Cartier nous fait son cinéma, un cinéma curieusement moins glamour que ce à quoi on pourrait s’attendre. Baiser Volé commence par un plan rapproché sur un lys à peine ouvert, humide de rosée. Un long travelling arrière nous révèle que le vase de lys décore une loge d’artiste : poudre qui s’est déposée un peu partout et fard gras. La femme qui traverse ce décor est un petit rat de l’opéra : très jeune, gracieuse, timide, amoureuse de son cousin qui l’a embrassée en vacances chez leur grand-mère à la campagne. Le cinéaste est forcément David Hamilton.
Baiser Volé évoque d’abord Anaïs-Anaïs de Cacharel avant de partir du côté du Lipstick Rose, sorti chez Frédéric Malle, dont il réinterprète le thème cosmétique avec une délicatesse et une subtilité extrêmement séduisantes. Si Cartier de Lune était un coup dans l’eau, ce Baiser est une jolie réussite à laquelle on souhaite de trouver son public.
Baiser Volé, Mathilde Laurent pour Cartier, 2011
illustrations: David Hamilton
illustrations: David Hamilton
Tiens, Baiser Volé à l'Opéra... Les petits rats travaillent à Nanterre, il y a belle lurette qu'ils ne courent plus dans les interminables allées de l'Opéra. Il faut dire - c'est authentique - que Notre-Dame pourrait entrer toute entière dans ce palais de la danse tellement il est vaste. Mais Hamilton à la caméra ? Houlà non, je verrais plutôt un spécialiste de la danse et non un cinéaste nébuleux. La photo montre une jeune fille ( évidemment ) au pied quasiment plat sans la moindre cambrure, nécessaire à l'apprentissage si difficile des pointes. Baiser Volé pour moi ce serait plutôt une danseuse déjà accomplie, Sujet par exemple donc soliste. Femme assurément, jeune fille peut être mais déjà prête à interpréter des pas de deux exigeants avec un partenaire qui ne l'est pas moins. Poudré, Baiser Volé évoque sans doute l'envol et l'éveil à l'amour loin des passions redoutables qui suivront probablement.
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