Arrivé au fond du flacon de Néroli, je me pose la question de savoir si je rachète ou pas. J'ai des arguments pour : j'aime beaucoup la fleur d'oranger et celle-là, clairement signée et identifiable grâce au côté juteux des Goutal est particulièrement réussie, elle évite le coté alimentaire et le coté enfantin, elle est fraîche comme une Cologne et j'aime beaucoup son départ crissant, presque vert, mais a une tenue d'enfer (deux jours de parfumage sur une écharpe), j'ai vidé la bouteille très vite et j'ai pris beaucoup de plaisir à chaque fois. Sauf que me poser la question, c'est un peu y répondre, ça range le parfum, si beau et agréable soit-il dans la catégorie « pas indispensable » mais en même temps, peut-être que j'y reviendrai un jour.
Curieusement, un parfum pour lequel, je ne me suis JAMAIS posé la question et aussi un de ceux que je porte le moins : l'Heure Exquise, toujours chez Goutal. Je me dis juste que je ne peux pas vivre sans ce si bel iris aux tonalités rosées, ce parfum rare qui pour moi est terriblement intime au point que je me dise parfois que « non, je ne peux pas le porter aujourd'hui, pas pour ces cons » et que je garde pour le petit cercle, finalement très restreint des gens avec lesquels je me sens bien. Je suis bien persuadé que je suis le seul à en profiter et que la plupart des gens n'en ont rien à faire de mon parfum. (« Je ne suis pas folle, vous savez ! ») N'empêche.
Il y a peu, en fouillant dans mon stock d'échantillons, je me suis rendu compte que je pouvais aimer la rose, domaine que je n'ai encore jamais exploré, qui me faisait plisser le nez. Et là, je sens que j'ai envie d'investiguer un peu, d'aller voir si... Finalement de vivre avec un nombre restreint de parfums, c'est assez facile, même pour moi. J'ai juste légèrement revu mon critère : plutôt que « rester sous la barre des dix » j'opte pour « tout doit tenir dans ma trousse de toilette », ce qui ne change pas grand-chose en pratique, mais se visualise mieux. En tous cas, c'est bien plus simple le matin et je me prends moins la tête. Pour ce qui est de se passer de la maison Chanel, c'est aussi plus facile que je ne l'eu cru d'abord : le seul pour qui j'éprouve des regrets de temps à autre, c'est Bois des Îles. Je ne m'en rendais pas compte, mais c'est le plus beau, le plus riche, de la bande, celui qui pourrait valoir tous les autres et bien plus. Maintenant, je sais. (Et je ne suis pas particulièrement accro au santal…) Je crois que j'aurais plus de mal à me passer de Goutal.
Ce qui est vraiment génial avec Néroli c'est ce départ vert craquant comme si se cassait une fine pellicule... alors que le fond reste présent malgré la timidité apparente de la fragrance. Cela prouve que certains muscs bien utilisés ne transforment pas forcément un parfum en lessive (autre exemple : Eau de Gentiane Blanche).
RépondreSupprimerTu connais ma prescription pour la rose : Ce Soir ou Jamais.
En ce qui concerne Chanel, je pense que tu as fait une bêtise, voilà c'est dit ! :-)
Ce départ, il m'évoquat plutôt la craie sur le tableau qui crisse... Moins agréable comme métaphore, mais j'adore.
RépondreSupprimerPour le reste, je savais. Et tu as peut-être raison. Mais en même temps, il y a une vraie jouissance à se réinventer.