Il y a des jours comme aujourd’hui (et hier et avant-hier et…) ou je n’ai pas envie, de rien, pas le moral, ou je suis grognon… La faute au manque de sommeil, à une vie professionnelle assez navrante, à une vie privée parfois chaotique et… et… et… En gros, il y a des jours sans, des jours ou j’ai besoin de vacances. Et en attendant, au bord de l’épuisement, je tiens sur les nerfs, mécontent de tout et de toput le monde, à commencer par moi. Je suis certain que vous connaissez.
Ces moments-là ne sont pas propices à la lecture, j’ai vraiment du mal à me tenir à un livre parce quie je n’arrive pas à me concentrer, rien ne me plait, etc. Et bien sûr, je dois quand même lire, sinon, je meurs, et je dois prévoir ma pile pour les vacances alors que je ne suis pas forcément dans les meilleures dispositions pour ça. A éviter à tous prix : tout ce qui est un peu mollasson, dégoulinant de bons sentiments et d’optimisme. Ça ne colle pas avec mon humeur et ça me déprime, c’est le meilleurs moyen de s’effondrer, àalors que je dois tenir un peu. (Surtout ne pas relâcher la tension sous peine d’écroulement immédiat) Méfiance aussi vis-à-vis des classiques un peu trop perspicace au point de vue psychologie, ce n’est pas le moment de me remettre en question et de fouiller ma psyché.
En ce moment, il me faut du polar sangleant et effrayant. Ça tombe bien, un Mo Hayder vient de sortir en poche. Cette vilaine fille a l’art de fouiller les recoins les plus tordus des âmes humaines les plus déviantes avec des accents hyper réalistes et supra flippant qui tiennent en haleine tout au long d’un suspens bien construit. Mo ne m’a jamais déçu ! J’ai pris aussi un Preston & Child hors de la série des Pendergast qui me plait tant. Je me dis que ce duos là doit bien réussir aussi son coup sans son inspecteur fétiche. Rien pour passer de bonnes nuits, nous sommes d’accord. Pas que je fasse de mauvais rêve, mais si le livre est prenant, je lutte pour ne pas m’endormir et continuer encore un peu. Bien sûr que c’est idiot, mais la lecture est une addiction comme une autre, parfois aussi dangereuse pour la santé.
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Alice Sapritch dans La cousine Bette adapté pour la télévision |
Au chapitre des relectures, j’ai commencé un Sagan : la femme fardée : faussement léger, avec beaucoup de fond sous la jolie surface et une ironie qui va parfois jusqu’au cynisme, avec beaucoup de drôlerie, parce qu’on ne peut pas pleurer tout le temps, ce ne serait pas élégant. Et je pense me faire l’un ou l’autre Balzac, assez sombres dans leurs genres. J’ai en tête la cousine Bette et Eugénie Grandet. Oui, décidément quand je n’ai pas le moral, j’ai besoin de sordidité et de noirceur et Balzac fait très bien ça, dépeindre la cruauté quotidienne au sein des familles, l’avarice d’un père qui fait le malheur de sa fille, la revanche d’une cousine aigrie qui médite patiemment la ruine des siens…
Coté parfums, pas question de me relâcher non plus, pas pour moi, les parfums doudous, les douceurs régressives et consolantes, les senteurs délicates et mièvre qui vous parle d’un monde meilleur : il me faut du fort, de l’intense. Bas de Soie, la belle sadique de Lutens m’accompagne beaucoup : gifle de galbanum, jacinthe cruelle et iris méprisant, c’est tout ce qu’il me faut. Un parfum sous tension prêt à sabrer la vie, à trancher dans le vif. Une tubéreuse aussi ! La tubéreuse, je l’ui ai toujours trouvé des airs de fille qui fait la gueule, ou du moins la moue, prête à taper du pied et pousser les hauts cris! Ce fut mon ressenti avec Poison et je n’ai jamais changé d’avis depuis.Remarquez, j’aime assez, c’est très séduisant : pensez moue d’une BB de 20 ans (avant qu’on ne découvre qu’elle n’avait pas que l’air bête) ou Isabelle A dans l’été meurtier… Bon, il y a plus subtil que Poison, ce bon vieux Poison, diva de loin avec ses fleurs blanches et ses épices, drag queen de plus près parce que seul une drag queen peut oser ce maquillage à la truelle un peu bâclé, et assez popote au quotidien dans le fond avec tous ses fruits façon tartelette…. Quelque chose en vous est Dior, peut-être, mais je ne sais pas trop quoi, je suis plus fracassant, je sais me tenir, moi, Madame !
En fond musical : Beth Ditto, Open heart surgery.