mercredi 30 novembre 2011

I'm not in love

Voila peut-être ce que notre époque fait de mieux: un parfum avec allure vintage, poudré–cosmétique bien propre et net qui installe un univers salle de bain chic, avec un poil de gourmandise. C’est rose et satiné, ça sent bon le petit pull en cachemire de jeune femme élégante qui sait que classique rétro et modernité sont compatibles. C’est déjà-vu de luxe, terriblement bien fait. C’est confortable et séduisant, mais ça me barbe.

Love Chloé, Louise Turner et Nathalie Garcia-Cetto pour Chloé, 2010

samedi 26 novembre 2011

La cousine Bette


Ça fait un petit temps que je n'avais rien publié à propos de mes lectures, à dire vrai parce que je ne lisais rien de bien intéressant : un Xème policier, un Xème thriller, etc., des choses qui finissent par toutes se ressembler et par être assez ennuyeuses. Puisque j'étais ennuyé, je me suis dirigé vers le rayon « classiques » de ma bibliothèque et me suis mis à relire la cousine Bette de Balzac. Relu parce que j'ai déjà lu l'entièreté de la comédie humaine il y a une quinzaine d'année, mettant à profit cette joyeuse période entre la fin de mes études et le contrat à durée indéterminée, période de chômage, d'intérims et de temps très partiels. La cousine Bette est l'un des tout bon Balzac, auteur inégal, souvent bon, et parfois comme c'est le cas ici excellent. (Sinon, oui, il y a des volumes dont on peut se dispenser, volumes d'ailleurs quasi introuvables en dehors des intégrales)

Lisbeth Fischer est une lorraine montée à Paris à la suite de sa cousine, la belle Adeline, qui a fait un bon mariage avec un baron d'empire, à deux enfants, une grande beauté et de la vertu à revendre. Bette, puisque c'est comme cela qu'on la surnomme, est vilaine, toujours vieille fille, pauvre et dévorée de jalousie ; elle va donc tout faire pour ruiner le bonheur, ou ce qu'elle suppose tel, de sa cousine. En commençant par jeter dans les pattes de l'époux, un époux peu vertueux, il faut le dire, Valérie Marneffe, Madame Marneffe, redoutable courtisane mariée qui n'aura de cesse de ruiner toute la famille. Voilà l'idée de base, je vous épargne les détails, l'histoire est connue.

J'ai adoré parce qu'on retrouve là plusieurs des thèmes chers à Balzac : la haine et la jalousie dans les familles, la débauche, le demi-monde, la course à l'argent, l'artiste et l'art … Le roman est riche et doté d'une bonne intrigue avec de vrais personnages, des caractères variés, typés et passionnants. Valérie Marneffe est peut-être la garce suprême de la comédie humaine avec ses airs de femmes comme il faut : rien que pour elle, il ne faut pas rater le roman. Mais tous les autres la valent bien chacun dans leur genre. Avec une telle bande de fripouilles, il est impossible de s'ennuyer


 

La cousine Bette, Scènes de la vie parisienne, La comédie humaine, Balzac, 1846

mercredi 23 novembre 2011

la reine et le palefrenier


J'aime l'hiver. Bien sûr, j'ai horreur du froid et de l'humidité et j'ai toujours peur de me tuer en glissant sur la neige, mais j'adore les parfums en hiver, le rendu dans le froid est plus net, plus pur, plus beaux. Les seuls parfums qui gagnent à être senti en été sont les fleurs blanches, plus capiteuses, plus indoliques, plus profondes, plus belles et plus dérangeantes. Mais l'hiver, il faut sentir ces merveilleux parfums verts (Cfr Osez le vert en hiver du Dr Phoebus) qui sont encore plus incisifs, et la bergamote, soi-disant délice d'été, encore plus vibrante et amère dans l'Eau du Sud de Goutal par exemple… Et puis, il y a ces parfums auxquels il faut donner une deuxième chance, parce qu'ils ont été sentis dans des conditions qui ne leur rendaient pas justice. Comme l'Heure Fougueuse.

Définitivement, cette IVème Heure est l'heure de la campagne anglaise avec son départ Earl Grey, thé Assam parfumé à la bergamote, qui se poursuit cuir et peau, évocateur d'activité de grand air, de sport, de chasse, de cheval peut-être, je avoue, je n'en sais rien, je ne fréquente pas les chevaux pour cause d'allergie. Et il y a la sueur, mais sans les côtés écœurants de la saleté, de la crasse façon transports en commun en fin de journée. Non, c'est beaucoup plus séduisant que ça, plutôt la brillance humide qui fait miroiter la peau, lui donne un goût légèrement salé. Mais le tout est terriblement maîtrisé, sous contrôle. Si ce parfum raconte une histoire, elle est faite de non-dit. C'est peut-être celle de Victoria et John Brown, la reine et le palefrenier.

Bien sûr, le parfum reste ridiculement cher si on s'en tient à un simple rapport qualité-prix des matières et des flacons. Mais en même temps, il ne s'en vendra pas beaucoup : il n'est pas si séduisant et facile que pour connaître un large succès. Si le fait d'être vendu cher, trop cher, lui permet d'exister, d'être porté par quelques-uns, je ne le regratterai pas, me disant juste qu'il est quand même dommage que le beau soit si exclusif. Peut-on reprocher à Cartier de n'avoir pas osé ?

Retenue, avec une part d'animalité, comment ai-je pu ne pas succomber at first sight ?

L'Heure Fougueuse, Mathilde Laurent pour Cartier, 2010.

Proust par Isabelle Doyen

Lu le premier tome à dix-huit ans -révélation- pas l'histoire de la madeleine la plus renversante, mais ces instants d'éternité qui surgissent tout à coup au creux de Ces phrases sans fin. Et ensuite toute la série; à perdre haleine, lue sur une plage, un été, à Martha'sVineyard. Proust, c'est aussi le premier contact intellectuel avec des matières mythiques: dès les premières pages, il est question de vétiver, puis à nouveau dans Le coté de Guermantes et "la petite pièce sentant l'iris" des plaisirs et des jours. J'était très intriguée.


dans Elisabeth de Feydaud, Les parfums, histoire, anthologie, dictionnaire, collection Bouquins, robert Laffont, 2011, page 462

lundi 21 novembre 2011

I’m a free bitch


(dixit Lady Gaga)

Il arrive que de temps en temps, je fasse ma bitch. Oui, je sais, c'est mal, c'est condamné par la morale chrétienne, cette éternelle empêcheuse de tourner en rond, mais mon psy est très pour, c'est un acte libératoire. (Et jouissif)

Mais quel parfum pour bitcher ? J'avoue un gros faible pour Bas de Soie de Serge Lutens : un galbanum qui vous gifle, une jacinthe qui grince, suivis d'un iris soyeux, certes, mais à peu près aussi chaleureux et amical que l'iceberg qui a coulé le Titanic. Plus récent, je sens bien que Mon parfum chéri par Camille, Annick Goutal, pourrait être un bon challenger : un patchouli moisi, ranci comme une vieille rancune longtemps ressassée, assaisonné d'un alcool de prune qui fait sauter les inhibitions, avec en prime un très bel iris. Mon parfum chéri a peut-être la boisson mauvaise, mais il est toujours très élégant. Après tout, la vacherie doit toujours s'énoncer avec esprit.

Autre possibilité, plus puérile, Poison de Dior fait claquer les portes avec son départ d'épices, tape du pied avec sa tubéreuse chieuse et tente de se faire pardonner avec son fond de fruits rouges un peu puéril. La diva n'est qu'une sale gamine, mais à l'occasion…



Parfums de saison...


Novembre, la nuit et le froid. Personnellement, je choisis de voir le bon coté des choses: Noël arrive et on sort les bougies parfumées. Pour moi, pas question d’odeur gourmandes et de l’éternelle et barbante senteur traditionnelle orange-cannelle.

De l’encens pour une fête religieuse : Spiritus Sancti, cire Trudon, et sa cathédrale terriblement mystique qui me transforme toujours un peu en Hildegarde de Bingen ou Noël, Annick Goutal, qui sent bon le sapin en foret, on croirait presque voir la neige tomber.
Pour ceux qui refusent de célébrer Noël et boudent messe et sapin, pourquoi pas un peu de lecture bien au chaud ? Cuir et Feu de bois, Mizensir, est l’odeur rêvée d’une bibliothèque ancienne, reliures en cuir, chauffée par un grand feu dans une cheminée. Un vrai bonheur dans un petit appartement citadin.

mercredi 16 novembre 2011

British, ironique et bitchy...

J’ai été malade ce weekend, forcément, un long weekend (5jours pour moi) ça ne pouvait pas se passer comme je l’avais prévu… Donc, j’avais de la fièvre, des courbatures, froid en permanence sous mes couvertures, je baignais dans un isolement complet, incapable de tout, curieusement mal et bien à la fois. La maladie a cela de bon qu’elle isole dans un cocon qui est par certains côtés assez confortable.

Evidemment, j’ai lu, comme j’ai pu et ce que j’ai pu. Rien de compliqué, rien qui fatigue, demande de la réflexion, un suivi, du facile, donc, mais du facile de qualité en relecture. Je me suis refait une partie de cette œuvre culte qu’est le cycle de Mapp Et Lucia par E. F. Benson.

Durant l’entre-deux guerre, Benson nous narre les aventures de deux femmes : Lucia, belle italianisante (de pacotille) effroyablement prétentieuse et snob et Miss Mapp, demoiselle tout aussi autoritaire et arrogante, dans leurs petits villages anglais respectifs. Elles se rencontreront, se feront la guerre. Forcément. Deux coqs dans une basse-cour, c’est un de trop. C’est épique : la vie dans un village anglais est croquée comme un champ de bataille mondain digne des plus grandes cours européennes et chaque habitant vaut sont pesant d’or pour peu qu’on prise l’ironie et l’humour pince-sans-rire. Férocité et mauvaises foi sont des armes de choix, le ridicule ne tue pas vraiment ; le plus haut snobisme est de mise mais affecte des airs modestes. Ils se battent pour des choses frivoles, sans intérêt, nous rappelant que tout l’intérêt de la vie, c’est peut-être justement cette passion qu’on y met, nous-mêmes ! Amis du ragot  et de la mesquinerie, lisez Mapp et Lucia, vous serez à la fêtes vous rirez aux larmes au spectacle des pitreries de ces anglais, plus très jeunes, du siècle passé, qui nous ressemblent parfois tant.

E.F. Benson, Le cycle de Mapp et Lucia
Queen Lucia
Lucia à Londres
Miss Mapp
Mapp et Lucia
La victoire de Lucia
Les malheurs de Lucia
(Tous ont été édités en 10/18)

jeudi 10 novembre 2011

Clint Eastwood


La beauté, ce n’est pas une peau lisse et photoshopée, c’est une présence, une intensité.

mercredi 9 novembre 2011

Minimalisme accentué…

Je trouvais que descendre en dessous de 10 flacons de parfums, c’était bien et ça allait être dur. Le truc, c’est que, lancé dans la démarche, je me rends compte que je peux élaguer encore un peu plus et assez facilement. Maintenant, je me dis que je tournerais bien avec 4. Que mes envies d’autres ne sont pas de vrais besoins, juste des envies passagères. (Je sais que le terme besoin est choquant pour certain, mais bon, d’accord, c’est la crise, et gna gna gna, mais le parfum est une addiction comme une autre, encore que moins toxique que beaucoup)

C’est intéressant que l’épure devienne une obsession aussi forte que la collection et que la privation donne de vraies joies. En gros, je tourne avec trois Iris : Iris Silver Mist, Bas de Soie et l’Heure Exquise et une eau chyprée : l’Eau du Sud. Hier je me posais des questions sur Bas de Soie, remarquez. Le rachèterai-je à nouveau lorsque le flacon sera vide ? J’aime beaucoup cette jacinthe-iris, tendue, austère et cérébrale, sa cruauté et je la trouve très confortable à porter mais…

A ce rythme-là, il y a peut-être un jour ou je n’aurai plus qu’un parfum ? Peut-être même ne me parfumerai-je plus ? Ah, non, je ne crois pas, ce serai comme perdre une partie de mon identité. Et ce côté élagage de la collection, finalement, ça renforce mon identité olfactive. J’avais peur que ce ne soit monotone mais il faut croire que ça  correspond à ma personnalité obsessionnelle…

mardi 8 novembre 2011

En image


La recherche se dédouble sur tumblr. Pour une version en images. Des photos personnelles, de choses vue, qui m'ont inspiré. Parfums, vêtements, livres, détails d'architectures, bouquets de fleurs… Tout y passe pourvu que cela m'ai plu, inspiré…Pourquoi pas ici ? Parce que tumblr est un autre format, un autre mode de fonctionnement, plus visuel, plus réactif qui permet de partager, rebloguer. Ça explique en partie que j'ai moins publié ici. Les deux sont complémentaire, tourne autour de la même chose, mais autrement. Peut-être que ça ne touchera pas le même public. Peut-être que oui. Mais les deux seront sur la page facebook de la recherche.


reconstitution de la chambre de Marcel Proust au musée Carnavalet

Bleu Marine


Côté mode, je suis de nouveau en forme et je poursuis sur ma lancée des vrais vêtements pour les vrais gens en m'adonnant à ma passion pour le marin : le truc indémodable et indispensable depuis que le bord de mer est à la mode pour les vacances. Après tout, Gabrielle Chanel l'a porté. Et elle a souvent piqué, volé, détourné des vêtements qui n'étaient pas au départ pour elle. Le marin, à la ville, en hiver, il n'y a pas de souci, c'est toujours joli. Pratique. Et chaud. (Parce que les vrais marins ont une vie en dehors des ports de plaisance, et ce même l'hiver. Si ! Si !) Donc, je me rue sur les collections Saint-James ou je craque pour le rayé et l'uni parce que le bleu marine, de toute façon, c'est bien plus joli que le noir ! (Le noir me donne mauvaise mine comme à 89% de la population !)

Dans le même ordre d'idée, j'ai trouvé un manteau de policier vintage (modèle années '80), croisé, bien coupé, chaud, qui s'arrête au genou en marine : il me va comme un gant et ne m'a quasi rien couté. Le résultat avec le pull marin et un simple jeans est à tomber de chic je-m'en-foutiste. Et pourquoi pas ? Chanel avait bien détourné le gilet des domestiques du duc de Westminster pour s'en faire des cardigans ?

John Garfield, the sea wolf

lundi 7 novembre 2011

Au feu! Les pompiers! La maison qui brûle...


Backdraft - 1991

J’ai lu une histoire de pompiers. Bêtement, parce que j’avais croisé plein de pompiers pendant la journée et que je me suis trouvé en librairie devant un roman qui parlait de ça et que je me suis dit que la coïncidence était amusante. Devant les rayonnages, j’ai tendance à choisir de façon très aléatoire de toute façon, même si parfois je me laisse guider par ce que j’ai entendu dire, je suis suffisamment ouvert à la découverte. Et je dois avouer que j’aime bien les pompiers ! N’importe qui s’étant un jour trouvé comme moi au sommet d’un immeuble avec un incendie dans les étages inférieurs comprendra sans peine mon point de vue. Pour les autres, faites un effort, un tout petit effort d’imagination. Bon, le sapeur pompier, c’est le héros qui vient vous sauver, difficile de le trouver fondamentalement antipathique. Remarquez bien qu’à part ça, nous nous ignorons joyeusement, les pompiers et moi, à la plus grande satisfaction de tout le monde. Du moins la mienne, si mon indifférence traumatise l’un ou l’autre, j’en suis bien désolé et c’est très involontaire.

J’ai donc lu ce weekend Le 18 de Ludovic Rubaudi, qui se passe dans une caserne de pompiers à Paris avec son petit monde un peu fruste et terriblement macho. Les hommes entre eux. Avec tout ce que ça peut avoir de con, même si c’est hommes sont des héros.

Dans ce joyeux petit monde d’hommes entre eux, arrive un nouveau capitaine qui est une femme. Et c’est là que tout part en couille. (Parlons comme eux ou à peu près.) Machisme de bas étage contre modernité : voila le thème du roman qui évite de tomber dans la caricature : même les cons -si ! Si ! Il y en a- sont sympas. Moi, qui travaille dans un milieu professionnel ou le sexe n’est absolument pas matière à discrimination, j’ai aimé, j’ai trouvé le thème bien traité, enrichissant et l’écriture plaisante, fluide, facile. Le narrateur est un homme de la brigade, ni meilleur, ni pire que les autres, qui nous fait entrer dans son monde, et découvrir au passage les petites misères de sa vie quotidienne, notamment le manque d’argent, ou ses petites et grandes joies. Ce n’est peut-être pas inoubliable, mais c’est vite lu et agréablement. Un chouette bouquin pour un dimanche après-midi sympa et pas con.

Le 18, Ludovic Rubaudi, 2004. (Disponible en Folio)

"Tirpitz c’est un caporal-chef grand et sec avec une moustache noire et fournie qui lui mange la lèvre supérieure. Ce n’est pas vraiment un intellectuel mais on l’aime bien malgré ses galons. Faut dire aussi qu’il n’est pas chiant et que lorsqu’on est en java avec lui, avec la manie qu’il a des se déculotter à tout bout de champ pour exhiber sa virilité, on finit toujours par rigoler. Sur le principe, montrer sa bite comme ça à tous vents, ça n’a rien d’amusant… on pourrait même dire que c’est pitoyable… mais là, c’est autre chose. Tirpitz a la plus belle bite que j’ai jamais vue de toute mon existence. Et je ne suis pas le seul à le penser. Toute la caserne… voire toute la brigade connaît et admire la bite de Tirpitz. C’est un machin énorme, que ce soit au repos ou en action. Souvent, il se tripote sous la douche pour se faire bander et plastronne ensuite dans la salle d’eau, flamberge au vent, nous laissant admirer la merveille."