lundi 5 décembre 2011

Indésirable

Sarah Waters s’est fait connaître comme auteur de romans lesbiens. C’est une étiquette, pratique car elle permet de trouver son public, mais assez réductrice. On aurait pu trouver d’autres étiquettes comme roman historique, victorien même, d’aventures, fantastiques etc.… J’ai lu tout ce qui a été traduit en français et j’ai beaucoup aimé à chaque fois parce que Sarah Waters écrit de bonnes intrigues avec de vrais personnages, crédibles, pas monolithiques ayant une évolution psychologique intéressante.

Alors qu’elle laisse tomber les histoires de filles qui aiment les filles pour ce roman-ci, ce n’est pas plus mal, ça la fait sortir de ce qui pourrait devenir une prison même  si c’est livre touchent un grand public, notamment par des adaptations télévisées. (Merci la BBC)

L’intrigue de base est assez simple : au sortir de la première guerre mondiale, un enfant a aperçu depuis la coulisse Hundred Hall, vaste demeure géorgienne. Au sortir de la seconde guerre mondiale, devenu médecin, il entre dans la vie de la demeure et de la famille qui y réside. Il contemple la chute du domaine, bien loin de sa splendeur passé, la débâcle de la famille au milieu d’événements tragiques, angoissant, mystérieux. Oui, le roman a un aspect sociologique certain : il parle de la chute de l’ancienne aristocratie, ruinée, qui n’a plus sa place dans l’Angleterre de la seconde moitié du XXème siècle. Une aristocratie qui tente de tenir son rang, s’y épuise financièrement et nerveusement. Lorsque des événements étranges se produisent, le médecin, qui est le narrateur, pense d’ailleurs à des explications « rationnelles » comme l’hystérie plutôt que de croire aux histoires de fantôme. C’est très habile de la part de l’auteur de nous présenter les choses comme ça d’ailleurs : les angoisses, l’ambiance sombre sont perceptibles, mais libre à nous de voir dans ce roman un roman fantastique ou une étude de cas psychologique.

J’ai beaucoup aimé ! Je trouve que le talent de Sarah Waters s’affine et s’affirme. Elle est un des dignes successeurs de grands auteurs britanniques comme je les aime : Wilkie Collins, Edgar Poe ou Daphné du Maurier. Elle a le chic pour rendre les ambiances sans en rajouter, c’est sombre, oppressant, alors qu’on serait bien en peine de dire qu’il se passe ci ou ça, c’est juste une impression. Et c’est ça qui est bon, le roman qu’on peut se faire à l’intérieur du roman…

 L'indésirable, Sarah Waters,2009 (disponible en 10/18)

samedi 3 décembre 2011

Le bon moment


J'aime lire dès que je peux. J'ai toujours mon livre avec moi et j'envisage l'e-reader pour des raisons pratiques, mes livres pèses parfois une tonne et je n'ai pas nécessairement envie de les abimer. Je lis dans les transports en commun parce que oui, pour même pas dix minutes, ça vaut quand même la peine. Je me dis « chouette, le dentiste a du retard dans ses rendez-vous ! » parce que ça me donne un peu de temps pour livre, temps que je pourrais voir comme perdu mais que je vois comme du temps de lecture en plus. Mais il y a des moments privilégiés pour lire, pour beaucoup, cela semble être le moment du coucher, mais cet instant m'a toujours semblé dangereux, un bon livre m'empêchant de dormir parce que : encore quelques pages, c'est trop bien, ça ne pas me retarder tant que ça… Résultat, je m'endors trois heures plus tard et encore, à condition que la lecture ne soit pas trop excitante. Mauvais plan.

Marlon Brando
Le moment que je préfère, c'est le petit déjeuner, que je fais traîner, n'hésitant pas à faire sonner le réveil une demi-heure plus tôt que le strict nécessaire, moment, calme, vierge, un moment où il faut me foutre la paix, parce que je ne suis pas encore en état d'affronter le monde mais où rien ne me plait tant qu'on bon livre. Rien ne vaut ces weekends, ces vacances, ou le petit déjeuner peut durer des heures : livre et thé, prendre son temps, avoir l'impression que la journée va être longue et qu'elle nous appartient.