La parfumerie de niche semble n’être qu’un nouveau mainstream, multipliant marques, points de ventes et sorties à une vitesse prodigieuse. La seule différence réside dans la qualité ou l’originalité des jus, parfois les deux en même temps dans le meilleur des cas… Seule différence, le marketing qui s’appuie sur les forums, les blogs et les réseaux sociaux en distillant informations, confidences et petites indiscrétions aux initiés que l’on tient en haleine. Frédéric Malle lance son prochain jus comme Lady Gaga lance ses chansons, avec juste un peu de prétention en plus puisque la niche se veut élitiste. C’est bien malheureux d’autant que cette gamme en particulier est l’une des plus belles du marché et qu’elle se passerait fort bien de ce genre de racolage un peu cheap.
Difficile dans ces conditions de se faire remarquer, d’attirer l’attention, de se distinguer. Parmi les marques discrètes, il en est une qui m’intéresse de plus en plus : James Heeley. À priori, rien de révolutionnaire : des formes classiques de type bouquet floral, cologne, etc., ou des standard de la niche comme la monomatière joliment sertie, mais en y prêtant attention, on y trouve une belle qualité et un petit quelque chose de diffèrent qui rend ces parfums vraiment attachants et intéressants, bien plus que je ne l’aurais cru au premier sniff. Celui qui m’a le plus attiré, c’était Cardinal : un encens, un encens-église, une des figures clefs de la niche, qui n’appartient qu’à elle mais qui est déjà représentée par quelque classiques très réussi. La référence, c’est Avignon (Comme des Garçons), église froide et humide, Messe de Minuit (Etro) qui évoque Noël en ajoutant épice et fruits confits, Encens et Lavande (Lutens) qui ouvre les portes de la chapelle sur les champs de lavande, Encens Flamboyant (Goutal) qui nous fait visiter une petite église après une ballade dans une foret de pin en hiver… Difficile de venir s’ajouter et d’avoir quelque chose à dire, difficile de séduire.
Cardinal place ses volutes bleutée dans le cadre d’un oratoire privé et douillet, tout est patiné, assourdis, de riches tentures et dans le confort coussins moelleux. Il se développe et s’adoucit tout au long du jour, se veloute et vous entoure de son cocon de douceur luxueuse. C’est mystique, mais sans mortification, particulièrement agréable et confortable. La séduction du parfum s’impose d’emblée, avec un seul échantillon entamé, j’y ai converti deux personnes de mon entourage pourtant assez insensible aux parfums et particulièrement ignorante du phénomène niche en parfumerie. Oui, ce parfum a un petit quelque chose qui le rend diffèrent des autres encens, qui le rend indispensable, d’autant que toute la ligne Heeley associe belles matières, tenue et sillage sans reproche. Pour moi, il a surpassé cette référence qu’est pourtant Avignon qui à ses côtés parait subitement un peu trop dur, métallique disent certains, dans sa belle austérité religieuse. Je suis assurément plus High Church qu’ascète cistercien.
Cardinal, James Heeley, 2006
Encore une tentation à laquelle je ne résisterai, certainement, pas; et ceci à cause de toi...
RépondreSupprimerPour ma part je trouve "sel marin" particulièrement intéressant. Je ne peux pas encore dire si j'aime ou je déteste mais il me fait réfléchir, est-ce une odeur de peau? est-ce ma peau? il ne s'agit certainement pas d'un sucré-salé et il y a un moment où on dirait du poisson fri mais la fin est vraiment extraordinaire.
RépondreSupprimerCordiales salutations de l'Espagne.
La tentation est faite pour y céder!
RépondreSupprimerSel Marin, je l'ai senti en vitesse et trouvé plutôt aimable. En ce moment, j'essaye d'apprivoiser L'Esprit du Tigre qui est assez sympathique, plus que son descriptif, même pour moi qui n'aime pas les notes camphrée. Et je ne compte pas m’arrêter là dans mes découvertes de la marque qui est une de mes révélations 2012 alors qu'en 2011 j'étais passé à côté. On me dit du bien de la figue également... Prochaine étape, le Sel donc.
Un seul regret: une distribution un peu trop confidentielle...