mardi 3 avril 2012

Sérénité


Silences est né à la fin des années '70 et a connu un joli succès dans les années '80.  Floral vert, c'est un proche parent du N°19 qui aurait aussi un cousinage avec Rive Gauche. Il affiche tout d'abord un galbanum vert petit pois, croquant, presque crissant, soutenu par des fleurs -la jacinthe est très présente-  avant de se révéler un iris soyeux et froid qui ne se poudre et reste du côté austère de la force. Par-dessous monte peu à peu une note blanche et métallique, celle-là même qui me fait penser à Rive Gauche) qui soutient l'iris sans le faire tomber dans le cosmétique ou le savonneux. L'évolution est lente, très fluide, il coule et découle sans ces transitions brutale qu'on souvent les parfums actuels.

Silences semble avoir été fait d'après la formule de Diana Vreeland "l'élégance est un refus" tant il oppose aux tapageuses années '80 sa coupe impeccable, son refus des fioriture  pour une sérénité qui semble issue des arts martiaux : un mouvement juste, absolument parfait, exécuté calmement, sobrement sans agitation ou efforts inutiles.  Pour moi, Silences est un parfum intensément serein dont je comprends enfin qu'il était pour moi, comme pour beaucoup d'autres probablement, un refuge contre les orientalisants brûlants, les fleuris migraineux, les powerhouses un peu vulgaires…



 Assez facile à trouver en vintage, puisque la formule actuelle est parait-il désastreuse, il est toujours un rempart contre la facilité, toujours aussi beau, un peu hautain, dans son élégance sport qui regarde vers Suzanne Lenglen ou René Lacoste, toisant les fruitchoulis en jogging lamé et autres gourmandises cheaps et faciles. Silences, comme avant lui le N°19, comme après lui Bas de Soie, est un intellectuel. S'il ne discute pas, c'est parce qu'il sait qu'il a raison. Il ne dit rien, contemple, médite, et hausse parfois les yeux au ciel. De nos jours, bien peu de parfums ont autant de caractère.


 

Silences, Jacomo, 1978

6 commentaires:

  1. C'est étonnant. Depuis quelques jours, je me désespère, devant ma collection, de n'avoir aucun parfum vert à me mettre, ce printemps. Silences pourrait-il combler cette lacune?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais je crois savoir que vous portez Bas de Soie qui est bien vert... Silences en est proche, quoique plus doux, je penserais plutôt à autre chose pour ne pas faire double emploi. Pourquoi pas Ninféo Mio ou l'Eau de Campagne?

      Supprimer
    2. Vous avez raison, je porte Bas de Soie; je suivrai donc votre conseil et vais essayer de dénicher Ninféo Mio et L'Eau de Champagne.

      Supprimer
    3. De campagne et non de champagne, vil dandy mondain!

      Supprimer
    4. Incorrigible. Je suis incorrigible.

      Supprimer
  2. Hello,

    Oui en effet Jacomo et Silences ! J'avais 15 ans peut être, hélas je n'en ai aucun souvenir, l'avais-je seulement senti ? Le flacon me revient parfaitement en mémoire, le voilà de nouveau sous mes yeux. A une époque, Silences a connu un franc succès et puis.. Il est bien au panthéon des parfums disparus ! Merci pour cet article.

    RépondreSupprimer