Je ne sais si c’est l’été approchant qui me donne de la langueur, la fatigue ou autre, mais je ne suis guère en veine de lecture bien sérieuses, ni d’inspiration. J’ai donc été au plus facile prenant sur le présentoir un policier signé Anne Perry, auteur de deux séries de romans policiers ayant pour cadre l’époque victorienne.
Ici, la série est celle de Monk, un ancien inspecteur amnésique au passé probablement trouble aidé par Hester, ancienne infirmière ayant été sur les champs de bataille de Crimée, prompte à refuser de se laisser à nouveau enfermée dans le rôle de la femme victorienne type. Le plus souvent, les intrigues ont pour ressort la sexualité et ses nombreuses déviances, nombreuse en cette prude ère victorienne hautement corsetée et répressive. Dans le volume d’aujourd’hui « la fin justifie les moyens », il est question du pire : prostitution et pornographie enfantine. Il est vrai que la barre doit toujours être mise plus haut pour retenir l’intérêt. Mais cela reste « gentillet » comme lecture de vacances, policier de bord de piscine. N’est pas Mo Hayder, la terrifiante, qui veut.
On prend plaisir néanmoins à suivre des intrigues bien ficelées et à retrouver des personnages attachants dont on peut suivre l’évolution de livre en livre. Rien de révolutionnaire, mais agréable pour ces moments ou tout ce qu'on souhaite est un peu d'évasion, de dépaysement.
Le coté morale corsetée s’éclaire peut-être quand on lit la biographie de l’auteur, impliquée dans une affaire en Nouvelle-Zélande : la jeune fille a été impliquée dans le meurtre de la mère de sa meilleure amie. Les deux jeunes filles étaient très proches, trop aux dire des familles qui voulaient les éloigner. Cet épisode, dans les années ’50, a directement inspiré le film Créatures Célestes. (Havenly Creatures) Il est fort tentant d’y voir l’origine d’une dénonciation quasi systématique de la morale étriquée dans nos sociétés, porte ouverte aux crimes et aux excès…
NB : il vaut mieux lire les séries dans l’ordre de parution. Commencer par un volume au hasard est un mauvais plan.
Anne Perry, La fin justifie les moyens, dans la collection Grands détectives, 10/18, 2010