mercredi 29 septembre 2010

la citation du jour

"On me dit vous sentez bon: je me parfume! Les français en mettent une goutte derrière chaque oreille. Une petite bouteille leur dure six mois. Et ils appellent ça se parfumer..."

Coco Chanel, Citations dans la collection Géants,  Les éditions de huitième jour, 2008

Apollon au bain: Prada infuse l'homme

Miuccia Prada a réussi a faire un succès d’une mode basée sur un paradoxe: luxueusement bourgeoise et intellectuelle de gauche. C’est fin et subtil, loin du tapage, du battage, du racolage. J’aime beaucoup mais ce n’est pas exactement mon style. Comment dire? Il semble que Prada implique des cheveux lissé et impeccables alors que les miens sont constamment ondulé et décoiffé. Vous voyez ce que je veux dire? Donc, j’ai un peu traîné avant de découvrir les parfum de la griffe et je m’en veux d’avoir perdu du temps!


L’Infusion d’homme porte un nom un peu étrange et déconcertant: testostérone en sachet façon Lipton ou eau du bain dans lequel un homme a fait trempette? La deuxième impression est plus juste puisque l’Infusion en question, directement dérivée du féminin Iris, évoque le propre, le sortir de la douche, le coton blanc etc.

L’ouverture est très Cologne , presque acide: citron, mandarine et un néroli qui fini par de faire reconnaître avant que ne vienne en scène l’iris d’abord vert et frais, ensuite, de plus en plus blanc et savonneux, à peine poudré avec en fond, quelque chose de plus sombre, un peu boisé, fumé baumé… L’étiquette annonce encens, vétiver et benjoin. Tout ça casse un peu le coté propre et si cela reste discret, c’est pourtant bien affirmé! Ce serait naïf de penser que ce parfum est juste une impression de propre, socialement acceptable, il va quand même, quoique discrètement, un peu plus loin que son odeur de salle de bain très luxueuse. Il est moderne et pas du tout vieillot alors qu’il fait référence a des choses déjà connues, Rive Gauche, White Linen ou, et cette allusion me touche particulièrement, une fraction du N°5, ce moment propre et savonneux de l’extrait et son petit fond malgré tout un peu sale. Il est aussi selon mon goût un iris pour homme beaucoup plus réussi que le Dior Homme; tout ouverture celui-là, et  a assez peu de rivaux dans son genre: son pendant féminin, et l’incomparable Iris Silver Mist de Lutens beaucoup plus froid, et beaucoup moins facile à porter, il déplaît beaucoup car trop poudré. Les fans du genre passeront volontiers de l’un à l’autre.

Si c’était un personnage de Proust, ce serait Albertine dans les jeunes filles en fleurs. Un visage entrevu, une identité dont on est d’abord incertain, mais qui sait se faire obsédante, refuse de se faire oublier. Pour ce qui est du sillage et de la tenue, le parfum de Prada pourrait vous surprendre: on le redécouvre à l’improviste, alors qu’on le pensait évanoui, une bouffée subite, un compliment inattendu, une trace nette sur les vêtements, oui, il s’accroche bien, alors qu’on croyait l’avoir oublié! D’Albertine, il a le coté enjoué et facile de la vie de bord de mer, l’élégance facile et sportive, très blanche, de la jeune fille en bicyclette conseillée par Elstir. Il a ce même coté mouvant et insaisissable que la petite bande, qui va et vient. D’Albertine, il a aussi par ses évocations de peau nue et humide, une espèce de sensualité moi tapageuse que des notes animalisées mais qui parle à l’imagination et lui laisse faire le plus gros du travail. Qu’il suffise qu’on vous ai dit qu’Apollon a pris sa douche, à vous de recomposer le tableau.

 Infusion d’homme, Daniela Roche Andrier pour Prada, 2008

mardi 28 septembre 2010

Joséphine change de camps

Joséphine nous ressemble, avec elle, c'est soit pas simple, soit compliqué. C'est la vraie vie et c'est toujours drôle, parfois touchant. Surtout quand on se dit: "mais c'est moi!" Indispensable.
Ne pas manquer non plus le site de Pénélope Bagieu.



Pénélope Bagieu, Joséphine change de camps,3, 2010

lundi 27 septembre 2010

Expérience troublante sous la douche…

Je suis incapable de me laver avec autre chose que le simple savon et l'eau, pas question de gel douche etc, mais quand même des savons parfumés, petit luxes du quotidien.
Pour la première fois, j'ai utilisé le savon à l’amande de Santa Maria Novella, une amande pas du tout amère, mais douce et sucrée, délicieuse. Et j’ai eu l’impression de me laver à l’Amaretto.  Étrange, mais plaisant. 



Un vrai bon classique Shiseido qui n’a pas pris une ride et ne m’a pas laissé en prendre non plus!

Pour la petite histoire, à la fin du XIXème siècle, Shiseido est une pharmacie tokyoïte qui commence à vendre ses premiers produits entre tradition et occidentalisation. Aujourd’hui, c’est une multitude de marques, des produits pensé selon les standards internationaux avec des lignes pensées spécifiquement selon les marchés, japonais, asiatique ou occidental. Ne rêvez pas, la crème que vous utilisez n’est pas la même que celle d’une jeune fille japonaise. Par contre, ce qui est certain, c’est que la marque a été très influencée au point de vue communication par le passage de Serge Lutens qui lui a permis d’exploser en imposant ses maquillages très forts et une image radicale de la beauté et du raffinement.

Bio Performance Super Revitaliseur Absolu, Shiseido, 1988

De l’hydratation et de la revitalisation (terme un peu flou mais…) jours et nuit, dans une incroyable texture entre crème et gel qui est riche et pénètre facilement, voila déjà un exploit, mais en plus, il y a l’odeur très cosmétique poudré que je trouve absolument craquante. Un vrai bonheur à l’application , avec une peau immédiatement confortable et douce et ce pour le reste de la journée. Alors que certaines marques –notamment Dior- ont pour spécialité de lâcher en route et valent des départ glorieux et des retours, nettement moins séduisant ! Assez vite, il y a un vrai effet teint frais et peau repulpée. Adieu grise mine et traits tirés, puissiez-vous ne jamais revenir! Je pense honnêtement que c’est du à l’effet hydratant, je suis moins convaincu par les coté anti-âge, les miracles sur les rides profondes, il ne faut peut-être pas rêver. Ça donne un chouette résultat sur les peaux sensibles aussi, plus d’irritation, de tiraillement, de rougeur. Si vraiment c’est trop gras, je recommande quand même en crème de nuit, mais je trouve qu’entre rides, confort et matité, il faut savoir choisir et qu’un peu de brillance, pour paraître 10 ans de moins, n’est pas si cher payer. Oui, il y a le prix, mais il en faut très peu et ça permet de zapper l’étape masque hydratant ou sérum, plus vraiment nécessaire. Indispensable dans la salle de bain, je finis toujours par y revnenir.
En revanche, je dois bien avouer que le reste de la ligne présente moins d’intérêt. Peut-être parce que la barre était très haute ?

dimanche 26 septembre 2010

Poésie du gardénia après l'orage

Dire d’un matin après l’orage qu’il est un parfum au gardénia serait incontestablement vrai mais fortement injuste. Le gardénia est une fleur lourde et un peu narcotique, ici, j’ai une impression totalement différente.

Au départ, des senteurs fruitées, entre peau de pêche et fraîcheur  avec un petit coté alcool de grain dans un contexte floral et vert. Il y a une tension entre froid et chaud dans ce matin d’orage qui réussi à éviter le tiède pourtant. La gardénia arrive peu à peu, mais sous une forme verte qui va se réchauffer au contact de la chair, avec une nuance presque poudrée, et quelque chose d’humide, une vapeur qui monte du sol et qui porte avec elle des notes végétales entre vert et brun.

Hiroshige, pluie nocturne
Ce matin d’orage, qui résout ses contraires dans une grande sérénité est hautement poétique entre jardin et peau, entre clair et brumeux m’enchante par sa poésie en dépit d’un petit coté chimique, quasi imperceptible. De la même manière qu’on ne porte pas de broderie anglaise tous les jours, ce n’est pas un parfum du quotidien, plutôt un moment de poésie, une sorte de parenthèse apaisée. L’inspiration se voulait japonisante, je ne sait si c’est cela qui m’influence, mais je trouve sa beauté plus grande lorsqu’il est perçu selon l’esthétique que le pays du soleil levant appliquait aux dames: mouvant, mystérieux, allant et venant entre cloisons et paravents, apparaissant, disparaissant, nimbé des sortilèges de la pénombre. Le sentir sur soi peut lasser alors que sur l’autre il devient envoûtant. Plus un parfum à offrir qu’à s’offrir. Attention lors des essais, sur carton, il ne donne rien: acide, transi, synthétique, il a vraiment besoin de la peau pour exister.

Un Matin d’orage, Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Annick Goutal, 2009



samedi 25 septembre 2010

Grand classique:L’huile démaquillante de Shu Uemura (1960)

Un principe simple conçu pour les fard épais du cinéma mais qui fonctionne pareil avec le sébum et la pollution: le gras colle au gras et emporte tout sur son passage. Application sur peau sèche, puis petit à petit on émulsionne avec de l’eau pour en faire un lait, ensuite, rinçage à grande eau. C’est un peu long comme procédure, mais laisse la peau nette et douce avec zéro trace de gras. Le seul nettoyant à l’eau qui laisse la peau tellement confortable que je puisse me dire que non, ce soir, je ne mets rien. Au fil des jours, une peau souple, le teint frais et des pores resserrés. Plusieurs versions existent: au hasard, j’ai utilisé la version peau sèche, alors que la mienne est plutôt normale, mais je refuse d'essayer une autre version tellement j'y ai pris goût!

D’autre ont voulu essayer de faire pareil, il n’ont jamais réussi à me convaincre. Un peu cher à l’achat mais une grande bouteille dure indéfiniment. Et si on s’en met dans les yeux, aucun souci, ça ne pique pas du tout. (Mais on voit tout flou tant qu’on n’a pas rincer!)

Et pour le coté glamour, mais quoi de plus glamour qu'une peau superbe? Il parait que Shu Uemura l'a créée en voyant la méthode de démaquillage d'Elizabeth Taylor sur un plateau.

Grand Classique: le basic trois temps de Clinique

Une idée simple:  nettoyer, exfolier, hydrater pour une peau superbe. Né en 1968, minimaliste, crédible, tout pour tenter… Donc, je me la joue WASP  et je tente la méthode Clinique.

1 Le savon sans savon, version douce: oui, ça nettoie, ok. Mais un peu trop. Ça tire de partout. Après la première fois et c’est pire de jours  en jours.
2 La lotion exfoliante. Une bonne idée, moi qui n’aime pas les gommages mécaniques, bien trop irritant à mon goût , mais qui aime l’exfoliation chimique, je me dit que c’est fait pour moi. Sauf que… pas de conservateur, c’est bien, mais à la place de l’alcool, ça pique et irrite. Résultat, je rougis. Et j’ai pris plus doux que ce que la conseillère voulait me refiler par prudence…
3 L’émulsion hydratante tellement différente fait du bien et soulage. Bon, c’est un peu riche, mais pas trop, même si coté pénétration, c’est pas ce qu’on a fait de mieux.

Résultats: une peau malmenée au départ, de plus en plus irritée, qui finit par être hyper réactive et cumule les disgrâces après une dizaine de jours: des petits boutons par endroits et des plaque desséchées à d’autres endroits… ça va mieux en oubliant la lotion mais ça reste pas terrible et douloureux... Il y a des fans pour qui apparemment ça fonctionne, mais j’en connais d’autres qui ont souffert plus que moi. Et franchement, le coté nettoyer et hydrater, comme concept, j’adore et  j’y crois dur comme fer, simplement, on peut trouver mieux et moins cher en grande surface. L’aspect exfolier, par contre, à ce rythme là, je me demande si ce n’est pas de l’obsession maniaco-purificatrice de néo-puritains. 

En tous cas, une gamme à éviter absolument .

vendredi 24 septembre 2010

Inspiration: l’allure Blanche-Neige

Chevelure ébène, teint neige et lèvres rouges sang

Elizabeth Taylor
Joan Collins
Dita von Teese



jeudi 23 septembre 2010

Mise au vert

L’Eau de Campagne fait partie de ces parfums que je traîne depuis plus de 20 ans. Des rares dont je ne me lasse pas et dont j’ai besoin de savoir qu’ils sont à portée de la main pour me sentir rassuré. Pourtant dans mon entourage, elle ne suscite que des « ce n’est pas toi, tu détestes la campagne! »  Ce qui n’est pas faux, mais pas vrai non plus car si je ne peux supporter la compagne réelle, j’adore me balader dans celle de Jane Austen et c’est plutôt à cette campagne que la création d’Ellena, qui a fait des merveilles,  il est décidément parmi mes compositeur préférés, me fait penser.

Il y a le galbanum, bien vert, très « petits pois et gazon »,  marié à la feuille de tomate comme accord principal qui place d’emblée dans un contexte très potager. Au départ, un peu de basilic et de bergamote plus une pointe de citron, en cœur quelques fleurs et en fond, du vétiver, de la mousse, mai le tout très discret pour ne pas troubler cette visite de l’héroïne dans la fraiche campagne anglaise. C’est très civilisé comme nature, peut-être pas aussi travaillé et aristocratique que le parc de Versailles, mais diablement élégant et séduisant quand même dans un genre réaliste avec touche de romantisme et de poésie. Le vert le plus sympathique de la palette.

Indispensable quand on vit en ville et qu’on ressent le besoin d’une petite villégiature. Sans âge et vraiment chic.  Toujours séduisante parce que vraiment différente et à part.

Eau de Campagne, Jean-Claude Ellena pour Sisley, 1974

Mise en lumière: teint miracle de Lancôme

Forcément quand Lancôme annonce un fond de teint qui donne de la lumière, avec effet peau nue, 10 fois moins de poudres que les autres références et de l’hydratation en prime, moi, j’achète et je teste. (Nuance N°1 beige albâtre)

Il ne servirait à rien de s’étendre sur le comment, le pourquoi, parce qu’on s’en fiche, ce qui compte, ce sont les résultats et de toute façon il ne sert à rien de répéter l’argumentation publicitaire de la marque…

Le plus joli flacon 2010, toute catégories confondues délivre la juste dose. La texture est très fluide et s’étale vraiment facilement aux doigts. (Mon pinceau était sale)

Résultat immédiat : aucune surcharge, aucune lourdeur, pas de peluche. La couleur se fond bien dans la peau, pas de démarcation. Effet satiné totalement naturel et transparent : on voit le grain de peau, donc prévoir un correcteur par-dessous en cas de défauts. Effectivement, il y a un réel effet éclat. On est plus proche du correcteur que du fond de teint.

Au cours de la journée, ça reste confortable et lumineux avec peut-être un souci de brillance. Pour palier l’inconvénient, je pose, sans frotter, un kleenex sur le visage pour boire le gras et tout va bien. (Règle N°1 : il vaut TOUJOURS mieux retirer qu’ajouter des couches !)

Moi qui jouais à faire des mélanges maison (plusieurs nuances ou correcteurs plus un peu de crèmes hydratante), j’adore le coté un seul produit pour un résultat optimum. J’envisage juste une crème un peu moins riche en dessous. C’est rajeunissant et sexy. Seule critique: j'aurais mieux aimé un moins joli flacon et pas de Julia Roberts pour un produit un peu moins cher... (Une quarantaine d'euros)

(En même temps, un produit qui fait ça sur les peaux déjà jolies, puisqu’ il ne cache pas grand-chose, j’avoue qu’on peut se demander si c’est bien utile mais ma réponse est oui, oui, oui !)


mercredi 22 septembre 2010

Ladylike Attitude

Baronne Staffe, Usage du monde, Règle du savoir-vivre dans la société moderne, Texto, 2007

Paru originellement en 1891, ayant influencé la société de son époque en fixant les usages de la politesse, voila un livre dont on se demande s’il a encore un intérêt autre qu’historique. A le lire, on se prend d’une nostalgie pour ces usages dont certains sont bien révolus et on se dit que l’élégance est autre chose qu’une moue méprisante accompagnant un sac de créateur posé au creux du coude. A faire lire absolument aux nouveaux riches et aux aspirantes Ladies !

Inspiration: Marilyn

André De Dienes, Marilyn, Taschen, 2004
Forcément belle et particulièrement inspirante, de Norma Jean à la plage à Marilyn super-star, des photos dont on ne se lasse pas. La chose à imiter pour les beauty victims : le teint, naturel, lumineux, un peu glossy, jeune et sexy. (Je n’aime pas les teints poudrés à l’ancienne : Ok, ça camoufle plus les pores et les petits défauts mais on tombe vite dans l’aspect masque pas sexy qui plombe assez vite et tend à marquer au fil de la journée.)


mardi 21 septembre 2010

Inspiration Japon


Le japon est une obsession esthétique récurrente. Probablement parce que la recherche du teint parfait (et pâle) y est poussée à son comble et qu’on n’y a pas peur de travailler ça: double démaquillage etc.


samedi 18 septembre 2010

Lois Somptuaires

En passant dans la boutique Flamant, très bourgeoise, très chic, je suis tombé sur une bougie Madame Claude. Les frères Flamant se la joueraient-ils Etat Libre d’Orange? L’humour est une bonne chose, certaines audaces d’un goût parfois douteux sont parfois bienvenue pour faire bouger les choses. Mais en regardant le rue et en voyant certaines dames habillées comme des putains (et pas des palaces) je me suis pris à regretter les lois somptuaires qui réglementaient la mise.  Pourtant, j’aime plus que tout la liberté et je hais les Ayatollah de tout bords qui veulent nous enchaîner. Mais le spectacle de la rue est parfois bien désolant.

À remarquer: la femme la plus élégante, la mieux habillée du moment est une travailleuse du sexe qui ne s’en est jamais caché, une effeuilleuse professionnelle: Dita von Teese qui fait toujours très grande dame.  Avouez que c’est quand même un peu compliqué. 

Tout pour s'inspirer de son style rétro chic dans: Dita von Teese, l'art du glamour, Hugo&Cie
Ou retour direct aux sources en lisant la bible du New Look: Christian Dior, Le petit dictionnaire de la Mode, réédité dans Dior, 60 années Haute en Couleurs, 2007. Indispensable même si on ne veux pas être mise en cage.



Bang, le retour du parfum poilu. (Bonne nouvelle!)

Il y a du nouveau sur le front des parfums de mecs qui aiment se la jouer viril et pour une fois, le résultat est emballant: Bang!

Les parfums de Marc Jacobs s’adressaient à ses clientes et leur ressemblaient: collégiennes, aisées, aimant la mode à condition que ce soit sans risque, le sexe, la drogue et le rock n’roll avec plus de risques à condition que ça ne se voit pas.  Marc  offre maintenant à Daisy un meilleurs ami qui ressemble terriblement à son créateur préféré: musclé, assumé, tatoué, sexy, avec lequel elle pourra s’amuser comme une petite folle lors de ses virée shopping: ragots bitchy et reluquage de jolis garçons au programme. 

Bang, avec son imagerie éminemment gay, nous offre un plat de poivre noir intense soutenu par des notes boisées et un petit fond de résine qui ne l’adoucit pas vraiment.  C’est viril, fort et sec comme un antidote aux excès de douceurs toutes en sucre et fruits de ces dernières années. Fini les sirops de grenadine, les coulis de framboise, on passe à des choses fortes et sans compromis. 

Et honnêtement, c’est bien fait, très réussi. Enfin, une nouveauté, quelque chose qui dans le monde du parfum pour homme quitte la route balisée. Ça renvoie effectivement aux parfums macho façon Azzaro pour homme, avec retour du poil, de la sueur et de la testostérone, mais c’est servi avec humour. Ne pas le prendre au sérieux. Il sera pathétique sur un clone de Freddie Mercury, mais ravageur sur un émule de Jamie Oliver.  Et forcément, irrésistible sur une femme.

Si c'était un personnage de Proust? un des prostitués du bordel de Jupien dans le temps retrouvé: un innocent qui joue un jeu qu'il ne comprend et ne maîtrise pas vraiment. Il plait, sera vite remplacé si on veut quelque chose de plus sérieux, de plus authentique mais en le prenant pour ce qu'il est: rien d'autre qu'une pose sexy (et un peu racoleuse), mensongère mais bien exécutée, il y a moyen de s'amuser avec lui.

Bang, Yann Vasnier pour Marc Jacobs, 2010.





vendredi 17 septembre 2010

Jeunes et japonais

A défaut de visiter le Japon, on pourra s’intéresser cette rentrée à sa très inspirante ou consternante jeunesse, c'est selon, grâce aux éditions Picquier, éternelle mine pour celui qui aime voyager depuis son salon: Muriel Jolivet, Japon, la crise des modèles, éditions Picquier, 2010 prouve qu'instructif et distrayant vont décidément fort bien ensemble en examinant à la loupe la jeunesse japonaise depuis les années '70, jeunesse qui pose question à la société nippone, ainsi qu'à nous même. 

De l'art d'être sexy autrement: Au début était le Vent Vert.

Elizabeth Taylor
Cat on a hot thin roof
Avec l’automne qui arrive et le froid qui revient, j’ai de plus en plus d’envies vertes peut-être pour être en accord avec la saison ou plus simplement parce que je supporte de moins en moins l’Orient et ses séductions faciles. Il est vrai aussi que le coté ouvertement sexy et disponible que peut avoir un Shalimar par exemple, sur moi, ça ne prend pas du tout. J’adorerais que mon entrée dans une pièce fasse monter la température de quelque degrés par augmentation immédiate de la tension sexuelle à la façon d’un Marlon Brando dans le tramway nommé désir ou d’Elizabeth Taylor en Chatte sur un toit brûlant mais ce n’est pas la cas, ça ne le sera jamais, je fais partie de la race de ceux qui, sourcils en accent circonflexe et moue méprisante, jettent un froid. C’est donc tout naturellement que lorsque je pars à la chasse aux compliments ou aux propositions indécentes, je pioche dans les rayons les plus antipathique des parfumeries, ceux ou l’on peut s’offrir le « plaisir aristocratique de déplaire » cher à Wilde qui fait son petit effet et peut mettre littéralement à genoux une partie de la population. (Masochiste et torturés m’adorent!)


À l’origine, il y avait Vent Vert, tout de galbanum, espèce de souffle transi descendu de la montagne, charriant avec lui des odeurs de tiges et de feuilles avec un soupçon de muguet vénéneux. L'exploit de vent vert, c'était aussi sa capacité à rester vert du début à la fin, évolutif, passant par la jacinthe, finissant sur le vétiver mais gardant sa belle couleur intense. On l’a massacré il y a désormais 20 ans, la version actuelle n’étant plus qu’une petite brise printanière qui fait gentiment tourner les éoliennes le long des autoroutes. Et paradoxalement, le lifting supposé le rajeunir lui à donner un fameux coup de vieux. Rideau. Grand deuil. Le monde ne manque peut-être pas de parfums de caractère, mais nul n’est plus aussi cinglant, aiguisé comme une lame de rasoir. 

Comment remplacer un parfum aimé et perdu, une partie de son identité?  

Vent Vert, Germaine Cellier pour Balmain, 1947-1990.

(affaire à suivre)


mercredi 15 septembre 2010

Charles Fréger, Empire, Thames & Hudson, 2010

Des portraits de militaires, hommes et femmes, en grand uniforme. Troublant, esthétique, tout pour plaire aux grands garçons et aux folles de chiffons.Paru en mars, il mérite de faire carrière sous les sapins de Noël.
Ce qui m'a le plus interpellé, c'est le mélange de dépersonnalisation et d'individualités qui transparaissent malgré tout.

mardi 14 septembre 2010

Vitesse

Tout va vite. Beaucoup trop à mon goût. Il faut travailler plus vite, rouler plus vite (sur la bande de gauche, c'est encore mieux), consommer plus vite, faire plus de choses...
Même lire doit aller vite. On me dit parfois à propos de mon cher Marcel que c'est trop long, que les phrases sont trop longues, le rythme trop lent et que ce n'est vraiment pas possible de le lire. Mais ou est le plaisir de lire un livre si c'est pour penser qu'il est urgent qu'il soit vite fini avant d'avoir été commencé? Moi, j'aime les gros livres, ceux avec lesquels on peut rester longtemps.
Et les parfums? Pareil: on doit tout sentir tout de suite, plus question d'évolution lente. C'est affreusement réducteur. En plus, pour être compréhensible, vite, il vaut mieux ressembler à quelque chose de connu, après tout, l'égérie fera la différence. Et tant qu'à râler, voila encore un mot qui m'énerve: Égérie était une nymphe conseillère du roi Numa, pas un panneau publicitaire. J'imagine Jacques Polge pleurnicher dans son bureau et appeler le petit Gaspard pour avoir de bons conseils... En même temps, voila peut-être qui expliquerait la médiocrité de Bleu.
Rock Hudson
Heureusement, on peut encore s’arrêter au borde de la route et regarder le paysage. Un monument comme Shalimar par exemple, qui vaut le coup d'oeil, qui mérite qu'on prenne son temps, même si par rapport aux premières versions que j'ai senties, il me semble que le départ très bergamote ai été fortement diminué...

lundi 13 septembre 2010

Philippe Kerr, L'été de cristal, La trilogie berlinoise, le livre de poche

The big sleep
Berlin 1937, ambiance de film noir avec un héros qui n'en est pas un, des victimes pas innocentes, des méchants à la pelle et des femmes fatales sublime. un sens de la formule imparable:
 "il est aussi bienvenu ici que la queue d'un juif dans le cul de Goering"
Les fans de Bogaert vont adorer.

Rentrée sans fanfare…

J’ai bien parcouru mes magazines de mode fétiches et avoue n’avoir aucune envie de cet hiver 2010/2011. D’habitude, il y a toujours une excitation, un frémissement à l’idée des nouveautés, c’est meilleurs que Noël, Nouvel An et anniversaire réunis. Excitant à tous points de vue mais là…
Post Modernisme en plein : on réchauffe du vieux pour essayer de faire du neuf. Pour les filles, le retour des années ’50 et pour les garçons, le renouveau de la virilité.
Je veux bien. C’est joli et séduisant le New Look, mais déjà vu et revu depuis quelques années. Pareil pour le mâle, le vrai qui revient en force (forcément en force) avec du sportif, militaire et rock.
Le Chanel de Jackie
En même temps, c’est facile, il suffit de ressortir quelques trucs de sa garde-robe : une jupe crayon avec une ceinture et un joli sac structuré assorti pour jolie demoiselle, un vieux jeans pas slim et des combat shoes pour bad boy  et voila pour l’allure fashion… Bon, ok, c’est zéro créativité mais le pire, c’est quand même le retour de la femme objet encagée. Voila une restauration que je n’aime pas. Seule solution : s’inspirer de Chanel et de son come back ! (Oui, toujours Chanel, je sais, c’est une obsession) tailleurs confort, petite robe noire et bijoux baroque. Ultra classique mais pas potiche ! Penser Jackie Kennedy, pas forcément en rose, mais en noir avec manchette amovible !
Et la beauté ? Rien qui m’excite vraiment coté crème ou parfum. Bon, il y a surement de ma faute et je devrais me pencher plus attentivement sur le Bas de Soie de Lutens mais le Chanel était décevant et quant au dernier lancement de Mugler, je ne parviens pas à m’y intéresser : tout semble trop bien fait… le buzz, le site, la com, le flacon, tout semble parfait malgré un concept Womanity assez flou et trop fédérateur. Même l’odeur : du neuf avec des éléments connus mais jamais assemblé comme ça, c'est vrai : petit beurre qui se nappe de confiture à la figue et passe à un décor de bord de mer (moi, je dirais algues plutôt que caviar, mais je ne dois pas avoir assez l’habitude du caviar) juste à temps pour rester intéressant et pas écœurant… C’est pas mal, mais moins nouveau qu’on voudrait bien nous le faire croire. C’est tenace et diffusant donc contrairement au Chanel, j’ai envie de dire : pourvu que ça ne marche pas parce que là, on va saturer très vite et les nausées ne manqueront pas.
Et coté livres ? Pareil : trop de nouveauté tue la nouveauté.  Le métronome Nothomb y va de sa petite sortie, mais voila 10 ans que ça ne m’émoustille plus. Vive une bonne relecture. Et les polars!

A tous points de vue, allons vers les grands classiques, profitons de cette bonne excuse : c’est mode !

dimanche 5 septembre 2010

La mûre et le musc chez l'Artisan Parfumeur

32 ans déjà pour ce parfum et pas une ride. Je trouve qu’il donne très bien le ton des créations de l’Artisan Parfumeur qui sont presque toutes hyper faciles à porter. Pour moi, en parfumerie, c’est la marque bohème chic par excellence qui nous fait des jolies choses, luxueuses, sophistiquées, mais qui ont l’air faciles, simples, évidentes.

Un coté Cologne qui se remarque à peine, des muscs blanc très propres et de la mûre gourmande: voila qui pourrait donner quelque chose qui aujourd’hui serait banal, voir un peu commun et cheap puisque Mûre et Musc a été beaucoup imité, mais reste inégalé…

Les muscs pourraient évoquer le propres façon T-shirt en coton blanc tout juste sorti du séchoir comme dans beaucoup de parfums frais qui en abusent, mais ici, on ressent plutôt une impression de légèreté comparable à de la mousseline blanche. Souvent, l’Artisan s’est resservi de cette signature des muscs. Et la mûre, loin d’évoquer un sirop est en fait très discrète, bien que très présente. Elle a ce coté réaliste du fruit qui se cache sous les buissons et se laisse découvrir de temps en temps. Elle est bien là, mais j’ai constamment l’impression de la perdre de vue, qu’elle disparait, s’éloigne et puis tout d’un coup, de la retrouver, mais par hasard, pas en me concentrant, plutôt comme si elle s’offrait en une bouffée généreuse d’un seul coup. C’est très troublant et très réussi surtout pour moi qui ne suis pas amateur de fruités. 

Si c’était un film, ce serait le Marie-Antoinette de Sofia Coppola: les passages à Trianon.  C’est un parfums qui semble fait pour évoquer les jours heureux et légers. Il porte en lui une vraie nonchalance qui le rend incroyablement cool aussi: une vraie assurance d’attitude qui proclame "je suis peut-être sublime mais je ne l’ai pas fais exprès."

Plusieurs versions sont disponibles, mais l’originale eau de toilette est celle qui m’a le plus convaincu, l’eau de parfum me semblait trop confite et n’apportait pas grand-chose de plus au rayon tenue et sillage: il dure longtemps et si il semble n’avoir pas de sillage, coller à la peau (c’est une critique qu’on fait souvent à l’Artisan) il faut se méfier; alors que j’était persuadé qu’il ne sentait plus, il a été parfaitement identifié par des gens qui ignoraient tout de mon parfum du jour. Comme la plupart des créations de l'Artisan, je le porte les jours ou je n'ai pas vraiment envie de faire un effort pour me mettre à la hauteur d'un parfum bien que je veuille toujours sentir bon et un minimum de sophistication autour de moi. 

samedi 4 septembre 2010

De l’esthétique du porno gay appliquée à la parfumerie…

Connaissez-vous le Studio Colt? Il produit depuis des années une imagerie érotique qui exhale la virilité autant que faire se peut: il y a donc du poil, de la moustache, du muscle, de la sueur, du jeans déchiré, du cuir de biker, du chapeau de cow boy etc. transposé en parfum, cela donne la fougère virile par excellence: Azzaro pour homme qui a hanté mon enfance et mon adolescence avec ses notes aromatique sur un fond qui m’évoque plus le sale que le chaud. Tout y est, il ne manque rien, il est prêt à parader sur un char cuir à la prochaine Gay Pride. Considéré comme une simple odeur, on en arrive à le trouver un peu moins vulgaire et à se dire que le cliché peut être amusant si on sait le manier avec humour. Malheureusement, ses fans étaient plutôt dans l’usage quotidien au premier degré. Par contre, aucune rédemption pour Drakkar Noir, son petit frère qui se la joue plutôt costume que jeans brut. Mais franchement, le costume en polyester cheap soulève vraiment le cœur d’autant que là dedans, ça doit drôlement transpirer.
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le Blues

Il y a des soir ou je me sens affreusement triste et ou ma seule envie est de me réchauffé sous un plaid avec une bouffée de l’Heure Bleue qui fait partie pour moi des parfums doudous, ces choses maternelles et réconfortantes qui font beaucoup de bien et sont en vente libre dans toutes les bonnes parfumerie. Pour moi, il évoque Madame Swann dont « on sentait le parfum dès l’escalier » à l’heure ou le petit Marcel va lui rendre visite: un mélange de bois cirés de maison bien tenue, de pâtisserie pour l’heure du thé, de bouquet de fleurs et de poudre de riz. Il évoque assurément une disponibilité de cocotte, mais surtout quelque choses de réconfortant, d’enveloppant et chaleureux qui tient pour moi aux notes de fleurs d’oranger et d’iris. Même si c’est bien là, je ne fais pas vraiment de rapprochement avec quelque chose de sexuel, c’est plutôt un compagnon de solitude pour les jours froids, ceux ou je n’ai aucune envie de quitter le cocon de mon petit chez moi. Sa nostalgie est toute entière réconfortante et rassurante.