vendredi 29 octobre 2010

Retour en grâce

Après m'être vautré dan le cambouis avec un mécanicien (Marcel et son chauffeur?), il est temps de retourner voir les grandes dames dans leurs beaux salons et de me faire pardonner mes péchés. S'il en est une parmi toutes qui est susceptible de m'absoudre, c'est bien la bienveillante et très gracieuse princesse Arpège qui  tient peut-être de l'amour dévorant de Jeanne pour Marie-Blanche cette immense bonté qu'elle déverse sur la plèbe, c'est à dire quasiment tout le monde puisque face à ses quartiers de noblesse, peu ne font pas bassement figure de roture ignoblement parvenue. 

Sa grandeur altière est aujourd'hui bien oubliée du grand public qui préfère suivre dans d'infâmes revues people les exploits des starlettes arrogantes, et parce qu'Arpège est un aldéhydé fleuri, on le range dans la famille des sous-N°5, d'une façon absolument injuste.

Il y a ici un bouquet classique (rose, jasmin, beaucoup de jasmin, Ylang) soutenu par les aldéhyde. l'effet est dont radicalement diffèrent, beaucoup plus discret. il y a une envolée mais pas ce sentiment d’agressivité que peuvent donner les surdose de Chanel. de l'iris pour le poudré très légèrement, un fond doux ambré et musqué (autrefois beaucoup plus musc, le parfum a été assez diminué, nous sommes passé de la fourrure au cachemire) un peu boisé, très crèmeux  qui traîne longtemps sur la peau. même diminué Arpège reste un monument d'élégance soyeuse, impeccablement coupée, très nuancé. 

C'est une misère que Lanvin ne le soutienne pas, la dernière campagne remonte probablement à 20 ans. résultat, Le magnifique flacon boule noire (en principe, je me fiche des flacon et n'aime que l'ivresse, mais là, je craque devant ce monument Art Déco) est donc maintenant dissimulé dans les rayonnages du bas, à l'ombre pourtant bien pâlichonne de Jeanne ou de Marry Me. Il faut redécouvrir d'urgence sa leçon de raffinement bien éduqué. Je conseille personnellement d'en mettre toujours un peu sur une écharpe ou un foulard afin de pouvoir se souvenir dans ce monde impitoyable que le bon goût, la politesse, le raffinement sont des choses qui existent. Je l'aime tout particulièrement en automne, la rentrée étant propice aux déploiement d'élégance.

Arpège,André Fraysse pour Lanvin, 1927
Flacon original dessiné par Armand Rateau orné du logo Lanvin dessiné par Paul Iribe. 

3 commentaires:

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  2. Vous voyez bien qu'il est possible d'écrire sur un parfum incarnant le raffinement et l'élégance :-)
    A vrai dire, je n'ai jamais réussi vraiment à le "saisir"...
    A votre avis, cela vaut-il le coup (coût ? ) de rechercher une version vintage ? La reformulation du début des années 90 est-elle à privilégier à défaut d'une version plus ancienne ?

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  3. Je conseillerais à un amateur d'Arpège de faire l'achat, parce que c'est vraiment un parfum d'exception en vintage. Mais franchement, pas pour le saisir, pas en le payant plus cher qu'une version actuelle. C'est comme de voir la Grande Odalisque d'Ingres au Louvre ou sa reproduction dans un livre d'Art: si franchement la reproduction ne dis pas grand chose, l'original peut aussi laisser indiffèrent. Dans mon souvenir (il était beaucoup porté par une amie dans les années '80) la bouteille carée était beaucoup plus jasmin et notes animales. Moins poli et moins lissé, il pouvait être plus dérangeant.

    Alors que vent vert par exemple, la différence entre l'original pré 80 et la version actuelle est absolument énorme: du genre le même portrait par Marie Laurencin ou par Braque. C'est peut-être la même personne sur la toile, mais c'est difficile à croire.

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