mercredi 30 mars 2011

Soyons fous!

Je vais avoir 40 ans, voila, c'est dit, et j'aime toujours faire la fêtes, simplement, j'ai passé l'âge des goûters d'anniversaire avec gâteau en forme d'Hello Kitty dégoulinant de coulis de fruits rouges. Je préfère prendre un Campari orange, j'aime le bitter, l'amer.

Et en parfum, ça pourrait donner Yuzu Fou de Parfum d'Empire qui tourne autour des agrumes, plutôt zest que pulpe, avec le coté pétillant, léger, mais surtout le coté amer, presque aigre par moment, qui rafraîchit, donne envie de faire la fête et de dire, effectivement, "soyons fou." Là ou on aurait pu avoir une eau fraîche, quelque chose de léger et fugace, la bonne surprise est de trouver une vraie eau de parfum avec une bonne tenue et un léger sillage. C'est un vrai bonheur de le sentir jaillir comme un petit diablotin, un peu souffré, dans son joli costume, il pétille semble nous dire qu'il est temps de danser avec son petit coté menthe, ses nuances un peu vertes. J'aime bien sa façon de s'assagir avec les muscs, un peu graves, alors que la tentation aurait été de le maintenir vert et frais, ce qui n'est jamais une bonne idée car les parfums ainsi bâtis deviennent un peu grinçant, trop acerbe. Ce Yuzu devient juste plus tendre et son amertume joyeuse se fait nostalgique...

Un parfum, pas facile finalement, étonnant, alliant fraîcheur et maturité, qui évite les clichés. Un parfum intelligent.

Yuzu Fou, Parfum d'Empire, 2008

lundi 28 mars 2011

Quand Serge Lutens nous materne.

Jeux de peau à générer un vrai débat, certains l'aimant, d'autres pas: j'ai envie de dire comme toujours avec Lutens, ce qui prouve qu'il a réussi à créer une vraie marque avec un univers, une marque cohérente qui crée des attentes. Et qui dit attente, dit souvent déception. La tache est rude pour Serge Lutens, s'il reste dans son univers, on risque de le taxer de redite, ce qui n'est pas entièrement faux, et presqu'obligatoire au vu du nombre de parfums crées sur assez peu de temps finalement, soit on l'accuse de trahison s'il nous surprend trop. Un peu le même genre de débat qu'avec l'univers Guerlain. (U,nivers en perdition selon moi, mais c'est un autre débat) Au moins, Lutens est une marque forte, une marque qui compte.

Le communiqué de presse connu longtemps avant la sortie était alléchant: une odeur baguette, boulangerie, etc. avec tout un petit discours poétique, le genre de chose que je n'aurais pas du connaître car l'odeur des boulangerie est l'un de mes fantasmes olfactifs. (Petit, j’habitais entre une boulangerie et un fleuriste) En même temps, ai-je vraiment envie de sentir le pain frais collé sur moi toute la journée? Je ne suis pas certain en grand allergique aux senteurs alimentaire utilisée en parfumerie.

Sur la peau, c'est un départ grillé, une ambiance pain et petit déjeuner dans lequel il me semble appercevoir des graines de sésame. Une ambiance chaude, chaleureuse et rassurante qui évolue, bouge assez vite, effleurant d'autres motifsLutensiens, pour faire place à Santal Blanc que j'ai retrouvé avec plaisir, onctueux, crèmeux, très doux et bien intégré à cette ambiance . Oui, c'est du déjà vu, comme un écrivain reprend inlassablement les mêmes thèmes et les mêmes motifs et là, forcément, je pense à Proust, à son thême de l'amour maladivement jaloux, incarné dans la seule Recherche par Gilberte, Odette, Morel, Albertine etc...


Raffael

Santal Blanc m'avait séduit par sa douceur me faisant une impression de sein maternel, mais m'avait semblé un peu lassant par son coté monolithique, plan fixe. Jeux de peau accentue cette douce et chaleureuse impression de sein maternel dans un contexte plus nourricier. Le parfum  a vraiment quelque chose du cocon familiale, de ces moments effectivement "déjeuner" ou on se sent bien, encore dans un demi sommeil, les paupières lourdes de  la nuit passée, avec la présence réconfortante de maman. On n'est pas encore prêt à affronter le monde, mais on se sent tellement bien qu'on va tenter de faire durer un peu cet instant. 

Il y a selon moi une vraie démarche d'auteur chez Lutens, on est dans la variation, mais pas dans la redite, je parlerais même de perfectionnement, d'affinement. Et j'avoue être séduit par cette douce chaleur, ce parfum de peau qui reste présent longtemps. Instinctivement, je l'associe plus à l'été et je le trouve facile à porter, à s'approprier, ce qui n'est pas toujours le cas des Lutens. Et c'est bien agréable d'avoir un parfum pour les jours "sans" qui soit quand même bien fait et très signé sans aucun des aspects confiseries orientalisantes qui m'écoeurent toujours un peu.

dimanche 27 mars 2011

Jean Santeuil, roman inachevé

Je ne délaisse pas celui dont je ne parle qu'en l'appelant "mon cher Marcel" ce qui devrait probablement me valoir une psychothérapie, mon père, auquel je n'ai plus parlé depuis 15 ans, s'appelant aussi Marcel. Le thême de la famille et des parents étant à ce point important chez Proust, je suppose qu'il doit y avoir un lien inconscient ou quelque chose du genre. Je ne sais pas pourquoi je raconte ça, peut-être juste pour dire à quel point la lecture de Proust est importante dans ma vie, allez savoir...

Toujours est-il qu'il n'y a pas que la Recherche, mais d'autres oeuvres, bien que tout semble un peu tourner autour de cette Recherche-aboutissement. Jean Santeuil, roman inachevé, inabouti, commence à raconter cette histoire de façon précise, construite mais différemment. 

Première différence: Jean, il, au lieu de Je. C'est énorme: on se sent beaucoup plus extérieur et tout a un petit climat d'artificialité alors que dans la Recherche, malgré tous ses développement, je me suis immédiatement plus senti "chez moi". (Formulation un peu malheureuse, mais je n'en trouve d'autre) Il se dégage une impression étrange et je comprends que Proust ai renoncé pour entreprendre autre chose, recommencer, ce n'est effectivement pas la forme qui convient le mieux que ce regard extérieur, comme si l'auteur n'osait encore se livrer entièrement comme il l'a fait par après. C'est quand même un peu dur de donner un avis sur quelque chose d’inachevé, surtout dans le cas de Proust qui n'en finissait pas de corriger, perfectionner, raffiner. 

Autre différence majeure: la rapidité de l'action qui est assez perturbante. Alors que je me suis habitué à la lenteur de la Recherche, ici, les choses vont vite, sans digression, sans analyse. Certains seront peut-être soulagés (mais ne lisez pas Proust si vous aimez les histoires rapidement conclues!), mais c'est véritablement une perte: le roman semble à la limite sec.

Si c'est très plaisant de retrouver les épisodes déjà connus sous un autre jour: le baiser, la petite amie aux Champs... C'est surtout fascinant de découvrir les épisodes qui ne figurent pas dans la Recherche et qui laissent des questions par leur absence: dans le récit si détaillé d'une vie, comment ne pas s'interroger sur le collège, les premières amitiés, les apprentissages? En particulier dans un roman qui est le récit d'une vocation, d'une découverte de soi. Jean Santeuil que j'ai mis du temps à aborder répond en partie à ces questions. Et voila qui rend la chose bien passionnante. Oui, un Proust collégien à travers ses personnages, faisait partie des choses que j'avais envie de connaître.

Pourrais-je le lire en soi, s'il n'y avait cette filiation à la Recherche? Non, probablement pas car tout ça manque un peu de cohérence, le roman n'est qu'une suite de passages ou manquent les transitions, on sait que Proust n'écrivait pas d'une manière linéaire en se racontant son histoire du début à la fin et c'est un peu perturbant. Heureusement que la Recherche est là pour éclairer Jean: l'explication de l'un par l'autre fonctionne dans les deux sens. Mais je suis bien content, après hésitations, des années d'hésitations, d'avoir entrepris cette lecture qui ne me déçoit point.

Jean Santeuil, Marcel Proust.

jeudi 24 mars 2011

Derniers instants avec la Miss…

Il fallait bien que cela arrive, mon flacon de Miss Dior touche à sa fin. L’extrait vintage, s’il vous plait ! Ho, pas de convoitise forcenée, il ne s’agit point (hélas !) d’un antique des années ’50, juste d’un flacon sauvé du début des années ’90, juste, tout juste avant que la belle ne subisse un lifting dont elle n’avait nul besoin. Mais enfin, c’est toujours de la vraie mousse de chêne, de celle dont on nous dit qu’elle provoque des allergies et qu’on nous interdit dorénavant. (Sommet d’hypocrisie, car je pense que l’alcool et la cigarette, toujours en vente libre à ce jour, tuent probablement plus que le parfum)

Ce sont nos derniers instants ensemble et je m’enivre une dernière fois de ces notes vertes, de ce cœur floral et de ce fond de chypre sombre, un peu animal. C’était un parfum dont l’abord n’était résolument pas évident comme tous les grand chypres, il fallait lui donner le temps de se laisser découvrir, tendre derrière sa façade complexe et un peu austère, un peu sèche. Un parfum qui datait d’un temps ou les femmes n’étaient pas faciles dans le carcan de leur robes New Look et ou on prenait son temps pour apprécier les choses.

Mon Dieu qu’il allait bien ce Miss Dior aux robes à jupe cloche et taille étranglée, au teintes jaunes et vertes, des pois ? oui, des pois, c’est toujours joli les pois, c’est toujours jeune. Et des gants blancs, parce qu’une vraie dame ne sort pas sans gant ! Oui, c’est vraiment le parfum d’une autre époque. Que Christian Dior avait voulue à l’image de sa jeunesse, lui qui conseillait d’utiliser le parfum abondamment, parce que c’est enchanteur, de le vaporiser aussi dans la maison, surtout dans la chambre comme le faisaient les amies de sa mère… Qu’elle était jolie cette femme fleur qui portait Miss Dior, luxueuse, charmante et frivole. Elle s’éloigne de moi, de sa démarche dansante et gracieuse, pour toujours. Je n’irai pas mettre le nez sur les nouvelles versions. Je boude la maison Dior, je l’ai déjà dit. Mais j’aurai toujours un pincement au cœur en pensant à elle.

Miss Dior, Jean Carles pour Christian Dior, 1947

mercredi 23 mars 2011

Elizabeth Taylor (1932-2011)


Je n'aurais pas cru que la mort d'Elizabeth Taylor m'affecterait autant. C'est peut-être comme dit Proust parce que chaque deuil est relié à tous les autres. Ou parce que c'est définitivement un monde qui disparaît.

Mais je pense que sa disparition me (nous?) touche parce qu'au-delà de la star avec ses films, ses maris, ses diamants, Elizabeth était une grande dame. Pas seulement dans ses films bien qu'elle ai fait merveille avec son jeu un peu hystérique dans les adaptations de Tennessee Williams (il faut absolument la voir dans "cat on a hot thin roof" ou "suddenly last summer") mais surtout dans la vie qu'elle a traversée avec courage et générosité.

J'ai choisi une photo tirée de "a place in the sun" avec son ami Montgomery Clift parce que je pense qu'elle aurait aimé ça. Tout le monde a toujours souligné quelle amie elle était, toujours présente quand il y avait des problèmes, ne laissant jamais tomber personne. J'aurais aussi pu choisir une photo des années '80, aux cotés de Rock Hudson pour qui elle s'est battue, se battant ensuite aux cotés de toutes les victimes du sida à une époque ou c'était une maladie honteuse.

mardi 22 mars 2011

Lesbian Chic


Très clairement, la mode "officielle" me barbe, que ce soit sur podium ou dans les magazines, je n'y vois strictement rien qui me fasse un tant soit peu envie ou me semble vaguement inspirant en ce moment. J'ai déjà parlé d'Advanced Style, le blog mode du troisième age absolument fascinant et glamour, une autre obsession majeure et récurrente en ce moment est Jenny Shimizu et les lesbiennes en général. J'adore le style de Jenny parce qu'elle est tout à fait androgyne, ni Marlène qui se travesti en homme pour être encore plus féminine, ni butch hommasse. Il y a quelque chose dans son allure qui est au-delà du sexe, une espèce de neutralité innocente, ambiguë et totalement troublante finalement. Elle a dans son allure quelque chose de rebelle qui me fait penser à une citation de Diana Vreeland "l'élégance est un refus." 

Rien n'est aussi beau que la simplicité finalement: un jeans, un T-shirt, des cheveux courts qui dégagent le visage, je pense un peu à Jean Seberg ou à James Dean. Intemporel.

lundi 21 mars 2011

Inspiration: Advanced Style

C'est mon blog mode préféré, celui qui donne la pêche parce qu'il montre les looks les plus fabuleux. Juste un détail qui fait toute la différence peut-être, Ari Seth Cohen s'intéresse au 3ème âge. Comme quoi, vieillir, c’est se trouver, trouver sont style et ça peut être quelque chose de fabuleux. Totalement fashion et élégant. Moi aussi, plus tard, je serai absolument divin! Pas de raison de s’arrêter. D’ailleurs, je cours faire les boutiques, ça m’a donné plein d’idées. Et vous ?


L'heure du thé chez Cartier

Les parfums Cartier et moi n’avons jamais été très amis. Les choses ont mal commencé. Must au début des années ’80 me semblait, pour l’eau de toilette, savonneux, insignifiant et, pour le parfum, je dirais, sans que ce soit spécialement négatif, passablement vulgaire. Je rappelle que le look de l’époque, c’était Madonna dans recherche Susan désespérément, une certaine vulgarité était donc de mise. Le parfum ne me semblait pas si intéressant et particulièrement hors de prix. Depuis, mis à part deux masculins, Déclaration et Roadster, j’ai trouvé que tout était dans la lignée : pas mal fait mais plutôt banal.Et puises heures sont venues, dont on nous a rebattu les oreilles, criant au génie. J’ai senti. Et j’ai testé pour quelques jours cette Heure Fougueuse, tant vantée qu’elle pourrait être la fameuse, et je ne suis toujours pas conquis.

Première impression : je ne perçois pas le cheval, un univers que je connais mal : je suis allergique aux chevaux. (Et aux ânes. D’ailleurs, ne pourrait-on tout autant parler d’accord âne ou mule etc ? Tout de suite, ça fait moins noble, ça fait moins rêver, évidement.) Mais j’identifie immédiatement le thé, et très précisément un thé noir d’Assam, le plus corsé, celui du petit déjeuner. Un soupçon d’agrume (marmelade pour rester dans le thème petit déjeuner?) et finalement, effectivement, une petite note cuir et un léger accord de sueur. L’accord de thé est riche et me plaît bien, je fais partie des amateurs qui peuvent passer des heures à respirer l’odeur du thé et ici, on est bien dans la feuille séchée, pas dans l’infusion pâlotte. La IV serait-elle en réalité un fiveo-clock? Ça me plaît vraiment. Même si je pense que je ne pourrais pas le porter parce que c’est trop familier et que je n’ai pas particulièrement envie d’un parfum qui sente mon petit déjeuner, ce n’est pas exactement ce que j’ai envie de dire de moi.

 J’ai vraiment l’impression de passer à coté de quelque chose car je devine les qualités du parfum que d’autre ont vues mieux que moi qui ne suis pas bon public, cette fois de plus, mais je ne peux m’empêcher d’en être assez content au vu du ridicule absolu de toute cette affaire des heures : RIEN, d’après moi, ne justifie de tels prix dans cette collection. Les parfums sont jolis, mais pas si exceptionnels et si novateur qu’ils n’aient pu être distribués au grand public. C’est nouveau, c’est relativement audacieux, mais pas révolutionnaire non plus. Et pas particulièrement luxueux non plus. (Pas à plus de 200€ les 100ml)

Cette escalades des collections exclusives m’agace et me dégoûte tout à la fois. C’est vraiment quelque chose que je refuse de cautionner. Très honnêtement, les tarifs de Chanel sont encore raisonnables mais chez Cartier et Hermès, on frôle le ridicule. A vrai dire, la seule justification des Heures de Cartier semblent être de vouloir faire plus cher que les concurrents. Et c’est d’autant plus regrettable que les parfums accessibles sont de moins en moins qualitatifs. Le dernier né, Cartier de Lune, évoquant une petite chose à bon marché, bien faite, mais digne de la grande surface : timide et déjà beaucoup trop vue. Le culte du parfumeur aurait-il encore frappé ? Autant je n’aime pas que le marketing bride la création, autant je pense qu’il est bon de l’ encadrer…

L’heure fougueuse, Mathilde Laurent, Cartier, 2010

L’univers du N°5


Je suis peut-être influence par la photo de Gabrielle Chanel dans le sud avec son pantalon et sa marinière. Ou par l’odeur du jasmin qui m’évoque la côte d’Azur, Nice, la baie des Anges, le Negresco, la promenade des anglais, etc, tout ce qui était à la mode dans les années ’20. Ou simplement, c’est l’aspect solaire du parfum, son aura dorée qui m’influence et me fait penser « soleil et grand bleu » mais je ne peux pas m’empêcher de l’associer au costume marin, aux vacances, au bateau…






dimanche 20 mars 2011

parfums:avoir un style?

Avez-vous un genre? Du style? Vous savez, le style, cette petite signature personnelle qui fait qu'une chose, un parfum est vous, une signature, presqu'un emblème, qui fera dire "j'ai tout de suite pensé à toi" ou "ah  non, ça, c'est pas toi" parce que justement, le style, c'est aussi un truc à casser  de temps en temps pour surprendre, ne pas s'encroûter dans ses habitudes...


Pour moi, la réponse est oui, et elle se dégage de jours en jours. J'ai longtemps navigué entre les extrêmes, le vert et l'orient, ai cru un moment trouver une solution avec le chypre, qui unissait les contraires Malheureusement, le chypre est mort, tué par la mode qui voulait des parfums faciles, tout le contraire du chypre qui demande à être apprivoisé, et achevé par les restrictions interdisant la mousse de chêne. Soyons honnêtes, le chypre sans mousse de chêne, c'est un peu comme la tarte tatin sans pomme...

Et finalement, aujourd'hui, je me retrouve ou je n'aurais pas cru aller: dans le floral vintage: peu de choses récentes, plutôt des créations anciennes: bouquets abstraits, avec des aldéhydes, c'est encore mieux, un soupçon de poudre, c'est parfait ou soliflore à l'iris. Totalement Chanel, totalement N°5, finalement: peut-être le genre qui me colle le plus à la peau.  Mais en général, j'aime surtout une impression d'ensemble rétro-riche, une opulence old fashion. Étonnant que je n'accroche pas vraiment avec Guerlain mais la marque n'a jamais vraiment réussi à me satisfaire autrement qu'avec Après l'ondée, hélas disparu sous sa forme d'extrait. Je n'aime pas trop ce qui est figuratif, détestant qu'on me dise "ton parfum me rappelle..." Moi, je veux que mon parfum ne soit que moi. Grand avantage donc à la niche, hélas de moins en moins abstraite, et aux grands anciens délaissés. 

Ce qui est amusant, c'est qu'avec mon obsession des contraires et du contraste, je m'habille de plus en plus simplement et de façon de plus en plus neutre, ressentant de plus en plus le besoin de casser l'aspect très orné, passablement "laque et fourrure" de mes parfums. Pas de minimalisme pour autant, parce qu'il est plus question de simplicité asexuée, de pauvreté choisie en guise de faire-valoir, que d'une position esthétique inspirée par l'art ou la morale et qui serait primordiale. Ayant fini par céder aux charmes de Lipstick Rose, pourtant extrêmement connoté et chargé d'évocation, il a fallu que je prenne le contre pied et me tondant les cheveux ne pouvant imaginer ce parfum de pin up, joliment porté qu'avec une austérité monacale. Peut-être que c'est lié au fait d'aimer une esthétique passée tout en condamnant la morale des époques passées. Peut-être. 

Et vous? Vous évoluez? Vous êtes éclectiques? Monomaniaques?


jeudi 17 mars 2011

Femme fatale en Bas de Soie

Je ne sais toujours pas ce que je dois penser de bas de soie de Lutens sorti l’an passé et qui avec l’accélération du temps me semble presqu’ancien. Ma première pensée a été N°19 ! Ce qui m’a déstabilisé parce que Lutens était aux antipodes de Chanel par bien des cotés même si les deux marques ont (avaient ? Je pense en me posant la question à Chanel) en commun une grande exigence dans la vision et le courage de poser un avis catégorique.

Le N°19 est un Galbanum Iris ou SAR l’Iris, triomphalement annoncé par le galbanum, trône en souverain soyeux au milieu de ses suivantes fleuries, en reine vierge, forte de son bon droit, plus cérébrale que sensuelle. Dans Bas de Soie, le galbanum lance son attaque, gifle à tout va d’autant que la princesse guerrière Jacinthe est là pour le soutenir, volant la vedette à sa souveraine Iris. Et quelle Jacinthe : débarrassée de tout ce qui peut lui conférer rondeur, de tout aspect charnel ou sucré : une jacinthe crissante, cinglante qui ne cédera la place à l’Iris qu’à contrecœur. L’Iris est bien tel que dans le 19 soyeux et non poudré mais ici, la facette métallique est encore mise en avant pour un effet de lumière blanche et froide.

Autant j’avais aimé la version sentimentale et tendre qu’Annick Goutal donnait du 19 avec sa bien nommée Heure Exquise, autant je doute un peu de la lecture sadienne qu’en donne Lutens qui a accentué à plaisir tout ce que le N°19 peut avoir d’inquiétant. Le résultat me semble intéressant, dessinant une silhouette de femme fatale glacée et méprisante dont j’imagine volontiers qu’elle garde une cravache sur sa table de chevet. Si N°19 a toujours raison, Bas de Soie semble jeter comme un défi "tu ne me fera pas jouir !"

Le parfum, tendu, aiguisé, est infiniment cruel. Il a autant de vice et de froideur que les perverses Vénus de Bronzino ou Cranach. Tous les éléments sont réunis, digne d’un film noir, pour me plaire : galbanum, jacinthe, iris, froideur, éléments terriblement rétros (on pense beaucoup aux années ’60-’70) et vraie modernité… Mais justement, tout est là et peut-être trop, je préfère sans doute ces éléments agencés séparément. J’aime l’intellectualisme austère du 19 en eau de parfum (la moins tendre des versions, la plus aigüe) et l’orgueil glacé d’Iris Silver Mist, mais Bas de Soie et ses connotations perverses de sadisme fétichiste me semblent un peu "trop."

mercredi 16 mars 2011

Loulou de La Falaise


Betty Catroux, Yves Saint Laurent et Louise de la Falaise

Muse, pas potiche, Loulou de la Falaise est pour moi une réelle incarnation, non pas de l'élégance, mais d'un certain chic. Une vraie It-Girl terriblement inspirante dont je me dit qu'elle aurait du chien et de l'allure coiffée d'une théière et vêtue d'un vieux bout de rideau.

Une certaine idée du Baroque, toute en mouvements, en entrechoquements de couleurs, une vraie grâce terriblement libre et individuelle. Je comprends que Saint Laurent ait succombé.


mardi 15 mars 2011

Polar suédois

J'aime bien lire un policier à l'occasion mais je ne suis pas nécessairement grand amateur du genre. J'avoue suivre la série de Camilla Läckberg depuis le premier volume (celui-ci est le cinquième) avec un réel plaisir et une envie de plus en plus marquée de savoir la suite. 

L'explication tient en partie au fait que l'auteur a su installer son petit monde et ses personnage dans la durée et a réussi à les rendre quasiment tous attachants. Les deux héros, bien sûr, Erika qui gagne sa vie en écrivant des biographies de suédoises célèbres, et Patrick, le policier qui est devenu le petit amis d'Erica dans le tome I, mais aussi leur entourage, la sympathique Annicka, l'incapable Bertil, Anna, Dan etc... Vraiment, de volume en volume, je me plais à les retrouver dans leur petite ville provinciale de Suède (un trou perdu, en Suède, plutôt) pour des histoires bien ficelées qui se déroulent généralement sur deux époques et qui nous font découvrir les héros mais aussi l'envers de la Suède, nettement moins lisse et démocratie modèle que ce qu'on voit généralement. Et cet aspect est diablement plaisant, plus que des histoires de serial killers désaxés sans aucun rapport avec nous.
Ici, un meurtre récent nous fait regarder la seconde guerre mondiale, le nazisme et ses ramifications jusqu'à aujourd'hui en jouant sur les journaux intimes de la mère d'Erica, retrouvés et contenant peut-être des réponses aux questions d'Erica concernant l’indifférence de sa mère. Et qu'en est-il de cette médaille allemande retrouvée en même temps que les journaux? Pourquoi l'homme à qui elle a demandé une expertise est-il mort? Etc. 

Je ne me suis pas ennuyé une seconde. C'est toujours captivant de voir des vieux fantômes revenir hanter le présent. La seule chose un peu gênante peu-être, c'est que l'héroïne soit toujours au coeur de l'intrigue qui nous en apprend beaucoup sur son histoire, il faut juste accepter cette convention.


L'enfant allemand, Camilla Läckberg, Actes Sud, 2010

lundi 14 mars 2011

Mode printemps été: on résiste?

J’écoutais vendredi à la radio une rédactrice mode se gargariser du “regendering” et s’en féliciter parce que vraiment, elle trouvait ça tellement bien…L’idée est assez basique et il n’y a pas besoin d’être une grande prêtresse de la fashion pour le constater : la mode veut nous re-sexuer, nous rendre nos genres. Alors, allons y pour les filles très filles, avec la bouche rouge baiser, la jupe crayon, la taille marquée et la gorge pigeonnante, et les hommes, les vrais, avec du poil partout et de vrais fringues de mecs, limite si le relent de sueur plus Azzaro pour hommes n’est pas hype de nouveau. Limite.

Quoi de neuf ? Ce genre de chose, on a déjà connu : dans les années ’30 après les excès des années folles, dans les années New Look quand il fallait se consoler de la guerre et consommer. Quoi de neuf ? Rien, justement ou pas grand-chose. C’est juste une restauration de plus. Et je n’aime pas les restaurations. D’autant que celle-ci coïncide aussi (encore ?) avec une montée des droites extrêmes et conservatrices, avec un retour du puritanisme bien pensant qui nous remet dans nos petites cases. A commencer par les filles, si joliment pomponnées, qui de nouveau vont avoir droit au 3k (Kinder, Küche, Kirche) pendant que les hommes vont travailler de nouveau déguisés en machos ?

On me dira que c’est terriblement inspiré de Mad Men que j’adore. Mais justement, j’adore la série, parce qu’elle monter que cette époque-là avait tout faux. Que derrière les belles robes il n’y avait que des épouses priées de se taire ou des subalternes qui n’avaient qu’à consentir et sous les costumes des hommes en proie à une vacuité totale.

Franchement, cette mode-là ne me fait pas envie. Je serai toujours du coté de Chanel qui piquait les vêtements des hommes pour conquérir le monde, du coté de Saint Laurent qui mettait les filles en smoking pour séduire qui elles voulaient. Pas du coté du New Look pour femme objet, si joli soit l’objet, si haut soit-il sur son piédestal. Je suis probablement frivole et je prends la mode au sérieux, mais je sais aussi résister avec sérieux. Et avec un certain sens du style finalement : Saint Laurent et Chanel, il y a pire comme référence pour dire non à la mode…


 

Iris en mode "luxe discret"

Infusion d’Iris porte bien son nom. Il me semble en effet infusé, décanté pour n’être pas un parfum, mais une élégance parfumée que l’on aurait que pour soi. Un départ Cologne, l’iris, léger, soyeux, à peine poudré et le fond boisé très lointain, tout évoque la propreté luxueuse du linge frais par une belle journée de printemps, une crème luxueusement chic et définitivement anti bling bling, parce que le luxe, pour citer Gabrielle Chanel, c’est « avoir dépenser autant d’argent sans que ça se voit ! » Un parfum à sentir pour soi.


L’odeur peut sembler froide avant de se réchauffer sur la peau, mais je préfère pour ma part la qualifier de vierge, tant elle évoque la blancheur, la clarté, un univers encore intouché. C’est un peu Diane au bain, une beauté, pure, séduisante mais pas séductrice, non atteinte par le désir. Cette infusion-là n’est pas de ces sent-bons porté pour faire de l’effet, que nenni ! Sa discrétion est sans faille, il se révèle juste par instant, comme un rappel discret avec ce coté impeccable, sorti de la boite, immaculé, un peu pensionnaire et enfant sage, mais très bien fait avec son aura tradi-classique qui pourrait sembler un peu démodée et ennuyeuse alors que, comme toutes les choses vraiment belles, il est tout à fait d’actualité. Quel plaisir de le ressentir dans le courant de la journée et de se dire, un peu surpris "mais c’est moi qui sent si bon!" Le meilleur moment étant le déshabillage du soir, lorsqu’on sent l’Iris sur ce petit fond boisé un peu fumé, chauffé par le corps, qui s’exhale de la peau nue, des vêtements retirés… Pas séducteur mais terriblement séduisant. Indispensable pour les jours "sans" comme alternative à Iris Silver Mist par exemple, parfait pour le quotidien de celles et ceux qui aiment les belles choses, ne veulent qu'un seul parfum et préfèrent la jouer subtile. Je le voit tout à fait sur une héroïne de Chabrol, bourgeoise, élégante; discrète, souvent habillée par Lagerfeld. (J'adore Stéphane Audran)




jeudi 10 mars 2011

La chute de la maison Dior…

Lorsque j’étais jeune, la maison Dior tenait le haut du pavé en termes de luxe et de rêve. L’ombre de Monsieur Dior était encore présente et le patrimoine parfum était intact, Miss Dior et Eau Sauvage en tête, avec encore les anciennes images signées Gruau qui trônaient dans les présentoirs. Serge Lutens venait de partir et Tyen commençait à régner sur le maquillage. Les cosmétiques promettaient des miracles avec Capture, le premier soin aux liposomes. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais les liposomes ont fait fantasmer toute une génération…

Et Poison. Poison et sa tubéreuse mariée aux épices et aux fruits rouges. Poison qui a enchanté ou dévasté les années ’80, qui collait tellement bien avec cet esprit du temps tout en épaulettes agressives et lamés or ultra luxueux et un peu toc. Poison qui était trop, tellement bien dans une époque qui aimait l’excès et le prenait très au sérieux. Poison qu’il fallait avoir, qui se mariait si bien avec les maquillages un peu sorcier de cette décade excessive et égoïste.


Et aujourd’hui ? Aujourd’hui, je ne m’approche plus des comptoirs Dior. La magie est partie. La couture a fait défilé des filles qui ressemblent à des caricatures par des travestis singeant la haute couture et les parfums multiplient les flankers qui se vautrent dans la facilité. Du sucre à la pelle. Des matières qui évoquent pauvreté, pas simplicité, et synthèses. On est bien loin de la complexité charmante d’un Miss Dior ou de l’évocation poétique de Diorissimo : Dior parfume la néo-pétasse à grand renfort de calories olfactives. Je ne prétends pas que tout soit raté et je peux trouver du charme à un Hypnotique Poison, simplement, ce genre d’accords assez basique joliment travaillé dans ce cas précis, je trouve que c’est un peu triste quand ça se systématise. En outre, il n’y a plus d’âme, de poésie en dépit des jolis films signés Sofia Coppola. Et je ne parle même pas des affiches pour les soins ornée de la photo de Sharon Stone, qui prétend n’avoir rien fait, mais dont il faut mettre le nom dans les campagnes de pub sinon on ne la reconnaît pas…

Non, Dior, moi, je ne peux plus. Il faut certes évoluer, mais pas comme ça. Coller à son époque, oui. Tirer la qualité vers le bas et gruger le consommateur en lui vendant du mythe et rien d'autre, c'est indigne. D’autant que le patrimoine est nié, évacué, jugé indigne car pas assez rentable. Exploitation du nom, oui, mais l’âme dans tout ça ? C’est un luxe dispensable selon LVMH.



mercredi 9 mars 2011

Inspiration: jeans

Clint Eastwood

A la base, le jeans de la tête aux pieds, je ne suis pas fan, je pense que c'est un peu "aujourd'hui, je suis en mode zéro effort" et en plus, j'ai tendance à penser que c'est une matière qu'il faut abandonner en vieillissant. Mais en tombant sur cette photo de Clint Eastwood, je me suis dit que finalement j'avais peut-être tort, l'effet est assez cool, pas élégant, mais à 80 ans, c'est vachement bien d'être cool. De toute manière, la pire attitude en terme de style, c'est quand même de faire un effort. Et que ça se voit.

mardi 8 mars 2011

Mon parfum me rajoute 10 ans. Ou 10 kilos.

Botero
Si, c'est possible, c'est même un des leitmotivs d'Allure.  Effectivement, un parfum peu changer la perception qu'on a d'une personne, pareil qu'un vêtement. Pour dire ça, Allure (que j'aime beaucoup, notamment parce qu'ils ont quelques articles signés L Turin ou F Malle) se base sur une étude qui a étudié le phénomène et a constaté que les gens semblaient plus jeunes quand ils portaient un parfum au pamplemousse, et plus minces quand ils portaient un fleuri épicé léger. 

Franchement, le genre de choses que j'aurais pu dire moi-même sans étude à la noix: assis dans les transport en commun à coté d'une personne un peu envahissante en terme d'espace, c'est certain que; parfumée d'Angel, vous allez la trouver encore plus envahissante et occupant plus d'espace. Ajoutons au coté sillage-présence, la problématique des notes gourmandes qui font sur quelqu'un de dodu immédiatement penser à la boulimie, et sur quelqu'un de maigre à de l'anorexie compensée olfactivement, mais là, je ne fais sans doute pas preuve d'objectivité dans ma détestation de la saccharose employée à outrance dans la parfumerie contemporaine.

L'âge? Bien sûr qu'un parfum peut vieillir: un extrait, bien riche, c'est l'équivalent du tailleur-collier de perles-carré de soie-manteau de fourrure: quelque chose de beau, mais bourgeois, installé dans la vie, totalement pas jeune. Il faut toujours se méfier de la richesse. Mon conseil, ce n'est pas de se précipiter sur la Cologne Pamplemousse Rose d'Hermès, que j'aime beaucoup, je le précise en passant, pour son effet lifting certain, mais surtout d'éviter de s’encroûter dans l'habitude, parce que c'est ça qui est moche dans le fait de vieillir, c'est de se figer, se raidir, ne plus avoir envie de découvrir, ne plus être curieux.

Mais ce genre de conseil dans un magasine me pose surtout une question: pourquoi se parfume t'on? Si c'est juste pour plaire, ou parce que sentir bon est un complément d'hygiène, alors oui, il faut suivre ce genre de conseil et passer au duo floral/pamplemousse. Si c'est pour son propre plaisir, par amour de l'art ou pour marquer son territoire...  On s'en fiche et on se fait plaisir. (J'avoue, parfois j'aime bien, parfois, que mon parfum envoie un message pas particulièrement pacifiste ou sympathique)

vendredi 4 mars 2011

lecture de Sade


Après un post consacré au sexe et au parfum ou j'avoue être troublé par l'odeur du cuir, voila qui va me faire passer définitivement pour pervers. Oui, je lis le Marquis de Sade. Et à la question "faut-il lire Sade?" je réponds oui, oui et encore oui. Mais peut-être pas tout Sade.

Que connaît-on de lui généralement? Une légende sombre qui le fait pornographe, éternel metteur en scène d'orgies cruelles et sanglantes qui poussent au vice et au crime. Je ne prétendrai point que cela est faux. Mais enfin, c'est un peu court. Sade est d'abord un écrivain, un auteur de romans qui ne sont pas tous pornographiques. "Aline et Valcour" par exemple met en scène des libertins, des scélérats et une vertu opprimée, mais ne décrit aucunement les actes de libertinage. L'histoire est classique: une jeune fille est promise par son père mais elle aime ailleurs. Le roman est épistolaire, pas plus licencieux que "les liaisons dangereuses" de Laclos. On pourrait le mettre entre toutes les mains, ou presque. Le plus troublant pour qui partage les goûts du Marquis est dans les descriptions de la vertu affligée, avec des scènes de pleurs dignes d'une peinture sentimentale assez kitsch. Oui, il y a les autres romans, plus noirs, plus crus: "les Infortunes de la vertu" par exemple qui va s'augmenter, s’agrandir jusqu'à la "Nouvelle Justine" et "Histoire de Juliette" passant d'une pornographie étrange et cruelle à un amoncellement d'horreurs et de violences tel que j'en ai rarement lu ou vu, Dieu merci, parce que, effectivement, on arrive là à quelque chose d’innommable, de révoltant qui donne affreusement la nausée.

Mais, parce que oui, il y a un mais, Sade, c'est bien plus qu'une accumulation de cochonneries comme peut le faire songer l'appellation contrôlée "pornographique." Il y a un véritable auteur, avec des idées, un système philosophique spécieux et pervers qui témoigne de son temps, un romancier qui nous narre une histoire et la met au service de sa thèse. Un auteur qui s'échauffe, s'excite, frustré au fond des prisons ou on l'enferme, et qui nous emmène dans un univers étrange et cruel, bien loin de moi, mais qui me séduit parce que l'auteur à du talent, voila, le mot est lâché, et qu'il se révèle semblable à un raz de marée: c'est une force dévastatrice qui vous soulève, vous emporte toujours plus loin. Sade me laisse haletant, effrayé, dégoutté, horrifié mais fasciné. Sade est comme ces films horrifiants qu'on regarde avec les mains devant les yeux, les doigts écarté parce que non, on ne veut pas voir, mais finalement, on veut quand même savoir...  

Bien sûr, après, on se retrouve brisé, changé. Au delà du dégoût, on se pose des questions, on se remet en cause parce qu'on est bien obligé de s'interroger sur la nature humaine et sa face sombre. L'irruption de Sade dans un monde policé et lissé est probablement une bonne chose, elle rappelle que le monde n'est pas beau et rose, que le mal rode et qu'il faut le réfléchir.

Bienvenue dans le futur

Il y a des jours ou je n'ai pas envie d'humain et ou je me tourne vers les odeurs de Comme des Garçons qui ont été voulues inorganiques et présentent un coté extrêmement apaisant et facile. Au départ, l'idée était de faire avec Odeur 53 (1998) un anti-parfum: une odeur qui correspondrait à une atmosphère que l'on pourrait créer autour de soi, une atmosphère que l'on emmènerait partout avec soi.

Odeur 53 évoque la ville, un décor industriel déserté, post-apocalyptique: des senteurs de vernis, d'ozone, de métal chauffé, de flaques d'eau, le tout chauffé à blanc par un soleil haut alors que l'horizon devient sombre: l'air est électrique, l'orage approche. La senteur est curieusement tiède, ni véritablement fraîche, ni véritablement chaude, un peu sale, tout en étant terriblement transparente. Étrange. Mais ou sont les gens? ou est la vie? définitivement disparue? 

La réponse est peut-être à chercher dans Odeur 71 (2000) qui continue le même principe et nous compte un autre monde, toujours déshumanisé, qui me fait un peu penser au film Gattaca: un monde froid, scientifique, rationnel qui ne laisse aucune place au sentiment dans une espèce de logique totalitaire ou naît une certaine esthétique. Le parfum démarre sur une note métallique, froide, proche de celle que l'on retrouvera dans Sécrétion Magnifique d'Etat Libre d'Orange, mais beaucoup plus facile à apprivoiser par son contexte plus"naturel": un décor futuriste de circuits intégrés, d'écrans surchauffés, de traces de désinfectant et de poussière. Il finit par évoquer la photocopieuse qui a beaucoup chauffé. C'est un univers d'humanoïdes solitaires, de robots et de machines. Odeur 71 peut sembler, sur papier, assez peu plaisant et cheap avec son coté plastique revendiqué. A l'essai, je le trouve pourtant réconfortant et plaisant. Assez facile: léger, neutre, c'est peut-être le parfum idéal pour le bureau. (Mais il sent déjà un peu le bureau...) Le curieux diptyque de la modernité qu'il réalise avec Odeur 53 est parfait lorsqu'on ne veut rien donner de soi, même pas la trace d'un parfum.

Ethan Hawk dans Gattaca


mercredi 2 mars 2011

Les monogrammes ? Non quand même!

Au rayon des choses pas possibles, il y a les monogrammes: laids en soi pour commencer même si je n’ai jamais réussi à déterminer lequel était le plus insupportable du GG ou du LV. Probablement le LV parce que les couleurs sont tellement hideuses… Franchement, si je devais porter les initiales de quelqu’un partout sur moi, ce serait les miennes. Celui qui veut que je fasse sa pub n’a qu’à me payer. Mais bon… Pour se convaincre du ridicule de la chose, il suffit de regarder dans la rue : la réalité est beaucoup moins trompeuse que nos chers magasines de mode.


Lil Kim par David LaChapelle

Soyons honnêtes : ça ne va avec rien, ce qui est le seul avantage que ça puisse présenter à la limite puisque "ce qui ne va avec rien, va forcément avec tout." Sommet du laid : le sac Vuitton sur silhouette noire, comme on le voit assez régulièrement, c’est totalement triste et ça jure vraiment beaucoup ce mélange noir-brun. Penser qu’un accessoire chic parce que signé, une belle illusion, permet de donner de la classe ou un aspect vaguement luxueux à une silhouette pauvre relève du fantasme absolu. OK, c’est un signe de richesse ostentatoire et facilement identifiable, ça, je peux comprendre, bien que je condamne cette attitude vulgaire, mais franchement, des initiés reconnaîtront tout aussi facilement un joli cuir épi également signé Vuitton qui sera bien plus élégant et joli même si d’après moi, il vaut mieux investir dans un vêtement bien coupé (le pantalon qui fait des fesses d’enfer, ce graal de la mode par exemple) et l’assortir de petits sacs pas chers mais sympathiques. Le message véhiculé par le monogramme étant en général : "moi j’ai pu me le payer, je vaux mieux que toi!" ce qui n’est pas exactement sympathique. Ou encore, "moi je suis allé en vacances en Turquie et j’ai pu passer les contrôles de la douane!" carrément pathétique. Pour finir, soyons honnête, le monogramme, comme beaucoup de signe extérieurs de richesse, c’est l’assurance d’un bon coup de vieux immédiat : typiquement le genre de choses auxquelles il faut renoncer dès qu’on à l’âge de se les offrir.

Et en même temps, je pourrais trouver ça mignon, ce manque d’assurance, ce besoin d’être réconforté par un sac, un signe. Sauf que généralement la grimace qui va avec le sac n’inspire pas la sympathie…


mardi 1 mars 2011

snobisme...

Au départ, j'aimais Fahrenheit de Dior. J'adorais l'odeur de violette mêlée de vert sur fond boisé. C'était en 1988. Et puis tout le monde s'est mis à le porter et c'était une mode plutôt agréable. Et aujourd'hui encore, je le sens parfois, souvent même: deux fois aujourd'hui, mais je ne l'apprécie plus du tout. Je suis sensible à l'odeur mais il est toujours porté par des gens dont je vais dire "qu'il ne sont pas mon genre." (Pour citer un peu Swann) 

Je suis snob sans doute. Et je me demande... De combien de parfums, de combien de modes, de livres, de disques etc ai-je été détourner parce que leurs "fans" me semblait communs? A quel point suis-je passé à coté de choses qui aurait pu me donner du plaisir pour ne pas être assimilé à certains groupes? Parfois, je me déteste, je me méprise d'être snob. Parfois.

Parfois, je me dis aussi que je serais passé à coté de certaines choses, que je n'aurais pas chercher à les connaître, que je n'aurais pas fait l'effort nécessaire pour les connaître si je n'avais pas été un peu poussé par un certain snobisme. Aurais-je lu Proust, Jean Lorrain et Théophile Gauthier sans une pointe de snobisme au départ? Aurais-je porté Iris Silver Mist et Lipstick Rose? Aurais-je cherché à voir M, le maudit? Toutes choses qui m'ont fait, m'ont poussé dans un sens qui est je crois assez bon. Alors oui, je suis snob et j'assume. De même que j'accepte aussi d'être snobé puisque je m'octroie ce "souverain plaisir de déplaire" cher à Wilde.