mardi 8 février 2011

Sagan à Hollywood

Je n'ai pas eu un week end facile. En fait j'ai eu un week end ou tout et tout le monde s'est ligué pour me cassé les pieds, un week end ou j'ai haï mon téléphone au moindre dring. Pas de chance, je ne travaille pas le vendredi donc j'ai eu droit à trois jours d'enfer au lieu de deux, chacun considérant que ce jour pour moi (ça, c'était mon idée au départ) ne devait pas être tant que ça pour moi. Et bien sûr, ce fut pire le dimanche après-midi. Je ne sais pas vous mais moi, je déteste les dimanches après-midi depuis tout petit, cette impression que tout est déjà fini, de gâchis qu'il n'est plus temps de rattraper. Cette fois, j'ai même pris du plaisir à repasser des chemises parce que ça me changeait les idées. Je crois que j'ai touché le fond; j'ai donc éprouvé le besoin d'un livre, d'une bonne comédie bien passionnante, dont on ne se sort pas même si le monde autour de nous s'écroule, qui me changer les idées et comme il y avait le challenge Françoise Sagan sur Delphine's books (tout les détails ici ) je me suis dit: Le garde du coeur. 

Pour Lewis, Jeffrey Hunter
qui a joué Jésus dans King of Kings(1961)
L'histoire: une scénariste Dorothy Seymour et sont chevalier servant Paul ont un accident de voiture: il renversent un jeune vagabond Lewis. Dorothy ramène le vagabond après son passage à l’hôpital pour qu'il se retape chez elle. Dorothy, la narratrice, 45 ans, encore séduisante, fort portée sur la bouteille et les bons cotés de la vie. Lewis, la vingtaine, beau comme un dieu avec un coté innocent attendrissant parce qu'il n'implique aucun danger. Je n'en dit pas plus car comme dit Sagan "il ne faut pas raconter un roman, surtout policier." Mais quand même, non, il n'y a pas entre eux une banale histoire d'amour, faites un peu plus que ça confiance à Françoise!

Policier? oui, il y a des morts. Mais surtout, comédie, satyre, ironie et profonde drôlerie. Ironie, mais très gentille parce que jamais vacharde. Dorothy se moque d'elle-même, de sa prose, de la vie, qu'elle aime profondément mais sans parvenir à la prendre vraiment au sérieux, mais jamais des autres. Dorothy égal Sagan? Oui, sans doute un peu. Et comme elle, attachante et volontairement légère, plus que celle à qui elle sert de masque qu'on peut devinée blessée. Le roman est court, rapidement conduit, joliment écrit mais sans fioriture et finalement modeste car lorsque Dorothy se moque, on ne peut s'empêcher de penser à Françoise se regardant elle-même et moi, je ne peut pas m'empêcher de l'aimer. Le coté histoire policière n'est en fait que prétexte à l'étude des caractères, des relations. En tous cas, j'ai finalement passé un merveilleux dimanche après-midi avec un vrai grand sourire sur les lèvres, quelques éclats de rire aussi. Un grand merci à Françoise Sagan pour cette oeuvre  peut-être pas inoubliable, mais délicieuse et plus profonde qu'il n'y parait!

et pour Dorothy, une Ava Gardner plus toute jeune,
comme dans la nuit de l'iguane, dépenaillée.
Sagan adorait Ava, la trouvait magnifique.
"Il est curieux de constater à quel point certains hommes vous obligent toujours à leur mentir. Je ne pouvais absolument pas expliquer à Paul mes innocentes occupation du samedi. Il m'aurait traitée de folle une fois de plus, et je commençais à me demander s'il n'avait pas raison."

le garde du coeur, Françoise Sagan, 1968
disponible en Pocket  et dans le Bouquin  (Laffont) consacré à Françoise Sagan, 1993

5 commentaires:

  1. Heureusement que Françoise était là alors (pour rattraper ce mauvais weekend)!

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  2. la lecture est un des seuls remèdes efficaces contre les soucis !

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  3. "Je hais les dimanches" chante toujours Juliette Gréco et elles étaient copines comme cochon, elle et Françoise, elle lui a même écrit des chansons... Ton billet retrace à merveille cet esprit Sagan où l'ennui est la pire catastrophe qui puisse arriver à l'humanité ! Et pour s'en distraire, elle savait comment y remédier sans perdre son auto-dérision et son désir d'avancer, quitte à laisser quelques cadavres derrière elle... Et bien, tu sais quoi faire le dimanche quand tu t'ennuies ?? Asphodèle. P.S : ah au fait très belles tes photos, surtout le Môssieur, il incarne très bien le Alan décrit dans Les Merveilleux Nuages !! Du sur mesure...

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  4. Je lutte contre l’ennui. Mais pas trop. Je trouve qu’il est bon aussi de s’ennuyer d’avoir du temps pour ça. Du temps où on peut prendre un livre. Etre créatif. Parcourir le net, écrire un billet et partager une expérience. Je ne voudrais pas d’une vie ou un certain ennui n’a pas sa place. J’aime le mote de Richelieu à propos de l’ennui : « je ne m’ennuie pas, ON m’ennuie. »

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