mercredi 6 avril 2011

Courage: Fuyons! Courage: Rions!

Envoyer 4 mondains parisiens, forcément snobs, à la ferme dans le fin fond de la Bauce, voila un scénario de télé-réalité comme les aime TF1. Les joies infinies de voir la découverte de la vie rustique par une riche autoritaire défraichie, une jeune épouse de millionnaire, un diplomate homosexuel et un gigolo odieux enfin confronté à la réalité de la terre et à la sordidité du monde réel, quel bonheur !

Sauf que, là, il ne s’agit pas d’une infâme production Endémol 2011 mais d’un délicieux Roman de Françoise Sagan publié en 1991. Au moment de la sortie, je me souviens qu’elle expliquait avoir eu envie d’une comédie, de rire un peu, encore, enfin. Alors, oui, elle jette ses 4 personnage sur les routes, fuyant l’arrivée des allemands à Paris en 1940 et elle les fait atterrir en Bauce, dans une ferme ou on est content de les voir arriver dans le fond et bien égoïstement puisque les hommes sont mobilisés et qu’il faut faire la récolte. Les deux mondes vont se rencontrer, se confronter, se remettant en question, remettant l’autre en question, avec des décalages drolatiques qui réussissent à éviter la caricature façon grosse farce.

Sagan s’amuse de la rencontre des deux mondes. Mais Sagan s’amuse à sa façon très aimable : sans sarcasme, sans méchanceté. Sagan s’amuse, nous amuse et réussi à nous émouvoir quand les personnages se découvrent à nous, se découvrent eux-mêmes, autres que ce que le monde, en l’occurrence le grand monde, à voulu faire d’eux. Sagan nous dresse un charmant portrait et donne une leçon en même temps, très humble, sur ce qui nous fait, qui nous sommes, parfois volontairement, parfois contraint, parfois à notre insu. Une petite réflexion sur l’identité.

Et comme Françoise à vraiment beaucoup de talent, elle nous fait rire, beaucoup, mais réussi a nous émouvoir, brutalement, quand on s’y attendait le moins, on devient grave d’un coup, touché en plein cœur. Et on se dit que n’importe qui ne peut pas réussir ce tour de force, surtout à notre époque ou le rire est grinçant, cassant, souvent cruel.

"Il avait fallu une catastrophe nationale ou mondiale pour justifier la dégringolade sociale dont, depuis deux jours, Luce et elle étaient les victimes, comme pour expliquer l'attention respectueuse qu'elle portait aux diktats d'une fermière."

Grace à Delphine's book, je relis Sagan et je lui dois un grand merci!

Les faux-fuyants, Françoise Sagan, 1991, disponible en Pocket



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