Le Diorella actuel est une assez réussie variation sur l’Eau sauvage, à vrai dire un peu inutile : l’Eau Sauvage, assez bien conservée, est parfaite et parfaitement mixte. L’ancienne version de Diorella me chante une toute autre chanson, plus mélodieuse et plus complexe…
Le départ est effectivement agrumes, très proche de sa version masculine, avant de se fleurir joliment mais le fond, car oui, il y a un fond, un vrai beau fond de chypre fruité, un fond pas si classique, se fait voluptueux, avec mêlé à sa mousse de chêne de très présentes notes de fruits blets, de melons trop mûrs. Et tout d’un coup, on pense à Frédéric Malle et au Parfum de Thérèse dont on se dit qu’il est drôlement bien édité. Mais aussi que le parfum de Thérèse n’avait pas trouvé preneur à l’époque parce qu’il était moins abouti, finalement, moins fin que le Diorella, plus équilibré… Et il faut bien dire que le Dior vintage revient nettement moins cher que la version Malle.
Diorella incarne à sa façon l’esprit Dior si marqué par la collaboration antre la maison et Roudnitska, mélange de féminité gracieuse, florale, légère, désemcombrée des lourdeurs de l’époque. L’ambiance du parfum est assez libre, décontractée. Diorella offre un esprit croisière-couture plus que denim et sac à dos : c’est à sa façon un rebelle parce qu’il est tout insouciance, mais sa rébellion se fait dans le luxe du salon. Nous sommes encore chez Dior avec ce parfum et la contestation ne peut que de boudoir. Encore un parfum élégant, Dioressence, et Dior quittera définitivement la soie pour entrer dans l’époque moderne avec Poison. Tout sera plus efficace, plus vendeur, un peu putassier, osons le mot. Et l’esprit Dior s’en sera définitivement allé.
Diorella, Edmond Roudnitska pour Christian Dior, 1972.
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