J’aime beaucoup Madame Bovary. Je l’ai toujours beaucoup aimée, dès ma première lecture adolescente. Je trouve le personnage totalement moderne. Cette femme est totalement de notre époque. Madame Bovary jeune a beaucoup lu dans son pensionnat, beaucoup rêver et la vie lui a fait tomber toutes ses illusions une par une, n’a tenu aucune promesse. Alors, Madame Bovary compense, veut croire à l’amour, à cet embrasement qu’elle a lu, surtout, Madame Bovary dépense, s’achète de jolies robes, de merveilleuses écharpes, des meubles à la mode… Madame Bovary veut continuer de rêver et se surendette. Et c’est ça qui la tue. Madame Bovary ne meurt pas d’amour, elle ne se suicide pas pour un homme, elle fuit les créanciers.
Le roman est un roman de la déception fasse aux promesses mensongères de l’art et de la vie. Personnellement, je peux tout à fait m’identifier à ça, me dire que bien que j’ai fait les études comme il fallait, trouver du travail et tout et tout, la vie n’est pas ce que j’espérais, ce que j’attendais. Et j’ai aussi envie de compenser, de me faire plaisir, de prendre une revanche sur la vie qui m’a joué des tours…
Je ne suis pas certain qu’on soit sorti du romantisme et des promesses de lendemains qui chantent. Ce schéma que dénonce Flaubert, il est toujours là. D’ailleurs, le surendettement est un sujet éminemment d’actualité. La révolte d’Emma contre le sordide de son monde n’est pas une attitude qui me semble datée : stérile, vaine, sombrant dans le sordide mais pas périmée. Madame Bovary est-elle coupable, folle ou n’est-elle qu’une victime de son époque, de son éducation ? Une victime de l’usurier qui lui prête de l’argent, lui dit que c’est facile, qu’il n’y a pas de problème, qu’il suffit de signer… Comme cela semble contemporain, actuel.
Le message du roman qui met en garde contre les pièges de l’imagination et du romantisme ne me semble pas avoir vieilli et la langue de Flaubert est magnifique. Un classique, un indispensable, un des livres que j’ai le plus aimé !
Madame Bovary, Gustave Flaubert, 1857.
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