Consulter les statistiques de ce blog peut s'avérer déprimant : on arrive ici en tapant dans Google « Erika baise chez vous », « femme sexiste nue » ou « homme poilu sexy » … Bref, des choses en rapport avec le sexe et j'imagine que celui qui arrive ici doit être à peu près aussi déçu que moi de le voir arriver. Remarquez, ce n'est pas que j'ai quelque chose contre le sexe, j'espère juste ne pas être considéré comme un blog érotique. Mais en même temps, il ne faut pas se voiler la face, je ne vois pas comment échapper au sexe.
Dans les livres pour commencer. Certes, j'ai fait un billet sur Sade qu'on peut qualifier de pornographe, mais le sexe est partout. Y compris, et, Oh combien !, chez Proust qui explore l'amour sous toutes ses formes, de la passion la plus platonique pour une duchesse, aux rapports SM dans un bordel sordide ou de plutôt braves garçons ne comprennent pas qu'on attend d'eux qu'ils soient des brutes et des truands. Remarquez, pas toujours subtil, il m'a fallu un temps pour comprendre que le petit Marcel se frottait sur Gilberte aux Champs Elysée d'une manière fort peu innocente… Et je parle là d'un grand classique qu'on devrait faire lire dans toutes les écoles. Mais qui a valeur d'exemple parce qu'il tente d'embrasser toute l'expérience humaine et que donc l'aspect sexuel doit en faire partie. Je ne parle même pas des romans policiers, surtout récent, il est bien fini le temps ou on tuait par amour pur, on tue de nos jour beaucoup plus souvent par vice… Et je n'ai toujours pas lu la vie (ou les vies ?) secrète (s) de Catherine M. Et je ne le lirai probablement jamais, ça ne m'intéresse pas le moins du monde bien que j'ai déjà lu et beaucoup aimé, car elle écrit bien, il y a fort longtemps un livre de Catherine Millet qui traitait de l'art contemporain.
Et la question du parfum ? Peut-on parler parfum sans parler sexe. En conversant avec d'autres amateurs, la conversation dévie souvent et le langage n'est pas toujours des plus choisi mais il est parfois très parlant : dire d'un parfum qu'il sent le slip sale, que la fève de cacao évoque le cul, etc. Oui, il faut savoir dire les choses platement : le jasmin, on peut dire qu'il est indolique, ou faire des périphrase, employer la métaphore, mais il y a quand même un moment ou c'est plus facile de ne pas se voiler la face et de dire platement que ça sent les matières fécales, la crotte. Le genre d'expression qui peut faire peur, qui dit platement donne envie de partir en courant. Pourtant, il faut rester et sentir, c'est cet aspect qui a fait du jasmin une fleur reine de la parfumerie, c'est cela qui a fait la grandeur de nombre de grandes œuvres.
Lisa Lyon par R. Mapplethorpe |
Bon, certains arrivent à ne pas être cru, à ne parler que de certains parfums joliment fleuris et propres, les mêmes qui sans doute aiment les roman à l'eau de rose. Remarquez, je n'ai rien contre les parfums propres, il y a de vraies réussites dans le genre, même si ce n'est pas ma tasse de thé tous ces muscs blancs qui sentent la poudre à lessiver, toutes ces notes d'ozone bien nettes, ces agrumes mignons et frais, ces petites fleurs surtout pas blanches. C'est terriblement puritain comme tendance et assez ennuyeux. Je conçois qu'on en ait un ou deux mais quand même, qu'est-ce qu'on s'emmerde avec ceux-là… Je ne dois pas avoir l'esprit assez corseté, assez victorien, assez puritain pour me contenter de ça.
à l'inverse, les parfums clairement sexuels, bourrés de matières animales (de synthèse aujourd'hui, bien moins torrides), d'épices (comme le cumin qui sent l'aisselle ruisselante de sueur) ou de jasmin très indolique, quand ils ne tournent qu'autour de ça, ce n'est pas non plus mon truc : ce genre de parfum assez monolithique tournant par exemple autour du musc, c'est très beau, c'est très sexy, mais c'est l'équivalant olfactif des chaps, ces merveilleux « pantalons » qui cachent les jambes et laissent les parties « honteuses » à l'air. C'est l'équivalent olfactif de l'exhibitionnisme, se balader avec le sexe à la vue de tous, « écrit partout sur le visage » aurait dit Hitchcock. Personnellement, j'y vois des parfums à porter à l'occasion, mais pas mon pain quotidien…
Je préfère les plus subtils et hypocrites grand parfums qui savent allier les deux, de la même manière que je trouve plus séduisantes les longues jupes fendues haut sur la cuisse que les ceintures un peu larges qui se prétendent mini jupes. C'était une des raisons qui faisait que j'aimais le N°5. Dans le genre Calèche était très bien aussi. Mais même ceux-là semblent en voie de disparition. Plus guère de petits nouveaux et des reformulations à tout va. La mode des monomatières et celle du bonbon collant n'a rien arrangé à l'affaire. Mais enfin, ces parfums-là, je les range dans ce que je nome la catégorie 5 à 7. Les parfums bourgeois, convenables, mais qui ne déteste pas aller à l'hôtel une paire d'heures l'après-midi, histoire de tirer un coup, vite fait, torridement fait.