lundi 29 août 2011

La perfumista est une groupie comme les autres...

Précisions : Au départ il y avait la fashion victim qui s’est voulu moins victime et est passé fashionista. Les fans de parfums se sont réapproprié le vocable pour l’adapter à leur propre passion et sont devenu des perfumistas.

A l’origine, l’amateur de parfum était solitaire. Il se contentait d’assouvir sa passion seul dans son coin, lisant les rubriques parfums de Votre Beauté, les suppléments disponible en novembre dans les pages de Elle et de Vogue, son Ancien Testament : Le Parfum d’Edmond Roudnitska et son Nouveau Testament : Le Guide des Parfums de Lucas Turin. Sa meilleure amie et complice, vile mercenaire souvent intéressée, était la vendeuse de parfumerie qui en connaissait souvent moins que lui… Son entourage immédiat, familiale, professionnel ou amical, ne jetant sur lui qu’un regard condescendant et amusé qui pouvait assez vite tourner à l’œillade outrée devant tant de futilité « Quoi ? Encore un Flacon, mais tu en avais déjà … » étant admis qu’on peu posséder un parfum sport, un parfum habillé, une eau fraîche pour l’été au grand maximum.

Enfin, apparu Internet avec ses blogs et ses forums : il n’était plus seul, pu enfin communiquer avec ses semblables ! Une véritable petite mafia s’est crée autour de quelques sites, cristallisant les passions, les exaspérant, finissant, étape ultime, par créer des groupes plus ou moins secrets sur les réseaux sociaux de type Facebook ou les frappadingues se retrouvent et le livrent à leurs rites étranges, imposant des modes, des habitudes, des rituels.
Une partie de son temps est donc consacrée à l’adoration des grandes œuvres de la parfumerie. Dite Féminité du Bois et les prosternations virtuelles vont se multiplier, c’est comme ça !


Maurice Roucel
Photo: Guillaume Luisetti
source Wikipedia

Mais la perfumista a aussi ses idoles de chair et de sang qu'elleadore comme toute star mérite de l’être avec cris, déclarations enflammées et petits bonds de joie ! Oui, pour certain, le parfumeur est une star comme les autres. L’évocation de Maurice Roucel, par exemple, suffit à déclencher des manifestations comparables dans ces cercles restreints à l’apparition de Justin Bieber à la sortie des écoles, à des débats passionnés sur sa moustache, son « dans tes bras » etc. Il y en a pour des heures de dévotion. Mon Dieu, si c'est pauvres gens savaient! Parce que bon, soyons clairs, une Rihanna se lançant dans la chanson a vaguement conscience de devenir un objet de fantasme, pas certain qu'une Mathilde Laurent avait pensé à cet aspect des choses en se lançant dans la vie professionnelle. 

Plus surprenant, parmi les idoles des perfumistas, on trouve aussi certaines vendeuses mythiques : Josiane, au stand Cartier des Galeries Lafayettes, ou Linda, de boutique Goutal à Bruxelles, sont des stars qui s’ignorent. Gentilles, généreuses en échantillons quand elles peuvent et surtout prêtes à bavarder, à laisser sentir en prenant son temps, ces vendeuses là, on les suit d’une marque à l’autre, d’une boutique à l’autre, fidèlement, et on se chuchote leurs noms et leurs horaires entre fans. Si les marques étaient intelligentes, elles choieraient ces filles et les traiteraient comme des déesses au lieu de filer du pognon à de stupides top models que personne n’aime. Oui, moi, je l’avoue, quand j’ai une envie, je vais chez ma vendeuse préférée plutôt qu’à coté parce que tant qu’à faire entre deux parfums INDISPENSABLES, je préfère celui qui est vendu par la fille sympa.

dimanche 28 août 2011

Brooklyn, années '50


Un livre lu dans le cadre d’une lecture commune avec Delphine’s books (Lire son avis : ici)

L’Irlande, une jeune fille pauvre, l’opportunité de partir en Amérique : voilà l’idée de départ du roman qui se passe dans les années ‘50. Toibin ne choisit pas de nous dépendre quelque chose de glorieux, l’aventure d’une pionnière qui deviendra une successful woman, plutôt l’histoire d’une pauvre fille qui se fait ballotter par les évènements et semble subir ce qui lui arrive. Du coup, on a un roman beaucoup plus réaliste, mais nettement moins emballant. La condition de l’immigrante est bien rendue mais l’immigrante en question peut énerver. Disons qu’elle n’est pas trop inspirante. J’aurais presque tendance à trouver le roman un peu dépressif.

Malgré tout, j’ai aimé parce que j’ai été touché : touché de voir à quel point c’est dur de partir, de quitter ce que l’on connait, de se retrouver seul face à la vie, seul en terre inconnue sans repère. J’avoue, c’est un choix que je ne ferai peut-être jamais, je suis probablement aussi terrifié que cette héroïne si peu héroïque.  Et j’ai aimé le rendu de l’époque. Parce que c’est important de nous montrer d’où on vient, important de ne pas nous laisser que des souvenir glamours de notre passé. Les fifties de Toibin ne sont pas celles du New Look et des grands films en technicolor de la MGM, ce sont des années ou une femme n’est pas grand-chose, ou la pauvreté est présente ainsi que le racisme (ça se passe avant le célèbre "I have a dream" de Martin Luther King) et l’auteur le rend bien, de façon juste et pas misérabiliste. Les fifties de Coibin, c’est une époque que je suis bien content de ne pas avoir connu, je le redis ! (déjà dit à propos du look Mad Men)
Colm Toibin, Brooklyn, 2010

Autoportrait de Murakami en coureur de fond

Voila vraiment un livre pour les fans. Ceux de Murakami (dont je fais partie) et ceux de sport.

La forme est celle du journal, plus que de l’autobiographie, il s’agit de notes éparses ou l’auteur nous parle de jogging. À priori, le jogging comme partie intégrante d’un mode de vie, c’est pas forcément ce qu’on attend d’un auteur culte comme Murakami. Il explique qu’il court tous les jours, fait des compétitions, y compris des super-marathons de 100 km. (Si, vous avez bien lu, moi, je ne savais même pas que c’était possible.) Et il part sur des réflexions sur lui-même, son métier, la vie, l’âge, sa personnalité…

Oui, j’ai trouvé ça intéressant et le côté un peu décousu ne m’a pas dérangé, ça donnerait même du charme. Ça aide vraiment à découvrir un homme dont je ne savais rien, à part que j’adore la plupart de ses romans. Mais en même temps, je ne trouve pas cela indispensable, pas particulièrement touchant. Est-il besoin de connaître l’homme, de l’apprécier pour apprécier ses créations ? Je n’en suis pas persuadé. Heureusement d’ailleurs, sinon, je me sentirais obligé d’aimer quantité de daubes faites par des gens charmants et tenu de méprisé des chefs-d’œuvre. Mais j’avoue que le côté sportif de la chose me barbe : je n’aime pas le sport et je ne parviendrai jamais à m’y intéresser vraiment. J’étais donc content d’arriver à la fin de ce court livre (Un peu plus de 200 pages) qui devrait beaucoup plaire aux joggers mais ça reste un livre sur la course à pied et le rapport de L’auteur avec la course à pied. La poésie qu’on peut trouver dans les livres de Murakami, on la cherche un peu ici. Si vous ne joggez et ne connaissez Murakami : fuyez !

Haruki Murakami, Autoportrait de l’auteur en coureur de fond, 2007. (Disponible en 10/18)

lundi 22 août 2011

Eugénie Grandet

On ne lit plus Balzac et c’est bien dommage. J’ai passé toute ma scolarité en l’ignorant absolument comme bon nombre d’autres classiques. Heureusement que j’étais motivé pour les découvrir, d’autant que certains m’ont apporté beaucoup. La Comédie Humaine, je l’ai lue il y a 15 ans, en entier, ce qui ne se fait guère, mais correspondait assez à mes goûts : j’aime les gros volumes et ne déteste rien tant qu’abandonner des personnages que j’ai suivi et aimer. (Je suis un très mauvais client pour la nouvelle.

Eugénie Grandet fait partie des romans qui m’ont beaucoup plu et que je voulais relire. C’est un saisissant portrait de l’avarice, celui du père Grandet qui fait vivre sa maison sous le régime de la parcimonie la plus extrême pour le plaisir d’entasser les millions et de contempler son or. Sa maison ? Une épouse soumise, assujettie jusqu’à l’abêtissement, une bonne dévouée, et une fille, la belle Eugénie, figure même de la pureté, intouchée par le monde, innocente, prise au milieu d’une cour d’intrigant attirés par l’or du père grandet, la courtisant puisqu’elle est l’héritière. C’est un concours de petitesses et de mesquineries que la naïve Eugénie ne peut mal de remarquer.

Arrive de Paris un malheureux cousin, joli garçon aux grâces féminines, aux raffinements impensable pour l’héritière. Et là, bien sûr, le cœur d’Eugénie s’emballe, elle découvre l’amour, ses ravissements, ses tourments. Mais le père Grandet ne veut pas de cette unions, il y aurait trop à perdre. Et les malheurs de s’accumuler sur la tête d’Eugénie. Car le roman est sombre, va jusqu’au sordide, démontrant que la vertu ne paye pas sur cette terre.

J’ai adoré le lire. Il y a des passages somptueux. L’introduction typiquement balzacienne qui décrit la région, la rue, la maison avant d’en venir aux protagonistes et de poser l’intrique. La découverte de l’amour par la jeune fille innocente est un vrai régal, on est heureux de sentir son cœur s’ouvrir, de voir son âme s’élever à la félicité, même si la chute doit n’en être que plus dure. La description de l’avarice du père Grandet est aussi un régal, qui va des plus petites choses aux grands calculs, faisant frémir mais rappelant curieusement certaines habitudes de nos proches. (Ou alors, c’est que vous n’avez pas eu une tante Huguette comme la mienne, aux doigts crochus, traquant la moindre occasion d’épargner trois francs six sous.) Le cynisme de Balzac tempéré par la foi fait merveille dans cette descriptions d’une famille et des ses familiers, tous plus méprisables les uns que les autres, petit milieu mesquin, étriqué ou seul l’argent a de la valeur. Démodé Balzac ? Pas le moins du monde, en quoi ces thèmes seraient-ils vieillis ? Pas un roman joyeux, mais intense, dense, une vraie petite miniature en grisaille sombre sur la petitesse au fin-fond d’une province reculée. J’ai adoré, comme la première fois !


Balzac, Eugénie Grandet, dans la Comédie Humaine, Scènes de la vie de province, 1933

samedi 20 août 2011

La goutte qui fait déborder le flacon ?

Dans un couple, il y a des moments où on se rend compte que ça ne va plus très fort. Qu’on a changé. Ou que l’autre a changé. Et qu’il est peut-être temps d’en finir. J’en suis à ce stade de ma relation avec Chanel. Je suis toujours autant en amour avec les anciens mais les  modernes me déroutent de plus en plus et je ne parviens plus à me dire que je n’achète que ceux qui ont été conçus du vivant de Mademoiselle parce que bon.

Tout a commencé avec l’eau de parfum N°5 qui d’après moi était un sacré ratage, un lifting totalement raté. Ensuite, il y a eu les flankers inutiles : une eau de toilette concentrée pour Monsieur, un Egoïste Platinum d’autant plus ridicule qu’on ne massacre pas un nom aussi génialement trouvé que celui-là. Il y eu le cas Allure et ses multiples incarnations toutes d’après moi plus dispensables les unes que les autres. Bien faites, mais j’attendais plus de Chanel qu’un simple bien. Un parfum Chanel, pour moi, c’était autre chose, une affirmation catégorique, de mauvaise foi même, pas juste une odeur agréable qui dit je suis propre, je sens bon… Coco Mademoiselle : LE flanker minable qui défigurait la seule vraie réussite de Polge chez Chanel et qui en plus lançait l’une des plus infâmes modes du XXIème siècle : les néo-chypres. Les exclusifs : un vrai scandale : Les classiques déjà existants vendu plus cher sans raison et des nouveautés bien faites inaccessibles pour beaucoup alors que la moindre parfumerie de province est encombrée de flankers à la pelle. (Il y a bien longtemps que j’ai renoncé à suivre l’état des déclinaisons de la version masculine d’Allure) Bleu : le parfum aux jolies matières pour un résultat au-delà du déjà-vu: THE parfum générique par excellence, l’absence totale de signature… Et maintenant, le N°19 Poudré. L’erreur de trop. Une révision du N°19 à pleurer puisqu’on en retire tout ce qui en fait l’intérêt, certes, c’est plus facile à porter, avec une absence complète de sillage et même pas l’argument parfum de peau puisqu’il n’y a pas la moindre tenue.

Et là, je me demande s’il ne faut pas rompre définitivement et se tourner vers d’autres cieux, implorer d’autres divinités. En même temps, je n’ai pas envie de tomber dans le travers du tout à la niche, je crois encore aux jolies surprises de la grande diffusion. Après tout, Prada, sans prétendre innover complètement a réussi à faire de jolis parfums, de bonne qualité, terriblement élégant, avec une vraie personnalité même si elle ne prétend pas à une originalité qui ne correspondrait pas au personnage néo-classique de la Pradette. Il y a aussi Mugler par exemple qui innove avec qualité. Léger détail mais qui a son importance, j’ai beau trouver bien fait et réussi tous les lancements de Mugler, il n’y en a aucun que j’aime et que je juge portable.

Et puis bon, il y a Lutens. Je n’aime pas tout, loin de là, moi qui boude l’Orient et ne supporte l’alimentaire. Mais Bas de Soie et l’un des plus beau dérivé du N°19. Quelques floraux sont magnifiques, les boisés sublimes et il y a Iris Silver Mist, l’iris en majesté, celui qui mérite qu’on se mette à genoux, celui dont on ne devrait prononcer le nom sans se signer…

Et Goutal. Goutal dont j’aime à peu près tout le catalogue. Goutal et sa version bouleversante du N°19 : l’Heure Exquise. Goutal qui fait des parfums avec un vrai caractère, tellement qu’on identifie un soliflore signé Goutal parmi ses semblables. Goutal qui souffre d’un léger handicap : pas un seul parfum vraiment bitchy… Des tubéreuses passionnées, une Petite Chérie qui est un peu peste, mais pas de garce attitude. Peut-être bien mon parfum chéri, mais je ne l’aime guère celui-là. Comme me l’a fait remarquer très intelligemment Mr Phoebus, il y a le Néroli qui est assez crissant, à la limite du cassant qui peut faire office de. Le coté fruité juteux-craquant est presqu’acide. La faute au petit grain qui lance le parfum de façon presque verte ? Mais voilà bien la plus fraîche des fleurs d’oranger dont la tenue se révèle étonnante pour un parfum aussi frais. (Il remplace très bien Cristalle de Chanel par exemple, bien qu’il soit assez diffèrent…)
Bien sûr, il n’y a pas vraiment d’abstraction chez Annick Goutal, on est dans le figuratif, le poétique. La maison aurait presque l’air nunuche et mièvre pourtant, elle possède derrière ses comptoirs girly, un peu trop Marie-Antoinette, des petits bijoux intenses, même lorsqu’ils sont sans ombres. C’est peut-être logique qu’il n’y ai pas de parfum spécial garce frigide attitude. Mais en même temps, décréter que la vie est belle, poétique, ça n’a rien d’effrayant.

Voilà, j’ai un peu l’impression d’être un apostat. En même temps, on ne peut dire non plus que je vende mon âme au diable. (Bien que Lutens sente parfois le souffre !) En fait pour l’instant, j’ai des réserves à terminer, alors, c’est assez facile de dire « Moi, Chanel, plus jamais… » Mais quand ma dernière goutte de N°5 sera partie ? Quand il n’y aura plus de bois des Îles ? Plus de 19 ? 

Illustrations: mes propres flacons à moi.

mercredi 17 août 2011

Le dahlia noir: imposture au générique?

Beaucoup de parfums génériques en ce moment. Des parfums sans âmes, sans identité. Qui sentent "le parfum" ou mieux encore, l’ambiance de parfumerie… Des odeurs agréables, comme un bruit de fond, plutôt plat, bien qu’un peu assourdissant à la longue. Des parfums à offrir ou à s’offrir pour ne pas prendre de risque, ne rien révéler de soi, de sa personnalité, de ses goût. Juste affirmer qu’on est propre et qu’on se parfume.

Le dernier né de la bande : Dahlia Noir de Givenchy qui veut se la jouer en misant sur son nom mystérieux et compagnie (quel dommage qu’il existe déjà un Narcisse Noir et un Datura Noir et des Black … à la pelle) et sur sa campagne publicitaire… On nous vente le génie Glam-Rock de Tisci le couturier qui a participé et… Et Bla Bla Bla. Un bouquet poudré, ça n’a rien de gothique ou d’ensorcelant, ma grand-mère aurait pu porter ça quand elle était jeune. Ça rappelle des choses, effectivement, beaucoup, trop. Comme lorsqu’on prétend parler de tout et qu’on ne parle de rien.
Dalhia Noir, Givenchy, 2011



Relisons plutôt le roman de James Ellroy du même titre qui débute le quatuor de Los Angeles: sombre, fatal, brûlant. Et un peu écoeurant aussi. Le seul Dalhia Noir à offrir à Noël.

mercredi 10 août 2011

L'été, c'est polars...

C'est à cause de trop de soleil, de trop chaud (oui, je suis parti, c'était très bien, merci!) mais l'été, il faut des policiers, des thrillers, des romans qui parlent d'ombres et donnent des frissons. Ma petite sélection pour ces vacances-ci : 




Patricia Wentworth, Mine de rien, 1932. (Disponible en 10/18, collection grands détectives)

LE policier British classique entre Agatha Christie et Dapné du Maurier. Il y a quand même pires comme références. Le suspens est basé sur un héritage qui revient à un homme s’il est marié dans les trois mois ou à sa cousine qui est aussi sa fiancée s’il n’est pas marié le délai passé. Deux jours avant le terme, elle rompt. Il en épouse une autre, la première venue,  pour toucher le magot… Voila la base. Bien sûr, les coïncidences troublantes du genre accidents vont se multiplier. C’est assez prévisible, avec une bonne dose de sentimentalité, destiné à tous. On pense beaucoup à l’argent, les hasards sont heureux, etc. Mais pourquoi pas ?
On passe un moment plaisant, on devine comment tout finira sans savoir comment, parfois, il n’en faut pas plus pour un bon moment ou on ne se prend pas la tête. Les fans de Christie et du Maurier vont adorer. Pas ma cup of tea, parce que j’en ai un peu assez de la bonne société anglaise près de ses sous qu’elle n’a pas forcément mais vraiment pas déplaisant à l’occasion. Que dire des personnages : pas grand-chose. Ils ne m’ont pas été particulièrement sympathiques, je ne m’y suis pas attaché et leur psychologie m’a semblée un peu courte. Vraiment comme dans Agatha Christie. Je préfère quand c’est un peu plus glauque. Il y a de l’ombre dans ce roman, mais c’est jute un décor.

Fred Vargas, Un lieu incertain, 2008. (Disponible en J’ai lu)

Vargas est devenue un classique qui offre des rendez-vous régulier à ses lecteurs mais j’étais toujours passé à côté. Voila qui est réparé et je ne l’ai pas regretté.
Au cimetière de Higate on trouve une vingtaine de chaussures. Les pieds sont encore dedans.
À Garches, un homme a été massacré dans son pavillon, le corps méthodiquement explosé, réduit en bouillie, atomisé… (Vous avez compris l’idée)
Evidemment, il y a un lien entre les deux affaires avec en prime ce qui semble être un complot au sein même de la police, et Vargas va balader son héros l’inspecteur Adamsberg à travers l’Europe en une poursuite d’ombres anciennes qui détiendraient les réponses. Le mystère flirte avec le fantastique sans jamais y tomber. Les caractères existent vraiment même si on goûte probablement mieux le tout en étant familier de l’univers et des personnages. Ça m’a vraiment plu et j’ai repris un autre Vargas depuis.
À propos des descriptions : le gore est évoqué mais sans donner la nausée comme c’est parfois le cas. Ai-je frissonné ? Pas vraiment, mais je voulais vraiment connaître la suite et arriver à la fin !

Mo Hayder, Proies, 2010. (Disponible en Pocket)

Une voiture volée à une femme qui y rangeait ses courses. La petite fille était à bord du véhicule. Bientôt, une autre voiture, une autre fillette…
Et on retrouve Jack Caffery et Flea Marley dans un thriller comme Mo Hayder sait les faire, sombre, tordu et cruel. Moins prenant que les précédant qui avait mis la barre très haut. Disons que l’horreur continue mais que le cœur du lecteur est mieux accroché.
Ça roule, ça fait son effet, on ne lâche pas le bouquin même si à force d’explorer la dark side de l’âme humaine, on finit par s’habituer. D’ailleurs, à cause de cette série, je prends moins de plaisir aux autres polars et thrillers qui me semblent vite gentillets. Seul petit bémol : cette aventure entre Jack et Flea qui se traîne encore un peu plus. C’est beau de faire durer les choses, mais il y a un moment ou il faut conclure et arrêter de leur mettre des bâtons dans les roues d’autant que même si on les aime bien, vraiment bien avec leurs côtés tordus, on ne lit pas Mo Hayder pour connaître la fin de la lovestory.

Preston & Child, Ice Limit, 2000. (Disponible en J’ai lu)

On n’est pas dans le policier, mais dans l’aventure : la chasse à la météorite. Preston & Child m’ont séduit avec les enquêtes de l’inspecteur Pendergast, mais pour ce roman, j’étais un peu réticent. Et au résultat, c’est pas mal mais pas particulièrement bien non plus. Un excellent scénario pour film catastrophe à grand budget comme Hollywood sait les faire ne fait pas nécessairement un bon livre. Entre autres, j’aurais aimé des personnages un peu plus fouillés. Dans un film d’aventure, ce n’est pas le cas parce que ça doit aller vite mais en roman, même au bord de la piscine pendant les vacances, je peux prendre plus de deux heures. Franchement, même pour les fans, je conseille d’attendre la version filmée pour se régaler de courses poursuite de pétroliers au milieu des icebergs, tempêtes affrontées, situations tendues aux douanes chiliennes, morts inexpliquées  et autres joyeusetés… Décevant.


Illustration : Marilyn Monroe et Joseph Cotten dans Niagara

Inspiration: Vertigo de Hitchcock


Le costumes ont toujours joué un rôle important chez Hitchcock, ils en disent toujours long sur les personnages, Mais dans vertigo, ils sont vraiment au premier plan : James Stewart rhabille vraiment Kim Novak pour la faire ressembler à une morte, Une morte qui copiait le look d’une autre morte… Comme souvent avec Hitchcock, les costumes étaient signés Edith Head, la femme au 8 oscar, véritable costumière super-star. Le look sobre, élégant de Melle Novak est à copier sans modération. 


La perfection du tailleur gris est un modèle de sobriété et de bon goût, mais ma préférence va à la tenue noire et crème. Robe, chaussures, gants, foulard, sac, tout est noir et porté avec un manteau clair. C’est une allure qui passe toujours incroyablement bien et possède toujours un charme incroyable. À copier abondamment ! Une variante tout aussi jolie et pratique est de porter un pantalon contrastant avec la couleur du reste de la tenue. C’est toujours beaucoup plus seyant qu’une monochromie complète et plus surprenant que la tenue dans une teinte et les accessoires dans une autre. (Un joli camel est tout aussi seyant que le crème et plus pratique cependant) On retiendra que lorsqu’elle joue l’élégante Madeleine, Melle Novak n’arbore que des couleurs neutres,  un exemple à suivre.



Vertigo Alfred Hitchcock, avec Kim Novak, costume Edith Head, 1958

mardi 9 août 2011

Jasmin girly

Le jasmin est abondamment traité, véritable reine parmi les fleurs blanches, associé aux plus grands succès, N°5 en tête. Capiteux, animal, il est souvent lissé, adouci pour devenir une simple fleur capiteuse, mais élégante. Lutens avec à la Nuit à choisi d’en exacerber l’animalité pour en faire un charmant petit fauve en rut, l’un des plus beaux jasmins selon moi.

Lorsque la maison Goutal a sorti un jasmin, elle l’a fait à sa façon en le pliant à son esthétique particulière : Le Jasmin est terriblement jeune fille BCBG. Comme nombre de créations florales de la maison, ce parfum est propre, léger et doté d’une note fruitée, mi croquante, mi juteuse, qui évoque un peu le cocktail de jus de fruit, le cheveu fraîchement lavé, tout un univers d'ingénues ou le liberty tient une place importante…  Goutal s’impose en successeur naturel de l’Anaïs-Anaïs de Cacharel dans le cœur des débutantes en beaucoup plus qualitatif. Le Jasmin, si propre, si net, si délicieux peut passer pour mièvre, comme beaucoup de créations Goutal du même genre, il peut énerver parce qu’il a trouvé son public, un public qui peut se révéler bien agaçant… Pourtant, bien porté, il est irrésistible et terriblement flatteur, débarrassé des aspects « Couture », Il réveille la fleur blanche, lui ôte ses cotés dame (dadame ?), vieillots, et convenu. Un parfum qui donne un petit coup de jeune tout en restant classique, je dis bravo. Il faut le tester en mode pin up, son coté innocent-fruité mêlé au coté sensuel de la fleur fera des ravages!

Alberto Vargas
Sortir un jasmin alors qu’il y en a tant, c’est un peu banal, à la fois facile et perdu dans la masse. Goutal a réussi l’exploit de sortir un soliflore au jasmin qui est terriblement signé : à l’aveugle, on reconnaît la signature maison. Rien que ça, ça donne envie d’applaudir ! Indispensable pour les amoureux du jasmin, à tester par ceux qui ne l’aiment pas plus que ça.

Le Jasmin, Camille Goutal et Isabelle Doyen pour Camille Goutal, 2004

jeudi 4 août 2011

NOW LOOK - NO LOOK


En ce moment, la mode et moi nous faisons définitivement la gueule. Est-ce sa faute ou la mienne ? En tous cas, je suis en train de sombrer dans le no look le plus complet : tennis, jeans et T-shirt, basiquissimes. Bien sûr, je n’ai "plus rien à me mettre" comme tout le monde et je continue d’acheter mais en ce moment, j’achète fonctionnel, utilitaire. Sans essayer si possible. Et en profitant des offres et des ventes privées sur le net. Franchement, si je n’étais pas vaguement attiré par la couleur et un peu difficile coté matières, ce serait pire.

D’une part, la mode est devenue trop rapide : H&M, Zara et compagnie ont habitué au réassort toutes les semaines, les grands ont suivi avec des pré-collections et des collections croisières. Mais dans le fond, il n’y a plus vraiment de tendances, juste des micro-tendances qui durent trois semaines avant qu’on ai envie de passer à autre chose. Après tout, quand Vogue titre "30 tendances pour l’hiver" on peut se demander s’il n’y a pas 29 tendances de trop… Et la nouveauté ? L’innovation ? Je la cherche un peu car je trouve qu’on recycle beaucoup, au non du vintage, que depuis la collection Libération de St-Laurent, on s’inspire du passé dans des citations plus ou moins littérales, mais c’est souvent une astuce facile pour cacher un manque d’inspiration, de direction. Même si le résultat peut être tout-à-fait joli, je trouve que ce n’est pas trop parlant : ça ne dit rien de notre époque, rien de demain. Un temps, les accessoires ont fait office de substitut au vêtement et toute la mode s’est réfugiée dans une paire de chaussures ou un sac mais… D’autant qu’avec la globalisation, la planète est un vaste centre commercial ou l’offre est partout la même. Ce qui pourrait être une bonne chose, une démocratisation, est aussi générateur de lassitude : la mode et le plaisir qu’elle procure s’accommodent mal de l’uniformité.

L’air du temps étant pas mal à la Simplicité/Sobriété Volontaire joue aussi peut-être pour discréditer la mode dans un monde en quête d’écologie, d’éthique et d’équité. Autant le Bling peut être fashion, autant cette nouvelle sobriété ne trouve pas encore sa traduction dans une allure qui lui serait propre et qui serait propre à la récupération. Ce que je vois autour de moi, c’est de plus en plus de dédain pour la mode et le chiffon au profit de l’utilitaire et du confort. Les chaussures sont l’exemple le plus frappant : les touristes américaines et leurs affreuses baskets « si confortable, my dear », qui nous ont tant fait rire, ont fait des émules partout et la chaussure du moment semble être la chaussure de marche pour un trekking urbain pour les plus âgés, la tennis pour les plus jeunes etc… Quant aux vêtements, le blouson sportif, le t-shirt et le survêt de jogging sont partout dans la ville. Insolents de confort, avachis, faciles, et profondément laids souvent ; mais hors mode, qui durent, s’usent jusqu’à la corde. De plus en plus des vêtements qui ne viennent plus de la mode mais du sport et de l’utilitaire, directement  sans passage par la case relookage modeux. De plus en plus de gens ont l’air de s’en foutre. Évidement, ce n’est pas très élégant mais en même temps, cette indifférence, je trouve que ce n’est pas si mal. La nonchalance, l’air sûr de soi, ça aussi, ça fait une allure. Et ça donne peut-être plus belle mine que les lèvres pincées de la modasse de base malmenée par son régime et les expédients nécessaire pour trouver les fonds nécessaires à ses dernières acquisitions.

Peut-être que la mode est OUT, peut-être que c’est mieux. Moi qui l’ai tant aimé, j’espère qu’elle n’est qu’endormie et que comme le phénix elle se prépare à renaître de ses cendres. En attendant, Je fais une pause. Oublié les recherches, les jeux sur l’identité. Oh, entendons nous bien, je ne vais pas me mettre à dire que je veux du vrai, de l’authentique, je sais que la vérité ne tient pas dans quelques gramme de coton ! Je ne vais pas non plus m’en foutre et traîner en jogging Adidas. Juste ne pas trop me tracasser… ça me fera des économies en plus.


Illustration: Paul Newman, exemple parfait de cool je-m'en-foutiste avec l'allure.

mardi 2 août 2011

Parfums: la course à la nouveauté...

L'actualité, la nouveauté, la dernière tendance... Il n'y en a que pour cela. Il faut faire du neuf. Et il faut parler du neuf, porter du neuf. Cette tendance nous vient directement de la mode qui a tant à voir depuis Chanel et son N°5, une mode prétexte à vendre des parfums, des parfums marchandises plus que des oeuvre d'art, des parfums qui pourtant sont parfois, c'est le cas pour la maison Chanel, des piliers d'un style, les éternels, les intemporels qui défient la mode et le temps. Il fut un temps ou un parfum pouvait s'installer et se vendait indéfiniment, soutenu par d'habiles campagnes publicitaires qui entretenaient le mythe. Un temps ou le parfums finissait même par éclipser la mode. Hélas les lancements se multiplient et tous, nous nous précipitons pour sentir, frémissant à l'idée de sentir le nouveau X ou Y, surtout si c'est un peu avant les autres, oubliant joyeusement les merveilles qui traînent parfois dans les rayonnages des boutiques.

Sentir le nouveau Lutens. La belle affaire! La grande affaire! Qui occupe tout le monde en ce moment. Il faut gloser autour de la prose de Serge Lutens. Ce n'est pas un lancement, c'est une mise en scène avec des éléments de psychodrame en coulisses, une hystérie de service de presse qui contaminent fans et rédacteurs, un emballement façon tempête dans un verre d'eau qui semble oublier qu'il ne s'agit "que" du lancement d'un nouveau parfum. Un parfum de plus. On oublie de penser, on s'empoigne plutôt que de sentir et se faire un avis. Personnellement, je n'ai pas envie de cela. J'ai pris l'exemple de Lutens parce que j'aime vraiment beaucoup son travail, sa vision. Je préfère cet été redécouvrir des choses anciennes dont tout le monde a déjà parlé, des chapitres qui semblent clos.

Cet été, j'ai redécouvert Un Lys, un parfum qui date de 1994. Un parfum tout simplement merveilleux dont j'ai envie de parler parce qu'il faut aller le sentir... Un Lys est tout illusion, transformation, un jeu sur l'idée de fleur blanche et pure. Un Lys démarre sur des notes de lilas, très vite, un peu vertes, transparentes, comme portées par une brise de printemps. Rapidement, on s’aperçoit que le muguet a pris la place du lilas et on se demande si ce n'était pas un songe. La fleur de mai est la, capiteuse, veloutée, souriante: une idée de bouquet artistement composé, un bouquet romantique et joyeux à la fois. Un bouquet séduisant pour moi qui n'aime pas le muguet. Ensuite apparaît le lys: pur et blanc, majestueux, satiné. L'idée même de la fleur. Un lys porté par un soupçon de vanille. Ce parfum est une aura de bonheur. Un parfum de grande qualité qui ne cède absolument pas à la facilité du genre floral... Un Lys est hypnotique, merveilleusement beau dans la chaleur de l'été. 

Je n'ai pas envie, moi, de parler de Vitriol d'Oeillet, celui-là ne m’intéresse pas , et les mines extatiques des vendeuses répétant qu'il s'agit d'un "oeillet énervé" quand je dis que l'ouverture poivre me donne envie de leur rire au nez. Le poivre, je trouve ça déjà vu. Le poivre, je ne l'aime qu'en cuisine. Et l'oeillet, je l'aime bien, mais dans ce parfum, je me contente de le chercher. Alors, non, non et non.

Et chez Chanel, pour faire du neuf avec de l'ancien, alors que tout les efforts sont depuis des années centrer sur le N°5, on décide de lancer un "nouveau N°19, parce qu'il faut relancer la machine, faire parler de soi, faire neuf, comme l'a si bien fait Dior avec son infâme chérie. Et on nous parle de poudre et d'Iris, de nouvelle version de la formule remise au goût du jour et... Et pourquoi pas? Mais le résultat? Oui, c'est neuf, mais bravo pour la nouveauté: un peu de vert, mais très vite, il faut être rapide pour le saisir, ensuite l'iris... L'iris, vraiment? une vague sensation, moins présente que dans l'originale, juste plus rapide! Et l'effet poudré. Très. Terriblement cosmétique entre l'Infusion d'Iris de Prada et Ombre Rose, ce n'est pas déplaisant, un peu trop discret mais pas vraiment intéressant. Le nouveau 19 est la transformation d'un parfum altier et intelligent en une petite chose proprette, sans relief, qui a l'air plus vieillotte que la version originale 40 ans après. Vraiment, non, je n'ai pas envie de féliciter les équipes Chanel, ni de crier Bravo c'est neuf. 

Mais pourquoi voulons nous toujours du neuf? Pourquoi ne prenons nous de plaisir à ressortir d'anciens flacons de nos armoires? J'aime beaucoup retrouver d'anciens parfums que j'ai aimé dans ma jeunesse, des parfums âgés que j'ai porté alors qu'ils étaient sorti depuis longtemps, des parfums que j'ai senti sur d'autres. J'aime dénicher ces parfums qui ont connu leurs heures de gloire, qui ont pris la poussière, qui sont devenus rares. Pas nécessairement précieux. Pas nécessairement plus beau. Je ne boude pas la nouveauté par principe; elle donne de très belles surprises, de vraies émotions aussi. Simplement, je ne lui voue pas un culte, je ne luis court pas après. Chaque chose en son temps. Et j'ai besoin de temps. Le parfum demande du temps, c'est une rencontre. Une rencontre qui parfois prend beaucoup de temps, des mois, des années.