mardi 30 novembre 2010

la vanille change de registre

J’aime la vanille en dessert, nettement moins en parfum, probablement parce que je n’apprécie pas le coté alimentaire gourmand : olfactivement, je suis plutôt anorexique. La vanille, pour arrondir, poudrer, j’adore, mais dès qu’on entre dans le sirupeux, le gras, la compensation pour gloutonne immature en phase de régime, je préfère passer mon tour, je n'ai aucune envie de me transformer en crème brûlée géante. Exit donc, les vanilles en solo…

L’Eau Duelle a réussi à me séduire parce que Diptyque a réuni autour de la vanille un supporting cast très discret mais franchement à la hauteur pour en faire la vedette d’une comédie sentimentale légère. Le même genre de surprise que Garbo dans Ninotchka dont toute la promo était « elle rit. » Pas une superproduction, mais un petit film de studio bien fait ou l'actrice principale change enfin de registre, ce qui lui réussi bien et semble lui plaire autant que nous: Mademoiselle Vanille en avait probablement marre de ses rôles habituels.

Ninotchka
La vanille ici se fait légère au départ, fraîche et transparente, puis s’épice et se veloute, se poudre, mais pas dans un registre cocotte capiteux, plutôt brumeux comme la poussière de la route qui brille dans le soleil par une belle journée, petit tourbillon de paillettes d’or dans l’air doux qui empêche de voir la voiture qui s’en va disparaître dans le lointain. Ce n’est pas un parfum inoubliable ou indispensable, c'est même plutôt décevant de la part de Diptyque dont on attend autre chose, plutôt un petit plaisir, mais un joli plaisir, ni enfantin, ni boulimique que j’aime personnellement beaucoup et que je prendrais plaisir à porter quelle que soit la saison quand on a juste envie de sentir bon. (Bien que… pas au printemps finalement.)



Attention, peut faire de l’effet sur le sexe opposé !

Eau Duelle, Fabrice Pellegrin pour Diptyque, 2010

dimanche 28 novembre 2010

muscs infernaux

Longtemps, je me suis cru amoureux du musc, avant de me rendre compte que finalement, non, ce n’était pas pour moi ces magnifiques délires animaux. Mes deux plus belles explorations ont été le Musc Ravageur de F Malle et le Musc Koublaï Khan de S Lutens. Les deux m’ont renvoyé à un imaginaire orientalisant et un peu décadent.
Delacroix, La mort de Sardanapale


Musc Ravageur, le plus lascif des deux, tourne autant autour de la vanille et de l’ambre que du musc. Véritable réincarnation moderne et non poudrée, ou si peu, de Shalimar, bijou de senteur dorée pour cocotte XIXème, il me fait penser à l’Esther de Balzac, la belle juive de Splendeurs et misères des courtisanes, tantôt brune, tantôt blonde, femme fatale et amoureuse maudite, dont la psychologie n’est pas vraiment nécessaire à l’économie du roman, tant elle n’est qu’un objet de désir, miroir des hommes qui l’entourent, la convoitent et l’utilisent tour à tour. Indubitablement, il a des relents de harem tel que fantasmé par les romantiques et les décadents.

Nijinsky, 1910.

Musc Koublaï Khan est plus franchement animal, plus épicé, plus sombre, autre genre de bijou, à la monture barbare, dont on peut penser qu’il orna la poitrine de vaillants conquérants. Il m'évoque les ballets russes, véritable choc culturel pour l’occident belle époque, qui évoquait  un orient fait de raffinement et de sauvagerie, de sensualité et de cruauté, faisant claquer les couleurs et les motifs, enchevêtrant les corps dans une danse d’amour ou un combat.

Sombres, soyeux et veloutés, je n’ai jamais réussi à choisir entre les deux, les envisageant plutôt comme un couple infernal, terribles divinités chthoniennes, priées parce que craintes, dont on se fait des alliées, mais dont il convient de se méfier.

Les deux allient tenue et sillage, franchement difficiles à porter, définitivement pas destinés à un usage quotidien, à moins d’assumer  cette violente sensualité et les réactions qu’elle peut générer. Le musc n'est définitivement pas social, ni consensuel, vous voila prévenus.

Musc Koublaï Khan, Serge Lutens et Christopher Sheldrake pour Serge Lutens, Salon du Palais Royal, 1998
Musc Ravageur, Maurice Roucel pour les Editions de ParfumS Frederic Malle, 2000

jeudi 25 novembre 2010

Perfection


Audrey Hepburn en petite robe noire signée Givenchy dans Breakfaste at Tiffany’s, c’est tout simplement parfait. Même plus une inspiration, juste un moment de grâce absolue.



Yves, Marcel ... et moi!

D’après sa biographe (Laurence Benaïm) YSL n’a jamais voulu terminer La Recherche parce qu’il avait peur d’être trop triste, il ne voulait pas connaître la fin. Je peux comprendre, mais je me demande comment on peut comprendre Proust sans lire toute la recherche. Moi, je comprends différemment (et mieux, je pense) à chaque relecture et je pense que la fin est vraiment indispensable dans ce qui est un cycle au vrai sens du terme. Oui, la recherche tourne vraiment sur elle-même et invite obligatoirement, inévitablement à une relecture qui est bien plus qu’une deuxième lecture du livre, mais une lecture d’un deuxième livre.

C’est sans fin pour mon plus grand bonheur.

D’autant que le livre change au fur et à mesure que nous changeons.

Ai-je déjà dit ici que j'aimais Proust?

mardi 23 novembre 2010

intelligence en bouteille verte

Issey Miyake avait fait très fort avec son Eau d’Issey. Tout était parfait: la communication, le flacon et surtout l’odeur à la fois représentative de l’époque et originale. La suite ne fut pas à la hauteur en termes de succès. Le Feu s’est éteint et A Scent semble prendre un chemin de traverse qui ne le mène pas au succès.

L’odeur qui se veut un concept évocateur de l’air est un paysage végétal peint en vert. Le galbanum s’impose et se maintient sur la durée, cinglant comme de hautes herbes qui peuplent une plaine hivernale. On voit loin, mais il n’y a rien à découvrir que le vide et la solitude. C’est une gifle comparable à celle du gel qui mord les joues. Pourtant un début de printemps laisse deviner parmi ces herbes quelques fleurs, jacinthes presque acide dont on suppose la présence bleutée au milieu du vert comme un écho au ciel haut et froid. Les brouillard lointain en se dissipant laissent apercevoir à l’horizon une montagne haute et boisée. Il n’y a pas d’histoire, pas de sentiment, de souvenir charmant. A Scent n’a pas grand-chose à offrir en dehors de sa très grande beauté, splendeur altière et glacée, ce qui est beaucoup peut-être pour ses admirateur, mais bien peu pour une époque qui préfère la joliesse mignarde des gourmandises niaises toute plus ou moins sortie de la même fabrique. Dans son austérité, il a quelque chose de la Divine, peu aimable, mais digne de notre adoration. Prions pour qu'il ne nous prive pas de sa présence par une retraite prématurée. (J'avoue envisager de faire des stocks, il ne semble pas trop bien se porter.)

Dans son refus de la facilité, il s’affirme cérébral et c’est quelque chose de trop rare à notre époque qui le condamne à faire partie de cette famille mal aimée des parfums qui refusent de se plier aux modes ineptes. Il est intransigeant  et cérébral la ou on réclame du sentiment et de la sensualité facile. Un parfum parfait pour les esthètes et les intellectuels qui préfèrent convaincre plutôt que séduire. Donnez lui une chance, surtout lorsque le froid arrive, il me semble encore mieux révéler sa beauté lorsque les températures sont au plus bas.

A Scent, Daphné Burgey pour Issey Miyake, 2009

Draps propres et sueur

Déclaration pourrait être décrit comme un boisé épicé avec des notes d'agrumes et ça ne voudrait rien dire... 
Colton Ford
Colton FordPour moi, déclaration est avant tout la rencontre de deux notes, deux univers, diamétralement opposés. D'un coté, des senteurs fraîches, d'agrumes juteux qui évoquent le propre d'une façon crissante, presque cassante comme des draps trop amidonnés qui vous donnent cette sensation de froid  qu'on éprouve toujours dans les hotels; de l'autre, avec une note boisée blonde qui les relie, une note épicées (cumin) qui évoque de façon très nette le sale en général, et la sueur en particulier. Tout cela aurait pu donner un parfum qui évoquerait un déodorant bon marché sur un macho mal lavé, mais l'ensemble au lieu d'être simplement superposé ou de laisser découvrir une note après l'autre, est absolument fondu et donne une odeur qui a les qualités des deux autres tout en étant unique et absolument lisse. C'est un effet totalement fluide et sans aspérité, d'une belle sobriété. Minimaliste, peut-être, mais sans pauvreté, Déclaration semble évident comme la chemise blanche ou la petite robe noir avec sa sensualité sans lourdeur. Il m'a immédiatement donné cette sensation de classique, doux et élégant, même si je peux comprendre que l'aspect "aisselle" puisse déranger.

Déclaration, Jean-Claude Ellena pour Cartier, 1998

mercredi 17 novembre 2010

Retour en arrière

Découvrir Ombre Rose et se rendre compte qu’il date de 1981 est comparable à retrouver une photo d’une grand-mère chérie et réaliser qu’en réalité, non, il s’agit juste d’un portrait, version sépia, d’une petite cousine en tenue rétro. C’est amusant, plaisant mais dans le fond très anecdotique.

Sarah Moon pour Cacharel
Dans un décor Louis XVI Impératrice, on découvre quelques fleurs, jolies roses anciennes, décolorées, qui se languissent dans un vase. A coté, un poudrier fracassé qui a répandu son contenu dans tout l’appartement, recouvrant tout d’une trace blanche et duveteuse. Un soupçon d’aldéhydes très discret soutient le tout pour lui donner une intensité qu’il aurait pu ne pas avoir si cette concession à la modernité n’avait été consentie.

Je pense à un N°5 simplifié et pris à l’envers : le petit fond propre à peine poudré est devenu la star du parfum, le cœur de fleur est franchement diminué et les aldéhydes imperceptibles. On dirait l’ancêtre honteux de sa chimie de synthèse, finalement plus artificiel de vouloir cacher ses petit secret.

Je l’aime bien, petit plaisir, enveloppant et douillet, pris en passant, mais le trouve aussi démodé maintenant que lors de sa sortie avec ses brumes opaques et trop denses de poudre de riz vanillée. Depuis, Trésor de Lancôme et Flower by Kenzo on fait mieux, tout aussi caressants et poudrés mais moins vieillis. Je m’étonne d’ailleurs toujours de le trouver encore en rayon, devenu un peu malgré lui un parfum de niche hors d’âge. Cosmétique, on pourra l’utiliser pour assortir à sa crème de nuit. Passéiste, il comblera les fans de vintage plus ou moins authentique, mais semble tellement en décalage avec son époque, encore plus avec la notre, qu’on hésite à croire que certaines peuvent le porter au quotidien. Attention, Ombre Rose vous rajoute 10 ans en deux pschitts.



Ombre Rose, Françoise Caron pour Jean Charles Brosseau, 1981

mardi 16 novembre 2010

Réflexions parfumées désabusée en passant...

Il m’arrive d’avoir des pensées monstrueuses. Cet après-midi, j’ai envisagé la disparition de la maison Guerlain. Et ça ne m’a pas traumatisé. Je n’en ai pas été plus bouleversé que cela. Je sais que pas mal d’aficionados vont hurler au scandale ; mais elle ne me manquerait pas plus que cela. Je regretterais un beau patrimoine, mais Guerlain a perdu la faculté de m’émerveiller, de m’enchanter. Non, je n’attends plus ses nouveautés avec impatience, je ne mise plus sur cette maison avec espoir, elle m’indiffère, est devenue pour moi une marque banalisée qui n’apporte plus grand-chose depuis des années. Je le regrette. Et j’en suis à me demander maintenant s’il y a vraiment une marque sur laquelle je mise. J’aime beaucoup l’Artisan Parfumeur et Annick Goutal, mais…

Finalement, peut-être que j’ai dépassé ce stade et que seul l’odeur m’intéresse ? Je n’en suis pas persuadé car certaines maisons me semblent toujours infréquentables, mais je laisse quand même de plus en plus d’apriori derrière moi ; ce qui n’est peut-être pas une mauvaise chose.

C’est tout un pan de mythologie qui s’effondre dans un coin de ma tête, mais peut-être la part belle au créateur? Cet inconnu absolument pas médiatisé auquel on ne pense quasiment jamais. Finalement, mon attachement à l’Artisan vient peut-être aussi du fait qu’il le laisse s’exprimer ? Peut-être même que seule la création reste, seule l’odeur ayant survécu à la publicité, au commerce, qui prétendent m’imposer un imaginaire, fascinant et beau parfois, certes, mais qui m’est étranger ?

dimanche 14 novembre 2010

À chacun ses madeleines…

Plus je fréquente Comme des Garçons, et tout particulièrement la série synthétique, plus j’apprécie le travail effectué. Oui, c’est déconcertant, mais je trouve que c’est résolument actuel et novateur. Le coté chimique est parfaitement assumé et l’inspiration radicalement contemporaine peut véritablement toucher le pur urbain que je suis. Je n’ai pas connu des vacances à la campagne, chez une grand-mère tant aimée qui portait l’Heure Bleue, passant des heures à jouer à chat avec ma petite cousine habillée de vichy rose d’une façon très  petites filles modèles…  Mon imaginaire est autre, un peu moins aristocratique, un peu moins bourgeois. Ou peut-être suis-je juste lassé des éternels mêmes clichés. 

Original
Tar me parle. Résolument orienté "bleu de travail", il évoque le goudron de façon très directe, jusqu’au malaise, tant on perçoit la réalité de la matière: noire, dense et luisante. C’est une odeur de route des vacances, au moment de l’embouteillage pour cause de réparation de la route: les fenêtres de la voiture sont ouvertes et sur la banquette arrière, accablé de chaleur, je regarde,un peu nauséeux, troublé par l’odeur qui envahi l’habitacle sans comprendre qu’il s’agit de sensualité, les ouvriers qui réparent la chaussée, sans vraiment les voir, rêvant à demi. Assez vite, le parfum gagne de la vitesse et l’odeur, quittant l‘embouteillage, se fait plus transparent et voilé d’un nuage de poussière, évoluant vers une tonalité un peu plus caoutchouteuse. Je parle de poussière, parce que le contexte n’admet pas vraiment des termes comme poudreux ou soyeux, mais c’est pourtant bien dans le même ordre d’idée…

C’est assez fascinant. Terriblement inhabituel mais au final, pas plus dérangeant ou importable qu’un autre parfum lourd. La plupart des gens ne vont pas directement reconnaître l’odeur de l’asphalte et, si la tenue est bonne, surtout sur les vêtements, on ne peut pas franchement parler de sillage, ce goudron étant plutôt un parfum de peau.


Tar, Series6, Comme des Garçons, 2004

mercredi 10 novembre 2010

Combien?

Il y a toujours bien quelqu’un pour poser la question « mais tu as combien de parfums au juste ? » Force est de répondre évasivement que je ne sais pas vraiment ou que j’ai arrêté de compter, ce qui signifie pour le premier imbécile venu : beaucoup et même trop. Pour répondre honnêtement, il faut bien ensuite passer aux sous-questions qui augmentent le malaise.


- Par combien ? Tu veux dire combien de flacons ou combien de parfums différents ?

- Des concentrations différentes et des variations, ça compte comme un parfum en plus ou on considère que c’est le même ?

- Etc

Assez facilement, à cet exercice, on passe pour malade mental, boulimique, frivole ou Dieu sait quoi. La princesse Diana avec ses robes couture à la pelle passe pour une sainte, moi avec une trentaine de parfums pour un freak. Oui, c’est la vie et c’est mal fait.

mardi 9 novembre 2010

Lanvin, H&M et quoi encore?

Le concept est enthousiasmant : un créateur reconnu se met aux services des masses via H&M pour une rue plus belle, plus mode… Lagerfeld s’y est prêté avec un vrai talent, en jouant vraiment le jeu : du style, mais adapté aux matières et aux coupes de la grande distribution. Le résultat était vraiment convaincant et sans compromis quand à la touche Lagerfeld qui était bien présente. Depuis, d’autres s’y sont risqué, moins médiatique, espérant ainsi toucher un public plus vaste, de façon plus ou moins intéressante.

Cette année, c’est Albert Elbaz qui s’y colle. Tellement connu que ça s’appelle Lanvin pour H&M. et encore, j’aimerais savoir ce que représente Lanvin pour la gente non modeuse de base ? Jeanne et Marie-Blanche stylisée par Erté, le bleu de certaines cravates et…

Dans l’absolu, le résultat, c’est ?

Bof


J’ai franchement l’impression qu’Elbaz n’a pas vraiment joué le jeu. La mini-collection est inspirée par les années ’80 à l’exception de deux petites robes ’50, concession à Mad Men. On a la sensation qu’Elbaz s’est assis devant sa télé et a pompé le look Dynasty, pas une mauvaise idée en soi, j’aime assez personnellement. Joan Collins et ses copines sont toutes là, power dressed à mort. Alors, on brush ses cheveux et on fonce ?
Dynasty, l'original


Lanvin pour H&M
 
Le style méritait d’être revisité, sauf que j’ai l’impression qu’il y a erreur complète. La citation est quasi littérale, proche du déguisement rétro, et les pièces choisies semblent systématiquement être les mauvaises pièces, celle qui vont se démoder tellement rapidement que malgré un aspect soir certain, on en aura déjà marre à Noël. Un peu triste pour une collection sortie à la mi-novembre. Pire encore : ce qui a été retenu, c’est systématiquement ce qui faisait riche et luxueux ; voila qui passe mal chez H&M ou on ne trouvera ni beaux tissus, ni coupes savantes. C’eut été bien plus malin de décliner le style dans le coton tout simple et des coupes graphiques simplifiées. Ici, on a des chiffons qui évoquent de carnaval pour gamines de 8 ans. Finalement, quand H&M fait du H&M avec son équipe de créateur maison, c’est franchement mieux…

Confessions extatiques

Il faut que je commence par confesser un rapport particulier avec cette matière qu’est l’encens, dû peut-être à une éducation ou mes institutrices furent notamment des bonnes sœurs et certain professeurs des prêtres en soutanes ou à un goût "fin de siècle" dépravé qui aime voir flamboyer le gothique…

Oubliez le bâtonnet d’encens à l’austérité protestante Low Church. Comme des Garçon avec Avignon nous invite à redécouvrir les splendeurs du rite romain.

Sainte Thérèse, Le Bernin
Un prêtre s’avance balançant un énorme encensoir en vermeille qui scintille à la lueur des cierges votifs. Il semble défaillir mais est-ce sous le poids de l’objet, massif, ou sous la volupté de la fumée bleuâtre qui s’en échappe ? Les volutes de l’encens à l’odeur riche et résineuse se tordent dans les jeux de la lumière filtrée par les vitraux, elles vont caresser les monstres sculptés dans la pierre froide, humide, et s’unir au bois des antiques crucifix… J’avoue que dans cet espace magique tout en clair obscur, coloré, je suis moi-même un peu haletant, prisonnier d’une ivresse sacrée, peut-être près d’atteindre cette volupté que je distingue subitement lorsque l’encens va soudain caresser la statue d’une Sainte Thérèse extatique, ou lécher le tableau d’un Saint Sébastien languissant.

Avignon, conduit à une extase un peu mystique, ne s’explique pas, mais se révèle.

A éviter par ceux à qui l’église n’évoque que les enterrements. Son sillage discret le rend plus facile à porter, car il peut révulser autant que séduire l’entourage, jouant très fort avec l’imaginaire occidental, il ne laissera pas, en tous cas, indiffèrent. C’est un vrai bonheur de voir, le travail de Comme des Garçons qui nous a habitué à des expériences fortes, intéressantes et dérangeantes, s’engager vers une forme plus classique, parce que ça reste loin de la facilité ou de la sécurité.


Avignon, Series3,Bertrand Duchaufour pour  Comme des Garçons, 2002


mercredi 3 novembre 2010

Bougies de saison

Avec le froid qui arrive, il est temps de penser à faire provisions de bougies parfumées pour la maison, histoire de se raconteur une histoire qui réchauffe. Aussi indispensable à mon avis que les parfums de peau, elles donnent un supplément d'âme à la maison.Voici mes classiques préférées pour l’automne.

Chêne de Diptyque : un grand classique vert et boisé sur fond de mousses. Une bougie qui donne l’impression de recevoir la visite d’un bûcheron, solide et chaleureux. Un bûcheron poète aussi.

Thé et pain d’épices de l'Artisan Parfumeur: un vrai goûter de fête : pain d’épices, orange et miel, marié à du thé fumé (Bien que je préfère le Lapsang Souchong avec du salé, pourquoi pas ? Au nez, ça fonctionne bien) Les fruits confits y luisent comme des joyaux rouges et verts.

Cuir et feu de Mizensir : une ambiance de bibliothèques remplie de volumes reliés en cuir, dans l’âtre au bout de la pièce, un feu de bois.

N’hésitez pas à les mariez entre elle : rien ne vous interdit de discuter avec un bûcheron autour du thé dans une bibliothèque !

Center Stage, Chine années '20.


De Canton à Shanghaï, Maggie Cheung Man-yuk incarne Ruan Ling Yu, la Marlene Dietrich Chinoise, harcelée par la presse, suicidée, dans un film mélangeant documents d'époque et interviews: une réflexion sur la célébrité, un film touchant et dangereusement beau. Maggie semble y préparé ses poses esthétisantes de In the mood for love. Attention: donne de furieuses envies de Qipao Art Déco.


Center Stage - Yuen Ling-yuk,  Stanley Kwan, 1992

lundi 1 novembre 2010

S'en aller tous les deux, voir le sud de l'Italie...

Fermer les yeux, détendez-vous et sentez l'eau d'Hadrien... Respirez...

Vous êtes sur une terrasse avec des amis après un fou rire. Tout est subitement calme, apaisé. vous profitez du soleil en contemplant le paysage toscan. On vous sert un verre de limoncello. Au loin, le vent agite les cyprès. Vous êtes bien. Vous vous dites que c'est ça le bonheur, la vraie vie...

Voila pour moi, tout le charme de l'eau d'Hadrien, dont je n'ai jamais vraiment établi le lien avec les Mémoires. Un pur moment de bien-être, quelque chose de rare. Oui, ça sent le citron, comme le disent certains en un résumé facile, un très beau citron, sucré et juteux, gorgé de soleil, pas une chose acide de limonade ou de liquide vaisselle. Le citron plus un très beau contexte paysager. C'est une Cologne réinventée, naturelle, terriblement évocatrice et, Hélas!, terriblement fugace. Un plaisir éphémère, mais renouvelable à l'infini, Dieu merci!

Pas un parfum du mois de novembre. Alors, justement, portons-le et souvenons-nous des beaux jours, puisque tout est gris.