J’aime la vanille en dessert, nettement moins en parfum, probablement parce que je n’apprécie pas le coté alimentaire gourmand : olfactivement, je suis plutôt anorexique. La vanille, pour arrondir, poudrer, j’adore, mais dès qu’on entre dans le sirupeux, le gras, la compensation pour gloutonne immature en phase de régime, je préfère passer mon tour, je n'ai aucune envie de me transformer en crème brûlée géante. Exit donc, les vanilles en solo…
L’Eau Duelle a réussi à me séduire parce que Diptyque a réuni autour de la vanille un supporting cast très discret mais franchement à la hauteur pour en faire la vedette d’une comédie sentimentale légère. Le même genre de surprise que Garbo dans Ninotchka dont toute la promo était « elle rit. » Pas une superproduction, mais un petit film de studio bien fait ou l'actrice principale change enfin de registre, ce qui lui réussi bien et semble lui plaire autant que nous: Mademoiselle Vanille en avait probablement marre de ses rôles habituels.
Ninotchka |
La vanille ici se fait légère au départ, fraîche et transparente, puis s’épice et se veloute, se poudre, mais pas dans un registre cocotte capiteux, plutôt brumeux comme la poussière de la route qui brille dans le soleil par une belle journée, petit tourbillon de paillettes d’or dans l’air doux qui empêche de voir la voiture qui s’en va disparaître dans le lointain. Ce n’est pas un parfum inoubliable ou indispensable, c'est même plutôt décevant de la part de Diptyque dont on attend autre chose, plutôt un petit plaisir, mais un joli plaisir, ni enfantin, ni boulimique que j’aime personnellement beaucoup et que je prendrais plaisir à porter quelle que soit la saison quand on a juste envie de sentir bon. (Bien que… pas au printemps finalement.)
Attention, peut faire de l’effet sur le sexe opposé !
Eau Duelle, Fabrice Pellegrin pour Diptyque, 2010