vendredi 5 octobre 2012

aldéhydes pauvres


J’ai fait mes devoirs et me suis emparé d’un flacon vintage de Cléa d’Yves Rocher. Ouvert à toutes les expériences, prêt à l’extrême et à admettre mon flagrant délit de snobisme  au cas où…

Lancé en 1980, Cléa reprenait les codes du chic des décennies précédentes et offrait à toutes les femmes la chance de porter de l’aldéhydé grand genre. L’ouverture est séduisante : la bouffée d’aldéhydes poudreux-savonneux évoque clairement Madame Rochas que j’adore. C’est très joliment et finement réalisé, moi qui adore ce genre, j’avoue, j’aime beaucoup. Hélas, sans surprise, tout se gâche assez vite, une fois la tête envolée, ne reste sur peau qu’une odeur de savon assez sèche. Où sont les fleurs ? Où est le fond ? On retombe de haut ! Certes, ça sent le propre, mais franchement cheap ! Le côté sec peut faire penser à Calèche, je veux bien, mais là ou Hermès donne de la retenue aristocratique à son parfum avec un fond boisé-sale, Yves Rocher fait franchement figure de parent pauvre, de cousine nécessiteuse alors justement qu’il s’aventure sur le domaine du parfum bourgeois par excellence. Quand on a qu’une robe rapiécée à offrir en spectacle, on ferait mieux de s’abstenir et de ne paraître dans le monde.

Je suis le premier à admettre que mes goûts sont ceux d’une cocotte, plus encore que ceux d’une bourgeoise, mais être une cocotte, ça ne supporte pas la médiocrité, ça doit être joué  grand genre ! Garder loin de moi ces bijoux de pacotille, ces oripeaux mal coupés, je veux du luxe, du vrai et jamais une pâle imitation ne pourra me convenir ! OK, je suis snob.

Cléa, Yves Rocher, 1980.

6 commentaires:

  1. Le goût du parfum est sans aucun doute le goût du luxe du point de vue sensoriel, un petit brin de ce luxe dans un flacon, c'est rêver de tous ces lieux et de tous ces moments que les parfums nous rappellent. Pourquoi devrions-nous aimer les senteurs « cheap »? Personne n’est obligé de porter un parfum, c’est notre choix à nous, il est également possible de se parfumer très subtilement en se lavant avec des savons excellents.
    Il se peut effectivement que nous soyons des snobs…
    Seulement préciser : si par hasard vous regardez la traduction du mot « snob » en espagnol vous trouverez, entre autres possibilités, le mot « pijo ». C’est incorrect, un « pijo » est un espagnol qui n’apprécie que l’Espagne et plus particulièrement la partie de l’Espagne où il habite (que ce soit Madrid, Barcelone, Séville, Bilbao ou autres), les frontières des « perfumistas snobs » sont toutes autres, le goût raffiné, les senteurs outrées, le risque des senteurs sales ou dérangeantes… vous comprenez bien ce dont je vous parle.
    Très cordialement,
    Sara

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    1. Le snobisme des perfumistas est très probablement un vice, le dévoiement d'un sens, mais aussi une éthique car nous ne recherchons pas nécessairement et pas uniquement le bizarre, l'étrange, l'extravagant, mais aussi l'excellence.

      Je crois que je traduirait plutôt "pijo" par chauvin, il me semble... non?

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    2. Oui, "chauvin", c'est juste ça.

      Salutations.

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  2. Euh oui mais je me souviens très mal de ce parfum. Idem pour Ispahan ( signé Maurice Roucel je pense ? ). Yves Rocher s'est bien amélioré pour le parfum et d'ailleurs pour l'ensemble de ses produits. Il y aura bientôt le lancement de 2 soins " anti-âge " globaux à 48 € le pot, un prix conséquent pour la marque. " Lilas Mauve " d'Annick Menardo me rappelle vraiment le lilas que j'ai connu enfant, un lilas détrempé de rosée aux toutes premières lueurs de l'aube, quelque part dans le Lot-et-Garonne côté Quercy. C'est vrai que je l'utilise aussi comme brume d'oreiller ou de linge mais pas seulement. Je l'aime vraiment beaucoup, je ne le trouve pas cheap contrairement aux deux autres de la collection " Un matin au jardin ", qui sont moins réussis à mon avis. J'ai senti Purple Elixir cet automne, là pouah ça ne sent pas bon du tout. Les " petites eaux " pêche, pomme d'amour cet hiver et bien elles sont dans les wawa d'accord, sinon si Yves Rocher est historiquement chef de file du cheap, il est devenu bien plus pointu avec les années. Certains produits rivalisent allègrement avec le high end, certes ils sont minoritaires et le parfum en général n'en fait pas vraiment partie.

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    1. Le concept Lilas tout simple me semble une bonne idée en soi. Un peu comme Roger & Gallet et les colognes basiques mais terriblement bien faites. C'est simple, mais joli et là, on peut faire de la qualité à bas prix sans trop de souci. Le parfum bon marché qui se la joue "dame" ou "luxe" qui, par contre, ne fonctionne jamais vraiment...

      Quant au soin... J'avoue fréquenter surtout les pharmacies en raison d'une peau très réactive. En parfumerie, je dois soigneusement sélectionner...

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  3. Hello,

    Oui c'est absolument vrai. Je soulignais juste l'évolution d'une marque que je connais depuis environ 35 ans ! " Cléa " a eu beaucoup de succès, je ne me rappelle pas le jus. Evidemment Yves Rocher ne peut pas rivaliser avec certaines marques, la cible étant très différente. Quoique... C'est bien la 1ère fois que je vois des prix pareils pour une crème visage. Les soins ont une réputation très mitigée, certains sont bons ( voire plus ), d'autres pas. La gamme Bio, peu coûteuse et simple, est vraiment pas mal du tout. Mais en cas d'allergie bien sûr c'est direction parapharmacie avec des soins adaptés : Jonzac et autres bien connus. Yves Rocher s'est mis au parfum, là aucun doute par rapport aux toutes premières eaux de toilette, de grands nez ont collaboré avec la marque, pour autant il y a une grosse faille dans les parfums classieux, je suis évidemment d'accord avec vous. Comme vous dites ce sont les valeurs simples qui sont intéressantes dans certaines marques, je pense à Yves Rocher, Durance, L'Occitane, Fragonard etc..
    Le cheap " qui se la joue luxe " pour vous citer, il n'y a pas pire et chez Zara c'est flagrant, très bas niveau et bien plus bas qu'Yves Rocher à vrai dire.
    Le plus grave c'est de trouver des parfums pseudo-classieux chez Sephora - ou ailleurs - je cite juste Diane qui en est l'exemple-type, mais il y en beaucoup d'autres !
    Bonne soirée.

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