Murakami Ryu, souvent qualifié de punk, est un peu un spécialiste de la dark side de la psyché humaine et de son pays. Il s'entend à fouillé là où c'est sombre et glauque. Dans Love & Pop, il s'intéresse à un phénomène typiquement japonais : la prostitution des lycéennes via messagerie téléphonique.
Hiromi fait du shopping avec ses copines en prévision d'un week end à la mer et voit dans une bijouterie une bague qu'il lui faut et qu'il lui faut tout de suite. Pour ce faire, elle va accepter deux rendez-vous avec des inconnus. La trame de base est simple, on suit la jeune fille pendant une journée, dans les boutiques, les restaurant, le karaoke, le métro, le love hôtel… On suit le fil, assez décousu, de ses pensées, de ses envies, de ses hésitations. L'histoire est entrecoupée de morceaux de chansons, d'énumération de marques, de bribes de conversations ; ce qui pourrait sembler lourd mais a plutôt pour effet d'aérer le récit tout en l'encrant dans le quotidien et la banalité. Murakami n'est jamais pesant, ce que je lui reprochait un peu dans sa trilogie consacrée au sexe, à la souffrance et à la mort, et banalise volontairement le comportement de Hiromi, sa quasi absence de scrupules, de morale ; sans jamais se poser en juge, plutôt en cherchant à l'accompagner, à explorer avec elle en cherchant juste à découvrir ce qu'il peut bien y avoir derrière le comportement de son héroïne adolescente, semblable à tant d'autres.
Le roman est court, 220 pages, plaisant à lire et pose des questions. Quant à la prostitution bien sûr, mais pas seulement. Il pousse vraiment, comme souvent avec cet auteur, à des remises en question, peut-être plus facile parce qu'il y de la distance, puisqu'on peut toujours se dire que cette société n'est pas la nôtre, mais l'exotisme n'est que de façade. C'est assez vite lu, plaisamment et facilement. Peut-être une bonne idée de lecture scolaire ?
Murakami Ryu, Love & Pop, 1996 pour l'édition originale, disponible en Picquier Poche
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