jeudi 29 mars 2012

Rétro 2.0


Je n'ai compris que très récemment Love Chloé en écoutant l'album de Lana Del Rey : tous les deux partagent en effet la même esthétique directement pompée d'un blog à la page sur Tumblr. Il y a là un aspect vintage, un ensemble de références à des choses connues, un faux côté rétro, des couleurs saturées et réchauffées via Instagram, pour mettre en scène une adolescente d'aujourd'hui, un peu boudeuse, un peu sexy, qui prends des pauses d'autrefois dans ses fringue Forever 21. On est à la fois en terrain connu, tout en ayant ce vague frisson de nouveauté. Lana n'aurait pas sorti les mêmes musiques, terriblement produites et formatée, il y a 20, 30, 40, etc. ans. Chloé n'aurait pas sorti le même parfum, à la production tout aussi soignée, non plus.

Love Chloé joue sur l'effet aldéhyde-poudre, salle de bain chic et cosmétique de luxe, d'un propre rétro et de bon ton, se donne des airs d'anciens à la fleur d'oranger… Pourtant pas un parfum vintage ne sent comme lui, il est bien de 2010, on ne s'y trompe pas. Des parfums actuels, il a la présence légère, la clarté. Il fait seulement penser à maman et à Lauren Bacall, la jeune fille qui rêve en feuilletant de vieux magazines de mode. Chloé surfe sur la vague, réussi encore une fois à exprimer mieux que quiconque l'air du temps, mais prend aussi le risque de la démode car finalement ni le parfum éponyme, ni celui-ci n'ont vraiment autre chose à dire que refléter leur époque, c'est risquer de se laisser dépasser, oublier… Ce qui serait dommage car Love Chloé est un joli parfum.

Love Chloé, Louise Turner et Nathalie Gracia-Cetto pour Chloé, 2010




PS : plusieurs fois sur Tumblr, je me suis d'ailleurs fait la réflexion : Chloé a vraiment réussi ses flacons, terriblement photogéniques.

mercredi 28 mars 2012

Politiquement incorrect


 Ce weekend, j'ai dû assister à un baptême et comme tous les jours, je ne savais pas quoi me mettre jusqu'à ce que l'évidence s'impose : il me fallait My Sin de Lanvin. À cause du nom, bien sûr, les cérémonies religieuses me faisant toujours me sentir un abominable pêcheur. Lisez le Catéchisme de l'Eglise Catholique, cela devrait suffire à vous convaincre que vous aussi, tant l'Eglise cherche à voir la paille dans l'œil de tous. Mais je m'égare. Bref, pour me sentir Satan dans un bénitier, le parfum de Lanvin, signé Madame Zed en 1924 était parfait.


My Sin démarre par des aldéhydes à la pelle et des fleurs en abondance, doré, opulent, empli d'un orgueil qui dit « voyez ma beauté, voyez ma richesse » insolent, et provocant, défit de la grande cocotte qui mène la grande vie à l'heure ou la petite bourgeoise s'ennuie chez elle. Ensuite, les choses se corsent, sous la patine affleure la bête, le sombre, mais attention « always with style » : il est question de peau nue sous manteau de fourrure, pas de sueur et de mal lavé comme c'est souvent le cas avec les parfums modernes lorsqu'il est question d'animalité. Relisez la Venus à la fourrure de Sacher-Masoch pour comprendre. My Sin chante avec sa belle rondeur, dorée et vicieuse, les joies de l'interdit, les charmes de l'adultères, les plaisirs du triangle amoureux, le vice facile et hédoniste, à l'instar de Gloria Swanson, la plus grande star de ces années-là qui sur les portraits que nous avons conservés d'elle semble s'être adonnée à tous les fétichismes et à tous les luxes. Le parfum fini en laque de Chine, absolument noire, intense et pourtant terriblement brillante.


Gloria Swanson
My Sin n'est pas un de ces parfums doudous comme les affectionne notre parfois bien triste époque, mais un parfum qui se porte comme un défi. Il y a celle qui font la moue, les niaiseuse en sucraillons, qui essayent de vous avoir en vous faisant du charme, en étant mignonnes, trop mignonnes pour qu'on puisse leur en vouloir, My Sin vous rit au nez, vous nargue. My Sin, c'est Mon Péché, pas votre avis, un parfum qui s'assume.

My Sin, Madame Zed pour Lanvin, 1924.
discontinué (chienne de vie!)

lundi 26 mars 2012

Cheap Beauty

À tant photoshopper ses parfums, Calvin Klein les dépersonnalise, comme ces stars invitées des journaux télévisés qui à force de surexpositions n’ont plus de ride, ni de nez, à peine une trace d’eye-liner et de rouge à lèvre au milieu de la tache lumineuse et floue qui leur tient lieu de visage. Assez effrayant.

Beauty by Calvin Klein, floral, ultra lissé, était une daube infâme et sans personnalité évoquant vaguement, de loin, de très loin, le lys, Sheer Beauty fait encore pire, évoquant de loin, de très loin, un désodorisant bon marché pour toilettes.

J’ai été horrifié qu’on ose m’en envoyer un échantillon. Si quelqu’un me l’offre, je pleure. (Et je ne lui adresse plus JAMAIS la parole)

Sheer Beauty,Sophie Labbé pour Calvin Klein, 2012

C’est le printemps…

Fragonard


Louis XV,
Maurice Quentin de La Tour

Cette année, j’ai des envies de pastels, de XVIIIème siècle, comme souvent, plutôt Pompadour que Marie-Antoinette.

Pour accompagner ces envies versaillaises :
-Jardin Clos (Diptyque) jacinthe et lilas pour un bout de nature intimiste en bleu et mauve.
-Infusion d’Iris (Prada) pale et froide, indispensable.
-Rose Splendide (Goutal) et sa si jolie rose fraîche et verte.
-Miss Dior (à dénicher en vintage) parce qu’un chypre vert si bien équilibré et si romantique, c’est juste parfait.
-Des bougies Trudon : la Marquise, rosée, et Trianon qui sent si bon la jacinthe.
-une bougie Lilas de Diptyque
Boucher

vendredi 23 mars 2012

Je n’ai PLUS RIEN à me mettre…


Voila probablement la phrase que je prononce le plus souvent. Au moins une fois par jour. Et bien sûr, devant un placard qui menace d'exploser, et une armoire à parfums plus que bien garnie. Et j'ai tendance à penser que cela fait partie de la normalité de l'espèce humaine même si j'entends parfois parler de gens qui n'ont pas ce genre de souci, se trouve tout à fait heureux avec deux jeans, trois T-shirts et un flacon d'eau de Cologne. D'une certaine façon, ces gens sont un peu mes héros du quotidien, mais en même temps, je les plains très sincèrement, je me dis qu'ils passent à côté de quelque chose, d'un des petits (grand, j'avoue) plaisirs qui enchantent le quotidien…

Le grand problème du matin, c'est peut-être que rien ne va avec rien, ce qui est souvent la théorie des relookeurs, mais en même temps, c'est ça LE truc que rien n'aille avec rien et que ça puisse finir par faire un tout cohérent, donc tout à fait l'opposé d'un uniforme. Je commence toujours par décider de LA chose que je veux porter, la pièce qui va déterminer tout le reste que ce soit le parfum ou les chaussures. Oui, certain matins, je choisis d'abord quelles chaussures ou quel parfum je veux porter et tout le reste en découle. En fait, tout part de « mais qui ai-je envie d'être aujourd'hui ? »

J'ai toujours plus ou moins consciemment considéré la mode ou le parfum comme un jeu sur l'identité. Non pas un révélateur de l'identité, ce miroir « dis-moi qui je suis », je n'y ai jamais cru, plutôt comme une série de rôles, de déguisements qui traduisent probablement une partie de conscient ou une partie d'inconscient… Et je trouve amusant de montrer différentes facettes en même temps, c'est aussi pour ça que je décale. Parce que l'aldéhydé fleuri de bourgeoise, ça se marie parfaitement à la tennis pourrie. Et dans un sens, si le mélange exprime une personnalité, elle est complexe, à facettes au moins, pas bloquée en mode arrêt sur image. (voire en mode caricature) En ce moment, je suis en pleine fixette aldéhydes de bourgeoise. Ce n'est pas grave: ça ne passe pas, ça ne se soigne pas, mais ce n'est pas dangereux et c'est légal. (Enfin, jusqu'à ce que l'IFRA... Penser à faire des réserves)

Et parfois, j'ai juste envie de me la couler douce, confort, sans souci et sans effort. Ce qui me fait un peu enrager, c'est que mon parfum de ces moments-là, au lieu d'être un truc cool et cheap de chez Body Shop, par exemple, c'est la IVème heure de Cartier, autrement dit, mon parfum le plus cher, qui n'est pourtant pas le plus luxueux, il ne me donne absolument pas cette impression de luxe, au contraire, celle d'un truc tout simple, rustique, confortable comme un vieux plaid dans une maison de campagne…

jeudi 22 mars 2012

Tubéreuse de printemps

Ma première rencontre avec les fleurs blanches fut avant tout littéraire, générant dans ma petite tête une foule d’images romantiques assez proche de Garbo en Dame aux Camélias, images assez lointaine de la réalité des fleurs blanches en parfumeries : charnelle, faisandée, putréfiée, lourdes…Les fleurs blanches sont tout cela, magnifiques et solaires, prodigieuses de tenue et d’intensité, difficiles à manier faisant en bouquet des parfums géants et disproportionnés que l’on ose plus trop de nos jours : trop bourgeois ou trop années ’80…  Mon habitude de parsemer mes appartements de bouquets blancs aurait pourtant du me mettre en garde, j’ai appris à me méfier des lys et des gardénias dont la volupté trop insistante peut se révéler mortifère

Heeley avec Ophelia tente le bouquet moderne autour de la tubéreuse, du jasmin et de l’ylang. Comme souvent, la tubéreuse écrase tout sur son passage, laissant les deux autres jouer les suivantes discrètes dans son ombre. La modernité est d’avoir choisi de jouer sur l’aspect vert, légèrement camphré de la tubéreuse pour l’alléger, tout en restant à l’écart de l’aspect médicinal que peut avoir la Criminelle de Lutens par exemple. Le bouquet commence donc par du vert, un effet de tige, une espèce de transparence un peu aqueuse, touché de muguet, avant de devenir franchement fleuri, mais assez léger, aéré ; oui, chose surprenante, la tubéreuse pour une fois sait se faire transparente et discrète, parfum de peau tenace mais bien loin de la diffusion envahissante à la quelle nous sommes habitué… On peut voir dans cet aspect, presqu’éthéré, le lien avec l’héroïne de Shakespeare, La tubéreuse est devenue romantique, délicate. Ophelia est un parfum des beaux jours qui me rend presque mes rêveries romantiques à propos des fleurs blanches. Simplement, je me demande si je ne préfère pas quand même ce Fracas qui dévaste tout sur son passage, dans un sens, c’est là, profondément qu’est la fleur blanche, pour de la délicatesse, il est peut-être plus simple d’aller voir ailleurs ? Le pari est néanmoins réussi : Ophélia, effectivement est plus moderne et renouvelle le genre en le pliant à cette école anglaise tout en délicatesse et transparence…

Attention : ne pas s’y tromper : Ophelia a une tenue longue durée et resurgit quand on ne s’y attend pas, sa légèreté n’est pas qu’une astuce de parfum trop dilué, c’est un vrai parti pris !

Ophelia, James Heeley, 2009

mardi 20 mars 2012

une citadine à la campagne?

l’Eau de Chloé commence par le brouillard lessiviel caractéristique de Chloé, propre, un peu froid, terriblement BCBG, que l’on aime ou que l’on déteste mais qui a fait de Chloé un succès. Très vite, les brumes de lessives se lève et dévoilent une rose verte et fraiche, humide de rosée, très jolie, qui s’épanouit sur des muscs propres comme elle pourrait le faire chez Goutal ou chez Rosine. Cette rose que l’ou pourrait croire légère ou éphémère tient le pari de durer longtemps sur la peau. Ces muscs blancs, bien maitrisés sont quand même fantastique qui permettent ce qui ne devrait pas être sans effet figé ou cartonné comme c’est parfois le cas quand on tente de faire de la fraicheur et de la légèreté longue durée…

Chloé est peut-être une réussite, mais je me pose des questions : Est-ce un parfum cohérent, pris entre jeune citadine fashion et balade à la campagne par un clair matin de ma ? Rencontrera-t-il son public ? On peut certes aimer les deux univers, mais le passage de l’un à l’autre surprend un peu. Et j’avoue que je préférerais posséder un flacon du Chloé Original et un flacon d’un parfum de Rosine ou de la Rose Splendide de Goutal que posséder cette Eau qui passe de l’un à l’autre. En fait, je me contenterai d’un flacon de Goutal ou de Rosine…

L'eau de Chloé, Michel Almairac pour Chloé, 2012

lundi 19 mars 2012

Je n'aurais pas dû...

Je me dis toujours que je ne devrais pas sentir les nouveauté en parfumerie parce que je suis toujours pressé, et si ce n’est moi, c’est la conseillère qui s’impatiente, et qu’il y a toutes ces odeurs parasites, mélange indéfinissable de plusieurs parfums, plutôt insupportable et de plus en plus écœurant depuis que le sucre est devenu la règle d’or, qui traîne, s’entête, s’interpose entre le potentiel chef d’œuvre et moi…

Elie Saab Le Parfum fut ainsi mon dernier essai et je l’ai immédiatement regretté devinant derrière le brouhaha parfumé une jolie fleur d’oranger, un peu miellée plutôt naturaliste. Impossible de lui rendre justice. Au grand air, je me penche pour redécouvrir cette jolie fleur, un peu trop honteusement vendue comme un grand parfum, certes, et je découvre, sommet de l’horreur, que, non, ce n’est pas l’atmosphère de la parfumerie qui est responsable, cet aspect  cheap, vulgaire, ce fouillis sans direction, sans signification est intrinsèque au parfum. Elie Saab Le Parfum devient puant à force de vouloir ressembler à tout le reste.

Francis Kurkdjian pour Elie Saab, 2011.

mercredi 14 mars 2012

de l’art du décalage


Certaines possède un seul parfum qu'elles arborent du premier au dernier jour de l'an comme en ces années '50 ou une dame portait religieusement le parfum offert par son époux, toujours le même. Les choses ont peu à peu changés et il fut assez vite de bon ton d'avoir au moins deux parfums selon les saisons. Ce n'est guère plus amusant et on ne regrette pas plus ces usages révolus qu'on ne regrette les corsets et ces horribles gaines « couleur chair » qui ne faisaient pas rêver ceux qui les voyaient. Oui, je sais, il paraît que la gaine revient, je le déplore, j'eusse mieux aimé le retour d'un vêtement structuré et bien construits comme l'étaient ceux de Cristobal Balenciaga par exemple… D'une certaine façon, je pourrais être envieux, exactement comme je peux envier ces gens qui portent un uniforme, qu'il soit choisi ou imposer, parce qu'ils n'ont pas à se demander chaque jour « qu'est-ce que je mets ? » s'évitant bien des soucis, des rages et des désespoirs. Je ne sais pas vous, mais moi, je n'ai RIEN à me mettre même quand mes armoires débordent…

sur la coiffeuse d'Ava Gardner,
une cologne Guerlain
Se parfumer est un des plaisirs de la vie, de ceux que l'on peut renouveler, varier, un jeu sur l'élégance, le paraître, le faire-paraître, un jeu d'acteur, de poète, entre révélation et dissimulation. Je constate souvent autour de moi que les gens sont pourtant tristement et banalement parfumés ! Ce que je vois, ce que je sens est généralement sans surprise, sans séduction, sans émotion. Dans certain cas, un parfum mal choisi vous ajoute 10 ans, 5 kilos, vous transforme en créature sans intérêt, plutôt victime de la mode ou de son statut social que It-Girl ou Boy !

Le truc tout simple, je l'ai déjà dit, je le redis, c'est de DECALER ! On le répète sans cesse pour les chiffons, c'est tout autant vrai pour le chiffon : ce qui « fait » une tenue, une allure, ce n'est pas, ce n'est plus la dernière création de … qu'il faut absolument avoir, c'est le twist, le petit décalage, le détail inattendu qui surprend et enchante. Donc on évitera absolument de faire tout ce qui est convenu attendu.

On ne porte jamais un parfum ou des vêtements de la même époque, ça fait vraiment sans imagination, déguisement. Si vous possédez un tailleur New-Look, par pitié, ne le portez pas avec votre Miss Dior vinage ! Et si vous la jouer épaulettes et taille marquée de l'année chez H&M façon Lady Gaga revisite Grace Jones, surtout évitez d'en rajouter avec une couche de Poison. Sauf si vous faites carnaval. Et si vous portez une tenue entièrement neuve, évitez aussi le parfum tout nouvellement sorti, ça fait vraiment sans personnalité. Si vous assortissez la blouse de marque X au parfum de la même marque X, vous risquez carrément de passer pour une idiote décérébrée. Le total look, c'est la mort du style !

Marilyn et son flacon de N°5
Le copier-coller de style est à bannir aussi : certes, un Guerlain à l'ancienne, c'est chic bourgeois et le chic bourgeois, c'est votre style. Le mien aussi en grande partie. Mais marier un Guerlain classique à un carré Hermès, un collier de perles, etc., c'est un peu trop. Ce n'est plus un style, c'est une caricature et pas des plus plaisantes. Qui a vraiment envie d'être confondu avec Christine Boutin ? Les parfums de bourgeoise, c'est joli avec le jeans, surtout pas avec les tailleurs et les petites robes noires. À l'inverse, un parfum Comme des Garçons, porté avec une tenue un peu conventionnelle-chic, ça peut vraiment le faire. La violette-cosmique de Stephen Jones, le goudron de Tar avec un costume un peu chic, c'est vraiment bien. Garage avec une tenue de pompiste, je suis beaucoup plus sceptique…

Quand un parfum m'évoque un univers bien précis, je le porte avec tout le contraire : les grands floraux aldéhydés ? C'est superbe avec les marinières ! Les grands orientaux ultra-capiteux : magnifiques avec des vêtements un peu stricts. Un peu trop racoleur par contre avec tout ce qui est très décolleté, très court, très moulant, donc on évite, ce n'est pas juste ennuyeux, c'est vulgaire. Essayez le parfum ultra chic avec les tenues basiques et les parfums tout simples avec des tenues élégantes : croyez-moi, il n'y a rien de mieux. Tenue de soirée et petite eau toute simple, toute fraîche, c'est beau ! Et bousculez les saisons : osez le vert en hiver, ça ne réchauffe pas, mais c'est magnifique, vif, cinglant, joyeux, plein de vie et de jeunesse. Et osez le capiteux en été : l'orient d'une vanille sèche comme Habanita est langoureux, délicieux. Et ne boudez pas non plus la volupté des fleurs blanches, qui après tout fleurissent bien en été, et osez les jasmins indoliques, les fleurs d'oranger faisandées, les tubéreuses fatales… Voyez comme elles sont à la fête ces belles capiteuses, entre peau et t-shirt, tellement plus à leur aises que dissimulée sous les fourrures et les écharpes, laissez les vivre, elles vous enchanteront !

lundi 12 mars 2012

cuir embourgeoisé...

Bandit offrait la volupté de la nudité sous un blouson de cuir. C’est magnifique, ça place la barre très haut, peut-être un peu trop haut pour moi qui pourtant ai toujours trouvé du plaisir à me faire quelque peu malmené par les créations de Germaine Cellier. Mais ce cuir-là, qui a le charme de Brando dans l’équipée sauvage, est un poil trop radical pour mon quotidien… Effectivement, je me sens malmené par le parfum, c’est lui qui me porte et non l’inverse.

Le cuir crée par Bernard Chant pour Madame Grès offre une alternative qui me séduit plus : Cabochard a tout de l’accessoire luxueux, de qui accompagne la grande bourgeoise lors de ses sorties en ville. Cabochard commence par les quelques aldéhydes indispensables au parfum de dame et une pointe de galbanum, se poursuit par un cœur de fleurs avant de finir en chypre chic, mais l’ensemble est contenu dans un élégant sac à main sorti d’une grande maison, ayant un peu vécu, ce qui lui confère une souplesse et une patine qui sont l’apanage des belles choses. Parfum de peau, ce cuir s’attache, enveloppe sans étouffer, évoque un instant l’image d’une Grace Kelly abritant sa maternité derrière son sac Hermès. Cabochard s'assume aisément, apportant sérénité et confiance.

Cabochard, Bernard Chant pour les parfums Grès, 1959

lundi 5 mars 2012

Dior était là!

Le Diorella actuel est une assez réussie variation sur l’Eau sauvage, à vrai dire un peu inutile : l’Eau Sauvage, assez bien conservée, est parfaite et parfaitement mixte. L’ancienne version de Diorella me chante une toute autre chanson, plus mélodieuse et plus complexe…

Le départ est effectivement agrumes, très proche de sa version masculine, avant de se fleurir joliment mais le fond, car oui, il y a un fond, un vrai beau fond de chypre fruité, un fond pas si classique, se fait voluptueux, avec mêlé à sa mousse de chêne de très présentes notes de fruits blets, de melons trop mûrs. Et tout d’un coup, on pense à Frédéric Malle et au Parfum de Thérèse dont on se dit qu’il est  drôlement bien édité. Mais aussi que le parfum de Thérèse n’avait pas trouvé preneur à l’époque parce qu’il était moins abouti, finalement, moins fin que le Diorella, plus équilibré… Et il faut bien dire que le Dior vintage revient nettement moins cher que la version Malle.

Diorella incarne à sa façon l’esprit Dior si marqué par la collaboration antre la maison et Roudnitska, mélange de féminité gracieuse, florale, légère, désemcombrée des lourdeurs de l’époque. L’ambiance du parfum est assez libre, décontractée. Diorella offre un esprit croisière-couture plus que denim et sac à dos : c’est à sa façon un rebelle parce qu’il est tout insouciance, mais sa rébellion se fait dans le luxe du salon. Nous sommes encore chez Dior avec ce parfum et la contestation ne peut que de boudoir. Encore un parfum élégant, Dioressence, et Dior quittera définitivement la soie pour entrer dans l’époque moderne avec Poison. Tout sera plus efficace, plus vendeur, un peu putassier, osons le mot. Et l’esprit Dior s’en sera définitivement allé.

Diorella, Edmond Roudnitska pour Christian Dior, 1972.

jeudi 1 mars 2012

Wish list…


En ce moment, je n'ai pas trop d'envie. Humeur sombre du sortir de l'hiver ? je ne mets rien, strictement rien sur ma wish list et je me laisse aller à la dérive, un peu au hasard, me réfugiant souvent dans les bons vieux classiques, les odeurs du passé, rassurantes dans le fond et peut-être pas sans risque. Je guette l'occasion, la bonne affaire vintage, la chose qui a vécu et qui a une histoire à raconter et tant pis si tout cela n'est pas à la page, si ce n'est pas dans l'air du temps. Deviens-je passéiste ? Est-ce un effet de l'âge ?

Ecrit comme cela, je me rends compte que tout cela sonne comme un spleen, une dépression, pourtant, je suis très joyeux, voir même assez enthousiaste. Et finalement, préférer l'original à la copie dans cette époque un peu trop post moderne qui recycle à tout va, pourquoi pas ? À vrai dire, j'ai un peu la flemme d'écrire des billets aussi. Un peu la flemme, un léger manque d'inspiration et un gros manque de temps. De toute façon, allez savoir qui lit ce blog et pourquoi ? Les statistiques m'affolent parfois. Oui, j'ai parlé d'homme au sortir de la douche à propos de l'iris savonneux de l'infusion d'homme de Prada mais c'est un peu agaçant de s'apercevoir que ça attire chaque semaine un important nombre de « lecteurs » qui arrive sur cette page en recherchant « homme nu sous la douche » ou de découvrir qu'on peut trouver à la recherche en tapant sur Google « Charlotte Casiraghi nue », si, si, je vous jure !

J'ai un peu tendance à blâmer le marché du parfum de mon absence d'envie : pourquoi s'intéresser vraiment à ce qui se fait maintenant quand si peu est destiné à survivre avec cette avalanche de lancement qui grandit sans cesse, d'autant que les rares élus sont quand même appeler à être reformulés assez rapidement pour être mis au goût du consommateur, en conformité avec les dernières réglementations, ou tout simplement pour devenir plus rentable ? C'est absolument et monstrueusement décourageant pour la curiosité. Et les déclinaisons des différentes appellations en une vaste confusion peut-être organisée mais franchement incompréhensible rend l'achat d'un flacon assez risquée. Pensez à Miss Dior tout-court/Chérie/Originale par exemple. Finalement, les vieilles bouteilles, c'est plus simple et moins risqué. D'autant que c'est souvent plus beau… Tout n'était peut-être pas mieux avant. Peu de gens avaient accès au parfum, etc. mais les jus, eux, étaient plus beaux. Croyez- moi. Moins de molécules, peut-être, des risque d'allergies à la mousse de chêne (même si je ne sache pas que Mitsouko ait vraiment fait des victimes en 80 ans) sans doute et pourtant… C'est peut-être l'absence de grands groupes qui faisait qu'on se fichait moins de notre gueule ? Le côté artisanal du boulot influait peut-être sur la créativité et l'inventivité ?