mardi 9 novembre 2010

Confessions extatiques

Il faut que je commence par confesser un rapport particulier avec cette matière qu’est l’encens, dû peut-être à une éducation ou mes institutrices furent notamment des bonnes sœurs et certain professeurs des prêtres en soutanes ou à un goût "fin de siècle" dépravé qui aime voir flamboyer le gothique…

Oubliez le bâtonnet d’encens à l’austérité protestante Low Church. Comme des Garçon avec Avignon nous invite à redécouvrir les splendeurs du rite romain.

Sainte Thérèse, Le Bernin
Un prêtre s’avance balançant un énorme encensoir en vermeille qui scintille à la lueur des cierges votifs. Il semble défaillir mais est-ce sous le poids de l’objet, massif, ou sous la volupté de la fumée bleuâtre qui s’en échappe ? Les volutes de l’encens à l’odeur riche et résineuse se tordent dans les jeux de la lumière filtrée par les vitraux, elles vont caresser les monstres sculptés dans la pierre froide, humide, et s’unir au bois des antiques crucifix… J’avoue que dans cet espace magique tout en clair obscur, coloré, je suis moi-même un peu haletant, prisonnier d’une ivresse sacrée, peut-être près d’atteindre cette volupté que je distingue subitement lorsque l’encens va soudain caresser la statue d’une Sainte Thérèse extatique, ou lécher le tableau d’un Saint Sébastien languissant.

Avignon, conduit à une extase un peu mystique, ne s’explique pas, mais se révèle.

A éviter par ceux à qui l’église n’évoque que les enterrements. Son sillage discret le rend plus facile à porter, car il peut révulser autant que séduire l’entourage, jouant très fort avec l’imaginaire occidental, il ne laissera pas, en tous cas, indiffèrent. C’est un vrai bonheur de voir, le travail de Comme des Garçons qui nous a habitué à des expériences fortes, intéressantes et dérangeantes, s’engager vers une forme plus classique, parce que ça reste loin de la facilité ou de la sécurité.


Avignon, Series3,Bertrand Duchaufour pour  Comme des Garçons, 2002


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