vendredi 8 octobre 2010

Le parfum de Maman

Le parfum proustien par excellence, c’est l’Heure Bleue. Mais Guerlain n’a pas le monopole et d’autre se sont lancé dans l’aventure dont Annick Goutal qui ne s’est pas cachée d’une inspiration identique: le passage du jour à la nuit.

Vue du Jardin depuis la maison
de vacances des Proust 
L’histoire racontée par Goutal est radicalement différente pourtant, exactement comme chez Proust les thèmes et le motifs sont multiples et enchevêtrés.  Nous sommes à la campagne, la campagne de citadins qui remplissent leur jardin de fleurs pour y passer les soirée lorsque la chaleur les force à quitter Paris. Il y a d’abord un souffle vert suivi d’une rose opulente mais qui n’écrase pas le reste du bouquet. Ensuite vient l’iris, fleur que j’aime beaucoup, traité d’une façon extrêmement équilibrée: je n’arrive à savoir si je sens l’odeur d’un parterre porté par le vent ou celle de la poudre de riz des dames.  Ce parfum qui s’accroche à maman, c’est celui du baiser du soir: un moment de pur bonheur, de sérénité ou Marcel sent que rien de mal ne peut arriver puisque maman est là, mais un moment qui porte en lui son poison puisqu’il va déboucher sur la séparation. Comme Marcel, on voudrait le retenir, s’accrocher, le faire durer tout en sachant que ce n’est pas possible, que des pleurs gâcheraient tout, y mettrait peut-être fin à jamais.

L’heure exquise ressemble beaucoup au N°19 dans sa structure mais que le résultat est diffèrent! Romantique et incroyablement flatteur comme seuls les Guerlains savent l’être mais dépourvu de ce fond de sensualité de la cocotte Odette, je n‘ai jamais réussi à savoir s‘il fallait vraiment le porter ou l‘enfermer pour le respirer en un moment privilégié juste pour nous deux.

Et pour l‘anecdote, je n‘ai pas de chance, lorsque j‘était enfant, ma maman ne se parfumait pas. C’est peut-être un bien puisque je peux lui associer l’heure exquise. Mon Dieu, quand je pense à certaines horreurs que des enfants vont associer à leurs mères, je frémis!


L’heure exquise, Annick Goutal, 1984

2 commentaires:

  1. Ah ! L'Heure Exquise !!! C'est surement un des Goutal qui me touche le plus !!!

    Mon Dieu... ce départ acre et poudré, où la beauté de l'iris et une odeur grise, un peu d'encens peut être, monte au nez, ah ! je craque !

    Il y a une petite note verte qui rappelle vaguement le côté 19 du parfum, mais aussi la classe classique de Chamade, non ? En moins rose après ... Parce qu'après, c'est très crémeux, fondant sur la peau (la mienne en tout cas) et avec toujours la délicatesse de l'iris, qui se pose magistralement en reine !

    Je le vois bien porté dans un endroit calme, un peu oppressant, sur mon écharpe (la bleue et grise), un endroit genre confessionnal d'église... je sais pas pourquoi ^^

    Vive l'odorat !

    RépondreSupprimer
  2. Chamade, oui. C'est l'un des plus distingués de Guerlain. Assurément l'un de ceux qui joue le moins sur le fond de sensualité propre à la marque. Et on ne peut vraiment pas qualifié l'heure exquise de sensuel. Je pensais plutôt à un petit coté Vol de Nuit, mais c'est probablement parce que je connais mal Chamade.

    RépondreSupprimer