mardi 21 août 2012

arpège vintage


Avez-vous remarqué comme ces deux mots vont bien ensemble ? Comme ils semblent fait l'un pour l'autre, dans une rime parfaite, musicale, presqu'un mantra, une incantation. À croire que la langue française est allée chercher l'anglais pour le seul profit d'Arpège... (Et je précise que, très diffèrent, le Arpège actuel n'est pas mal du tout. C'est juste qu'il n'a pas grand-chose à voir)
Arpège est le classique des classique. Né à la fin des années folles, il préfigure le néo-classicisme des années '30. Au misérabilisme de luxe de Chanel, au tape à l'œil lamé or des garçonnes Art Déco, Jeanne Lanvin opposait une élégance plus conventionnelle qui séduisait les riches élégantes avec ses lignes adoucies, ses robes de style inspirées des costumes d'époques plus anciennes, sa palette de couleurs subtiles dont le célèbre bleu Lanvin. La muse, l'inspiratrice, l'objet de tous les hommages, de toutes les attentions, c'était Marie-Blanche, la fille chérie, pour laquelle s'était bâti un empire. Lanvin faisait déjà des parfums, mais le chef d'œuvre, la pièce rare, ce fut Arpège en 1927. Pour Arpège, on alla voir du côté des grands floraux aldéhydés dont la mode avait été lancée par le N°5, mais à l'éclat tapageur de celui-ci, à sa splendeur dorée, un peu parvenue, on allait substituer une patine automnale.
J'ai toujours perçu les aldéhydes comme un halo doré : Arpège tire les siens vers des tonalités d'or bruni, une chaleur de soleil couchant qui font osciller discrètement le parfum entre poudreux et savonneux, avant d'enchaîner avec le bouquet ultra-classique rose-jasmin. La rose domine, mais selon les versions, on perçoit plus ou moins le jasmin. La version eau de parfum des années '80 était la plus jasminées selon moi. Le tout est très lié, fondu, pas en une masse compacte mais semble plutôt couler de façon soyeuse sans les pénibles et brutales transitions que beaucoup de parfums actuels nous imposent. Arpège continue sa balade automnale en mêlant les bois à un fond traditionnel ambré animalisé, se donnant des airs de fourrure toute douce. Au final, Ce parfum sent véritablement la grande dame, il est toute élégance, raffinement sans tapage, avec cette assurance innée, cette présence des gens bien nés qui n'ont jamais fréquenté que le meilleur monde, qui savent tenir leur rang, le premier.

Arpège, André Fraysse pour Lanvin, 1927

3 commentaires:

  1. Hello,

    Très joli article sur ce parfum mythique dont on ne peut oublier le sillage élégant. N'y avait-il pas un magnifique flacon boule noir et or autrefois ? Je confonds peut être ? Je suis ravie d'apprendre que la version actuelle reste de belle facture, en revanche je ne l'ai pas vu depuis un moment, il faut dire que je n'ai pas cherché ( mais je le ferai ).

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  2. Le flacon boule est le flacon original (et cher) de l'extrait. Le plus ancien et donc plus à rechercher pour l'effet décoratif que pour se parfumer. L'actuel flacon reprend cette forme en la modernisant un peu mais il est vraiment très joli!

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  3. Merci pour cette précision, j'ai du le voir sous vitrine il y a environ 30 ans c'est vrai qu'on remonte dans le temps, comme certains flacons pouvaient être beaux... J'oserai peut être un jour le vintage mais j'ignorais que ce flacon sublime était celui de l'extrait, en effet il doit être coûteux ! J'ai prévu de sentir à nouveau Arpège, ce jour je suis hélas tombée sur 2 mauvais crus dont Miss Dior le Parfum, absolument infâme, on est à des années-lumière d'Arpège.

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