que c’est semaine de promotion. Mais je bloque. Pour ce qui est de ma parfumerie plus select, de niche, pareil : pourtant elle connaît un vrai succès et va encore déménager et s’agrandir et en éternel mécontent, j’aimerais pouvoir revenir à la toute petite boutique que j’ai connue aux origines, celle ou il n’y avait que des flacons de parfums entassé dans des rayonnages serrés ou on ne savait se mouvoir et ou j’allais toujours SANS sac parce que ce n’était vraiment pas possible avec malgré ma taille 36 de l’époque. Plus d’espace, ça m’a plu, un rayon odeur soin, j’étais comblé, mais le coté grande surface que ça va avoir avec cabine d’institut intégrée, j’avoue que ça me saoule un peu.

Trop de choix tue le choix. Et tout en arrive à ressembler à tout et donc à rien. J’avoue que je ne parviens plus à suivre le rythme des lancements qui me donne le tournis et que je n’en ai plus envie. J’ai toujours été un peu à contretemps, mais rien à faire, je ne VEUX pas sentir le dernier Chloé ou le dernier Lutens. Rien à faire, je ne veux pas et je préfère me concentrer sur des choses qui sont sorties avant ma naissance : ça à tout le charme de la nouveauté car il me reste beaucoup à explorer ou à redécouvrir même si de ce coté là non plus, je ne soupire pas d’aise, entre reformulations et disparitions.

Mais enfin, je ne peux m’empêcher de soupirer en voyant que de médiocres nouveautés menacent parfois d’anciens classique en prenant leur place sur les rayonnage, dans les campagnes de publicités et dans l’esprit de certains, voir en étant tellement médiocre qu’elle menace de couler une marque. De mon jeune temps (traduction : les années ’80) on voyait des campagnes pour Arpège, Madame Rochas etc. régulièrement dans la presse. On se disait peut-être "ce n’est pas pour moi", mais on savait que ça existait, on voulait sentir et on se promettait d’y passer un jour. Maintenant, il semble qu’il n’y a que le petit dernier qui a droit au budget et on en arrive à faire rêver les jeunes filles de Lady Million plutôt que de Calandre. Et quand Dior relance Dioressence, toujours pas senti dans la nouvelle version, j’aimerais savoir qui est au courant ? Et puis on s’étonnera si ça ne se vend pas… Nouveau, maintenant, qu’est-ce que ça signifie au juste ? Sorti le mois passé ? Peu importe que le nom en recycle un autre et que le jus soit encore moins créatif, se contentant de varier un peu dans les accords de tête en prétendant à l’originalité. Le cœur peut-être un peu plat et le fond inexistant, ce n’est pas un souci : le nouveau flanker sera déjà en production avant que nous n’y soyons arrivés. J’exagère peut-être un peu, mais si peu.

Coté sélectif, très sélectif, franchement, je ne brule pas plus d’enthousiasme : c’est amusant de comparé trois variations autour de la vanille et quatre interprétation de la tubéreuse, mais tout fini aussi par se ressembler un peu aussi. L’exercice est intéressant, mais un peut trop systématique depuis 15 ans. Je ne peux pas m’empêcher d’y voir un certain manque de créativité à la longue. Beaucoup ne seront pas d’accord, mais moi, je n’en peu plus, j’ai envie d’abstraction, pas d’évocations qui sont toujours les mêmes. En passant d’Olivia Giacobetti chez Malle m’intéresse et m’intrigue parce que ce lilas n’est pas juste bien rendu, luxueux etc. mais parce qu’on ne sent pas des lilas à tous les coins de comptoirs, contrairement aux patchoulis, ambres, and Co. Et l’argument belles matières, c’est franchement surfait de chez surfait coté prix. Parce que de belles matières, intéressantes, qui ne coûtent pas des fortunes, ça doit bien exister, non ? Comment ferait Diptyque par exemple pour avoir dans son catalogue de jolies choses, originales, pour pas plus cher que la grande diffusion ? Idem pour l’Artisan Parfumeur. J’aime beaucoup le travail de Jean Claude Ellena, surtout sur les Colognes, mais m’offrir son très joli Brin de Réglisse, Hermès, ou Cologne Bigarade, F. Malle, je ne peux tout simplement pas et je préfère pour nettement moins cher la très intéressante Eau de Gentiane Blanche également revêtue du sceau de la noble maison Hermès, certes plus "commune" puisque distribuée largement mais très intéressante également dans ce registre et loin d’être inférieure aux deux autres en termes de tenue ou de sillage. (En ce moment, comme je suis dans une passe aldhéydés floraux, c’est plutôt First que je redécouvrirais volontiers.)

Après avoir appris que "Non, la chaîne ne suit plus Madame Rochas",je me suis offert un grand modèle d’Arpège. Un peu diminué peut-être, mais toujours tellement plus intéressant qu’un Misse Dior Chérie.


PS : je fais aujourd’hui une taille 38.

mercredi 20 octobre 2010

Noir, Blanc, Rouge

La saga des Sambre est peut-être un peu "trop." Trop compliquée, trop tirée par les cheveux, trop fleuve etc. Peu importe, ce dessin, ces tons, cela reste d'un romantisme sombre toujours séduisant. Moi, quand on m'en propose encore, je dis oui.
Yslaire et Boidin, Werner et Charlotte1, Automne 1768, La guerre des Sambre, Glénat,2010

Venomous Vilain


Les méchants de Disney invités chez MAC, c’est LA bonne nouvelle de la rentrée. Parce que ça remet l’aspect ludique du maquillage en avant. On est loin des diktats des gourous de la beauté, délaissés au profit du pur plaisir de se transformer. C’est un peu extravagant. Pas facile à porter. Pas nécessairement flatteur ou pour tout le monde. Et alors? Parfois, il suffit d’oser faire preuve d’un peu d’indécence en exhibant un pan de son âme: celui de l’enfant qui reste en nous.

mardi 19 octobre 2010

Helena Rubinstein

Une petite bonne femme qui quitte le ghetto polonais pour conquérir le monde à la fin du XIXème siècle, ça s’appelle un destin et c’est celui d’Helena Rubinstein. C’est un pan entier de l’histoire de la beauté, de l’histoire des femmes et de l’histoire tout court que nous retrace Michèle Fitoussi, l’histoire d’une menteuse qui est un roman. Pour voir autre chose derrière son pot de crème qu’un photoshop de Demi Moore.


Michèle Fitoussi, Helena Rubinstein, la femme qui inventa la beauté, Grasset 2010.

lundi 18 octobre 2010

N°22, Oriane de Guermantes chez Chanel

Difficile d’exister aux yeux du grand public à coté du N°5. Pourtant à coté de cette Verdurin, arriviste, carriériste, orgueilleuse et têtue qui veut son salon, les honneurs de la presse et mener son monde à la baguette, le N°22 ne se débrouille pas si mal en duchesse de Guermantes, gracieusement à contretemps, drapée dans sa magnificence connue des seuls intimes sur lesquels elle règne sans partage. Et en vérité pourquoi se donner la peine de conquérir l’univers quant seul le Monde compte?
Cate Blanchett
Le 22 commence par une blancheur aldéhydée, éblouissante comme un paysage enneigé sous le soleil pâle des premières heures du jours.  Viennent ensuite des fleurs blanches, givrées, roses et tubéreuses qui le réchauffent doucement, enveloppantes comme une pelisse de zibeline.  Puis, intrigué par une odeur d’iris entre crème et poudre, on sort de sa méditation et on l’aperçois enfin, Oriane, scintillante dans les reflets des vitaux de l’église de Cambray, gracieuse, au doux sourire nostalgique et doux, un peu féerique en fait, à sa façon très personnelle de reine des neiges moderne. 
Son destin est peut-être plus secret, il n’en est pas moins exceptionnel: née de la même portée que son aînée, elle fut présentée un an plus tard, resta dans l’ombre, à la fois proche et lointaine, plus pâle, plus raffinée, toujours un peu gothique dans le fond à coté de la belle aventurière faite pour l’or et les triomphes; ça n’a pas empêché  les poètes de l’aimer et bien que demoiselle d’avoir eu une postérité nombreuse et pas toujours reconnue. Essayez de la rechercher, de la découvrir et peut-être vous laissera t’elle pénétrer dans son cercle enchanté, vous avez-tout à y gagner.

dimanche 17 octobre 2010

l'Orient s'invite à Londres

Quatre passagers débarquent d'un avions en provenance de Dubaï et vont jouer le jeu du chassé-croisé dans la capitale anglaise. c'est la vie l'amour la coiffure et un peu plus pour un livre qu'on prend pour se distraire et qui  finit par nous laisser étrangement meurtris. L'Orient qui s'invite en occident n'est pas que le prétexte à de jolies couleurs.

"Mais qu'est-ce que je vais faire? Qu'est-ce que je vais devenir?"

Hanan El-Cheikh, Londres mon amour, Babel, 2010

Le classique soin de Lauder

Première chose à dire de Night Repair, même si c’est une réflexion un peu pétasse: ce sérum à vraiment le plus moche flacon de l’industrie cosmétique, ce qui s’avère pratique, on le reconnait de très loin. Brun, en plastique depuis peu, avec une pipette, ça fait médicament et pourtant, Lauder n’a pas besoin de ça pour faire sérieux! 

Night Repair est donc un sérum en vente depuis 1982 et régulièrement revu et amélioré, d’ailleurs contrairement à ce que son nom indique, il est devenu « jour et nuit.» mais comme c’est un énorme succès, il faut pas saboter le concept en changeant le nom, ça perturbe la clientèle qui a ses petites habitudes. L’idée de base, c’est que ça répare la peau la nuit des méfaits de l’environnement qui seraient LE facteur principal de vieillissement de la peau, encore plus que l‘âge. Après une reformulation, ça la défend le jour aussi. Pourquoi, comment etc., je passe, allez voir sur le site de Lauder, je vois pas trop l’intérêt de répéter leur blabla selon moi invérifiable. Mais j’espère très fort qu’ils ont raison et que je fais dix ans de moins que mon âge. Même 15, je dis pas non quand on me les donne. Il y a 15 ans, c’était le credo de tous les cosmétos avant de se mettre à dire en cœur: « je joue sur les gêne et les cellules souches et bla bla bla. Mais bon, quand je vos ma tête après exposition au soleil, air conditionné et pollution à tout va, je me dis que la piste environnement à encore de beaux jour devant elle.

Avec la pipette on prélève trois ou quatre goutte d’un liquide un peu gélifié et vaguement orangeâtre qui évoque un peu le sperme de Marsupilami ou quelque chose du genre. Je suis au désespoir d’écrire quelque chose d’aussi peu glamour, mais j’y pense à chaque fois ou presque. Ça ne fait donc pas très envie, nous sommes bien d’accord. À l’application, les chosent s’arrangent immédiatement: ça s’étale vite fait bien fait et pénètre bien, on peu utiliser tout de suite n’importe quelle crème par-dessus.
  
Maintenant, place aux bonnes nouvelles et aux résultats! Franchement, c’est pas mal du tout après quelques jours. Night Repair est comme promis bien hydratant et apporte un super confort à la peau, c’est-ce qu’on remarque en premier surtout quand comme moi, on a la chance de travailler dans un bocal à air conditionné hyper desséchant même si la compagnie chargée de l’airco prétend que « non, pas du tout, les condition d’humidité sont optimales! »  Pour l’anecdote, je précise aussi qu’ils soutenaient que non, je n’avais pas froid,  qu’il y avait 22 degrés et que c’était juste pour le plaisir de me plaindre que je disais que je sentait de l’air froid, jusqu’au jour ou ils ont consenti, après un an, à envoyer un technicien qui a bien voulu constaté que la jauge température était bloquée sur 38 degrés et que le système, pensant gentiment que j’avais trop chaud, m’envoyait gentiment de l’air froid, effectivement. Pour revenir à Night Repair et au confort, faut-il vraiment mettre une crème après? Moi, j’aime superposé les couches, mais si ce n’est pas votre cas, juste ça pour la nuit, c’est bien suffisant si vous n’avez pas de souci particulier  de sécheresse. 

À part l’hydratation, de surface, cela va sans dire, il y a un vrai effet apaisement: oublié les rougeurs, les tiraillements, les irritations et même les petits boutons. On le sent de suite et on le voit à l’œil nu après quelques jours: teint plus frais, pores resserrés en plus de l‘adieu aux petites ridules de déshydratation. L’effet anti-inflammatoire promis est donc bien réel, pas juste une blague! Même si ce n’est pas l’argument de vente premier, je trouve le produit génial pour la sensibilité et la réactivité, donc pour rattraper un traitement un peu hard. Du coup, assez vite, une peau plus belle, c’est certain, qui cicatrise plus vite et même si c‘est pas mis sur la notice, c‘est a essayer en cas d‘acné. 

Finalement, ce n’est pas un hasard si le Night Repair va bientôt fêter ses 30 ans de succès: on y revient toujours parce que coté résultat, c’est dans ce qui se fait de mieux  avec une texture qui s’oublie, ce qui n’est pas toujours le cas. Evidemment, ça ne fait pas non plus des miracles du genre; passer de la tête de Bette Davis en Baby Jane à celle de Garbo dans Queen Christina, mais pour ça, il n’y a vraiment rien à faire, à part peut-être la grotte de Lourdes pour les plus croyants.



Advanced Night Repair, Estée Lauder, 1982.

jeudi 14 octobre 2010

Marilyn

Le visage de Marilyn est encore partout, encadré,  posterisé, décliné en pochette etc jusqu’à l'overdose. C'est le mythe absolu, l'icône totale derrière laquelle il y avait pourtant un être humain. La femme, on peut à présent la découvrir à travers ses écrits, intégralement publiés. Profonde, sensible, désireuse d'apprendre. Pas de révélation pour qui a déjà lu une biographie. Le coté exhaustif est un peu lourd: oui, Marilyn s'est analysée, a écrit des poèmes, mais elle a aussi fait des listes de courses et noté des recettes de cuisine.
Pour les fans
Marilyn Monroe, Fragments, Seuil, 2010


mardi 12 octobre 2010

Shalimar: passeport pour la beauté

Connaissez-vous des Guerlinolâtres? Peut-être faites vous partie de cette bande qui a donné son âme à la vénérable maison et ne jure que par elle, lui voue un amour infini et s’enivre des ses créations qui parlent au cœur et à l’âme? Moi, j’admets volontiers que je suis Chanelophile et que Guerlain, ce n’est pas ma tasse de thé; je préfère l’abstraction plus orgueilleuse des grands Chanels qui s’affirme en disant "Je Je Je", d’une façon moins sympathique et plus intellectualisante. (Avouons que dans le port du N°5, il y a quelque chose de l’ordre du "j’ai raison sur tout et je vous emmerde!" )

Cependant, si je devais conseiller un parfum à quelqu’un que ça n’intéresse pas particulièrement ou qui ne peut s’offrir qu’un seul jus, je conseillerait probablement un Guerlain comme le meilleurs investissement possible:  en termes de flatteurs, on ne peut quasiment pas trouver mieux! Plus que comme chef d’œuvre de la parfumerie, j’envisage un grand cru Guerlain comme un formidable produit de beauté

Entre tous, le grand classique emblématique de la maison reste Shalimar. On peut en préférer d’autres, plus rare ou plus sentimentaux, mais rien à faire, il faut bien reconnaître qu’au final, il est indélogeable de sa place de leader de l’écurie Guerlain. Sa légende lui fait presque du tort en le plaçant dans une position d’exotique sensuel proche du délire alors qu’il est totalement confortable et facile à porter. Non, Shalimar ne transforme pas en almée échappée du harem assoiffée d’amour etc. 

Il démarre presque agressivement par la bergamote, un petit coté citronné qui va durer longtemps mais s’adoucit immédiatement avec des fleurs élégantes et rondes, dont un iris qui lui confère une tonalité un peu poudrée et la vanille toute douce, un peu cake, mais absolument pas écœurante dans le genre gâterie pour boulimique qu’on peut beaucoup trop voir actuellement, et s’achève  longtemps après dans un joli fond de sensualité résineuse et animal. Très riche, il n’est pas exactement changeant mais mérite qu’on lui prête attention parce que ses facette sont nombreuses et ne se révèlent pas si facilement. Il est toujours reconnaissable mais très variable d’une personne à l’autre. 


Marlene Dietrich
À l’usage, il semble posséder tous les codes de la marque, à commencer par une certaine androgynie: porté par un homme, croyez-moi, il passe très bien, à l’usage, il finira même par paraître plus masculins que beaucoup de création "pour homme" si tant est qu’on puisse attribué un sexe à un parfum, ce dont je doute. Il fait preuve d’une richesse bourgeoise et élégante de bon aloi, très ronde et moelleuse. Bien sûr il est porté par pas mal de vieilles dames, et alors? Quand vous avez trouvez quelque chose qui vous rends irrésistible, pourquoi le lâcher? Ne soyez pas ridicule et tirer plutôt parti de l’expérience de vos ainés!  Shalimar est enveloppant et flatteur, il est à la fois un réconfort type doudou et un messager qui va trouver les gens autour de vous en leur parlant de votre beauté, de votre mystère sans se lasser et en étant particulièrement convainquant. 

Shalimar me fait penser à Marlene Dietrich. Belle et incroyablement mise en scène: éclairages , maquillage, accessoires et vêtements parfaitement étudiés et maitrisés. Voila Shalimar: à la fois lumière, fourrure, voilette et plumes. Shalimar est un metteur en scène qui vous rends totalement irrésistible.

lundi 11 octobre 2010

Le sillage d'un absent, toujours inconnu mais profondément aimé.

Certaines choses gagnent à être évoquées plus qu’à être représentées dans toute leur splendeur.

Passage d’enfer me transporte dans un ailleurs mystérieux ou tout semble briller par l’absence et le mystère. Ce parfum est habité, mais je n’ai jamais réussi à rencontrer l’inconnu qui se dérobe sans cesse, je perçois l’odeur de l’encens qui s’est accrochée à ses vêtements,  un soupçon de lys et du benjoin, mais tout cela semble décanté, évanescent, j’ai beau me retourner, chercher, appeler, questionner; mon inconnu à toujours invariablement disparu. Peut-être sa splendeur me brûlerait-elle comme lorsque Jupiter s’est dévoilé à Sémélé? Peut-être n’existe-t’il que sous la forme d’une calligraphie au mur? Est-ce une belle de l’ère Heian, une divinité païenne ou un prêtre catholique? Je ne sais. Je ne connais que sa trace sur ma peau.
in the mood for love
Olivia Giacometti a réussi là un parfum intensément poétique et délicat, terriblement évocateur mais facile à porter. Le mot de l’Artisan, une eau d’encens est incroyablement juste. Mon Dieu mais que de merveilles dans le catalogue de cette marque qui sait être rare, originale, inspirée tout en demeurant confortable et élégante à des prix raisonnable.

Passage d’enfer, Olivia Giacobetti pour L’Artisan Parfumeur,1999

dimanche 10 octobre 2010

Ultra Facial Moisurizer, Kiehl's

Un hydratant basique à la texture légère entre crème et lait sans odeur dans un flacon en plastique basique. (Un bon point pour les écologistes: on ne rempli pas sa poubelle avec une boîte et un cellophane. Pour les autres: c‘est plus hygiénique que le pot ou on trempe les doigts) 

Marilyn Monroe à sa toilette
À l’application, ça pénètre bien, à condition de ne pas en mettre trop comme on a souvent tendance à la faire. Technique perso, en prendre très peu et rajouter petit à petit. Ça hydrate bien et laisse la peau vraiment confortable toute la journée. La promesse, c’est 24 heures, mais honnêtement, je n’ai JAMAIS passé de ma vie 24 h complètes sans me laver et me crémer ensuite, donc si en réalité ça ne dure que 23 h et bien ne comptez pas sur moi pour vous le dire. La TRES bonne nouvelle: ma peau sensible supporte sans problème et ça soulage vite fait mes ailes du nez sujettes aux rougeurs et à la déshydratation. C’est franchement génial quand on subi l’air conditionné toute la journée. En cas de peau qui brille sur le nez et le front: le truc tout simple: appliquer un mouchoir en papier sans frotter pour absorber l’excèdent de gras. C’est une bonne base de maquillage qui fonctionne bien utilisés en petite quantité pour diluer un fond de teint ou un correcteur trop épais. 

En plus, ça coute à peine 55€ pour 250 ml ce qui en fait un produit pas cher du tout et comme c‘est génial pour toute la famille, homme femmes et enfants, c‘est vite consommé. Astuce: l’achat groupé et la conservation au frigidaire. 

A part ça, bien sûr, il n’y a rien d’autre à en dire et ça fait juste ce que ça prétend: hydrater, sans ruiner et non, je n’ai pas rajeuni subitement ou quoi que ce soit, j’ai juste eu une jolie peau sans problème mais quand on est habitué aux  réactions de type tiraillements et petits boutons, le confort et la fraicheur, on dit bravo et on rachète.  À avoir toujours dans la salle de bain.

Inspiration: Guy Bourdin


Des images torrides sur papier glacé. En feuilletant l'album, on se rend compte que sans Guy Bourdin, la mode, la publicité n'aurait pas été tout à fait les mêmes. Luxueux et trash, interpellant. Et au passage, on revoit les maquillages signés S Lutens, dont l'étrange série perles noires.
Attention, ce livre peut donner des envies de satin émeraude bruissant et de vernis à ongle rouge "sang dégoulinant."

Guy Bourdin, in Between, Steidl, 2010

le look Mad Men

Comme tout le monde ou presque, je me suis mis à regarder Mad Men. J’adore le look de la série que je trouve très réussi et extrêmement juste. Je pense qu’il fonctionne parce qu’il n’est pas trop stylisé et qu’on peu s’y retrouver assez facilement: il rappelle des souvenir de jeunesse ou des page d’album photo familiaux et ça lui donne un charme fou, pourtant quand certains trouve cela inspirant et cultive la nostalgie, je ne suis plus du tout d‘accord et j‘avoue que j‘apprécie assez de n‘avoir pas connu cette époque.
Mad Men
John Hamm & Christina Hendricks

Parmi les choses qui n’ont plus court et que je ne regrette pas:

Le formalisme: OK, c’est joli les reconstitution, mais la jeune fille 2010 qui veut se donner un look 1960 oublie souvent qu’à cette époque chaque heure du jour avait encore sa tenue adaptée et que son ravissant petit look (définitivement plus new) aurait paru déplacé à 10h ou à 16h, dans une situation de bureau ou de baptême puisque tout était encore très codifié.

Les tissus affreux: je ne parle pas de certains motifs (même s’il en était de fort laid) mais de la qualité de la matière, de la raideur, de l’inconfort pour ceux et celle que n’avait pas les moyen de s’offrir des étoffes haut de gamme. Et même dans le grand luxe, d’ailleurs: l’expo  Jackie, les années Maison Blanche, était une démonstration magnifique: des vêtements sublimes qui tiraient le meilleurs de la raideur des tissus, mais je préfères ce dont nous disposons maintenant.

La hiérarchie sociale très marquée: impossible de ne pas savoir qui était quoi. Le brassage actuel me semble nettement plus sympathique. Bien sûr, on risque toujours assez peux de confondre certaines catégorie, mais la souplesse actuelle me semble beaucoup plus démocratique. En autre, le pouvoir en termes de mode et d’allure n’est plus le privilège des riches qui donnent le ton.

Le sexisme: les hommes ont tous l’air « sérieux » et les femmes ont toutes l’air de potiches sexuelles. Bon, il y a l’exception du look Chanel (oui, je sais que je fais une fixation) beaucoup porté par Jackie Kennedy par ailleurs mais sinon, avant d’être une affaire d’élégance, la mode semble avoir été une histoire de séduction au sens sexuel du terme qui exclut de la compétition certaines qui ne veulent ou ne peuvent. Le tout devant être agrémenté d’une touche plus ou moins prononcée de respectabilité. Hypocrites! 

Les coiffures: elles prennent des heures, abîment le cheveux , sont guindées et vous filent un coup de vieux ou de fatigue assez rapidement. Pareil pour les maquillages d’ailleurs surtout que les produits de cette époque n’était pas exactement au point: épais, trop couvrant, étouffant… 

Dita Von Teese
Pourtant, j’aime profondément les styles rétros, mais à condition qu’ils ne soient pas réalistes. C’est pour cette raison que j’apprécie autant Dita Von Teese. (d’accord, elle m’obsède) L’allure de Dita évoque les années’40,’50 ou ‘60 mais c’est assez fluctuant et pas exactement figé dans une époque: si on regarde attentivement, la coiffure, le make up, le sac et la robe sont tous plus ou moins rétros,   mais évoque parfois des époques très différentes. On se fiche un peu d’ailleurs que sa  coiffure soit 1943 et sa robe 1956, ce qui compte c’est que l’ensemble fonctionne. 

À porter en regardant la série pour être dans le ton: l’impeccablement bourgeois Calèche d’Hermès (1961, un peu trop lifté, hélas), le séducteur Cabochard de Grès pour les fans de Joan (1959 et pas mal de retouches,) Diorissimo pour les romantiques amoureuses de muguet (1956, fortement refait également) et l’Interdit de Givenchy (1957) parce qu’on ne peut tout  simplement pas se lasser d’Audrey Hepburn. (Malgré les reformulations)

Audrey Hepburn, habillée par Givenchy
Breakfast at Tiffany (1961)

vendredi 8 octobre 2010

regarder

Une des choses apprise en lisant Proust, c’est regarder. Regarder autour de moi et voir l’univers comme jamais je ne l’avais vu. Avec plus de compassion et de beauté.  On ne le dit pas souvent, mais je pense qu’il y avait une profonde gentillesse chez Marcel Proust et je trouve terriblement injuste cette réputation hâtive et terriblement réductrice la réputation de snob mondain qu’on lui fait.
Les transports en communs sont même devenu un véritable bonheur. L’autre jour, j’ai pu prendre le bus avec Elizabeth Ière et l’empereur Hadrien que je n’imaginais à la vérité pas roux, je le confesse. Les façades se lisent comme un livre et certains éboueurs ont le geste des Sybille de Michel-Ange.
La vie n’est elle pas belle avec Proust? Et je ne parle pas des aubépines…

Le parfum de Maman

Le parfum proustien par excellence, c’est l’Heure Bleue. Mais Guerlain n’a pas le monopole et d’autre se sont lancé dans l’aventure dont Annick Goutal qui ne s’est pas cachée d’une inspiration identique: le passage du jour à la nuit.

Vue du Jardin depuis la maison
de vacances des Proust 
L’histoire racontée par Goutal est radicalement différente pourtant, exactement comme chez Proust les thèmes et le motifs sont multiples et enchevêtrés.  Nous sommes à la campagne, la campagne de citadins qui remplissent leur jardin de fleurs pour y passer les soirée lorsque la chaleur les force à quitter Paris. Il y a d’abord un souffle vert suivi d’une rose opulente mais qui n’écrase pas le reste du bouquet. Ensuite vient l’iris, fleur que j’aime beaucoup, traité d’une façon extrêmement équilibrée: je n’arrive à savoir si je sens l’odeur d’un parterre porté par le vent ou celle de la poudre de riz des dames.  Ce parfum qui s’accroche à maman, c’est celui du baiser du soir: un moment de pur bonheur, de sérénité ou Marcel sent que rien de mal ne peut arriver puisque maman est là, mais un moment qui porte en lui son poison puisqu’il va déboucher sur la séparation. Comme Marcel, on voudrait le retenir, s’accrocher, le faire durer tout en sachant que ce n’est pas possible, que des pleurs gâcheraient tout, y mettrait peut-être fin à jamais.

L’heure exquise ressemble beaucoup au N°19 dans sa structure mais que le résultat est diffèrent! Romantique et incroyablement flatteur comme seuls les Guerlains savent l’être mais dépourvu de ce fond de sensualité de la cocotte Odette, je n‘ai jamais réussi à savoir s‘il fallait vraiment le porter ou l‘enfermer pour le respirer en un moment privilégié juste pour nous deux.

Et pour l‘anecdote, je n‘ai pas de chance, lorsque j‘était enfant, ma maman ne se parfumait pas. C’est peut-être un bien puisque je peux lui associer l’heure exquise. Mon Dieu, quand je pense à certaines horreurs que des enfants vont associer à leurs mères, je frémis!


L’heure exquise, Annick Goutal, 1984

jeudi 7 octobre 2010

Histoire de la Beauté

Georges Vigarello, Histoire de la beauté, l'univers historique, seuil, 2004. 
(disponible en poche) 

Une analyse des mouvements de mode (visage et silhouette)  qui est aussi une analyse d'une forme d’oppression. C'est assez libérateur, même pour une victime consentante comme moi. Intelligent, fouillé, compréhensible, voila très certainement l'un des meilleurs livres sur le sujet. Même si, j'avoue avoir remarqué que l'auteur "oublie" certains mouvements de mode (l'empire par exemple) qui ne serviraient pas exactement sa thèse. Pourtant, on sait que l'histoire n'est pas linéaire, qu'elle a ses accidents de parcours et ses parenthèses. 

A lire absolument. (Parce que, déjà, on se sent moins con!)

Inspiration: Kate Moss & Johnny Depp



Je ne suis pas fan du grunge, mais quand je revois cette photo, j’avoue que je trouve qu’il y a vraiment quelque chose chez ces deux la qui en ont été l’emblème. L’allure de Kate, je craque complètement: les lunettes, le pull, le jeans retroussé: j’adore. Rien n’a vieilli.  De Johnny, je garde le jeans coupé usé et taché de peinture et les combat shoes qui sont partout cet hiver. Evidemment, ce n’est pas parce que ça marche pour eux…

Hurts - Wonderful Life

Le temps, c’est de l’argent

Coté style, il y a deux options: le haut de gamme: allez dans une boutique de créateur, choisissez le vêtement qui vous plaît et demander la bonne teille au vendeur. Coupe savante et matière luxueuse devraient tomber correctement et flatter. En prime, le style de la boutique sera assez uniforme, avant d’entrer vous saurez ce que vous y trouverez. Et ça vous coûtera un bras.

Plus bas de gamme : allez dans les boutiques toutes les semaines et fouillez parmi la multiplicité des styles. Quand vous trouvez une pièce tentante, essayez dans trois tailles : la vôtre à priori, celle au dessus et celle au dessous. Faites ça souvent et vous finirez par tomber sur une pièce qui vous ira parfaitement. Et n’hésitez pas à faire des retouches vous-même, modifier, teindre, trafiquer. C'est amusant et épuisant.

mercredi 6 octobre 2010

Je ne serai pas une belle de jour

Kenzoki, il fallait que je teste. La marque revendique un lien avec le Japon (ténu: le créateur est parti depuis longtemps, LVMH est propriétaire, c’est plus parisien que japonais tout ça !) et une philosophie qui me parle : se faire du bien en se faisant plaisir. Je suis d’accord un soin qui est agréable est plus efficace : ne serait-ce que parce qu’on l’applique celui-là au lieu de le laisser au fond du pot. J’ai testé plusieurs crèmes dont la Belle De Jour (nom qui aurait mieux convenu à Saint Laurent qui habillait Deneuve dans le film de Buñuel) qui dépasse les 100 € et se veut le produit luxe et efficacité de la ligne.

Confort, et plaisir garanti. Texture de rêve et odeur à tomber par terre dans la lignée de Flower par Kenzo : entre crème, lait et poudre. C’est doux, tout doux et rien que de le sentir, ça fait du bien. Et à part ça ?

Oui, de l’hydratation, un peu et un effet bonne mine immédiat puisqu’on masse un peu. Et puis c’est à peu près tout. Mon visage n’a pas été transcendé par l’effet promis du lotus pas de luminosité particulière, pas d’hydratation durable, pas de rajeunissement exceptionnel. Et pour ce prix-là, ce n’est pas bien difficile de trouver mieux.

Les mains, obsession récurrente

Depuis que j’ai dit à ma collègue que je trouvais que les mains pouvaient ruiner une allure, elle est devenue aussi obsédée que moi et passe son temps à regarder les mains des gens. Et c’est vrai qu’une main pas soignée, ça vous ruine un joli visage, une silhouette d’enfer ou le plus joli des looks. Depuis, elle à arrêté de se ronger les ongles.

Ça part peut-être d’un complexe: j’ai des mains d’ouvrier agricole, mais je compense en soignant mes mains avec une passion enrage. Il faut dire que je me fais une spécialité de les laver trèèèèèèès souvent, ce qui ne leur fait assurément pas de bien. Des mains pas jolies, mais soignées et douces, c’est déjà ça.Donc crème, crème, crème.

Mes préférées :
Le soin régénérant mains et ongles d’Orlane : pas trop gras mais juste assez riche pour faire la peau douce et confortable.il est censé prévenir les taches avec un complexe éclaircissant (auquel je ne crois pas forcément trop…) et surtout un indice UV 10. (et ça, j’y crois beaucoup plus) effectivement, utilisée régulièrement, elle fait la peau douce et lisse, avec en bonus des ongles moins cassants. Mais n’est-ce pas plus simplement, juste le massage de la matrice ? Ou la couche grasse dessus qui isole de l’humidité et évite les cassures ? Peu importe tant que ça fait effet. (D’après mon spécialiste, pour mes ongles super mous, il n’y a strictement rien à faire, si ce n’est les couper courts…) j’ai toujours le tube dans mon sac.

La crème ultra riche pour le corps au Karité de l’Occitane : LE soin généreux par excellence, épais, certes, qui laisse un film gras contrairement à ce que prétends l’Occitane, mais qui rattrape toutes les sécheresses et toute les rugosités. Le coté épais la rends un peu fastidieuse et c’est pratiquement impossible de prendre quelque chose en main après, n’empêche que c’est vraiment un de mes indispensables à mettre dans toutes les trousses de secours. Je m’en sers avant la vaisselle, en couche protectrice puisque je ne supporte pas les gants et le soir sur les mains et les pieds en guise de crème de nuit pour me réveiller avec des menottes et des petons de bébé !


Dietrich, grande spécialiste de la pause élégante des mains.
(et de la retouche, un complexe aussi!)


lundi 4 octobre 2010

Des envies de richesse...

La mode et la crise, plus une crise de conscience écologique, brassent les genres et les milieux. Racailles, grand chic bourgeois, arrogance nouvellement riche et délicatesse aristocratique se croisent et se rencontrent partout. Pourtant, il y a toujours une espèce d’aura fascinante qui entoure certaines personnes et on peut se dire que subitement, ça pue l’argent. En dépit de son nom, le bon marché parisien est un vrai lieu d’observation d’un certain chic aisé. Loin des aspirations fashion, boudeuse et méprisante à la façon d’une Victoria Beckham, j’avoue avoir un faible pour les anciennes fortunes, même déchues, qui sûre d’elles savent se montrer affables et souriantes. La politesse est une qualité, y compris pour les parfums. On est loin ici des jus à la mode et pour moi, ce sont les grands classiques aldéhydés qui sont les senteurs typiques de cet univers. J’avoue que c’est peut-être de là que vient une partie de ma fascination pour le N°5, la référence du cadre doré à l'or fin pour grande dame. Dans la même catégorie, je peux joindre Arpège de Lanvin, plus sombre, plus sensuel, Madame Rochas, plus lumineux et romantique, White Linen de Lauder, le plus savonneux de la bande, et le plus récent, mais très old school, First de Van Cleef et Arpels, le délicat, avec une fameuse présence quand même. Ils ont tous ce coté main de fer dans un gant de velours, un flirt avec la célébrité et un retour à l'ombre qui les éloigne de la plèbe. (Sauf le 5, bien sûr) Probablement ma prochaine collection. Les versions niches sont intéressantes, mais par définition moins classiques. Mais je testerai quand même prochainement Baghari de Robert Piguet  qui se situe dans ce créneau mixte: la réédition de niche.

vendredi 1 octobre 2010

Petit message de Beautiful Barbie

Cher D,

Je vois que tu te souviens bien de la petite Barbra avec qui tu jouais autrefois. Tu as raison de m’appeler Barbie, c’est encore ainsi que tous me nomme. Tout le monde, ou presque, à oublié que je fus un jour la petite Lili et  je ne me souvenais pas t’avoir mis dans la confidence. Pourtant, j’ai plutôt bonne mémoire même si je feins d’oublier certaines choses car, tu peux me croire, ce n’est pas en étant une idiote qu’on fait fortune, même si c’est  en jouant les blondes évaporées qu’on a toutes les chances d’y arriver. Je te vois sourire d’ici et me redire que j’ai un coté « petite Marquise de Merteuil » alors que c’est Marilyn dans les hommes préfèrent les blondes qui m’inspire! Ne sois pas trop dur avec moi. Une fille qui aime autant le rose que moi ne mérite pas d’être traité comme ça, voyons. Elle mérite tous les égard. Elle mérite d’être traitée en princesse. Elle mérite d’être traitée chaque jour comme si c’était le jour de son mariage. Est-ce que cela répond à ta question concernant ma collection de robes de mariée?

Quant à la question concernant le parfum, je dois bien avouer que depuis 25 ans je suis fidèle à Beautiful d’Estée Lauder: son sirop de fleur m’enchante à chaque fois. D’ailleurs, je trouve qu’il ressemble à un bouquet de mariée, n’est-tu pas d’accord?  Un peu de verdure sur le coté pour mettre un valeur une grosse boule fleurie toute douce qui semble être une seule fleur, d’une espèce nouvelle, au parfum capiteux et sucré. Il me colle à la peau. Bien plus que cette niaiseuse de Ken dont on veut toujours faire mon éternel fiancé. Quelle scie! Ce n’est pas avec lui dans les pattes que je risque de rencontrer du mâle, du vrai. Enfin, disons que d’une certaine façon ça me protège. Et en plus, je sais que tu l’aimes bien. Moi aussi, d’ailleurs, c’est juste que par moment il m’agace. 

Je vais te laisser en te rappelant une dernier souvenir: te souviens tu du jour ou tu m’as tailladé les cheveux avec tes ciseaux d’écolier? Je revois encore la tête désolée de ta mère et je ris encore.

XXX
Ta Barbie!

Beautiful, Sophia Grojsman pour Estée Lauder, 1985

revues...

Je viens de répondre à une enquête sur un magazine. C’est affolant de voir que ces gens pensent écrire quelque chose en rapport avec  la mode, la beauté, l’art de vivre, la culture etc. alors que j’ai juste l’impression de relire des communiqués de presse. Pas d’analyse, pas d’avis personnel, mais la répétition d’un discours publicitaire. C’est ennuyeux et pas du tout informatif. En même temps, je suis accro aux revues bêtasses et j’ai du mal à ne pas les acheter toutes, y compris les plus tartes.

Le livre du thé

Lorsqu'un Japonais décide, au début du XXème siècle, d'expliquer à l'occident son pays, sa culture, à partir de la cérémonie du thé, cela donne un ouvrage fascinant. On est loin des tics décoratifs, des maniérismes intellectuels: c'est une plongée dans la civilisation et une leçon de vie. A lire absolument.


"Loin d'être une simple esthétique, la philosophie du thé exprime, en même temps qu'une éthique et une religion, notre conception globale de l'homme et de la nature."



Okakura Kakuzô, le livre du thé, Editions Philippe Picquier, 1996