mardi 28 juin 2011

Rouge: Accessoires

The Wizard of Oz
Je me demande dans quelle mesure mon amour du rouge vient du Magicien d’Oz, on film que j’ai tant aimé enfant. En même temps, le rouge est beau en soi, dans l’absolu. Et des chaussures rouges, même une simple paire de tennis, c’est toujours WAW ! En ce moment, je suis tellement obsédé que je peux acheter n’importe quelle pièce de vêtement pourvu qu’elle soit rouge. Mais on n'en trouve pas tant que ça finalement. Heureusement qu'une toute petite pièce fait déjà du bien...


Robert Conrad


Elizabeth Taylor


lundi 27 juin 2011

Jours sans…

Il y a des jours comme aujourd’hui (et hier et avant-hier et…) ou je n’ai pas envie, de rien, pas le moral, ou je suis grognon… La faute au manque de sommeil, à une vie professionnelle assez navrante, à une vie privée parfois chaotique et… et… et… En gros, il y a des jours sans, des jours ou j’ai besoin de vacances. Et en attendant, au bord de l’épuisement, je tiens sur les nerfs, mécontent de tout et de toput le monde, à commencer par moi. Je suis certain que vous connaissez.

Ces moments-là ne sont pas propices à la lecture, j’ai vraiment du mal à me tenir à un livre parce quie je n’arrive pas à me concentrer, rien ne me plait, etc. Et bien sûr, je dois quand même lire, sinon, je meurs, et je dois prévoir ma pile pour les vacances alors que je ne suis pas forcément dans les meilleures dispositions pour ça. A éviter à tous prix : tout ce qui est un peu mollasson, dégoulinant de bons sentiments et d’optimisme. Ça ne colle pas avec mon humeur et ça me déprime, c’est le meilleurs moyen de s’effondrer, àalors que je dois tenir un peu. (Surtout ne pas relâcher la tension sous peine d’écroulement immédiat) Méfiance aussi vis-à-vis des classiques un peu trop perspicace au point de vue psychologie, ce n’est pas le moment de me remettre en question et de fouiller ma psyché.

En ce moment, il me faut du polar sangleant et effrayant. Ça tombe bien, un Mo Hayder vient de sortir en poche. Cette vilaine fille a l’art de fouiller les recoins les plus tordus des âmes humaines les plus déviantes avec des accents hyper réalistes et supra flippant qui tiennent en haleine tout au long d’un suspens bien construit. Mo ne m’a jamais déçu ! J’ai pris aussi un Preston & Child hors de la série des Pendergast qui me plait tant. Je me dis que ce duos là doit bien réussir aussi son coup sans son inspecteur fétiche. Rien pour passer de bonnes nuits, nous sommes d’accord. Pas que je fasse de mauvais rêve, mais si le livre est prenant, je lutte pour ne pas m’endormir et continuer encore un peu. Bien sûr que c’est idiot, mais la lecture est une addiction comme une autre, parfois aussi dangereuse pour la santé.


Alice Sapritch dans La cousine Bette adapté pour la télévision
 Au chapitre des relectures, j’ai commencé un Sagan : la femme fardée : faussement léger, avec beaucoup de fond sous la jolie surface et une ironie qui va parfois jusqu’au cynisme, avec beaucoup de drôlerie, parce qu’on ne peut pas pleurer tout le temps, ce ne serait pas élégant. Et je pense me faire l’un ou l’autre Balzac, assez sombres dans leurs genres. J’ai en tête la cousine Bette et Eugénie Grandet. Oui, décidément quand je n’ai pas le moral, j’ai besoin de sordidité et de noirceur et Balzac fait très bien ça, dépeindre la cruauté quotidienne au sein des familles, l’avarice d’un père qui fait le malheur de sa fille, la revanche d’une cousine aigrie qui médite patiemment la ruine des siens…

Coté parfums, pas question de me relâcher non plus, pas pour moi, les parfums doudous, les douceurs régressives et consolantes, les senteurs délicates et mièvre qui vous parle d’un monde meilleur : il me faut du fort, de l’intense. Bas de Soie, la belle sadique de Lutens m’accompagne beaucoup : gifle de galbanum, jacinthe cruelle et iris méprisant, c’est tout ce qu’il me faut. Un parfum sous tension prêt à sabrer la vie, à trancher dans le vif. Une tubéreuse aussi ! La tubéreuse, je l’ui ai toujours trouvé des airs de fille qui fait la gueule, ou du moins la moue, prête à taper du pied et pousser les hauts cris! Ce fut mon ressenti avec Poison et je n’ai jamais changé d’avis depuis.Remarquez, j’aime assez, c’est très séduisant : pensez moue d’une BB de 20 ans (avant qu’on ne découvre qu’elle n’avait pas que l’air bête) ou Isabelle A dans l’été meurtier… Bon, il y a plus subtil que Poison, ce bon vieux Poison, diva de loin avec ses fleurs blanches et ses épices, drag queen de plus près parce que seul une drag queen peut oser ce maquillage à la truelle un peu bâclé, et assez popote au quotidien dans le fond avec tous ses fruits façon tartelette…. Quelque chose en vous est Dior, peut-être, mais je ne sais pas trop quoi, je suis plus fracassant, je sais me tenir, moi, Madame !

En fond musical : Beth Ditto, Open heart surgery.

mardi 21 juin 2011

Néo classique ou déjà vu ?

Le classique de Gaultier a semblé moderne à toute une jeune génération qui ne connaissait pas ses classiques et a rappelé quantité de bons souvenirs aux plus âgés. Rien ne semblait neuf dans ce parfum : une odeur à l’ancienne fleurie poudrée vanillés bien faite qui semblait reprendre une ancienne formule Guerlain en la modernisant comme si Estée Lauder était passée par la en lissant le parfum pour le rendre plus svelte, plus mince puisque,en dépit des efforts de Jean-Paul, les femmes ne portent plus de corset mais vont à la gym… Un flacon quasi copié-collé du Shocking d’Elsa Schiaparelli. Si Schiapp s’était inspirée de Mae West, Gaulhier peut revendiquer le patronage de Madonna, la sainte patronne du dessus-dessous, qui s’est empressée d’arborer ses corsets.

Le moins que l’on puisse dire c’est que JPG a payé de sa personne faisant la tournée des émissions de télé comme une pop star pour son premier album, fidèle à lui-même , jovial, sympathique, un peu excentrique mais si sympathique dans son uniforme kilt et marinière (un uniforme bien trouvé : assemblage inédit de deux vêtement vieux comme le monde…), invoquant sur chaque plateau de journal télévisé le souvenir de la boîte à maquillage de sa chère grand-mère qui l'initia à la mode.

Le Mâle reprenait l’exercice dans un flacon qui faisait couple avec le féminin : une fougère capiteuse ou la lavande est fortement réchauffée, oui, ça rappelle des choses entre Jicky de Guerlain, Pour un Homme de Caron et le moins chic Brut de Fabergé. L’idée de génie était d’orienté la campagne publicitaire vers le public gay dans une ambiance Pierre& Gilles rencontre Fassbinder, car comme toute fille à PD le sait depuis longtemps, le look de l’hétéro de demain, c’est celui du gay d’hier.

J’avoue que Gaultier n’a pas vraiment réussi à me toucher. Peut-être parce que je ne suis pas du coté Guerlain, même modernisé de la force. Ou peut-être que d’avoir saisi immédiatement les codes ne m’a pas fait rêver contrairement à beaucoup d’autres qui étaient moins averti. Cependant, si la créativité est moindre que les fans ne le pensent, il faut reconnaître que la qualité était au rendez-vous pour des parfums finalement assez séduisants dans leurs genre tellement convenu qu’ils en paraissaient nouveaux.

(Dans le cas du Mâle, il faut dire que je n’ai jamais été sensible au travail de Francis Kurkdjian )

Jean-Paul Gaultier Classique, Jacques Cavalier pour Jean-Paul Gaultier, 1993
Le Mâle, Francis Kurkdjian pour jean Paul Gaultier, 1995

Illustrations: N&B Madonna, couleurs: extrait de Querelle de Fassbinder.

lundi 20 juin 2011

Mes nuits sont plus belles que mes jours…

Certains parfums s’apprécient mieux la nuit. Le jour ils sont biens, je les aime bien, mais la nuit venue, j’en tombe amoureux. Fracas fait partie de ceux-là. C’est même LE parfum pour allez dormir. Pas tant pour son odeur nocturne en fait que pour le plaisir de le sentir au petit matin, à l’heure du déjeuner, quand il ne reste plus que la tubéreuse qui libère ses derniers effluves. A cet instant, fracas se marie à merveille avec la chair et la sublime véritablement, l’exalte d’une façon incroyable. Fracas au petit matin ne parle pas de chair fraîche mais de chair amoureuse, experte, un peu fanée même. Le coté faisandé des fleurs blanches est ici assez léger et on pense à la Léa de Chéri (Colette) courtisane vieillissante mais tellement plus irrésistible sue la fiancée, jeune, jolie, et peut-être un peu bécasse… Qui aime vraiment les fruits lorsqu’ils sont encore verts ?

Et rentrer dans la chambre est un autre enchantement : l’odeur de la tubéreuse s’accroche aux draps froissés, refuse de quitter la pièce, teintant tout de ses reflets roses orangés, discret mais entêtant, faisant se demander quelle nymphe étrange et lascive est cachée dans la pièce, quelles bacchanales ont bien pu se dérouler…

Boucher, l'odalisque brune
En journée, Fracas est juste un très bon parfum à la tubéreuse, fleur d’oranger puis jasmin, élégant, qui remplit l’espace, plutôt sensuel, mais pas si intéressant que son fond. Depuis des jours, il refuse de quitter ma robe de chambre, s’entête à se rappeler à moi, me parlant de volupté alors que je dois me presser, qu’il faut que je fasse ma toilette, aille travailler. Mais Fracas s’entête à me retenir…

 Fracas, Germaine Cellier pour Robert Piguet, 1948

PS : Tony Ward dans une interview se souvenait de l’époque ou il était porn star et passait ses journées nu, oint de la baby oil de Johnson qui fait la peau douce et satinée avec un effet légèrement luisant très sexy en photo dans le genre un peu en sueur avec la lumière qui joue sur les courbes du corps. Avis perso, quand on n’a pas forcément l’envie ou les moyens de s’offrir toutes les lignes corps de ses parfums préférés, c’est idéal aussi et avec Fracas ça fait un malheur. (Le gras fixe le parfum)

jeudi 16 juin 2011

Jin Ping Mei: le chat part et les souris...

Ximen Qing dans un banquet avec des camarades a rencontré Cannelle, la nièce de sa seconde épouse, Charmante. Cannelle est jeune, "danseuse" et… sa vertu est à vendreau plus offrant. Ximen, séduit, la raccompagne chez sa mère pour lui prendre son pucelage et s’installe quelques semaines pour lutiner à loisir "l’innocente" créature. Pensez comme ses dames délaissées à la maison sont contentes: récriminations, frustrations et exaspérations sont leur lot. Lotus d’Or est tout particulièrement enragée et comble son manque d’homme en compagnie de Luth le petit jardinier : échanges de regards pour commencer, bien plus encore pour poursuivre… Mais sa petite domestique Chrysanthème se charge de la dénoncer à d’autres domestiques et les dames s’en mêlent. Tout particulièrement Charmante qui n’apprécie point les mots durs de Lotus d’Or sur sa nièce…

Malgré les avertissements de Dame Lune, l’épouse principale, Charmante s'empresse de parle à Ximen Qing à son retour. Le jardinier est interrogé et battu avant d’être chassé. C’est ensuite le tour de Lotus d’Or nue et fouettée, pour un tableau assez affriolant dans son genre. Les deux complices nient tout bien évidemment. (Toujours nié à moins d’être pris sur le fait !) leurs versions se tiennent. Lotus d’Or sera finalement considérée comme innocent mais en gardera rancœur à Charmante qui recevra elle aussi quelques taloches… L’affaire a rapproché Lotus de Tour de Jade qui n’a point apprécié de perdre son jardinier. Et avec Ximen,  "la nuit venue, au bord de l’oreiller, pour les voluptés du poisson dans l’eau, elle se montra prête à tout les avilissements." Mais cela n’est pas suffisant pour empêcher le maître de maison de déserter à nouveau le logis pour la masure de Cannelle…

Cannelle qui en veut à l’épouse légitime, se refuse à Ximen Qing et lui fait une scène. A force de moquerie et de provocation elle finit par obtenir qu’il humilie Lotus d’Or en lui coupant une mèche de cheveux et en l’apportant à sa maîtresse.  Lotus d’Or cède, de mauvais gré , mais cède. Cependant, à peine Ximen parti elle recourt au sortilège d’un astrologue pour reconquérir son mari. Magies, potions, sortilèges entrent dans le roman…

"Si vous ne savez en fin de compte ce qu’il advint, écouter le chapitre qui vient" et écoutez bien car c’est maintenant que Fiole entre en scène. La deuxième belle dont le nom sert à nommer le roman.

photos: Anna May Wong

mardi 14 juin 2011

Les variations Chanel

Plus le temps passe et mieux je me sens dans ce que j’appelle les variations Chanel, ces trois parfums qui ont tant en commun, N°5, N°22 et Bois des Îles. L'air de famille m’a tout de suite semblé évident entre le N°5 et Bois des Îles, impression confirmée par mon entourage capable de reconnaître à l’aveugle un Chanel, moins avec le N°22 dont tout le monde dit pourtant qu’il n’est qu’une variation du N°5. Je lui trouve moi, une personnalité propre et peinais vraiment à leur trouver tant de points communs tant l’un me semblait doré, solaire et l’autre pâle, blanc et lunaire. Même si la construction aldéhydes - bouquet floral sur fond plus sombre est identique. Mais alors que le N°5 est légèrement savonneux, le N°22 est carrément talqué. (Oui, talqué plus que poudré mais avec en même temps un coté scintillant comme si ce talc contenait des paillettes)  Et puis un jour, en portant le N°22, je me suis surpris à renifler autour de moi en me disant que ça sentait le N°5 avant de réaliser que c'était moi qui sentait si bon. (Toujours agréable ça!)


Même si on reconnaît le jasmin du N°5 et le Santal de Bois de Îles, ils ne sont pas trop reliés à un ingrédient particulier, on conserve une impression d'ensemble, un aspect homogène qui me plaît tout particulièrement; j'avoue ne pas aimer plus que ça reconnaître les différentes facettes qui se succèdent, identifier les ingrédients un à un. Oui, je préfère vraiment m'entendre dire "tu sens Chanel" que "tu sens la violette, l'ambre etc..." Chacun ses petits snobismes n'est-ce pas?


Ils sont proches, mais finalement pas tant que ça. D'autant que les variations sur le N°5 à l'intérieur de la ligne de l'eau de toilette à l'extrait en passant pas la petite dernière Eau première permettent déjà pas mal de variations très identifiables, on est loin du quart de ton que certain propose, on sent une vraie différence. Personnellement, je ne peux pas supporter la version eau de parfum, beaucoup trop éloignée du N°5 original (original = extrait) et selon moi pas spécialement plaisante... Le N°5 est pour moi terriblement été, version côte d'azur élégante. Le jasmin, ça me semble quand même plus du sud que du pavé parisien. L'eau de toilette est peut-être plus parisienne que l'extrait en fait avec son coté très laque et vernis à ongle. D'ailleurs, elle diffuse mieux, a plus de sillage. Quelque part, elle est plus bourgeoise, sociale, plus pour les autres. Au printemps, la version Eau première rend bien dans sa simplicité très transparente quand il fait beau et pas trop chaud. Le N°22 se marie à merveilles aux brumes, à la neige avec son coté aristocratique, un peu froid et distant... Certains le trouvent romantique, je veux bien, mais alors, c'est le romantisme très dédaigneux d'une princesse au petit pois. Pas spécialement tendre. Très Duchesse de Guermantes. 

Bois des Îles, c'est l'exotisme du santal, l'exotisme d'une peau bronzée, le week end, les vacances, le soleil. L'exotisme à domicile, pas une expédition dangereuse en Amazonie ou quelque chose du genre, non, un roman sur une expédition ou une exposition dans un musée...


Et bien sûr, il faudrait ajouter les variations autour du N°5 faites par les autres maison, parce qu'un tel succès, c'est vrai, c'est imité. Un chef de file, ça a une descendance légitime et illégitime. Beaux et Chanel ont trouvé une formule magique, d'autres ont su la récupérer. Et je les aime aussi ces variations sur le thème, mais ces trois-là, si semblable et si différents pourrait me suffire. Ce qui est amusant, c'est que je les portes de plus en plus alors que je m'habille de moins en moins. On les dit habillés, élégants mais moi, je les porte avec des tennis un jeans et un T-shirt, mon uniforme du moment pas vraiment élégant. Et je les trouve assez cool finalement ces parfums, surtout Bois des Îles, le plus facile à porter de la bande à Chanel, et en ce moment, j'ai besoin de cool, cool de luxe, moi qui dans le fond, ne le suis pas et ne le serai jamais. Bon, N°22 pour l'hiver demande plus d'effort, mais d'ici l'hiver j'ai le temps de faire des efforts pour lui assortir un peu plus ma garde-robe. Encore que j'aime bien les contrastes....

Inspiration: Bette Davis recevant un Oscar, 1935


En 1935, Bette Davis recevait son premier Oscar et se faisait vertement critiquer dans les journaux pour avoir porté une simple robe de ville. Bleue marine et Blanche. Même pas une petite robe noire. La vérité, c’est que Bette se foutait probablement de ses robes. Bette était peut-être l’une des premières stars no look. Une actrice plutôt qu’une star.


vendredi 10 juin 2011

Jin Ping Mei: les cinq épouses de Ximen Qing

Ximen Qing avait donc cinq épouses. La principale, Dame Lune avare de parole et pleine de dignité était sans cesse souffrante et s’occupait donc fort peu de la maison. La seconde épouse, Charmante était une ancienne « chanteuse » des quartiers de plaisir, empâtée depuis sa glorieuse époque de courtisane, s’occupait donc des invitations et de l’argent. La troisième épouse était Tour de Jade qui détourna un instant Ximen de Lotus d’Or, naturellement charmante et récemment arrivée. Belle de Neige Sun était la quatrième, ancienne soubrette, elle dirigeait les domestique, l’intendance et s’occupait de la cuisine. Ensuite venait Lotus d’Or.

Lotus d’Or accaparait le maître. Lotus d’Or excellait aux choses de l’amour, supérieure en cela aux courtisanes. Alors qu’elle jouait de la flûte de jade (traduction en termes moins poétiques : en pleine fellation), elle eu un geste de pudeur et voulu refermer le rideau pour ne point que sa servante la vit. Ximen Qing fut égayé par la chose, trouvant que c’était là beaucoup de manières et expliqua que le voisin usait des servantes et que celles-ci était toujours présentes ou que fut leur maîtresse. Lotus d’Or lui répondit que ce n’était point son genre d’ faire venir d’autres femmes dans son lit et qu’elle ne goûtait point cette sorte de concurrence mais lui dit qu’elle s’en irait promener le lendemain et qu’il n’aurait qu’à lutiner à loisir Fleur de Prunier à cet instant. Ce qui fut fait. De ce moment, Fleur de Lotus s’en fit une alliée et la traita avec égards.

Lotus d’Or n’étant point sotte avait fait sa cour à Dame Lune, lui rendant visite, allant broder à ses coté ; mais l’ambiance à la maison n’était pas bonne et parmi les autres épouses, il s’en montra de jalouses. Et lorsque Fleur de Prunier s’en alla en cuisine chercher le déjeuner du maître, Belle de Neige ne perdit pas l’occasion d’une dispute et ce furent des injures par personnes interposée puisqu’il est toujours plus facile de s’en prendre à la soubrette qu’à la maîtresse. Mal lui en prit : Dame Lune lui donna tort. Ximen Qing averti par ces cris lui donna tort également, et ce à coup de taloche.

Cinq épouse plus des servantes, voila qui est peut-être un peu beaucoup pour la bonne marche d’une maison. D’autant que Monsieur Ximen ne va pas se priver d’aller butiner ailleurs d’autres fleurs. Ce que vous verrez si vous revenez lire la suite du Jin Ping  Mei dans les jours prochains. La tension monte, les passions s’exacerbent et l’appétit sexuel de Ximen Qing semble infini.

Hors des murs, Wu Song s’en prenant à un homme qu’il a pris pour Ximen le roue de coups et le tue. Ximen saisit l’occasion pour se débarrasser du fâcheux et veux le faire condamner à mort. Mais son influence montante n’est pas assez grande et Wu Song, n’ayant voulu que défendre la mémoire se son frère défunt, n’est condamner qu’à l’exil. Et le juge veut entendre les gens à propos de la mort suspecte du premier mari de Lotus d’Or. Ximen Qing pourra t’il surmonter cela ?



jeudi 9 juin 2011

White Flower Power



Avec la chaleur qui s’abat sur moi, j’ai envie de m’enivrer du parfum capiteux des fleurs blanches dans leurs versions les plus animales ou les plus faisandée. Avez-vous déjà senti des fleurs d’oranger agonisant entre vos doigts ? Senti Les Lys se fanant en vase dans un appartement aux fenêtres closes ? Les fleurs blanches sont fatales, létales, mortifères et décadentes. Elles n’ont rien des prémices, rien de la pureté. La fleur blanche est capiteuse et enivrante, charnelle et animale. C’est une caresse morbide sur le corps dans la chaleur de la nuit, un outrage à la pudeur. La fleur blanche est une princesse peinte par Jean Lorrain, une statuette chryséléphantine à l’ivoire poli, qui se bruni, dont l’or se corrompt. Une fleur blanche n’annonce pas le printemps mais sa propre mort et la nôtre.


Ma wish list pour l’été :
Fleur d’Oranger et Un Lys, Serge Lutens
Gardénia Passion et la Tubéreuse, Annick Goutal
Jardin Blanc, Maître Parfumeur et Gantier
Fleurissimo de Creed

Illustrations: peintures de Geaorgia O'Keeffe

mercredi 8 juin 2011

Jin Ping Mei: il s’en passe à Deux Rivières...

Je vais vous faire l’avance rapide car les événements continuent leur chemins assez lentement… ça ne veut pas dire que le livre soit sans intérêt : que du contraire, on a quelques scènes de pure comédie (disputes familiales avec noms d’oiseaux qui volent), quelques commentaires vachards sur les prêtres, quasiment tous débauchés et pervers

L’avancée de l’intrigue ? Loin de se contenter de  Lotus d’Or, Ximen Qing l’oublie un peu car on lui propose en Mariage Tour de Jade, belle veuve qui a du bien, que sa famille souhaite établir en faisant quelques bénéfices au passage. La dot jointe à la beauté transporte d'aise  Ximen qui ne va voir Lotus d’or pendant plus d’un mois, tout préoccupé qu'il est par les préparatifs du mariage et la nouvelle épouse à lutiner.

Mais Lotus d’Or, infatigable séductrice qui veut son homme,  le relance et le récupère assez vite car est est aux choses de l'amour plus experte que les courtisanes. Malheureusement le retour de mission du beau-frère Wu Song jette un trouble sur la félicité des amants. Le délai minimum étant passé, Lotus d’Or épouse Ximen Qing pour se mettre à l’abri et vivre ses frasques sexuelles sous un toit plus conjugal. Bien leur en prend, Wu Song se précipite au tribunal pour porter plainte ; mais comment prouver un meurtre sans cadavre à examiner (Wu l’Aîné a été incinéré), sans témoins et qui plus est lorsque les juges ont tous des liens avec un Ximen Qing, chaque jour plus riche et plus puissant grâce à ses trafics ?

Mais enfin, voila Lotus d’Or qui entre chez Ximen Qing en qualité de cinquième épouse. Ce qui ne réjouit point les autres épouses car "Lune pleine n’est que désolation de la nuit, quand elle fait le bonheur de la rivale." 

mardi 7 juin 2011

Inspiration: Fashiontoast

Fashiontoast est the Blog mode qu’il faut lire. Ou tout simplement regarder.
Rumi est belle, bien habillée, elle semble toujours photographiée par Sofia Coppola ou Gus Van Sant. Les tenues sont sublimes MAIS simples et réalistes. La mode semble tout d’un coup évidente comme une crème hydratante et un T-shirt en coton, la beauté n’étant rien de plus qu’un peu de mascara.

Taux de faisabilité : Méfiance, pas si élevé que ça. OK, ça semble facile à copier, les tenues sont belles mais pas forcément hyper chères, portables etc. mais… Dans la vraie vie, on n’a pas cette photographie sublime, ni les jambes longues, longues, longues et l’œil de biche. (En plus, je ne sais pas vous, mais moi et la Californie, il y a un écart climatique certain)

En même temps, on s’en fout un peu parce que ce site est tout simplement hyper esthétique et poétique.

Vive la Californie.



lundi 6 juin 2011

Jin Ping Mei:Ximen Qing entre en scène.

Anna May Wong
À force de se montrer à sa fenêtre Lotus d’Or attira l’attention d’un homme qui passait dans la rue. Ximen Qing était un apothicaire qui participait à tous les trafics et s’était d’autant plus enrichi qu’il n’avait pas de scrupule. Il était veuf de sa première épouse, possédait diverses concubines et entretenait quelques prostituées. Conquis par la beauté de Lotus d’Or le débauché alla trouver la mère Wang, entremetteuse et un peu maquerelle (imaginez là entre la Frosine de l’Avare et la Madame Anaïs de Belle de Jour), la voisine, qui tenait maison de thé, pour qu’elle l’attire chez elle et qu’il puisse séduire la belle dont le "corps avait la sveltesse légère d’un bouquet de fleurs."

Heureuse en ménage comme elle l’était, Ximen Qing avait tout du prince charmant et l’affaire fut vite conclue : Lotus d'Or ne tarda pas à découvrir à la base de l'outil de Ximen ‘l’anneau de soutien d’argent battu, bouilli dans une décoction d’herbes médicinales" Il contempla "la partie au dessus de la porte de sa vallée : pas le moindre duvet ! La chose apparaissait d’une blancheur odorante, tendue comme un tambour et pourtant pleine de douceur, crépée de rougeur, mais ferme et rebondie : objet entre tous adorable et désirable." Ensemble, ils jouèrent au jeu de la pluie et des nuages. (Expression traditionnelle), y jouèrent tous les jours et le bruit finit par parvenir aux oreilles du mari, bien sûr…

Ximen l’apothicaire, suite à une suggestion de la mère Wang, fournit de l’arsenic à sa maitresse qui s’en servi et se trouva veuve. Vous devinez que les amants s’en donnèrent à cœur joie : "Elle savait de mille façon aller au-devant de ses désirs. Ximen Qing, de son coté, s’activait en l’art de manier sa lance."

"Enfin, si vous ne savez ce qu’il advint, écouter le chapitre qui vient."

Mon Week end chez les W***

Week end au château, couronnement d’une ascension sociale, faîte de la gloire...

L'Heure Fougueuse, Mathilde Laurent pour Cartier, 2010


Tout d’abord, le thé, pendant des heures. Pas de chance, c’est évidement du thé Indien et non du chinois. Un thé d’Assam pour être précis, c’est déjà ça, un très bon thé d’Assam même, mais je préfère la rondeur du thé de Chine, et bien sûr, il est préparé à l’anglaise, chose que je déteste: les feuilles directement dans la théière, en très belle porcelaine d’ailleurs, avec pour résultat un thé forcément trop fort dès la deuxième tasse. Mais c’est au moins quelque chose de chaud dans cette vieille baraque. La conversation ne se languit pas vraiment, mais je ne parvient pas à m’intéresser aux commentaires sur la route pour venir jusqu’ici, la météo and co, ou aux délires écolo-bio du fils.

Après, virée dans la campagne anglaise, tout le monde en Barbour brunâtre (c’est un terme générique, l'éventail de nuances est varié) avec les chiens et sur un cheval. L’équitation n’est pas mon truc et ne le sera jamais. Faire une ballade dans la campagne anglaise sur un pur-sang, je suis désolé mais ça ne m’intéresse pas le moins du monde. Aussi beau soientt les chevaux, et aussi beaux soient les paysages, ce n'est tout simplement pas ma place. Chacun son truc, moi, ce que j'aime, c'est la ville, un appartement confortable avec un bon livre.  Pas de bol Lilibeth adore ça. Ça ET ses chiens. Et c'est Lilibeth qui décide.

La bonne nouvelle, c’est que je ne suis pas snob, du moins, c'est ce que je me suis dit la journée finie: j’étais si content de retrouver mon petit chez moi, douillet, et mes vieux amis, peut-être moins titrés, mais pas moins chics, qui me semblent tellement plus intéressants, plus amusants… (ou peut-être juste plus comme moi, allez savoir)

dimanche 5 juin 2011

Jin Ping Mei: Lotus d'Or entre en scène

Le Jin Ping Mei tire son titre Fleur en Fiole d'Or du nom de trois de ses héroïnes. Lotus d'Or est la première à entré en scène. Voici comment tout commence...

Zhang Ziyi dans 2046
Wu Song rentre dans son pays natal discrètement après s'être attiré des ennuis alors qu'il était ivre. En chemin, le colosse tue de ses mains nues un tigre qui terrorisait la région de Claire-Rivière. Accueilli en héros dans cette sou-préfecture après cet exploit, il se voit nommé chef de la milice et retrouve son frère Wu l’Aîné. L’Aîné est le raté de la famille: pauvre vendeur de galettes qui n'arrive pas à joindre les deux bouts, avec un caractère à peu près aussi consistant que celui d'une serpillière, mais curieusement il est marié à Lotus d'Or, coquette aux multiples talents. (Son nom est une allusion à la taille et à la joliesse de ses petits pieds bandés. Très érotique pour l'époque.) Mais comment une union pareille se peut-elle?

A 9 ans, Lotus d'Or, déjà très jolie, a été vendue à la mort de son père au Palais du commissaire impérial ou elle a appris la musique et le chant. "Elle savait aussi fort bien se maquiller, se coiffer, s'habiller..." A la mort du commissaire sa mère l'a réclamée et revendue à la famille des Zhang. Le maître avait une épouse "difficile" dame Yu (comprenez qu'elle ne voulait pas lui laisser avoir d'autres épouses) qui ne lui avait pas donné d'enfant, il a donc prétendu vouloir une fille à chérir, mais n'a pas tardé à mettre Lotus d'Or dans son lit charmé par "son visage au teint de pêche, ses sourcils arqués comme le premier croissant de lune, sa taille fine aux courbes ravissante." Dame Yu, point idiote s'est aperçue de la chose et Zhang s'est empressé de marier la belle à son locataire Wu l’Aîné. Dans le seul but bien sûr de continuer à fréquenter Lotus d'Or. A la mort de Zhang, sa veuve, définitivement pas naïve, s'est empressée de jeter le ménage à la porte...

Vous comprenez maintenant le pourquoi de l'union du benêt et de la bombasse. Évidemment le mariage se passe mal car " le bonheur de se presser contre le jade onctueux ne saurait échoir au caillou stupide" chante joliment Lotus d'Or à sa fenêtre. La belle enrage, n'a de cesse de se faire admirer des hommes. Lorsqu'arrive le beau-frère, elle l'invite à loger chez eux, lui fait des avances répétées, toujours plus provocante, "exposant sans vergogne un peu de sa délicieuse gorge, ses chignons vaporeux à demi défaits ..." En vain, l'homme est honnête, ne cédera pas à ses avances. Lotus d'Or brouillera donc les deux frères et enverra Wu Song à l'auberge. Wu l'Aîné, son mari, quand même pas idiot au point de ne se rendre compte de rien, tentera de la garder enfermé mais Lotus d'Or se poste à sa fenêtre, à l'abri d'un store, chante, exhibe ses petits pieds...

Le tableau du mariage et de la condition de la femme à l'époque ne fait pas nécessairement rêver et la frustration de Lotus d'Or se conçoit aisément, préparant la voie à toutes les débauches et à toutes les infamies. Il est clair que ce roman ne sera pas celui de la vertu inébranlable. Lotus d'Or ne préfigure pas la Justine de Sade, plutôt sa Juliette. Il semble qu'a l'origine de tous les maux, on trouve l'argent et le plaisir de quelques riches car si le sort de Lotus d'Or n'est pas enviable, celui de Wu l'Aîné ne l'est pas plus.

Le style est très lisible et le fait que le texte soit entrecoupé de morceaux de poème ou de chant est franchement plaisant car ces fragments s'intègrent très bien à l'ensemble. La lecture est vraiment fluide et les notes, si elles sont utiles, ne sont pas indispensables: on peut franchement lire d'une traite en suivant et en comprenant l'histoire. Les scènes de séduction de beau-frère relèvent presque de la comédie et  on s'amuse de  voir la vamp torride essuyer échecs et rebuffades: Qui a dit qu'un classique était forcément sérieux et ennuyeux? Les allusions sexuelles ont recours à des métaphores qui me semblent hautement poétiques et jolies, maintenant, peut-être bien, probablement d'ailleurs, que pour un chinois du XVIème siècle, c'était assez cru comme grivoiserie.

Vous pensez savoir ce qui va arriver? Rendez-vous bientôt pour savoir si le destin sourira à Lotus d'Or, la mal mariée.


Jin Ping Mei, Fleur en Fiole d'Or, traduction d'André Lévy, disponible en Folio et dans la Pléiade

samedi 4 juin 2011

Et si nous lisions ensemble le Jin Ping Mei?

Je ne sais si c'est un effet de la chaleur mais en ce moment, je suis décidément pris de paresse languide et le courage me manque pour lire, chose qui pourtant me maintient en vie. Je compte bien faire les lectures communes du blog de Delphine, ainsi que lire La femme fardée pour le challenge Françoise Sagan, et puis...

Et puis comme souvent, dans ces périodes, je vais relire et relire un classique. Pour cet été mon choix ne va pas se porter sur Marcel Proust mais sur un classique chinois du XVIème siècle: le Jin Ping Mei, Fleur en Fiole d'Or. Je vous entends d'ici dire que ce genre de roman est loin de nous parce que bon, la Chine du XVIème siècle, quoi! Et qu'en plus, il y beaucoup trop de pages, plus de 2000 dans l'édition de poche quand même et..., et..., et... Et alors? Ce genre de remarque m'agace toujours un peu, surtout venant de gens qui se sont pâmés à la lecture du seigneurs des anneaux par exemple. Un roman qui s'est quand même très bien vendu, a été beaucoup lu, a ses inconditionnels en dépit du nombre de pages. Et qui ne nous parle pas vraiment de notre réalité immédiate à ce que je sache. Si? Dans votre vie il y a beaucoup de trolls? OK, autant pour moi.

Le Jin Ping Mei, ça parle de désir, de luxure, parfois d’amour, de la course pouvoir, de corruption, de la passion de l'argent. Venez me dire que tout cela est loin de nous et je ne vous croirez pas. Alors, j'ai une proposition à vous faire: Lisez le Jin Ping Mei avec moi. Pas "allez-achetez le livre et lisez le" je ne rêve pas, mais revenez sur le blog de temps en temps: je posterai au fil de ma lecture des résumés des passages lus, je ferai des commentaires, etc. Ce sera notre petit roman feuilleton de l'été à vous et moi. Et j'espère bien que d'ici la fin de l'été vous aurez été amusés, intéressés et que vous aurez changé d'avis sur les classiques même lointains, qu'ils ne vous feront plus peur, qu'ils vont vous intriguer et que vous vous direz qu'il y a du plaisir à prendre... Rendez-vous bientôt pour découvrir qui est Lotus d'Or, "femme si fine, si élégante, en tout parfaite, et en premier lieu, excellant aux amours défendus..."

Jin Ping Mei, Fleur en Fiole d'Or, traduction d'André Lévy, disponible en Folio et dans la Pléiade


mercredi 1 juin 2011

Usages du monde et parfums: pour bien commencer...

Il va de soi qu'une dame ou un gentleman élégant ne saurait se contenter d'un seul parfum. Pour répondre à toute les occasions, il suffit cependant de quelques uns. Nous évoquerons les différentes circonstances de la vie et les obligations parfumée qui s'imposent. Pour pouvoir dire exactement ce qui vous convient, il est bon de faire le point sur votre vie, les évènements de votre quotidien, les différentes cérémonies auxquelles il est possibles que vous soyez convié(e) etc. J'entends déjà certains esprit grincheux se plaindre de la futilité de la chose et de la dépense inutile qu'elle entraîne. Ne pensez donc pas aussi petitement et pensez que la politesse et l'élégance sont non seulement indispensable à la vie en société mais par leurs grâces même concourent au bonheur de chacun. Il est donc de notre devoir de citoyens et de citoyennes de nous plier à certains usages sans que cela pèse trop lourdement sur un budget modeste. Notre but n'est pas de mettre en péril l’économie domestique. 

Commençons par une règle simple: la discrétion est de mise pour le quotidien, les occasions informelles. Et dans le doute, il vaut toujours mieux être un peu trop simple que trop recherché. La simplicité est modestie et, bien choisie, cette qualité est toujours plaisante. Tout au contraire, une certaine allure un peu trop altière passe pour prétentieuse. Si vous n'avez qu'un seul parfum, qu'il soit donc bien choisi, de belle qualité mais sans prétention. Vous pourrez ainsi vous en servir quotidiennement, ce qui est beaucoup plus agréable qu'un "grand" parfum sorti de l'armoire uniquement pour le bal. Être toujours bien soigné est bien plus enviable qu'être très élégant ce soir

Pour les jeunes gens encore sous le toit parental, ce parfum de jour discret doit même être le seul, la sortie en soirée ne devant pas autoriser la jeune fille ou le jeune homme à briller par des artifices, ils leur faut paraître orné de leur seule fraîcheur. Il serait d'ailleurs parfaitement absurde de se passer de cet avantage certain sur leurs aînés en le masquant derrière des toilettes trop élaborées et des parfums lourds.

Une senteur de violette étant toujours agréable, Violetta de Penhaligon's serait un choix judicieux pour la jeune fille: classique, poudrée, présente mais loin d'être l'un de ces bonbons à la mode qui sont toujours envahissant. Il faut toujours se méfier de la mode en terme de parfums: elle est trop souvent une exagération. Et de surcroît, elle est le contraire de la personnalité et de l'originalité. Un classique un peu oublié est toujours préférable, d'autant que n'étant pas susceptible de se démoder, vous pourrez lui être fidèle longtemps. Pour la jeune femme Fleurissimo de Creed est, par exemple, charmant dans un genre plus élaboré qui correspond mieux à la vie d'une dame que d'une demoiselle tout en restant dans une certaine juvénilité: des fleurs blanches sans lourdeur mêlées à la feuille de violette pour une pointe de fraîcheur, la tubéreuse y est raffinée mais, pour une fois, de bon ton.  

Pour le jeune homme, des notes aromatiques, citronnées sont du plus bel effet. Monsieur Balmain est charmant dans ce genre mais peut-être un peu exubérant dans sa note citronnelle. L'Eau d'Hadrien d'Annick Goutal, corbeille de citrons sur fond de cyprès, plus classique, est probablement le meilleur choix. Lorsqu'il s'établi dans la vie et a charge d'un foyer, l'homme du monde préférera peut-être une eau de toilette un peu plus posée, qui reflète sa maturité.  Grey Flannel de Geoffrey Been, violette verte et boisée présente l'avantage d'être à la fois originale et de facture très classique; elle passera aussi bien au bureau qu'en week end à la campagne.


Illustrations: portraits par Nadar