Précisions : Au départ il y avait la fashion victim qui s’est voulu moins victime et est passé fashionista. Les fans de parfums se sont réapproprié le vocable pour l’adapter à leur propre passion et sont devenu des perfumistas.
A l’origine, l’amateur de parfum était solitaire. Il se contentait d’assouvir sa passion seul dans son coin, lisant les rubriques parfums de Votre Beauté, les suppléments disponible en novembre dans les pages de Elle et de Vogue, son Ancien Testament : Le Parfum d’Edmond Roudnitska et son Nouveau Testament : Le Guide des Parfums de Lucas Turin. Sa meilleure amie et complice, vile mercenaire souvent intéressée, était la vendeuse de parfumerie qui en connaissait souvent moins que lui… Son entourage immédiat, familiale, professionnel ou amical, ne jetant sur lui qu’un regard condescendant et amusé qui pouvait assez vite tourner à l’œillade outrée devant tant de futilité « Quoi ? Encore un Flacon, mais tu en avais déjà … » étant admis qu’on peu posséder un parfum sport, un parfum habillé, une eau fraîche pour l’été au grand maximum.
Enfin, apparu Internet avec ses blogs et ses forums : il n’était plus seul, pu enfin communiquer avec ses semblables ! Une véritable petite mafia s’est crée autour de quelques sites, cristallisant les passions, les exaspérant, finissant, étape ultime, par créer des groupes plus ou moins secrets sur les réseaux sociaux de type Facebook ou les frappadingues se retrouvent et le livrent à leurs rites étranges, imposant des modes, des habitudes, des rituels.
Une partie de son temps est donc consacrée à l’adoration des grandes œuvres de la parfumerie. Dite Féminité du Bois et les prosternations virtuelles vont se multiplier, c’est comme ça !
Maurice Roucel Photo: Guillaume Luisetti source Wikipedia |
Mais la perfumista a aussi ses idoles de chair et de sang qu'elleadore comme toute star mérite de l’être avec cris, déclarations enflammées et petits bonds de joie ! Oui, pour certain, le parfumeur est une star comme les autres. L’évocation de Maurice Roucel, par exemple, suffit à déclencher des manifestations comparables dans ces cercles restreints à l’apparition de Justin Bieber à la sortie des écoles, à des débats passionnés sur sa moustache, son « dans tes bras » etc. Il y en a pour des heures de dévotion. Mon Dieu, si c'est pauvres gens savaient! Parce que bon, soyons clairs, une Rihanna se lançant dans la chanson a vaguement conscience de devenir un objet de fantasme, pas certain qu'une Mathilde Laurent avait pensé à cet aspect des choses en se lançant dans la vie professionnelle.
Plus surprenant, parmi les idoles des perfumistas, on trouve aussi certaines vendeuses mythiques : Josiane, au stand Cartier des Galeries Lafayettes, ou Linda, de boutique Goutal à Bruxelles, sont des stars qui s’ignorent. Gentilles, généreuses en échantillons quand elles peuvent et surtout prêtes à bavarder, à laisser sentir en prenant son temps, ces vendeuses là, on les suit d’une marque à l’autre, d’une boutique à l’autre, fidèlement, et on se chuchote leurs noms et leurs horaires entre fans. Si les marques étaient intelligentes, elles choieraient ces filles et les traiteraient comme des déesses au lieu de filer du pognon à de stupides top models que personne n’aime. Oui, moi, je l’avoue, quand j’ai une envie, je vais chez ma vendeuse préférée plutôt qu’à coté parce que tant qu’à faire entre deux parfums INDISPENSABLES, je préfère celui qui est vendu par la fille sympa.