Longtemps, je me suis cru amoureux du musc, avant de me rendre compte que finalement, non, ce n’était pas pour moi ces magnifiques délires animaux. Mes deux plus belles explorations ont été le Musc Ravageur de F Malle et le Musc Koublaï Khan de S Lutens. Les deux m’ont renvoyé à un imaginaire orientalisant et un peu décadent.
Delacroix, La mort de Sardanapale |
Musc Ravageur, le plus lascif des deux, tourne autant autour de la vanille et de l’ambre que du musc. Véritable réincarnation moderne et non poudrée, ou si peu, de Shalimar, bijou de senteur dorée pour cocotte XIXème, il me fait penser à l’Esther de Balzac, la belle juive de Splendeurs et misères des courtisanes, tantôt brune, tantôt blonde, femme fatale et amoureuse maudite, dont la psychologie n’est pas vraiment nécessaire à l’économie du roman, tant elle n’est qu’un objet de désir, miroir des hommes qui l’entourent, la convoitent et l’utilisent tour à tour. Indubitablement, il a des relents de harem tel que fantasmé par les romantiques et les décadents.
Nijinsky, 1910. |
Musc Koublaï Khan est plus franchement animal, plus épicé, plus sombre, autre genre de bijou, à la monture barbare, dont on peut penser qu’il orna la poitrine de vaillants conquérants. Il m'évoque les ballets russes, véritable choc culturel pour l’occident belle époque, qui évoquait un orient fait de raffinement et de sauvagerie, de sensualité et de cruauté, faisant claquer les couleurs et les motifs, enchevêtrant les corps dans une danse d’amour ou un combat.
Sombres, soyeux et veloutés, je n’ai jamais réussi à choisir entre les deux, les envisageant plutôt comme un couple infernal, terribles divinités chthoniennes, priées parce que craintes, dont on se fait des alliées, mais dont il convient de se méfier.
Les deux allient tenue et sillage, franchement difficiles à porter, définitivement pas destinés à un usage quotidien, à moins d’assumer cette violente sensualité et les réactions qu’elle peut générer. Le musc n'est définitivement pas social, ni consensuel, vous voila prévenus.
Musc Koublaï Khan, Serge Lutens et Christopher Sheldrake pour Serge Lutens, Salon du Palais Royal, 1998
Musc Ravageur, Maurice Roucel pour les Editions de ParfumS Frederic Malle, 2000
Etrange.... ces deux parfums sont ceux qui m'attirent le plus, et que j'ai le plus envie de tester.
RépondreSupprimerj'ai testé celui de Frédéric Malle sur peau, il m'a "dérangé" mais à chaque fois, je ne pouvais m'empêcher de remettre le nez dessus.
Quant à MKK, je l'ai testé sur touche donc je ne peux pas vraiment comparer, car on m'a dit que sur peau il est très différent.
Mais chaque fois, j'en reviens à ces énergumènes...ils m'attirent comme un aimant