vendredi 28 octobre 2011

je reste, je change...


Arrivé au fond du flacon de Néroli, je me pose la question de savoir si je rachète ou pas. J'ai des arguments pour : j'aime beaucoup la fleur d'oranger et celle-là, clairement signée et identifiable grâce au côté juteux des Goutal est particulièrement réussie, elle évite le coté alimentaire et le coté enfantin, elle est fraîche comme une Cologne et j'aime beaucoup son départ crissant, presque vert, mais a une tenue d'enfer (deux jours de parfumage sur une écharpe), j'ai vidé la bouteille très vite et j'ai pris beaucoup de plaisir à chaque fois. Sauf que me poser la question, c'est un peu y répondre, ça range le parfum, si beau et agréable soit-il dans la catégorie « pas indispensable » mais en même temps, peut-être que j'y reviendrai un jour.

Curieusement, un parfum pour lequel, je ne me suis JAMAIS posé la question et aussi un de ceux que je porte le moins : l'Heure Exquise, toujours chez Goutal. Je me dis juste que je ne peux pas vivre sans ce si bel iris aux tonalités rosées, ce parfum rare qui pour moi est terriblement intime au point que je me dise parfois que « non, je ne peux pas le porter aujourd'hui, pas pour ces cons » et que je garde pour le petit cercle, finalement très restreint des gens avec lesquels je me sens bien. Je suis bien persuadé que je suis le seul à en profiter et que la plupart des gens n'en ont rien à faire de mon parfum. (« Je ne suis pas folle, vous savez ! ») N'empêche.

Il y a peu, en fouillant dans mon stock d'échantillons, je me suis rendu compte que je pouvais aimer la rose, domaine que je n'ai encore jamais exploré, qui me faisait plisser le nez. Et là, je sens que j'ai envie d'investiguer un peu, d'aller voir si... Finalement de vivre avec un nombre restreint de parfums, c'est assez facile, même pour moi. J'ai juste légèrement revu mon critère : plutôt que « rester sous la barre des dix » j'opte pour « tout doit tenir dans ma trousse de toilette », ce qui ne change pas grand-chose en pratique, mais se visualise mieux. En tous cas, c'est bien plus simple le matin et je me prends moins la tête. Pour ce qui est de se passer de la maison Chanel, c'est aussi plus facile que je ne l'eu cru d'abord : le seul pour qui j'éprouve des regrets de temps à autre, c'est Bois des Îles. Je ne m'en rendais pas compte, mais c'est le plus beau, le plus riche, de la bande, celui qui pourrait valoir tous les autres et bien plus. Maintenant, je sais. (Et je ne suis pas particulièrement accro au santal…) Je crois que j'aurais plus de mal à me passer de Goutal.

lundi 24 octobre 2011

Portrait gothique


Portrait of a lady est une rose sombre et veloutée posée sur un patchouli terreux. Le parfum, très réussi et luxueux évoque une veuve, soupçonnée à tort d'avoir assassiné son mari, errant dans un grand manoir anglais. On pense à Anne Radcliffe et aux Mystères d'Udolphe. Hélas, j'ai arpenté les couloirs de l'Abbaye de Northanger en compagnie de Jane Austen et ce genre de romantisme gothique me donne, à présent, plus envie de rire qu'autre chose.

 

Portrait of a Lady, Dominique Ropion pour les Editions de Parfums Frédéric Malle, 2010

dimanche 23 octobre 2011

J’aime pas l’accent canadien !


J'aime bien le Canada, et l'accent canadien en fait. Vraiment. Je ne trouve pas ça dur à comprendre, c'est chantant, plaisant et tout. En fait, ce qui me fait grincer des dents, c'est un livre : Sous les vents de Neptune de Fred Vargas. L'histoire est bien, l'univers esquissé aussi. Tout est parfait et les fans aimeront. Sauf que…

Je comprends bien que Vargas donne de l'épaisseur à ses personnages en mettant des effets de style dans ses dialogues. Oui, une tournure de phrase, une expression peut signer un personnage, mais dans ce roman, une partie de l'action se déroule au Canada et Vargas nous fait la totale : chaque phrase est parsemée d'expressions, de tournures, de mots qui font couleur locale. Et c'est trop. D'une part, ça tourne à la caricature. D'autre part, ça alourdit le récit, lui nuit en le rendant difficile à lire, en lui faisant perdre sa fluidité. Et je ne vois pas l'intérêt.

D'ailleurs, quand dans un roman les protagonistes vont en Angleterre, elle ne reproduit pas les dialogues en anglais, elle les écrit en français. Alors, pourquoi ici ? L'exotisme est facile et désagréable, nuisant à l'histoire, à la portée du roman. Bref, une déception dans ce qui est un bon roman.

Je n'ai jamais aimé les romans régionalistes, je commence à comprendre pourquoi…
Sous les vents de Neptunes, Fred Vargas, 2004 (disponible en J'ai lu)

jeudi 20 octobre 2011

classique moderne

Bottega Veneta semble être allé à la même école de luxe que Prada : Comme Prada, Bottega Veneta prend son temps en se sachant attendu et nous sort un parfum sans tapage qui a des allures de classique sage tout en étant, finalement bien dans l’air du temps : un chypre fruité qui tient plus des anciens que des petits nouveaux qui se contentent de sucre et patchouli.


Un vrai départ qui sent bon la bergamote, un cœur fleuri fruité, façon confitures de prune et d’abricot, sur un fond de cuir souple, travaillé, évoquent un très beau sac à main posé sur une chaise dans un salon de thé chic. On pourrait se croire chez Guerlain, mais il y a un twist: les fenêtres sont ouvertes, le ciel est bleu, l'air est léger. Je vous l'ai dit, c'est un classique moderne!

Bottega Veneta plaira beaucoup à ceux qui aiment le luxe sous forme de belles matières bien coupées.

Comme Prada, Bottega Veneta s’adresse au grand public en considérant qu’il est adulte et éduqué. Il y a encore un mainstream de qualité. Il y a encore des marques qui respectent leurs clients. Voila qui fait plaisir !

Bottega Veneta, Michel Almaïac pour Bottega Veneta, 2011

mercredi 19 octobre 2011

De la hauteur…


Dans la famille des grands aldéhydés, Baghari se détache. Il a bien en commun avec les autres, cette ambiance de laque Elnett, de bouquet de fleurs blanches luxueux, et le fond savonneux poudré, mais ses aldéhydes orangés un peu aigres évoque un désenchantement de mondaine blasée, un vague dégoût, un mépris certain. Baghari est hautain et n'essaye pas de s'excuser. Il faut le porter dans les transports en commun pour découvrir à quel point sa blancheur classique est une formidable armure face aux vicissitudes du monde. À porter lorsqu'on assume ses snobismes.


Baghari, Francis Fabron (1950) Aurélien Guichard (2006) pour Robert Piguet

mardi 18 octobre 2011

Rencontre de hasard

Tenue moulante noire, pliage de Longchamp à la saignée du coude, Cheveux soigneusement lissés et teints, moue méprisante pour faire chic, des effluves d’amande et de vanille, signées Dior.

Elégante et sensuelle.
Selon le brief.
Indubitablement cheap. On pourrait lui pardonner si elle n’était aussi prétentieuse.

Trop bruyante, comme son parfum : Hypnotic Poison., Annick Ménardo pour Christian Dior, 1998.

Monsieur Dior doit se retourner dans sa tombe.

Non, mais finalement oui...

L’ombre du vent est un livre non choisi. J’aime bien les lectures communes, les challenges, etc., même si j’en fais très peu parce que ça permet de découvrir, autant, si pas plus que le hasard. Le hasard, j’ai un peu tendance à lui dire non. Je n’avais pas entendu parler du livre, c’était une découverte totale, même si c’est un succès : je ne prise guère la littérature espagnole que je connais mal. Même si pour rien au monde je ne rate le dernier Somoza paru en poche…

L’ombre du vent est un roman d’apprentissage, de ces romans qui nous montre comment un enfant devient adulte, qu’on nous sert à la pelle depuis bien longtemps, genre que je n’aime pas du tout, moi, les histoires d’enfants et d’adolescent, ça me saoule, et le Grand Meaulnes est un de mes pires souvenirs de lectures scolaires. Pourtant, ce genre marche bien auprès du public. Mais bon, ce qui marche n’est pas synonyme de qualité, nous sommes bien d’accord. L’histoire de déroule à Barcelone, une ville que nous avons tous visité et qui m’a laissé de bon souvenir, mais une Barcelone de l’après-guerre qu’on ne reconnaît pas, une ville dans la crainte, la détresse, l’angoisse. Une ville sombre et mystérieuse. Oui, une ville sombre et mystérieuse, voila qui fait un peu cliché, mais le roman accumule les clichés, les empile à plaisir. Il y a l’amour, les livres, une vamp qui fume, un inspecteur machiavélique, une réincarnation du diable qui rôde peut-être dans la nuit, une jeune fille pure, une beauté aveugle et un peu perverse… Tout et peut-être un peu trop.

Pourtant, le livre se laisse lire agréablement. Oui, il y a un peu trop. Oui ; c’est parfois cliché. Mais pris comme divertissement, malgré toutes mes réticences, une fois que j’ai réussi à rentrer dedans, j’ai pris du plaisir et je ne suis du genre à bouder mon plaisir. C’est bien écrit, il n’y a rien de lourd. Je n’ai pas été exactement tenu en haleine, mais j’ai avancé assez vite dans ma lecture. Alors, oui, franchement, c’était un bon livre, je le recommande et je remercie les divinités de la lecture commune !

L'ombre du vent, Carlos Luiz Zafón, édition originale 2001, disponible au Livre de Poche.

(Il est encore temps de vous joindre à cette lecture ici )


vendredi 14 octobre 2011

How to dress for success


Edith Head
Edith Head (1897-1981) était une des reines de Hollywood, la femme aux 8 oscars, celle avec qui tout le monde voulait travailler. Edith Head a fait des vêtements qui vous ont probablement fait rêver même si vous ignorez son nom. Audrey Hepburn dans Vacances Romaines, c'est elle. Bette Davis dans Eve, Gloria Swanson dans Sunset Boulevard, et surtout presque tout les Hitchcock et ses blondes glaciale : Grace Kelly dans la Main au collet, Tippy Hedren dans les Oiseaux ou Kim Novak dans Vertigo… Edith Head avait démarré comme assistante de Travis Banton, costumier star de la Paramount qui lui confia les boulots qui ne l'intéressait pas. Edith se montra moins créative que le maître, mais donnait au metteur en scène ce qu'il voulait, savait tenir compte des opinions des starlettes et plaisait aux producteurs car elle savait se tenir au budget alloué en récupérant, transformant, économisant par-ci par-là, sans qu'il n'y paraisse à l'écran. Tout le monde la réclamait. Trait de génie ultime : Edith se mit en scène et donna des interviews, passa à la télévision, devint elle-même une figure populaire de l'Amérique, distribuant conseils et bonnes paroles à madame tout-le-monde. Et forcément elle écrivit en 1967 son livre How to dress for success que j'ai trouvé au V&A. (Quand je vous dis que la librairie du V&A est une mine d'or !)


Autant ce genre de livre est délicieusement désuet et fun en général, autant celui-là n'a pas vieilli! Je ne sais si c'est dû au pragmatisme, au réalisme de l'auteur ou à des idées en avance sur son temps, mais toujours est-il que ça marche encore. Le ton est très diffèrent de ce qu'on peut trouver d'habitude. On remarque que le premier chapitre est consacré au monde du travail, plaire aux hommes, avoir une vie domestique, sociale, tout cela compte, mais vient après. La façon dont le sujet est abordée est directement issue du cinéma : vous voulez un boulot donc il faut que vous vous habillez de manière à l'obtenir, même si ça n'est pas le plus important. L'idée de base est qu'il faut s'habiller pour s'intégrer. Il est même conseiller d'aller en repérage pour se renseigner sur l'allure du « rôle » ... Il ne faut pas être moins bien que les autres, mais surtout pas mieux, ça ferait peur. Une fois le job acquis, les conseils changent pour avoir des promos, accéder au pouvoir… 

Tout le livre est basé sur ce schéma ou presque, avec des conseils pour la silhouette, se construire une garde-robe de base etc. L'usage de listes et par exemple conseillé pour ne pas faire d'erreur. (J'ai essayé, ça marche!) J'adore le coté on ne prend pas de gant : Edith conseille de se regarder dans le miroir en tenue d'Eve et de lister ses défauts. Et si on ne voit aucun défaut ? La sentence est sans appel : allez-vous acheter des lunettes ! En même temps, il y a de l'espoir : Edith l'affirme après avoir habillé les plus belles femmes : aucune n'était parfaite ! (Ouf !)
Vous avez compris, ce livre, je l'ai adoré ! Non seulement Edith sais faire des vêtements, mais elle sait en parler. Et contrairement aux prêtresses modeuses, elle échappe à la démode. Pour la petite histoire, quand Disney a créé un personnage de costumière pour les Indestructibles, il s'est directement inspiré d'Edith. Coiffure, lunettes, façon de parler : tout y était !

How to dress for success, Edith Head with Joe Hyams,1967 pour l'édition originale

Textures


détail d'une veste Tommy Hilfiger
Cet hiver, la mode semble avoir zéro créativité, une fois de plus, mais c'est une fausse idée: j'adore les textures ! Le retour des laines chinées, du tweed, du velours à grosses côtes, les matières à effets, ce n'est pas spectaculaire, certes. Le tout dans un esprit chic bourgeois anglophile que rustique, je like à mort. 

Je joue encore un peu ma Wintour et refuse toujours le noir. Ça tombe bien, on n'en voit pas tant que ça, cette année. En même temps, le noir qui fait si bien cache-misère pour les tissus un peu cheap, pour ce qui est des textures, ça ne rend pas tellement bien… Alors, vive les bruns, les bleus, etc. 

Parfum d’automne



Iris Silver Mist sort du placard avec l'automne et le froid qui reviennent. Je ne pratique pas le cloisonnement frais en été/capiteux en hiver, mais certain parfums rendent différemment selon le climat. Iris Silver Mist est écrasé par la chaleur qui semble le mettre à plat. C'est en automne/hiver qu'il semble déployer toute ses facettes scintillantes: terreux, poudré, gras, velouté…

lundi 10 octobre 2011

Byzance, très loin de l'innocence.

Je n’aurais pas cru que je commenterais à nouveau un roman d'Anne Perry parce que les policiers dans l’Angleterre victorienne, j’aime bien, c’est efficace, mais toujours une peu pareil, pas grand chose à en dire. C’est bien, mais l’effet de surprise passé, on peut se lasser et je les lis surtout par habitude, mais toujours avec plaisir. Sauf que là, l’auteur change la donne : foin du XIXème siècle, nous allons à Byzance au XIIIème, un peu après la dernière croisade, celle qui fut détournée sur Byzance, une nouvelle croisade en préparation qui vise directement la ville et avec l’Islam toujours plus proche. C’est donc Byzance sur son déclin, mais un déclin dans la splendeur !

L’intrigue : Justinien Lascaris a été condamné à l’exil pour complicité dans un assassinat et sa sœur, Anna, vient enquêter. Forcément, une héroïne chez Anne Perry , courageuse, un poil rebelle, comme on les aime. Médecin, elle se fait passer pour un eunuque pour pouvoir accéder à tous les patients, dans toutes les couches de la société. Mais l’intrigue, on s’en fout un peut parce qu’il va y avoir d’autres personnages et d’autres intrigues : Perry nous ballade aussi en Sicile, à Rome, à Venise ou se trame la nouvelle croisade dont le but est clairement d’achever le pillage de Byzance. Et on suit d’autres personnages, d’autres comploteurs, on s’instruit au passage et on rêve.

Le roman est gros, 984 pages en poche, Peut-être pas inoubliable, mais impossible de le lâcher, je ne me suis pas ennuyé une seconde. Le roman ne se lit pas, il se dévore. Au passage, on révise un peu ses cours d’histoire, ce n’est pas plus mal, seul petit bémol, la vie byzantine me semble un peu idéalisée, l’empire fait vraiment figure de paradis perdu. J’avais hésité à l’acheter, je n’ai aucun regret et je recommande chaudement aux amateurs du genre. Du bon roman historique, un peu moins policier, avec de bons personnages. Probablement encore mieux pour ceux qui comme moi ont visité Istanbul, une ville avec une vraie atmosphère !

samedi 8 octobre 2011

Sniffathon très Guerlain


Hier, pèlerinage à Wevelgem pour aller sniffer des raretés et exclusivité à la parfumerie Place Vendôme  qui s'enorgueilli des Guerlain exclusifs, des Chanels exclusifs ainsi que de Parfumerie Générale, Etat Libre d'Orange, Annick Goutal, Amouage, etc. La sélection est belle et l'équipe, très "kabuki", s'y connaît, ce qui est toujours plus agréable. Le maître des lieux est d'ailleurs près à vous faire respirer des Guerlains vintages : Jicky, Mitsouko, l'Heure Bleue… La chose fait douloureusement ressentir les pertes subies lors des infâmes reformulations, tout particulièrement celle qui a frappé Mitsouko, passe de la riche huile très dense à l'aquarelle délavée, éteinte.

Seul petit hic du lieu : la Guelinolâtrie évidente. Si c'est Guerlain, c'est bien et beau, sans regard critique. Evidemment, je ne suis pas Guerlinophile pour deux sous, donc cela passe assez mal. Je trouve qu'il y a d'ailleurs pas de difficulté à se priver des merveilles tant il en reste peu. Un Shalimar est certes encore beau, il peut tout à fait séduire un nouveau converti, mais je l'ai connu à une époque où il était autre, ou la bergamote du départ faisait dire de lui que c'est un parfum citronné à celui qui le sentait à ce moment-là, une bergamote presque dérangeante, alors qu'il n'est maintenant plus qu'un vanillé, un magnifique ambré vanillé, certes, mais rien de plus… (Mais il reste l'un des meilleurs orientaux actuels!)
Les exclusifs ne me séduisent guère : de belles choses dans la collection l'Art et la Matière : des monomatières terriblement guerlinisée, enveloppantes, vanillées, troublantes, sensuelles, terriblement flatteuses, dont je dirais que comme Shalimar, elles parlent à chacun de votre beauté, votre charme, votre séduction sensuelle et assez « cocotte », ce qui est un compliment sous ma plume. Sauf que, c'est une vraie famille, assez interchangeable, aucun parfum n'ayant une vraie identité propre très, trop proche de Shalimar, mais moins complexe et beaucoup plus cher. J'avoue que pour accéder à l'Esprit Guerlain (On entend les majuscule quand certains en parlent!) , c'est un classique que je recommande plutôt. Après tout, un Jicky, un Shalimar, une Heure Bleue, ne sont pas si porté et tellement plus facile à se procurer… La collection des Elixisr Charnels ne m'a fait aucun effet et celle consacrée aux villes m'a clairement donné envie de rire : des choses banales, dignes du pire mainstream vendues à des prix d'œuvre d'art.

Là où ça devient vraiment pénible, c'est quand le patron vous dit du bien d'Idylle et tente de vous convertir en vous faisant remarquer que pour un consommateur moins exigeant, non préparé, il est une bonne introduction à Guerlain. Fut une époque où on découvrait Guerlain via Shalimar et ça ne semblait pas si difficile. L'argument me semble facile pour dire du bien de ce qui n'est rien d'autre qu'un accord rose-patchouli comme il y en a beaucoup d'autres, sans aucune personnalité et pas spécialement bien fait. Là ou un Chloé sent agréablement le propre, et réussi à imposer une image BCBG, nette et lisse, Idylle ne me fait penser à rien d'autre qu'à une poudre à lessiver. Une poudre à lessiver bon marchée, qui sent le cheap, trop parfumée, incommodante. Remarquez que je ne suis pas de mauvaise foi sous prétexte que je n'aime pas LVMH et sa façon de commercer, plus proche du petit boutiquier âpre au gain que du génial artisan épris de belle chose, car je suis prêt à dire du bien de certaine créations, et même des récentes, sans passéisme et c'était mieux avant forcément. 

Shalimar Parfum Initial par exemple est une vraie belle réussite, très séduisante tout à fait dans l'esprit maison et plus fidèle qu'on ne le dit parfois au Shalimar d'origine. Le Parfum Initial est gourmand comme tout bon Guerlain qui se respecte, avec l'effet vanille-tonka caractéristique, Au lieu d'aller vers l'animal, il va vers un très joli poudré irisé. Le départ ne me parait pas vraiment intéressant, c'est le seul reproche que je lui fasse. Hélas ! Pour moi, c'est un détail, que je saute allègrement, je méprise les parfums qui ne sont qu'ouverture et peux aisément passer sur la tête, mais si la vocation d'Initial est d'amener à lui le jeune public, je crains que cela ne le desserve atrocement, hélas pour lui, et pour nous, car il est vraiment agréable à sentir et de qualité ! Celui-là, il faut vraiment lui souhaiter le succès, autant que je désire que des arnaques comme Idylle soient des plantages monumentaux, pour qu'enfin, les décideurs comprennent que les gens veulent de la qualité et des choses bien faites plutôt que des parfums à la mode qui se clonent les uns les autres.

(Autre petit hic: le coté "pas touche", les vendeurs nettement moins agréables que leur boss...)


 

mercredi 5 octobre 2011

« Je suis en retard ! Je suis en retard ! » dit le Lapin Blanc


Le Lapin Blanc d'Alice au Pays des Merveilles
  illustré par John Tenniel
Lire m'a souvent mis en retard et je passe mon temps à dire comme le lapin d'Alice. Tout commence au petit déjeuner : impossible de ne pas commencer la journée avec quelques pages et un peu de thé. Quelques page et encore un peu parce que c'est tellement bien que… Et donc après, c'est la course. La course pour avoir le train, le bus ou le métro. Mais en lisant sur le quai, j'ai déjà laissé passer le train. Et aussi bien en bus qu'en métro, j'ai déjà raté l'arrêt. Oui, le genre de détail qui n'aide pas à être dans les temps…

Et qui n'aide pas forcément à être avec les gens. Bien qu'en vérité, je me sois souvent dit que je préférais la compagnie d'un livre à la compagnie de certaines personnes. Que celui qui n'a jamais eu envie de sortir son livre de son sac lors d'une réunion familiale me lance le premier Petit Larousse Illustré.

Forcément, il m'arrive de lire en mangeant et de lire en préparant à manger : des choses simples à faire, aussi rapide à préparer qu'à manger. Et j'avoue que lire joue aussi sur mon sommeil et sa qualité : encore une page, jusque la fin du chapitre. Et puis je m'aperçois que sans le faire exprès, j'ai entamé un nouveau chapitre. Et puis, il est 3h du matin… Avec un polar plein de suspens, on peut comprendre, mais je peux aussi faire ça avec la relecture d'un classique.

Lire est un sport dangereux, finalement.

Trop luisant.

Y aurait-il un revival qui me serait passé sous le nez? Plusieurs fois ces derniers jours, j’ai senti les effluves de DKNY : orange (et vodka d’après la description officielle ?) sur fond de poudre à lessiver. Terriblement reconnaissable, figé dans le temps, voila un parfum qui date de l’époque minimaliste : net, tendu, stressé même. Parfaitement adapté pour accompagné le petit tailleur pantalon noir d’apprentie tradeuse que possédait toute employée de bureau à l’époque. Celles qui portent le parfum portent encore le tailleur. Les deux vont si bien ensemble, produisant le même effet cheap avec leurs matières synthétiques trop luisantes. Le faux luxe à portée de toutes, définitivement plus Zara que Saint Laurent. Passe encore de prendre les vessies pour des lanternes, mais pourquoi l'imposer aux autres? Baissez le ton jeune fille!

DKNY, Donna Karan, 1999

mardi 4 octobre 2011

Tubéreuse Stripteaseuse

Marlene Dietrich, Kismet
Au sortir du flacon, on se demande ou est la tubéreuse tant on ne perçoit qu’un oriental épicé… Peu à peu, danseuse exotique, elle se débarrasse de ses voiles d’épice pour se révéler tubéreuse bien faite de sa personne. L’exercice est joli, intéressant, troublant. Les matières sont belles. Mais le sillage et la tenue sont en deçà de ce qu’on espérait, on parle bien de tubéreuse quand même ! Et l’exercice à ses limites : non, pas une autre marque qui va nous faire encore des monomatières ? Il y en a déjà combien des tubéreuses ? Oui, celle-là est jamais vue, elle apporte un petit quelque chose, mais pour une marque assez peu connue, assez peu visible, ce n’est peut-être pas la bonne façon de se lancer… Trop de lancements, trop semblables, ce joli travail ne fait pas la différence. Arrêter des parfums comme Carnation et Nuit Noire pour lancer des Tubéreuses et des Vétivers ne semble pas faire sens.

Les Nombre d'Or, Tubéreuse, Mona Di Orio.

lundi 3 octobre 2011

Un pamplemousse à l'eau...

Royal water est un pamplemousse amer, débarrassé de ses cotés soufrés, plongé dans une eau limpide et claire qui lui donne une belle transparence. Une cologne plaisante sans être agressive qui réuni le meilleur de CKone et d’Aqua di Gio. C’est bien fait et très joli. Mais ça n’a rien d’indispensable, je me dit que je préfère dépenser du bon et bel argent à des parfums qui en valent vraiment la peine. Qu’il soit facile de trouver mieux et plus original pour moins cher est une évidence. Seul le snobisme peut excuser l'achat.

Royal Water, Creed, 1997

Petites réflexions sur Mme Bovary (Un de mes romans cultes)

J’aime beaucoup Madame Bovary. Je l’ai toujours beaucoup aimée, dès ma première lecture adolescente. Je trouve le personnage totalement moderne. Cette femme est totalement de notre époque. Madame Bovary jeune a beaucoup  lu dans son pensionnat, beaucoup rêver et la vie lui a fait tomber toutes ses illusions une par une, n’a tenu aucune promesse. Alors, Madame Bovary compense, veut croire à l’amour, à cet embrasement qu’elle a lu, surtout, Madame Bovary dépense, s’achète de jolies robes, de merveilleuses écharpes, des meubles à la mode… Madame Bovary veut continuer de rêver et se surendette. Et c’est ça qui la tue. Madame Bovary ne meurt pas d’amour, elle ne se suicide pas pour un homme, elle fuit les créanciers.

Le roman est un roman de la déception fasse aux promesses mensongères de l’art et de la vie. Personnellement, je peux tout à fait m’identifier à ça, me dire que bien que j’ai fait les études comme il fallait, trouver du travail et tout et tout, la vie n’est pas ce que j’espérais, ce que j’attendais. Et j’ai aussi envie de compenser, de me faire plaisir, de prendre une revanche sur la vie qui m’a joué des tours…

Je ne suis pas certain qu’on soit sorti du romantisme et des promesses de lendemains qui chantent. Ce schéma que dénonce Flaubert, il est toujours là. D’ailleurs, le surendettement est un sujet éminemment d’actualité. La révolte d’Emma contre le sordide de son monde n’est pas une attitude qui me semble datée : stérile, vaine, sombrant dans le sordide mais pas périmée. Madame Bovary est-elle coupable, folle ou n’est-elle qu’une victime de son époque, de son éducation ? Une victime de l’usurier qui lui prête de l’argent, lui dit que c’est facile, qu’il n’y a pas de problème, qu’il suffit de signer… Comme cela semble contemporain, actuel.

Le message du roman qui met en garde contre les pièges de l’imagination et du romantisme ne me semble pas avoir vieilli et la langue de Flaubert est magnifique. Un classique, un indispensable, un des livres que j’ai le plus aimé !

Madame Bovary, Gustave Flaubert, 1857.