samedi 11 décembre 2010

Savoir Vivre et Parfum de Thérèse

"Je n’ai plus RIEN à me mettre"

La phrase la plus répétée au monde, véritable mantra dit et redit devant des penderies vomissant des flots de vêtements qu’elles ne peuvent contenir tant il y en a, ce qui dans mon cas ne contredit nullement l’affirmation, mes penderies étant vraiment très petites. Cette petite phrase aussi indissociable de ma vie que la sonate de Vinteuil des amours de Swann et Odette, je la dit aussi devant mes flacons de parfums pourtant nombreux, pourtant probablement trop nombreux. (estimation au-delà de 30 se rapprochant dangereusement vite des 40) 

Le premier souci de tout élégant et de toute élégante, c’est d’adapter sa tenue à l’heure, au lieu et à l’occasion, ce qui de nos jours est grandement facilité par un assouplissement de l’étiquette puisque dans le vie de tous les jours, nous pouvons pratiquement passer la journée entière dans une seule tenue avec quelques légères modifications d’accessoires pour passer de la coolitude absolue au chic discret d’autant que le un peu négligé, un peu trop relax est totalement admis et généralement mieux vu que d’en faire un peu trop.
Curieusement, alors qu’en termes de vêtements beaucoup de gens ont des traces d’un certains savoir vivre formaliste hérité des années 1950, lorsque le chapitre senteurs est abordé, plus personne ne semble avoir la notion de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas et chacun de trouver absolument normal d’imposer à son entourage un seul et même parfum du matin au soir  avec pour seule variation imposée que « ça doit être plus frai en été, hein! »

Là, je bloque, je cale et je dis non, car en vérité je vous le dit il n’est pas permis à qui veut se gagner le paradis du glamour de saturer les transport en commun dès 7 heures du matin des effluves d’Angel, et je vous le dis aussi, il n’est pas charitable non plus de gâcher le petit déjeuner familiale en y apparaissant revêtu€ de Musc Ravageur qui jamais ne porta aussi bien son non. Je suis le premier à prôner le mélange des genres et à conseiller de jouer le contraste: tenue de pin up + parfum innocent, cuir de motard + fougère classique de gendre idéal, etc.  Sans ce genre de mélange, le parfum parfait ^peut même devenir franchement ennuyeux, attendu, voir vulgaire.

D’après moi, il vaut toujours mieux viser un peu plus bas avec le parfum. Tenue cool: parfum un peu moins cool. Tenus sexy: parfum un peu moins sexy. Etc. histoire de ne pas s’enfermer dans un premier degré plat et d’avoir quelque chose à raconter, une petite surprise en réserve, c’est l’option la plus sure même si effectivement, une petite surenchère de type pétasserie peut se révéler amusante et démontrer qu’on a de l’humour tout en constituant une prise de risque plus grande. (penser que vos contemporain ont de l’humour ou de la cervelle est en soi une prise de risque importante, avis perso!)

Et l’heure du jour?
Et bien oui, il faut en tenir compte, de même que la robe longue ne se porte pas chez le boulanger aux aurores à l’exception d’un trip Breakfast at Tiffany’s, on ne sort pas l’armada bien lourde des orientaux. Plus le jour avance, plus le parfum peut être sophistiqué et capiteux, c’est une question de bon sens.  Oui, c’est un peu rétro comme conception, mais essayer et vous verrez que vos parfums préférés auront BEAUCOUP plus de succès En plus, c’est une bonne excuse pour allez chercher celui (ou ceux) qui vous manque (nt)

Le matin et la journée au bureau, les hespéridés, les floraux épicées légers, les verts sont les plus faciles à porter et les plus agréables pour l’entourage immédiat. D’après le magasine Allure, ce sont aussi ceux qui vous feront paraître quelques années et quelques kilos de moins. Oui, ce genre de réflexion ne fait pas très sérieux à priori, mais ça fonctionne: imaginez une femme entre deux âges, un peu dodue, embaumant L’Air du Temps ou Angel et demandez-vous si le ressenti est le même: il y a fort à parier que la réponse sera non.

À partir de midi,  je trouve les floraux plus capiteux, les épicés, les boisés parfaits et je réserve les choses franchement capiteuses et orientales pour la fin de la journée. Méfiance en cas de restaurants: on évite de faire concurrence au plats! L’après-midi s’accommode assez bien des fruités modernes que je n’aime pas trop à force de les sentir un peu partout. Quelque soit l’heure, évitons par pitié tout ce qui dépasse le statut d’eau Fraîche lorsque l’heure est au sport: une partie de tennis disputée dans une atmosphère Opium-Shalimar est hautement ridicule!

Agne Moorehead
Oui, ça implique de prendre beaucoup de douches, option peu réaliste, ou de passer beaucoup de temps à ne porter que les parfums du matin… Un très bon truc: le parfum « à l’ancienne » celui qui évolue beaucoup. Et pour comprendre ce que j’entends par là, aller vite vous asperger du Parfum de Thérèse, l’une des plus belle chose actuellement en vente en ce moment  qui est une démonstration magistrale de ce qu’est un parfum qui évolue dans le temps, contrairement à ces choses monolithiques et sans intérêt qui encombrent les linéaires de parfumeries. Tout commence par un accorde agrume-fleur qui rappelle l’Eau Sauvage et se termine sur un accord de Prune fleurie-Cuir  boisé qui rappelle Mitsouko et Femme. Savoir comment on passe de l’un à l’autre est un secret alchimique impénétrable, un vraie belle énigme insolvable, d’autant que du début à la fin, le parfum reste une merveille d’harmonie. Oui, c’est une prouesse que ce parfum riche et complexe, un numéro de haute voltige plein de brillant et de virtuosité, un tour de passe-passe tellement bien maitrisé qu‘il en semble facile, mais c’est aussi quelque chose de très touchant, avec une vraie belle personnalité à laquelle on peut s’attacher. C’était le parfum que Roudnitska avait crée pour sa femme. Elle avait bien de la chance, c’est exactement le genre de chose qu’on imagine porté par une femme de parfumeur. Le parfum de Thérèse est un voyage à une époque glorieuse de la parfumerie, une époque ou la maison Dior tenait le haut du pavé,  une époque que je regrette beaucoup.  Ce parfum doit être senti au moins une fois pour ne pas mourir idiot. Et je ne dis pas ça de beaucoup.

Le parfum de Thérèse, Edmond Roudnitska aux Editions de parfums Fréderic Malle, 2000.

2 commentaires:

  1. En fait je ne crois pas qu'on puisse qu'E. R. l'ait créé pour sa femme....
    Dior n'en a pas voulu, ni Laroche pour ce qui devenu Fidji.
    Cela me donne envie de découvrir Diorama que je n'ai jamais senti (en vintage)...

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  2. Tant mieux pour Thérèse!
    Fidji représente la sécurité, ce qui se faisait de vendeur à l'époque, un genre de remix de l'air du temps avec du vert pour bien vendre... résultat, un parfum quasi oublié aujourd'hui, pourtant pas si mal mais anecdotique qui pourrait disparaitre sans laisser trop de regret à part à trois habituées trop feignantes que pour essayer autre chose. Une leçon pour tout ceux qui veulent jouer la sécurité de ce qui se fait: fruit, rose et patchouli ou gel douche dove cheap zéro prise de risque mais peu d'espoir pour l'avenir?

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