Je
m’interrogeais sur mon, notre, rapport au parfum… Il y a la vérité des marques,
leurs récits officiels, parfois changeants et les récits des gens qui portent
les parfums. Souvent, c’est fort peu intéressant, ressassant un argumentaire
sorti tout droit des cahiers de presse ou ressassant les mêmes clichés
"ça sent trop bon", "c’est trop la classe" lassants, ennuyeux.
Et parfois s’immisce un peu de poésie, quand les choses se font plus profondes, quand le parfum touche à l’intime, au précieux. C’est touchant de parcourir certains forums et de tomber sur ces instants de grâce que certains nous livrent, des morceaux de leurs vies, des moments choisis.
Et parfois s’immisce un peu de poésie, quand les choses se font plus profondes, quand le parfum touche à l’intime, au précieux. C’est touchant de parcourir certains forums et de tomber sur ces instants de grâce que certains nous livrent, des morceaux de leurs vies, des moments choisis.
Mais le perfumista, c’est encore autre chose. On entre dans une dimension nouvelle, parfois proche de la performance artistique ou du cirque.
Entrez !
Entrez ! Et voyez ! On est dans la perversion la plus totale par
rapport aux vérités officielles. Ici, tout n’est que trahison, perversion et
détournement. Plus de règle, plus de genre, le seul plaisir et le dévoiement érigé en œuvre d’art. (J'exagère à peine) Le cassage systématique des codes et des
conventions…
Dans le monde parallèle des perfumistas, on maîtrise les clichés
pour mieux les renverser. Il n’y a plus de genre, d’instant, de stéréotype que
pour mieux les bousculer. Soudain, on enfile un parfum comme on enfile un rôle
et on pratique l’ironie arty au plus haut point. Soudain, des bombasses
deviennent de mauvais garçons en blouson noir et des camionneurs se la joue
midinette en robe à fleur Laura Ashley.
Chacun réécrit l’histoire, le cliché et
instaure ses propres règles. Les récits se multiplient, s’interpénètrent et on
glose à foison sur les effets supposés des muscs… Tout d’un coup, le
monde est multiple, changeant et formidablement ouvert. Seul compte la senteur
et l’élégance de la posture adoptée. A son échelle, le perfumista recrée le
monde et détourne la production industrielle en une œuvre Pop Art. Dans le
fond, c’est lui l’artiste et peut-être le parfum n’est-il qu’un support à la
création, à une remise en question du monde subtile qui perverti les signes et
détourne les code dans une mise en scène de soi, un soi sublimé et perverti,
qui se libère en s’aliénant…
(illustrations: Andy Warhol, Selfportraits)