dimanche 9 décembre 2012

10 importables

Gloria Swanson

Fracas de Piguet : la tubéreuse de Germaine Cellier est sublime. Elle me fait toujours l’effet supra-séduisant de la chieuse en satin lamé, nichons au balcon, manteau de léopard en option,  qui tapote le piano de ses longs ongles laqués pour signifier qu’elle en a un peu marre. J’adore mais je l’avoue, je ne me sens pas de taille à le porter plus de deux heures.  Mais Fracas tient facilement deux jours avec sillage sur un manteau ou une écharpe. N’est pas Gloria Swanson qui veut !

Portrait of a Lady des Editions Malle : un manoir néo-gothique humide (le patchouli) et une robe de velours noir corsetée (la rose) m’expédie en plein préraphaélisme.  C’est superbe, mais quelque part entre Aleister Crowley et Siouxie, je ne parviens pas à trouver ma place. La Morticia Adams en moi ne tient pas le choc. De façon étonnante, beaucoup me disent pourtant que ce parfum m’irait bien…

Samuel Colt
Azzaro pour Homme : la sympathique fougère macho se veut tellement virile avec sa grosse moustache et son torse velu qu’elle finit par sentir le char cuir de la gay pride. Ce n’est même pas une question d’apprécier le parfum ou pas, il est tout simplement hors de question que j’exhibe mes attributs poilus en portant des chaps et rien d’autre…

L’Heure Bleue de Guerlain : Le parfum m’évoque Odette Swann et vraiment, il est parfait à tout point de vue avec ses odeurs de maison bien tenue ou les fleurs sont fraiche et les desserts excellent, son fond sensuel de femme qui a un passé même si elle est devenue parfaitement respectable. Mais voilà, être une parfaite maitresse de maison me désespère.

Aramis : magnifique parfum de cuir épicé qui m’évoque toujours un peu un  ceinturon de bûcheron canadien. L’image est sexy, virile, séduisante si on aime ce genre, mais la simple annonce de possibilité de neige au journal météo génère chez moi une angoisse insurmontable, donc le trip bûcheron au Canada n’est pas pour moi…

Lady Diana
K de Krizia : Maurice Roucel a mis tout ce que j’aime dans un parfum (ou presque) aldéhydes, notes animale, chypre, fleurs capiteuses. Sauf que c’est trop. Porter K me donne l’impression d’être Lady Diana se réveillant et découvrant qu’en fait elle n’a pas du tout envie d’être une princesse. Un peu écœurée et parfaitement désolée d’avoir voulu les mauvaises choses et de les avoir obtenues.



Mitsouko : le chypre mythique de Guerlain m’a toujours évoqué la chair nue. Même parée de très beau bijoux, cette peau nue n’est pas pour moi alors que je n’ai aucun problème avec Femme de Rochas qui se ballade toute nue sous sa fourrure. Je ne suis peut-être pas décent, juste frileux.

Iris Poudre aux Editions Malle : Aldéhydes et iris avec effet poudré,  j’aime beaucoup, mais assez vite le poudré devient poudrier compact. Un parfum qui donne l’impression d’être beaucoup trop maquillé ? Non merci !

Twiggy
Petite Chérie d’Annick Goutal : poire et rose pour un effet jeune fille bien sous tous rapports, même si le fond est un peu peste, c’est parfait mais, j’ai beau ne rien avoir d’un bucheron, je ne suis pas pour autant une girly girl. Ce personnage n’est pas à mon répertoire, on oublie.


Love and Tears (by Killian), Jasmin somptueux mais affublé du gros problème des parfums Killian : somptuosité de nouveaux riches qui me fait toujours penser à ce couple que je connais et qui se croit TOUJOURS obligé de mentionner la marque ou le prix. Sentir cher est vulgaire quand on n’a pas grand-chose d’autre à proposer. 

9 commentaires:

  1. Heureusement le parfum n'est pas le seul média pour qu'une odeur nous accompagne : les laits pour le corps, les bougies peuvent être de bons substituts si ils existent. Je pense notamment à la bougie petite chérie (que je sais que tu apprécies) et j'imagine qu'il doit bien exister une bougie-tubéreuse se rapprochant de fracas quelque part..
    Perso, par exemple, je suis satisfait par le lait pour le corps chloé que j'ai acheté sur un coup de tête l'an dernier (l'aspect rose lessivielle ne me dérange pas, mais je considère chloé comme trop monochrome et linéaire pour être un vrai parfum à porter ==> donc c'est par le lait que je décide d’appréhender ce parfum).

    Après il y a des cas qui ne sont malheureusement pas très bien desservis. Dur de remplacer certains dont le charme résidant dans le fait qu'ils ne sont pas figés..

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je pense aussi qu'une des solutions concernant ceux qu'on aime et qu'on ne se voit pas forcément porter est de les offrir! (Oui, c'est un peu égoïste, mais qui a dit qu'un cadeau ne devait faire qu'un seul heureux?)
      Bougies à la tubéreuse, je pense à Mademoiselle de La Vallière chez Trudon. Mais je ne crois pas que j'aurais envie que tout mon appartement sente la tubéreuse... Déjà parce qu'il me serait impossible de m'y parfumer! (Alors que la bougie Petite Chérie par exemple faisait un très joli fond pour d'autres parfums!) Et puis, cela fait tout de suite une ambiance "femme fatale" qui ne me correspond pas vraiment.

      Supprimer
  2. Merci pour cet article si bien croqué, j'avoue avoir ri.
    Mademoiselle de La Vallière est certes une tubéreuse, mais une tubéreuse un peu verte, assez naturelle, pas du tout vamp fatale et opulente comme Fracas.
    Dans le genre "pas pour moi" mais que je trouve sublimes, je rangerais pas mal de mythes : l'Heure Bleue, le N°5 sont somptueux mais je n'imagine même pas pouvoir me les approprier. Comme si je ne pouvais pas être de taille... (alors que me balader toute nue en Mitsouko, pas de souci !)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et oui, on ne place pas tous le curseur au même endroit et heureusement!
      Dieu Merci, l'indécence en parfum, qui est un vrai plaisir, n'est pas répréhensible! (Mais que fait l'IFRA?)

      Supprimer
  3. Très intéressante, cette petite liste... Elle me ravit. C'est marrant comme les choses se font échos parfois. J'ai l'impression que ces temps ci les odeurs défilent, travaillées et suaves, flacons vinages, ou monochromatiques et cinglantes, à la Lutens.
    Et si le charme opère, une certitude toujours revient : Ce n'est pas ça. Magnifique, mais définitivement, non.
    C'est une frustration terrible. Ah, et d'ailleurs, (en parlant de frustration) je suis passée chez Chanel, et j'ai fait une drôle de découverte... Gardénia. Je suis encore étonnée, et perplexe. Indécise. Par curiosité, je me demandais si tu l'avais déjà sentis ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oui, j'ai déjà senti le gardénia de Chanel que je trouve joli, dans son genre transparent, mais pas très passionnant. Je lui préfère le plus capiteux Gardénia Passion de Goutal, un peu plus tubéreuse mais qui me semble plus proche du côté lourd du vrai gardénia...

      Supprimer
  4. J'ai vraiment apprécié la lecture de cet article DAU! C'est original, drôle, et bien illustré!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Le but était d'être drôle, enfin, plutôt léger, et en même temps de parler parfums et, qui sait?, peut-être de faire envie. :)

      Supprimer