dimanche 26 décembre 2010

On traverse le Bosphore? Ou pas.

Je l'ai eu sur la main et sur touche. Je me suis penché dessus et ai trouvé pas mal ce coté un peu poudré sucré mais sans excès calorique, cette douceur, cette rondeur, puis me suis encore penché en me disant... Et puis finalement, non. Je n'avais pas envie de me pencher en fait. J'avais juste envie d'aimer ce parfum parce qu'il est signé d'une marque que j'adore et qu'il a bonne presse alors qu'en réalité, je le trouve sans intérêt. Je ne le trouve pas exactement raté, non, vraiment, ce n'est pas ça, juste banal et franchement pas indispensable au catalogue de l'Artisan. Oui, je peux lui trouver des qualités à ce parfum agréable et confortable, je veux même bien le trouver réussi, mais ces qualités, on les retrouve ailleurs, dans d'autres parfums, plus éclatantes et mieux exprimées; du coup, ce parfum ne me fait pas envie, n'apporterait rien à ma collection. Parfait en revanche pour qui ne s’intéresserait pas vraiment au parfum, n'en porterait qu'un pour compléter son allure, de façon très sociale pour plaire à l'entourage? Peut-être, mais pourquoi courir dans une boutique de l'Artisan pour ça? Franchement, le premier Guerlain grande diffusion fait aussi bien et même mieux avec l'avantage d'être beaucoup plus simple à se procurer... Ici, il y a bien une certaine richesse mais qui tourne plus à la confusion qu'autre chose, j'aurais pu aimer cette Traversée si elle avait été plus lisible. C'est possible aussi que je n'arrive pas à entrer dans sa complexité, mais au final, j'aurais l'impression de perdre mon temps à essayer.

Tout ça m'a fait penser à Allure que j’avais tellement envie d'aimer aussi  parce que c'était signé Chanel et que je n'avais jamais été déçu, que Coco et Égoïste était si bien réussi etc. Le concept me plaisait. Le parfum, je suis allé jusqu'à l'acheter avant de réaliser qu'en fait, je le trouvais bien fait dans un genre banal que je n’appréciais pas et ne voulais surtout pas porter, finissant par le détester franchement.

Résultat, je me suis rendu compte à temps que je n'allais pas traverser le Bosphore et qu'ainsi, je trouverais le parfum agréable sur d'autres en me protégeant de sa banalité qui mettrait les parfums plus splendides de ma collection en valeur. Mais je regrette quand même qu'il soit sorti, qu'il y ait trop de sortie maison d'ailleurs, faisant le bonheur de la presse, parler de l'Artisan, mais n'apportant pas grand chose. Pourquoi cette accélération des lancements partout? Pourquoi ne pas comprendre que tous les jus sortis des labos ne méritent pas d'être exploités? Dans Le cas de la Traversée du Bosphore, je ne peux m'empêcher de penser qu'il n'est pas forcément bon que le nez soit à la tête de la marque, ai un trop grand pouvoir de décision, comme Elléna chez Hermès qui nous sort aussi tout ce qu'il a essayé... Non, le moindre exercice ne mérite pas la commercialisation. Si le mainstream n'ose pas et nous sort des clones à la pelle, les niches osent trop, prises d'un délire créatif qui semble estimer que toute création vaut d'être montrée. Je l'ai déjà dit, mais je suis saoulé, lassé.


La traversée du Bosphore, Bertrand Duchaufour pour L'Artisan Parfumeur, 2010

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