mercredi 23 novembre 2011

la reine et le palefrenier


J'aime l'hiver. Bien sûr, j'ai horreur du froid et de l'humidité et j'ai toujours peur de me tuer en glissant sur la neige, mais j'adore les parfums en hiver, le rendu dans le froid est plus net, plus pur, plus beaux. Les seuls parfums qui gagnent à être senti en été sont les fleurs blanches, plus capiteuses, plus indoliques, plus profondes, plus belles et plus dérangeantes. Mais l'hiver, il faut sentir ces merveilleux parfums verts (Cfr Osez le vert en hiver du Dr Phoebus) qui sont encore plus incisifs, et la bergamote, soi-disant délice d'été, encore plus vibrante et amère dans l'Eau du Sud de Goutal par exemple… Et puis, il y a ces parfums auxquels il faut donner une deuxième chance, parce qu'ils ont été sentis dans des conditions qui ne leur rendaient pas justice. Comme l'Heure Fougueuse.

Définitivement, cette IVème Heure est l'heure de la campagne anglaise avec son départ Earl Grey, thé Assam parfumé à la bergamote, qui se poursuit cuir et peau, évocateur d'activité de grand air, de sport, de chasse, de cheval peut-être, je avoue, je n'en sais rien, je ne fréquente pas les chevaux pour cause d'allergie. Et il y a la sueur, mais sans les côtés écœurants de la saleté, de la crasse façon transports en commun en fin de journée. Non, c'est beaucoup plus séduisant que ça, plutôt la brillance humide qui fait miroiter la peau, lui donne un goût légèrement salé. Mais le tout est terriblement maîtrisé, sous contrôle. Si ce parfum raconte une histoire, elle est faite de non-dit. C'est peut-être celle de Victoria et John Brown, la reine et le palefrenier.

Bien sûr, le parfum reste ridiculement cher si on s'en tient à un simple rapport qualité-prix des matières et des flacons. Mais en même temps, il ne s'en vendra pas beaucoup : il n'est pas si séduisant et facile que pour connaître un large succès. Si le fait d'être vendu cher, trop cher, lui permet d'exister, d'être porté par quelques-uns, je ne le regratterai pas, me disant juste qu'il est quand même dommage que le beau soit si exclusif. Peut-on reprocher à Cartier de n'avoir pas osé ?

Retenue, avec une part d'animalité, comment ai-je pu ne pas succomber at first sight ?

L'Heure Fougueuse, Mathilde Laurent pour Cartier, 2010.

12 commentaires:

  1. Dau, je te le dis jamais assez, mais je t'aime <3
    Va falloir que je le teste en hiver donc !
    (mais bon, tu comprend, novembre, c'est qu'une fois par an, et c'est tellement le mois d'Iris Silver Mist que...)

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  2. Blush!

    L'hiver peut durer jusqu'au mois de mars...

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  3. Jicky, te souviens-tu de la première fois que j'ai publié un commentaire sur ton blog? "A Madrid,neuf mois d'hiver et trois d'enfer..." Il faudrait également tester les parfums en hiver avec un climat très sec, les senteurs changent tellement!

    Cordiales Salutations! Sara

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  4. L'humidité peut donner des résultat intéressant aussi en matière de diffusion. Iris silver Mist, par exemple, je l'adore quand il y a du brouillard à ne pas voir à plus d'un mètre.

    (OK, ça ne doit pas être fréquent à Madrid. Enfin, j'en sais trop rien, je suis allé une fois à Madrid en avril...)

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  5. Dau, il faut que vous vous rendiez a Madrid par exemple au mois de Janvier, l'odeur des parfums qui vous sont si chers vous paraîtra énormément intéressante, j'en suis convaincue. J'ai l'habitude de tester les parfums une fois que j'ai lû la description sur les blogs pour voir la différence, je peux vous dire que c'est surtout la façon d'évoluer qui change. Je peux vous dire que les chypres capiteux, insupportables quand il fait chaud deviennent délicieux, par contre les orientaux sont parfaitement portables en été même à 40-45 degrés (car le climat très chaud est aussi très sec). Je parle toujours de Madrid et non pas de l'Espagne car si vous en faîtes les mêmes essais à Barcelonne, au bord de la mer, ou à Séville (climat chaud et humide) le résultat est tout autre.
    Cordialement.
    Sara

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  6. Dau, je n'ai vraiment aucun goût pour le prosélytisme et c'est donc uniquement par sympathie pour toi que je suis heureux de ce "revirement" !
    Est-ce la météo, ou simplement le temps qui passe et la persévérance qui ont modifié ton rapport à l'Heure Fougueuse ?

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  7. Thierry, je ne pense pas qu'il y ait revirement. Depuis qu'on les a senties chez Cartier l'Heure fougueuse était celle qui nous parlait le plus avec son odeur de crin de cheval propre. Je dirait qu'il y a eu intensification du plaisir à le sentir.

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  8. Vizcondesaintluc, je m'en souviens :D ! (le vert en hiver, la boucle est bouclée ;) )

    Je pense je vais essayer L'Heure Fougueuse demain !
    J

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  9. La météo joue certainement, Sara et Jicky ne me contrediront pas sur ce point, et il y a l'habitude. Voila un des avantages à la vie à Bruxelles, on goûte à tous les temps. (parfois sur une seule journée d'ailleurs!)

    Miroulette: le cheval n'est pas si propre que ça. Il y a un petit quelque chose en fond qui rappelle les grand anciens et leurs côtés sale sous le propre, c'est en grande partie ce qui rend le parfum intéressant pour moi. (Qui suis probablement un peu hypocrite sur ce coup!)

    Thierry, qui sait? Tu es peut-être une influence, mais je ne crois pas qu'elle soit mauvaise!

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  10. Pour moi aussi, c'est le cheval propre mais pas tout à fait (un peu comme Infusion d'Iris mais qui ne sent pas le savon très très frais!)
    Et puis il y a le foin vert, le regain...
    Mais j'ai l'impression d'être hermétique à tout ce qu'il véhicule chez les autres... bon, après tout on est pas obligé d'aimer un parfum, c'est vrai, mais pourtant j'en saisi la beauté mais il y a quelque chose qui n'accroche pas!

    On attend et on verra, peut être qu'un jour...

    En attendant, il faut dire que je suis tellement obnubilé par la XIII !

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  11. Et puis, cher Euphorbia, on ne peut pas tous porter le MÊME parfum!

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