Bonne surprise en tête de gondole des librairies: un livre sur Sagan. Un livre de photos et un peu de texte qui nous rappelle sa vie et que son oeuvre n'est pas anecdotique. J'aime beaucoup Sagan, depuis toujours.
Son écriture à une légèreté qui n'est qu'une forme de politesse, une gentillesse parce que ça ne se fait pas d'emmerder les autres avec ses problèmes, de les incommoder en mettant ses tripes sur la table, alors, Sagan évoque, effleure, reste à la surface et se contente de faire apercevoir l'abîme sans nous plonger dedans; ce qui ne devrait pas en faire pour autant un écrivain léger, facile, comme on le dit trop souvent. Il y a chez elle une vraie grâce, un véritable charme, dont elle s'est servi pour faire le portrait de son époque, avec ses souffrances et ses contradictions. Elle était moderne dans ce sens qu'elle représentait quelque chose qui était "de son temps" et classique parce que son style n'a pas vieilli et que ce que certain appelle l'âme humaine n'est pas si changeante finalement.
J'aime beaucoup ses photos: on y voit sa modernité dans cette époque compassée des année '50 ou elle naît à la littérature et à la vie publique: il y a les clichés d'une Françoise bourgeoise en tailleur et perles: ces images ou elle semble si godiche, empruntée et puis il y a les autres images, celle qui nous montrent une jeunes fille qui pourrait être d'aujourd'hui: une Françoise garçonne, en pantalon et chemise d'homme ou gros pull, une Sagan qui vit sa vie, libre, loin des conventions étriquées. Pas nécessairement une Françoise heureuse, on le sait.
Il faut redécouvrir ses livres: comme son allure, ils n'ont pas vieilli. Ils peuvent encore nous toucher comme me touchent encore ses interviews dont il est facile de se moquer à cause du débit saccadé, du bafouillement de la timide, mais qui lorsqu'on leurs prête vraiment attention, révèlent une femme cohérente, intelligente, lucide et profondément gentille: jamais Sagan n'a été rude, agressive, ne s'est autorisé un bon mot qui reposait sur une méchanceté alors que c'est si facile. Une leçon qu'elle pourrait donner à notre époque.
Françoise Sagan, racontée par Geneviève Moll, La Martinière, 2010
Aaah, Françoise Sagan... Le désormais classique "Bonjour tristesse" m'a émue aux larmes et fait partie de mes livres préférés...
RépondreSupprimerJ'ai été tellement déçue par le film sur elle avec Sylvie Testud (mais apparemment beaucoup de gens l'ont aimé) ; peut-être parce que je trouve Sagan inimitable !
C'est difficile d'incarner quelqu'un dont tout le monde se souvient... Ils avaient joué la ressemblance, mais quelque chose de moins ressemblant et de plus "interprété" même si ça colle moins à la réalité passe souvent mieux, non? Enfin, je trouve que c'est généralement le cas, les reconstitutions m'ennuient souvent...
RépondreSupprimerMais en fait, j'ai pas vu! J'adore Sagan qui m'a souvent ému, mais aussi beaucoup fait rire!
Bonjour,
RépondreSupprimerJ'ai fait un lien vers votre article sur ce livre que je découvre
Nous organisons un challenge sur sagan.
http://delphinesbooks.wordpress.com/2011/01/19/challenge-francoise-sagan/
Le challenge est très en vogue sur les blogs de lecteurs, j'y participe assez peu en fait. C'est l'occasion de lire et d'échanger selon un thème précis (par ex la littérature indienne) ou un auteur.
RépondreSupprimerPour Sagan ,j'ai eu envie qu'on parle d'elle encore et qu'on la relise.
Je suis inscrite au Challenge, bien que "sans blog", Delphine m'a recueillie telle que ... Sous ses airs faussements légers, son insouciance et sa désinvolture que d'aucuns ont traités de cynisme, il faut redécouvrir cette grande dame, éternelle adolescente de la littérature.
RépondreSupprimerChère Anonyme;
RépondreSupprimerJ'ai toujours vu la légèreté et la désinvolture de Sagan comme des marques de politesse: elle n'embête pas le mode avec ses problèmes et sa douleur, elle laisse deviner tout cela derrière des situations, des mots qui recouvrent élégamment des abîmes.On pourrait réécrire ses livres de façon noire, sordide, dure sans rien changer aux situations, aux personnages, aux dialogues, on pourrait avoir une oeuvre âpre et violente, mais je ne vois pas ce qu'on y gagnerait?
Sagan me fait penser à une phrase de Clara Bow parlant d'Hollywood: "nous étions des libellules, nous avions l'air de flotter dans les airs, alors qu'en réalité nous battions des ailes très très vite."
Tout à fait d'accord ! Tout n'est que politesse et pudeur face aux plus grands abîmes sur lesquels elle s'est penchée, même quand on sait qu'elle se livre un peu (beaucoup) dans certaines de ses oeuvres, cela évoque pour moi cette phrase de Doris Lessing :"(...)je lis des biographies avec beaucoup d'admiration pour ceux qui ont eu le courage de se taire". Ou quelque chose comme ça...
RépondreSupprimerJ'adore Doris Lessing, ses autobiographies sont géniales.
RépondreSupprimerAutre sujet, serez-vous au salon du livre? Je vais venir spécialement de Londres, ce salon m'a trop manqué. Cela fait des lustres que je n'y suis pas allée.
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